• Profil d'œuvre : Supplément au voyage de Bougainville

Supplément au voyage de Bougainville Profil d'œuvre

Supplément au voyage de Bougainville

Denis Diderot

Supplément au voyage de Bougainville de Diderot est un dialogue opposant deux façons de penser, de vivre. Les thèmes principaux sont le colonialisme et la vie sauvage. L'auteur compare l'homme civilisé orgueilleux et l'homme naturel libre. C'est quelques années après sa visite à Catherine II de Russie que Diderot écrit cet ouvrage. Il ne croit plus au despote éclairé. Le Supplément au voyage de Bougainville se veut une réponse fictive au récit de voyage de l'explorateur Bougainville qui avait découvert l'Océanie. Dans ce texte, Diderot donne la parole aux victimes de la colonisation. Ce sont ici les tahitiens. L'auteur inverse les regards pour dénoncer l'injustice. Il peut ainsi critiquer les sociétés occidentales. Ce long dialogue est perçu comme un réquisitoire critiquant Bougainville et, plus largement, l'Occident. Il fait aussi l'éloge de la vie sauvage, Diderot utilisant ainsi le mythe du bon sauvage inventé au siècle des Lumières.

Un réquisitoire

Le discours du tahitien, héros de l'ouvrage, est divisé en deux parties. La première partie est un réquisitoire critiquant Bougainville et la société occidentale. Diderot énumère les fautes de Bougainville et y oppose les mœurs des tahitiens. L'idée est développée que le mode de vie tahitien est meilleur que celui des européens. Les civilisés ne sont pas ceux que l'on croit. Les Occidentaux paraissent absurdes. La deuxième partie du texte sert de conclusion au discours du tahitien. Il résume tout ce qu'il a dit avant. Il demande à Bougainville et ses hommes de quitter Tahiti. Les moeurs des tahitiens ne sont pas moins bonnes que celles des européens. Elles sont différentes. Les Occidentaux apparaissent ici comme des sauvages.

Une critique de la société occidentale

La violence.

Chez les tahitiens, les femmes sont libres. Elles peuvent être avec la personne de leur choix. Bougainville en a profité, mais ensuite il demande aux femmes tahitiennes de respecter "sa" morale, et de n'être qu'avec un homme, comme en Europe. C'est alors que commence la violence, motivée par la jalousie. Sous couvert de morale, les Occidentaux ont apporté la haine.

Tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras, tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr, vous vous êtes égorgés pour elles; et elles nous sont revenues teintes de votre sang.

La propriété et l'esclavage

La notion de propriété a été introduite par les Occidentaux. Ce concept créé alors le concept même de vol. On ne peut voler que ce qui appartient à un autre. Bougainville applique sa vision des choses aux tahitiens. Il punit sévèrement le vol, alors que les tahitiens ne voient pas le mal à prendre quelque chose qui n'appartient à personne. Il fait aussi des tahitiens des esclaves. Il assujettit une population et s'approprie ses terres. Il veut dominer. Il parle de propriété mais finalement n'imagine pas une seconde qu'il prend la terre d'hommes qui vivaient là avant lui. Tout tourne autour des occidentaux, de leurs moeurs, de leurs idées.

Le "sauvage"

Diderot souligne plusieurs fois l'ethnocentrisme occidental. On comprend bien mieux pourquoi les tahitiens rejettent les coutumes européennes, puisqu'elles les oppriment. Ce qui paraît civilisé ne l'est plus. Les Occidentaux deviennent des sauvages. En effet, ils qualifient les tahitiens de sauvages mais ce sont eux qui sont barbares en instaurant l'esclavage. Ceux qui détiennent le savoir semblent être les tahitiens, qui sont plus sages, moins violents. C'est Diderot qui s'exprime à travers le narrateur tahitien, qui est un vieil homme. Son âge souligne sa sagesse.

L'éloge de la société tahïtienne

Diderot fait l'éloge de la société tahitienne, qui devient une société idéale. Ce peuple possède un mode de vie simple. Les choses essentielles pour les tahitiens sont le bonheur, l'innocence et la tranquillité. C'est la nature qui prime ici. La nature est synonyme de bien, de bonté. C'est le mythe du "bon sauvage". Les philosophes des Lumières pensent qu'une société qui reviendrait à la nature serait plus saine, plus juste. L'équilibre et la pureté de la culture tahitienne tiennent à son innocence et sa liberté. Elle n'est pas victime des carcans occidentaux.

Vous êtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé ton vaisseau ? t'avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? t'avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respecté notre image en toi. Laisse nous nos mœurs ; elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes ; nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance, contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons.

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Supplément au voyage de Bougainville

Bougainville boucle le premier tour du monde français en 1769, et publie son journal de bord en 1771. Comme Montaigne deux siècles auparavant, les philosophes sont frappés par ce récit et Diderot ne tarde pas à réagir, en critiquant la société de son temps à partir des vertus supposées des Taïtiens.

Au départ de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s’attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s’avança d’un air sévère, et dit :

« Pleurez, malheureux Taïtiens ! Pleurez ; mais que ce soit de l’arrivée, et non du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l’autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. Taïtiens ! Mes amis ! Vous auriez un moyen d’échapper à un funeste avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. »

Puis s’adressant à Bougainville, il ajouta : « Et toi, chef des brigands qui t’obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive : nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tenté d’effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous ; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien . Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagé ce privilège avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr ; vous vous êtes égorgés pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un démon : qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! Toi qui entends la langue de ces hommes-là, dis-nous à tous, comme tu me l’as dit à moi, ce qu’ils ont écrit sur cette lame de métal : Ce pays est à nous . Ce pays est à toi ! et pourquoi ? Parce que tu y as mis le pied ? Si un Taïtien débarquait un jour sur vos côtes, et qu’il gravât sur une de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres : Ce pays appartient aux habitants de Taïti , qu’en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu’est-ce que cela fait ? Lorsqu’on t’a enlevé une des méprisables bagatelles dont ton bâtiment est rempli, tu t’es récrié, tu t’es vengé ; et dans le même instant tu as projeté au fond de ton cœur le vol de toute une contrée ! Tu n’es pas esclave : tu souffrirais la mort plutôt que de l’être, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Taïtien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ? Celui dont tu veux t’emparer comme de la brute, le Taïtien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? Avons-nous pillé ton vaisseau ? T’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? T’avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respecté notre image en toi. Laisse-nous nos mœurs, elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, à ton avis ? Poursuis jusqu’où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s’arrêter, lorsqu’ils n’auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières, la moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer : ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques.

Extrait du Supplément au voyage de Bougainville , de Denis Diderot.

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Supplément au voyage de Bougainville, Denis Diderot

Ce dialogue philosophique n’a été publié qu’après la mort de Diderot et se présente, ainsi que l’indique son titre, comme une suite au Voyage autour du monde écrit par l’explorateur Bougainville. Ce Voyage , paru en 1771, décrit les contrées lointaines encore inconnues des Européens. Son analyse de la société tahitienne, si différente du vieux monde, avait frappé ses contemporains. La découverte de nouvelles civilisations et de nouvelles cultures est le point de départ de la réflexion morale de Diderot.

Le Supplément est un dialogue entre deux personnages, A et B. On retrouve ici la forme du dialogue, que Diderot avait déjà expérimenté dans Le Neveu de Rameau , et qui permet d’allier une écriture rapide et légère à une réflexion philosophique.

B : Lecteur de Bougainville. A : Ami de B auquel il raconte le voyage de Bougainville. Orou : Sage otaïtien, porteur d’une tradition, il est conscient des dangers que représentent les Européens pour sa civilisation. L’aumônier : Religieux européen, il est fait de contradictions qui trouveront peut-être leur résolution en Otaïti.

L’opposition entre deux sociétés : Le grand intérêt de ce texte est de proposer une comparaison entre la société dite civilisée et une société prétendument sauvage. Diderot reprend une réflexion entamée par Montaigne qui renverse la hiérarchie des valeurs proposée par l’Occident. Grâce au déplacement du voyage, ce n’est plus l’otaïtien qui représente la nouveauté curieuse et intrigante, mais au contraire l’européen, sous les traits de l’aumônier qui est une source d’étonnement pour les autochtones. Grâce à ce déplacement, la société dans laquelle vit le lecteur et qui lui a probablement toujours semblé aller de soi lui apparaît sous un angle nouveau et étranger. Sont alors pointées les incohérences et les contradictions des civilisations européennes. La morale et la politique : Au-delà de ce comparatisme culturel, Diderot élabore une réflexion philosophique portant sur la morale et sur la politique. L’une des grandes questions soulevées par ce texte porte sur l’étendue de la morale : est-elle relative ou universelle ? Le bien et le mal sont-ils des valeurs purement culturelles ? Il cherche également ce qui constitue le fondement d’une société et sur quelles lois naturelles s’ancre une communauté politique. Le dialogue : La forme de ce dialogue est aussi riche que la réflexion qu’elle porte. Les deux interlocuteurs du début laissent place à deux autres personnages, l’aumônier et Orou, dans un jeu de récits enchâssés et croisés. Ce double jeu de dialogue relance l’autre dialogue, celui que Diderot tisse avec le livre de Bougainville.

Chapitre I - Jugement du voyage de Bougainville

Au cours d’une discussion, A et B évoquent le livre de Bougainville que B est en train de lire. A n’a pas lu cet ouvrage que B lui décrit. Il raconte ainsi le voyage de Bougainville, il parle d’Aotourou, un otaïtien qui accompagna Bougainville jusqu’à Paris, et de la « vie sauvage » des Otaïtiens que B compare aux mœurs européennes, si différentes.

B propose ensuite à A de lire un passage du Voyage concernant l’adieu que fit le chef d’une île aux voyageurs.

Chapitre II - Les adieux du vieillard

À l’arrivée des Européens, ce vieillard s’était enfermé chez lui. Lorsque ceux-ci s’en vont, le vieillard tient un discours dans lequel il déclare qu’il faut se lamenter lorsqu’ils arrivent et non lorsqu’ils partent. Il reproche à Bougainville d’avoir introduit les vices européens chez eux, dévalorise la prétendue civilisation européenne et souhaite aux navires de couler.

Chapitre III - Entretien de l’aumônier et d’Orou

L’otaïtien Orou loge un aumônier. Après le repas, Orou propose à l’aumônier de choisir entre sa femme et ses trois filles afin que l’une d’entre elles devienne mère. L’aumônier refuse à cause de sa religion. S’en suit une discussion sur les rapports entre les hommes et les femmes dans la société otaïtienne, ainsi que sur la religion. Orou ne comprend pas les Européens, qui sont censés obéir à l’État et à Dieu, mais qui ne sont pas punis lorsqu’ils ne le font pas.

La conversation retourne à A et B qui parlent de miss Polly Baker, une femme qui a été de nombreuses fois enceinte sans être mariée. Elle a échappé à la punition prévue en renvoyant la culpabilité sur les hommes.

Chapitre IV - Suite de l’entretien de l’aumônier et d’Orou

L’aumônier et Orou poursuivent la comparaison de leurs cultures respectives. Il est notamment question d’inceste, d’adultère, de l’importance des enfants, de l’argent, des religieux. Orou ne comprend pas les obligations qui lient les moines.

L’aumônier finit par céder à la tentation que représentent les filles et la femme d’Orou.

Chapitre V - Suite du dialogue entre A et B

À leur tour, A et B comparent les sociétés d’Europe et d’Otaïti. Ils se rendent compte que beaucoup des principes auxquels ils tiennent ne sont pas naturels mais acquis. Il leur semble que l’homme sauvage est davantage dans le juste que l’homme civilisé : il faudrait en effet se rapprocher davantage des lois de la nature.

« A – Cette superbe voûte étoilée sous laquelle nous revînmes hier et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole. B – Qu’en savez-vous ? A – Le brouillard est si épais qu’il nous dérobe la vue des arbres voisins. B – Il est vrai ; mais si ce brouillard qui ne reste dans la partie inférieure de l’atmosphère que parce qu’elle est suffisamment chargée d’humidité, retombe sur la terre ? A – Mais si au contraire il traverse l’éponge, s’élève et gagne la région supérieure où l’air est moins dense et peut, comme disent les chimistes, n’être pas saturé ? B – Il faut attendre. A – En attendant, que faites-vous ? B – Je lis. A – Toujours ce voyage de Bougainville ? B – Toujours. » « OROU – Mais dis-moi donc pourquoi tu n’es pas vêtu comme les autres ? Que signifie cette casaque longue qui t’enveloppe de la tête aux pieds et ce sac pointu que tu laisses tomber sur tes épaules ou que tu ramènes sur tes oreilles ? L’AUMÔNIER – C’est quel tel que tu me vois, je me suis engagé dans une société d’hommes qu’on appelle dans mon pays des moines. Le plus sacré de leurs vœux est de n’approcher d’aucune femme et de ne point faire d’enfants. OROU – Que faites-vous donc ? L’AUMÔNIER – Rien. OROU – Et ton magistrat souffre cette espèce de paresseux, la pire de toutes ? L’AUMÔNIER – Il fait plus, il la respecte et la fait respecter. » « Veux-tu savoir en tout temps et en tout lieu ce qui est bon et mauvais ? Attache-toi à la nature des choses et des actions, à tes rapports avec ton semblable, à l’influence de ta conduite sur ton utilité particulière et le bien général. » « Je ne sais quels sont ces personnages que tu appelles magistrats et prêtres, dont l’autorité règle votre conduite ; mais, dis-moi, sont-ils maîtres du bien et du mal ? Peuvent-ils faire que ce qui est juste soit injuste, et que ce qui est injuste soit juste ? Dépend-il d’eux d’attacher le bien à des actions nuisibles et le mal à des actions innocentes ou utiles ? Tu ne saurais le penser, car à ce compte il n’y aurait ni vrai ni faux, ni bon ni mauvais, ni beau ni laid, du moins que ce qu’il plairait à ton grand ouvrier, à tes magistrats, à tes prêtres. »

Diderot, « Supplément au voyage de Bougainville » (1772)

Denis Diderot par Van Loo (1767 )

Structure du Supplément …

Chapitre i (p. 141-147 éditions gf).

  • Petite introduction : variation sur le temps qu’il fait (1/2 page)
  • Jugement sur Bougainville : les raisons de son expédition (1/2 page)
  • Réflexion sur les observations qu’il rapporte
  • Réflexion sur les réactions d’un Tahitien que Bougainville ramena en France : celui-ci s’y est ennuyé, et juge fous les Européens : transition (è cf. Montaigne : Les Cannibales)
  • Présentation du Supplément : on annonce la lecture de ce livre, et en particulier les adieux du vieillard.

Chapitre II (p. 147-153)

  • Présentation du vieillard, et son discours (environ 5 pages =>Texte 1)
  • Accueil des Tahitiens aux Européens (incident de la jeune femme déguisée)
  • Annonce du dialogue entre Orou et l’aumônier.

Chapitre III (p. 153-167)

  • L’aumônier refuse l’offre d’Orou, puis cède malgré lui ;
  • p. 155-157 : l’aumônier tente d’expliquer ce qu’est Dieu (dialogue)
  • p. 157-159 : discours d’Orou, les objections de la raison
  • p. 159-160 : l’aumônier répond aux objections et aux questions d’Orou (dialogue)
  • p. 161-164 : Orou à son tour explique ses lois : discours + dialogue.
  • Interruption de A ; après une explication de B, intermède (B précise les lois de Tahiti)
  • B raconte l’histoire de Polly Baker, par antithèse avec le dialogue précédent entre Orou et l’aumônier (è texte 3) ; réflexions de B et de A. (p. 165-167)

Chapitre IV (p. 167-177)

Nouveau dialogue entre Orou et l’aumônier :

  • Orou voit ses valeurs contestées par celles de l’aumônier, et surtout vice-versa (p. 175 : deux systèmes de valeurs s’opposent) ;
  • Condamnation de la religion et de la vie monacale par Orou (cf. Diderot, La Religieuse).
  • Fin du chapitre : l’aumônier, agité de remords, cède comiquement (cf. la veine libertine du 18ème siècle, de Laclos à Crébillon et aux Bijoux indiscrets… sans parler de Sade).

Chapitre V (p. 177-186)

Dialogue entre A et B.

  • B raconte les conclusions de l’aumônier : conséquences de ces coutumes et de ces valeurs morales ;
  • La seule loi raisonnable est la loi de nature ;
  • Ce qu’il y a de naturel et de frelaté dans l’amour à l’Européenne ;
  • Avantages et inconvénients de la vie civilisée et de la vie « sauvage » : faut-il choisir ? faut-il une révolution ? L’attitude du sage (è texte 4)

On passe donc d’une critique du colonialisme, injustifié − illusion de croire en une supériorité européenne − à une critique de la religion, de la société, des distorsions entre loi naturelle, loi sociale, loi religieuse, qui mènent à des absurdités et à des déchirements moraux, et enfin à une critique des valeurs morales non fondées sur la raison et la nature, donc injustifiables.

Mais cette condamnation ne doit pas conduire à une révolution violente, qui ne ferait que changer une dictature en une autre.

Le livre lui-même, par la critique qu’il apporte, est action, la seule valable.

Chapitre I, p. 141-142 jusqu’à « langue des marins »

Cette 1 ère partie est un jugement littéraire : pour l’essentiel, un article que Diderot avait écrit à la demande de Grimm sur le Voyage de Bougainville , et qui n’a pas été publié.

Deux parties :

  • jusqu’à « toujours »
  • jusqu’à « la langue des marins »

Cf. Mme de la Carlière , dialogue où deux interlocuteurs parlaient du temps dans les mêmes termes, qui était une réflexion sur la liberté sexuelle, dans un décor identique.

Cette discussion physique et météorologique rappelle Fontenelle (« Irons-nous sur la lune ? », Entretien sur la pluralité des mondes)

Le dialogue est placé sous le signe de la déception (« ne nous a pas tenu parole », l. 3), liée au brouillard qui gêne la vue : paysage symbolique. Le dialogue est placé sous le signe de la lucidité.

La réflexion prolonge celle de Montaigne : le Tahitien rappelle le Cannibale des Essais . Réflexion sur la diversité des mœurs. Les mœurs françaises paraissent plus étranges que les mœurs   étrangères.

« traverse l’éponge » (l. 10) : air saturé d’eau que le brouillard peut ou non traverser.

Que représentent les interlocuteurs ? A est-il l’opinion commune ? A diffère de B par son caractère : A est impatient et pessimiste, B patient et optimiste. Diderot oppose des gens d’humeur différente, mais plus par leur expressivité que par leur intériorité. La pensée de Diderot se cherche en s’exprimant ; le paradoxe est un instrument de la recherche intellectuelle.

A : « bizarrerie apparente » (l. 29), c’est-à-dire seulement apparente ; B répond « comme vous et moi » (l. 27) : B se moque de sa propre activité. Le livre est sous le signe de la curiosité, de la réflexion ; planche // parquet (l. 27-28) : l’activité du voyageur est semblable à celle du philosophe ; « lesté, d’un bord… » (l. 35-37) : à travers Bougainville, on nous présente une image du philosophe, contraire du philosophe misanthrope de Rousseau. L’aventure de l’esprit vaut celle de la mer.

  Lecture non dogmatique de ce livre : la civilisation est à la fois la pire et la meilleure des choses… et de même la vie primitive.

La philosophie = réflexion critique sur les activités humaines. Nihil humanum a me alienum puto, disait Térence. Lire l’article « Philosophe » de l’Encyclopédie ; Diderot n’instruit pas, il inquiète et pose les problèmes. Ironie de Diderot sur « le lest du vrai Français » : les maths et un voyage autour du Monde !

« A : Que pensez-vous de son Voyage ? » (l. 40)

« Notre vieux domicile » : relativité.

Double avantage : pour les navigateurs (cartes et sûreté dans les Océans), et pour les curieux et les philosophes. Il ne développe que le premier.

« Les lumières nécessaires » : siècle des Lumières, connaissance et ouverture d’esprit. Ne peut voir que celui qui est préparé à voir. Repris par « philosophie ». Il faut aussi avoir le courage de dire des choses qui seront mal acceptées. Vérité = sincérité ; il faut à la fois de la promptitude et son contraire, la patience.

« Désir de voir, de s’éclairer / et d’instruire » (et non « de s’instruire », Pléiade).

« Style sans apprêt » (l. 55-56) : celui qu’il veut donner au Supplément .

Chapitre I, p. 145-147 : « avez-vous vu le Tahitien »… « vous le saurez »

  Le lecteur, par la 1 ère phrase, s’attend au « procédé de l’œil neuf » : Lettres persanes , L’Ingénu … « transporté » (l. 2) avec un complément de personne = le plus grand dépaysement. « soit que… soit que… » = deux fois l’idée d’erreur, imposée volontairement (« on lui en eût imposé ») ou naturelle. Aotourou n’a quitté Tahiti que parce qu’on l’a trompé ou qu’il s’est trompé. Idée selon laquelle chacun se trouve bien chez soi (cf. l. 18-22).

« L’usage commun des femmes » : qui n’a jamais voyagé n’imagine pas des mœurs autres que les siennes. Mythe d’un communisme primitif, déjà présent chez Platon. En réalité, plus les civilisations sont primitives, plus les mœurs sont complexes et contraignantes (cf. Levi-Strauss et l’ethnologie moderne).

« s’ennuyait » : sens très fort = profonde mélancolie.

« L’alphabet tahitien… » (l. 14) : préoccupation du siècle : l’origine des langues. Ce sont les tous premiers balbutiements de la linguistique (cf. Genette). Rousseau écrit un Essai sur l’origine des langues.

Diderot a raison sur un point : le système phonétique d’une langue est une structure, un système clos ; il est donc très difficile de prononcer des phonèmes qui n’existent pas dans sa propre langue ; mais il confond graphèmes et phonèmes !

Diderot, l. 18-25, indique quelle lecture on fait des récits de voyage : par goût de l’exotisme, ou pour se conforter dans la bonne opinion que l’on a de son pays. Au moment des Grandes découvertes, on ne lisait pas de tels récits.

Ici (l. 26-28), A s’amuse (pour une fois, il est le plus intelligent). Assonance et allitération « quoi, croyez, croisse ». Presque une paronomase !

Réponse de B : Diderot ne veut rien démontrer, son opinion n’est pas faite. Ce qui l’intéresse, c’est la quête. Voir le Neveu de Rameau. Malgré les coq-à-l’âne, un seul problème : l’œil neuf.

« Concevoir » (l. 37) : parce que son langage ne s’y prête pas. Lien étroit de la pensée et du langage.

Lignes 45 et suiv. : 3 idées fausses.

  • simplicité des sauvages ~ complexité des sociétés modernes. Or l’on sait l’extrême complexité des liens sociaux, fondée sur des millénaires de culture, par exemple des Aborigènes ;
  • comparaison entre l’histoire des sociétés et l’histoire biologique d’un individu , datant du 16ème siècle, et très à la mode. Grandeur et décadence (cf. Montesquieu)… Or une société ne meurt pas de vieillesse, mais par élimination ou accident (invasions…)… Diderot mélange une comparaison mécanique (or aujourd’hui on sait que les machines complexes marchent mieux) et une comparaison biologique : deux idées débattues par Rousseau et Diderot lors de l’emprisonnement de celui-ci à Vincennes. Rousseau en fait un usage philosophique (Discours sur l’origine de l’inégalité) ; Diderot les essaie, en fait un usage poétique et moral.
  • À propos de la liberté et de l’aliénation : Pour Diderot, comme pour Rousseau, la liberté est un sentiment inné (cf. Discours sur l’origine de l’inégalité ) ; or c’est discutable. La liberté est une conquête humaine ; elle est difficile, au point que beaucoup ne souhaitent pas être libres. Sentiment : un instinct dont on prend conscience.

Mélange d’idéologie et de conquêtes scientifiques ; le transformisme est dans l’air, avec des aspects dangereux.

Ce qui est positif dans l’œuvre de Diderot, c’est la critique.

« On se rend ridicule, mais on n’est ni ignorant, ni sot, encore moins méchant pour ne voir jamais que la pointe de son clocher ». Diderot ne se fait aucune illusion sur l’idylle de la vie sauvage : prosopopée de l’Indienne de l’Orénoque.

Aucune pensée n’est chez Diderot privée de son antithèse = aspect ludique. Il essaie toutes les idées (cf. le Neveu de Rameau), jeu qui mène à une critique de la réalité.

  Ici, les rapports sociaux entre les Parisiens du 18ème siècle sont des « entraves » (l. 51) ; mais on arrive à vivre … Il en fait voir les défauts et les qualités (cf. p. 186).

Retour de la métaphore du brouillard : Diderot veut remuer assez d’idées pour que le brouillard intellectuel dans lequel nous vivons se dissipe.

A a-t-il tort ? il ne se laisse pas prendre aux fables : il est le philosophe, l’esprit le plus fort ; les rôles sont interchangeables. Ce qui différencie A et B, ce sont les traits d’humeur. A est le souffre douleur de B (humour : « j’ai toujours tort avec vous ! » (l. 66-67).

De « tenez, tenez » à « vous le saurez » (l. 69-75) : ménage une transition avec la suite.

Mise en abyme : le Supplément est pour nous l’œuvre complète, or il est dans l’œuvre (« là, sur cette table »). Jeu pictural baroque (les Ménines de Vélasquez), puis théâtral ( l’Illusion comique , les Acteurs de bonne foi de Marivaux), enfin littéraire, qui détruit la réalité en même temps qu’on la crée. Diderot s’amuse : la sincérité de Bougainville… prouvée par un Supplément apocryphe ! (l. 57).

« Vous le saurez » souligne la gratuité de l’échange d’idées : le discours du vieillard est présenté comme faux, invraisemblable. (repris plus tard, p. 151 : « abrupt et sauvage », définition de la poésie pour Diderot)

Conclusion : optimisme de Diderot. Toute société est mauvaise, mais toutes les sociétés sont bonnes d’un certain point de vue. Elles sont vivables. Jeu des idées. Le Supplément se présente comme une méditation après une lecture (titre excellent : quand un livre a du succès, des quantités de suppléments). Diderot surpasse Rousseau et sa « Prosopopée de Fabricius ».

Rêverie très libre après la lecture. Distanciation à la Brecht : pour critiquer quelque chose, il faut être dehors et dedans, acteur et témoin.

Déchirement de s’arracher à son pays : fiction littéraire pour cela, pour libérer l’esprit. Cf. l’Ingénu de Voltaire !

Au 18 ème siècle, on déteste les livres ennuyeux.

Discours du vieillard tahitien (chapitre II p. 148-151)

Les européens vus par le vieillard :.

« chef des brigands » ; opposition des personnes : « nous » ~ « tu » ; fureur / féroce.

  • vocabulaire de la violence :cf. ci-dessus, + « haïr, égorger, sang »…
  • mettre des hommes en esclavage (l. 15-16) ; « t’emparer comme de la brute »
  • propriété du sol ~ vol de toute une contrée
  • « prêché », l. 6-7 ; « inutiles lumières »
  • Le problème du travail.

Autoportrait du Sauvage : opposition d’un système de valeurs à un autre.

  • « tout est à tous », y compris filles et femmes. Pas d’agressivité : ce sont les Européens qui « enseignent la violence ».
  • « Ton frère », « deux enfants de la Nature »
  • Réciprocité, l. 18-22, 23-26, 27-30.
  • cf. le dernier § : « êtres sensés » l. 46
  • Hospitalité : « tu as partagé », « tu es entré dans nos cabanes »…

Une image de l’Etat de Nature.

Il s’agit ici d’une fiction : discours à l’occidentale (ce qui sera souligné par A et B) ; aucun détail concret : ce n’est pas la civilisation tahitienne qui intéresse Diderot, mais un IDEAL, qui appartient au mythe du Bon Sauvage.

Propriété collective ou absence de propriété : cf. Rousseau ; il s’agit d’un état antérieur à la propriété. Cependant, on ne trouve pas ici les mêmes conséquences que dans le Discours sur l’inégalité de Rousseau ; chez celui-ci, l’homme d’avant la société vivait isolé ; pour Diderot, il y a une forme de société collectiviste primitive.

Le problème du travail : satisfaction des besoins vitaux ~ luxe, besoins superflus (idée importante de « création des besoins »). L’opposition entre repos et travail est une opposition de valeur :

  • repos = être = jouir
  • travail = s’agiter, se tourmenter pour posséder des biens.

On est ici très proche de Montaigne et de Rousseau, mais très loin de Voltaire, qui préfigure la valeur bourgeoise accordée au travail, à l’industrie.

Dialogue de l’Aumônier et d’Orou (ch. III, p. 157-160), de « ces préceptes singuliers » à « … ne réclame pas ses droits » (texte 3)

Plan du premier discours d’orou :.

  • Contraires à la nature : un être humain ne saurait appartenir à un autre
  • contraires à la “loi générale des êtres” : dans un univers soumis au changement, aucune loi ne peut imposer une constance éternelle.
  • des hommes ne peuvent décider du bien et du mal :
  • si c’était le cas, ces notions seraient arbitraires et changeantes (allusions aux lois et interdits religieux)
  • … Et que faire en cas de désaccord entre ces différents législateurs ?

==> seule la nature peut décider du bien et du mal, en fonction de critères absolus.

Le deuxième discours dresse un réquisitoire contre la société

Orou devine ce que Diderot dénonce : les nécessaires dysfonctionnements liés à des lois contraires à la nature.

Dans ce passage, étudier :

  • les marques de jugement
  • les procédés oratoires (symétries, antithèses, accumulations, rythmes…)
  • l’usage des temps verbaux

Apologue de Polly Baker

Qui parle ? Retrouvez dans cette histoire les marques d’énonciation (marques personnelles, marques de jugement, modalisateurs, déictiques…) ; indiquez les différents niveaux d’énonciation :

  • le narrateur de l’histoire
  • le discours de Polly

Le discours de Polly : indiquez sa composition. Montrez, en relevant plusieurs indices, qu’il s’agit d’un plaidoyer. Pour quelle cause plaide Polly ?

En quoi l’histoire de Polly Baker constitue-t-elle un apologue ? Quelle en serait la moralité ?

Quel rôle occupe cet apologue dans l’argumentation de Diderot à propos des lois naturelles ?

Excipit : « ainsi vous préféreriez… => fin du chapitre V.

La 1 ère phrase fait la liaison avec ce qui précède. « préféreriez » : interrogation implicite. A doute des idées de B (conditionnel). Il ne s’agit pas ici d’un choix, mais d’une préférence, comme si le choix était indifférent, affaire de goût. Conclusion du dialogue : vocabulaire du choix moral (préférer, prononcer, conclure, incliner, trouver, indiquer => unité de la page.

Les tabous les plus forts de notre société sont ceux concernant la sexualité : Diderot s’y attaque ; cf. la 3 ème partie du Rêve de d’Alembert .

L’état de nature brute : cf. Discours sur l’origine de l’inégalité de Rousseau (1755). Cette question marque l’étonnement. Cf. au début « est-ce que vous donneriez dans la fable de Tahiti ? » p. 146. « Ma foi » précède et atténue l’énonciation de vérités scandaleuses. Expression ironique de la pensée : « se dépouiller », puis « se vêtir » (l. 3-6).

Arguments de faits, même s’ils sont totalement contradictoires.

  • Equation toujours égale : en augmentant les plaisirs d’une société, on en augmente dans la même proportion les maux : beaucoup de peine pour rien (« efforts » l. 11). Derrière l’opposition homme naturel / homme social se cache l’opposition individu / société. Diderot renouvelle cette opposition par celle individu / espèce. Avantage à l’état de nature.
  • Mais argument contraire (« cependant », l. 15) : la vie civilisée allonge la durée moyenne d’existence. Il reprend souvent cet argument, mais n’hésite pourtant pas, ici, à le contester : est-ce une norme ? (comparaison avec une machine)
  • Lieu où l’on est le plus libre, sans tabous : Tahiti (vision utopique de la vie primitive)…
  • … mais aussi Venise !

Diderot retrouve Voltaire et présente les deux aspects antagonistes du progrès. Prudence : « il m’est souvent venu dans la pensée… », « peut-être »…

La conception d’une durée moyenne de vie est toute nouvelle à l’époque : argument au départ d’un débat qui dure aujourd’hui encore (cf. Lévy-Strauss). Diderot présente des arguments pour et contre, et se garde de choisir. Ligne 21 : retour du conditionnel. « Je vois » signifie « dois-je voir ? »

« Parcourrai » = par l’esprit.

Diderot pose le problème de bonheur, et le fait comme le ferait Rousseau, pour qui tout va bien si l’homme est heureux. Il n’en est pas de même pour Voltaire (l’essentiel est que la condition de l’homme soit supportable ; cf. Candide) ; Rousseau est plus exigeant, mais aussi plus optimiste que Voltaire !

« Venise » : représente à l’époque le gouvernement d’oppression aristocratique.

Ces arguments sont fragiles, mais Diderot ne résiste pas au plaisir de les essayer.

« Je ne m’attendais pas à l’éloge de ce gouvernement » = litote. Diderot présente un paradoxe énorme : dire que le meilleur gouvernement d’un pays civilisé serait comparable à celui de Venise. Diderot, ~ Rousseau, ignore la pensée dialectique. Pourtant, ici, il en est tout proche.

« Les Grecs proscrivirent… » Diderot reprend ici Montaigne (I, ch. 23). Partout où il y a des lyres, il y a des cordes = métaphore : partout où il y a une société, il y a des lois arbitraires.

Diderot cite ensuite des personnages (connivence avec les lecteurs de son époque) :

  • Reymer, Gardeil : figures atroces, équilibre entre les sexes : un homme, une femme.
  • Tanié, Mlle de la Chaux : ce qu’il y a de sublime dans le dévouement amoureux ;
  • Le Chevalier Desroches : homme admirable, mais incapable de s’attacher sérieusement à une femme ;
  • Mme de la Carlière : femme admirable, mais qui a trop lu la Princesse de Clèves .

La morale artificielle produit chez l’homme le meilleur et le pire. « dépravation » (négatif) et malheur (connoté plus positivement). Diderot a pris des personnages fictifs, pour renvoyer à sa propre œuvre.

« Nous parlerons… » l. 61 : style et pensée de Montaigne. « Réformer » = changer complètement. « Celui qui… » (l. 63) = pensée de Socrate (Criton) qui meurt pour garantir les lois. Il faut obéir aux lois, non parce qu’elles sont justes, mais parce qu’elles sont les lois.

« Etres fragiles » : les Tahitiens. Leur société est fragile, il ne faut pas y toucher.

Le philosophe est présenté comme un être sociable, non révolutionnaire.

Retour (l. 79) du brouillard métaphorique : il tombe, il n’y a eu qu’une éclaircie.

Le dialogue se termine par une pointe.

Pour comprendre le Supplément , il faut lire Sur les femmes , qui prolonge la réflexion de Montaigne sur le même sujet. Lire aussi le passage sur le sublime dans le Neveu de Rameau .

Le Supplément au Voyage de Bougainville a-t-il une dimension ethnographique ?

Dialogue entre a et b à propos de bougainville, p. 142-144 (27-30).

Pour être un bon explorateur, il faut d’abord de solides connaissances scientifiques, et en particulier mathématiques : « un véritable Français, lesté […] d’un traité de calcul différentiel et intégral… » ; il faut en outre « de la philosophie, du courage, de la véracité », des qualités d’observation, de la curiosité, et des connaissances scientifiques : mécanique, géométrie, astronomie, histoire naturelle. Rien n’est dit de la connaissance des hommes : l’ethnographie est encore en train de naître.

Les premières observations rapportées portent sur les animaux sauvages (p. 143), puis sur   ce que nous appellerions aujourd’hui la dérive des continents. Elles concernent donc la zoologie et la géographie.

À propos de l’Île des Lanciers , Diderot mentionne le cannibalisme et l’infibulation des femmes, pures hypothèses ici, et qu’il attribue à la nécessité vitale de réduire la population dans un espace trop petit. Il s’agit ici de spéculations, et non d’observations.

À propos des Patagons : Où se trouve la Patagonie ? Quelle observation de Bougainville est ici rapportée ? Avec quelles réserves ? Montez que l’on trouve ici une première occurrence du « mythe du bon Sauvage ».

La Patagonie se trouve à l’extrême sud du Chili ; Diderot rapporte l’observation de Bougainville sur le physique étonnant de ces hommes, mais il met en doute la véracité de ce rapport, exagéré selon lui (cf. p. 145/34). Le mythe du « bon Sauvage » apparaît dans ce même passage :

«  C’est, à ce qu’il paraît, de la défense journalière contre les bêtes féroces qu’il tient le caractère cruel qu’on lui remarque quelquefois. Il est innocent et doux, partout où rien ne trouble son repos et sa sécurité « .

A propos d’Aotourou : qu’est-ce que « la fable de Tahiti » ? Quelle est la part de l’observation ethnographique ici ? La « fable de Tahiti » consiste à croire que la société Tahitienne, « qui représente l’enfance de l’humanité », soit simple et innocente. L’ethnographie contemporaine a au contraire montré la complexité extrême des sociétés dites primitives – et leur ancienneté. Lire à ce sujet Tristes Tropiques , de Claude Lévi-Strauss.

On trouve cependant dans ce passage une petite part d’observation ethnographique : sur la langue tahitienne (bien que Diderot semble confondre écriture et phonétique), sur « l’usage commun des femmes », et sur la difficulté à concevoir une réalité que l’on ne peut nommer (Umberto Eco a fait la même remarque à propos de Moctezuma dans Kant et l’Ornithorynque , Grasset, Paris, 1997, p. 131 et suiv.).

Discours du vieillard tahitien, p. 147-151 (39-47)

Relevez dans ce discours tout ce qui peut donner une idée des mœurs, coutumes, objets usuels… de la société tahitienne. Diderot donne-t-il une image précise de ces usages ? (habitat, économie, fêtes, religion, arts…)

  • L’on retrouve ici l’usage commun des femmes, quelques mots sur l’habitat (« nos cabanes »), les armes (arcs et flèches), le mode de vie : goût du repos, absence de maladies, et une allusion à une cérémonie de passage à l’âge nubile pour les jeunes filles : la mère « relève le voile » de la jeune fille.
  • Aucun de ces points n’est développé ; repos et santé semblent se référer au mythe du « paradis terreste » ou de l’âge d’or, et les autres mentions sont si générales qu’elles pourraient s’appliquer à n’importe quelle société non européenne.

Diderot reste dans le flou pour plusieurs raisons :

  • Pour donner un caractère d’universalité au discours du vieillard, dont A souligne peu après qu’il semble bien peu réaliste dans la bouche d’un vieillard tahitien, en principe non formé à l’éloquence romaine ;
  • parce que le but est la dénonciation de la société européenne, et non la peinture de la société tahitienne ; il ne faut donc pas disperser l’attention du lecteur ;
  • enfin, parce qu’il faut donner de cette société tahitienne une image idéale, en gommant des réalités qui pourraient lui être moins favorables.

Dialogue entre Orou et l’aumônier, 1ère partie, p. 153-160 (53-62) :

Qu’apprenons-nous sur les mœurs tahitiennes ? Dans quel domaine se situent les observations rapportées par Diderot ? Nous apprenons les règles d’hospitalité : l’hôte se voit offrir l’épouse et les filles de celui qui le reçoit ; l’on apprend également qu’avoir un enfant hors de tout lien de mariage, loin d’être un déshonneur, est ici une chance, et que ces enfants constituent une partie de la dot ; que le mariage en Tahiti n’est pas conclu pour une vie entière, mais se rompt dès que les époux le souhaitent ; en somme que les Tahitiens jouissent de la plus grande liberté sexuelle. L’intérêt de Diderot porte donc essentiellement sur les relations interpersonnelles et familiales.

Que pouvons-nous déduire des questions et des remarques d’Orou sur la société européenne ? – notamment en matière de religion et d’institutions. On peut déduire des questions d’Orou que Tahiti ignore les prêtres, et les magistrats, et n’a qu’une idée très approximative de la notion de Dieu.

Diderot imagine donc une société tahitienne très proche de ce que l’on pensait être « l’état de nature » : une société sans lois, sans institutions répressives, sans prêtres ni religion autre que « naturelle »… Il s’agit bien entendu d’une utopie.

Dialogue entre Orou et l’aumônier, 2 ème partie p. 161-165 (62-66) :

Qu’apprenons-nous :

  • sur l’organisation sociale, l’économie ? : il s’agit d’une société rurale, (p. 161 : « un agriculteur, un pêcheur, un chasseur… » de type matriarcal : « une femme emmène avec elle ses enfants qu’elle avait apportés en dot ».
  • sur les relations familiales : des relations assez égalitaires entre l’homme et la femme au sein du couple ; mais la femme semble avoir essentiellement pour rôle d’avoir des enfants.
  • sur la place de l’enfant dans la société tahitienne : l’enfant est au centre de la société tahitienne : toujours considéré comme un bien, il n’est jamais objet d’opprobre, ni abandonné.
  • sur les cérémonies : la plus importante semble être celle qui consacre le passage de l’enfance à l’âge nubile, pour les garçons et les filles : grande fête, au cours de laquelle les jeunes gens peuvent se choisir un partenaire (p. 163-164 / 65-66)

Tout l’intérêt de Diderot porte donc, ici encore, sur la question de la liberté sexuelle, du mariage, et des relations familiales. La description qu’il donne de la cérémonie évoque des fêtes de l’âge d’or, et une société plus mythique que réelle.

Là encore, l’ethnographie contemporaine rapporte plutôt des règles de mariage extrêmement contraignantes, et des liens de parentés très compliqués dans les sociétés dites primitives, telles que les indiens du Brésil (Tristes Tropiques)

Dialogue entre Orou et l’aumônier, 3 ème partie p. 167-177 (71-80)

Quels sont les interdits dans la société tahitienne ? Comment s’expriment-ils ? Comment leur transgression est-elle châtiée ? La société tahitienne vous semble-t-elle répressive ? Les interdits touchent tout ce qui a trait à des relations sexuelles non fécondes : avec des personnes stériles, pendant la période des règles ou durant la grossesse. Ceux qui transgressent ces interdits n’encourent pas d’autre châtiment que le blâme : la société tahitienne ignore la répression !

Quels tabous sont ignorés de la société tahitienne ? Diderot vous semble-t-il approuver cette ignorance ? Les Tahitiens, selon Diderot, ignorent l’adultère (puisqu’on peut rompre un mariage à volonté) et l’inceste, « qui ne blesse en rien la nature » – on ignorait les dangers de la consanguinité ! Aux yeux de Diderot, de tels interdits, non fondés en raison, sont absurdes.

Cette description des mœurs tahitienne vous semble-t-elle relever de l’observation scientifique, ou de la « fable de Tahiti » ? Cette description semble relever davantage d’une observation superficielle, et d’une utopie, que d’une observation sérieuse de la société tahitienne ; l’absence d’institutions, de religion, de tabous ne plaide pas en faveur d’une réelle observation.

Mais la fonction de ce texte n’est pas de nature ethnographique : il s’agit seulement de construire une utopie, dont le but est de proposer un contre-modèle de la société européenne, et de dénoncer les tares de celle-ci ; dès lors, il importe peu que l’image de la société tahitienne soit conforme à la réalité ; il suffit qu’elle ne contredise pas les observations des navigateurs, et qu’elle soit cohérente.

Les philosophes ne s’intéressent pas réellement à la société qu’ils observent, moins en tous cas que Montaigne : cf. le chapitre « Des Cannibales » (I, 31) : celui-ci allait jusqu’à s’intéresser à la nourriture, aux vêtements… Rien de tel chez Diderot, ni, on le verra, chez Voltaire ( L’Ingénu ) : il s’agit simplement de donner un contre-modèle de la société française, positif chez Diderot, négatif chez Voltaire. D’où le peu d’intérêt pour les objets concrets, les coutumes, les institutions (chez Diderot, on pourrait croire qu’il n’y a pas de gouvernement, ni de chefs !) et l’art de ces peuples : le mot n’est même pas mentionné, ni chez Voltaire, ni chez Diderot !

Le vrai Bougainville à Tahiti

Né à Paris en 1729, Louis Antoine de Bougainville était un navigateur. Le 12 Octobre 1754, il est nommé secrétaire d’ambassade à Londres. Premier aide de camps de Montcalm en 1756 aux côté de qui il combattit aux plaines d’Abraham en 1759, il devint capitaine de frégate en 1753 et tenta en vain de coloniser les îles malouines(1763-1765).

En 1766, il partit de Brest à bord de la frégate la Boudeuse, gagna l’Amérique du sud et le détroit de Magellan, atteignit Tahiti en 1768 où il resta 10 jours. Le 15 mai 1771, il publia le récit de son voyage autour du monde qui développa le mythe du « paradis polynésien « .

Rentré à St Malo en 1769, Bougainville, premier capitaine français à avoir effectué le tour du monde, fut promu chef d’escadre en 1779 et resta fidèle à Louis XVI lors de la révolution.

Il mourut à Paris en 1811.

Le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot

Le Supplément au voyage de Bougainville est le troisième texte d’une série composée par Diderot en 1772 et conçue comme un ensemble :

  • Ceci n’est pas un conte
  • Madame de Carlière
  • et le Supplément au voyage de Bougainville.

Le Supplément se présente comme une méditation après une lecture. Le texte de Diderot apparaît comme un débat d’idées. C’est   une réflexion philosophique sur les questions que Diderot se posait en ce qui concerne les lois naturelles.

En mettant en scène un débat entre un sauvage et un européen, Diderot, grâce à la double énonciation, exprime ses idées philosophiques sur la société dite  » civilisée « .

Bougainville à Tahiti

Tahiti, un paradis terrestre.

  • Bougainville découvre Tahiti et ses habitants.
  • Lorsqu’il arrive sur l’île, il la voit comme le paradis sur Terre. Cf. p235  » Je me croyais transporté dans le jardin d’Eden « 
  • Il garde le souvenir d’un endroit magnifique où les gens sont gentils, accueillants. Pour lui, c’est une nouvelle définition du bonheur.

La population tahitienne

  • Il insiste beaucoup sur le fait qu’ils venaient en grand nombre pour les accueillir en utilisant les mots qui généralisent. Cf. p 231  » Le chef et tout le monde  » ;  » tous les hommes, toutes les femmes  » ;  » tous ceux « 
  • Personne n’est laissé au hasard : pour Bougainville, c’est une gentillesse générale. Les Tahitiens sont heureux de recevoir les Européens et ça se sent par leur hospitalité. Ils les invitent dans leur maison. Cf.p 229  » Le chef de ce canton nous conduisit dans sa maison et nous y introduisit  » Ils leur donnent à manger. Cf.  » Le chef nous proposa ensuite de nous asseoir sur l’herbe,…où il fit apporter des fruits, du poisson grillé et de l’eau « .
  • Et surtout, ils leur offrent des jeunes filles. Cf. p 226  » ils nous pressaient de choisir une femme, de la suivre…  » On peut dire que le mot clef, ici, c’est l’hospitalité.   Les Européens ont été très étonnés par la beauté et la simplicité des habitants.
  • Ils n’y a aucune pudeur, ils ne cachent rien. Ils ont la réputation d’être curieux. Ils ne se lassent pas de les considérer. Cf. p 227  » Ce peuple qui examinait en tumulte toutes les parties de son corps  » ;  » Après l’avoir bien considéré ils lui rendirent ses habits « 
  • Ils ne se cachent pas de cette curiosité. Certains n’hésitaient pas à venir les toucher, écarter leur vêtements. Ils tenaient à savoir si ils étaient tous identiques à eux.
  • Ils ne sont pas embarrassés et n’hésitent pas à s’exhiber. Cf. p 225  » La plupart de ces nymphes étaient nues, car les hommes et les vieilles, qui les accompagnaient, leur avaient ôté la pagne dont ils étaient ordinairement elles s’enveloppent « .
  • Les femmes se donnent naturellement aux hommes.
  • Ils n’expriment aucune crainte, aucune méfiance. En effet, ils ne portent pas d’armes, sont pacifiques et n’hésitent pas à se promener seuls ou en petits groupes. Cf.p231  » Quatre insulaires vinrent avec confiance souper et coucher à bord  »  » Aucun ne portaient d’armes ni même de bâton  » Ils vivent simplement et dans la nature toute la journée. Ils ne travaillent pas, tout est à leur leur portée. On a vraiment une idée du paradis. Bougainville parle du caractère doux de la nation.
  • Absence de méfiance et de haine . Ils vivent en groupe au quotidien, sont très unis. Ils partagent tout, ils n’y a pas de jalousie. Les hommes et les femmes sont égaux, on ne fait pas de distinctions sauf pour le vieillard.   Il représente la voix de la sagesse donc il est plus considéré que les autres habitants. Ils vivent en harmonie entre eux. Bougainville a tendance, peut-être, à idéaliser toute cette réalité. cela semble trop beau pour être vrai. *Il ne semble pas régner de guerre civile par contre ils sont toujours en guerre avec les îles voisines(Cf.p225)
  • Les tahitiens jouissent de ce que la nature leur donne. Cf. «  La terre se jonchait de feuillages et de fleurs  » ;  » La nature berce à pleine mains  » La nature offre tout donc l’homme n’a plus rien à faire. C’est la perfection absolue, Bougainville ne voit aucun inconvénient. Une fois de plus, peut-être a-t-il tendance à idéaliser cette vie.
  • Un lieu sain. On y vit très longtemps, on ne travaille pas ou très peu et on a tout ce que l’on veut. C’est comme si la vieillesse n’existait pas. Par exemple, le vieillard n’a de signe de vieillesse que sa couleur de cheveux et pas d’autres marques de décrépitude. Contrairement à ce qui se passe en Europe, la vieillesse ne laisse pas de trace à Tahiti.

Les personnages communs à Diderot et Bougainville.

  • Aotourou est le tahitien qui est allé en Europe avec Bougainville. Chez Diderot, B dit à A que Aotourou s’ennuyait avec les Européens. Cf. p 36  » Il s’ennuyait parmi nous  » Alors que Bougainville, lui, dit expressément le contraire. Cf. p 263  » Il y est resté onze mois, pendant lesquels il n’a témoigné aucun ennui  » Cf. p 264-265  » Le seul de nos spectacles qui lui plût était l’opéra ;car il aimait passionnément la danse « . Donc le personnage est le même chez les deux auteurs mais Bougainville et Diderot diffèrent sur Aotourou et sur son séjour en Europe.
  • Le vieillard est le père du chef Ereti (celui qui accueille Bougainville). Les deux auteurs sont d’accord sur le physique et le comportement du vieillard face aux étrangers. Mais chez Bougainville, le vieillard n’apparaît qu’à l’arrivée des Européens. Jamais il ne fait ses adieux comme chez Diderot.
  • Diderot fait dialoguer et débattre un sauvage, Orou, et le représentant de la pensée européenne : l’aumônier. Cependant, à la différence du texte original, le débat ne porte que sur un thème : la morale sexuelle.

Bibliographie

  • Montaigne : Des Cannibales (Essais I, 31)
  • Louis-Antoine de Bougainville : Voyage autour du monde (éditions Pockett) : lire en particulier la seconde partie, chapitres II et II (séjour à Tahiti)
  • Jean-Claude Carrière : La Controverse de Valladolid
  • Vivant Denon : Point de lendemain (édition Librio)
  • Diderot : La Religieuse
  • Diderot : Les Bijoux indiscrets
  • Laclos : Les Liaisons dangereuses
  • Claude Lévi-Strauss : Tristes Tropiques : lire en particulier les parties six, sept et huit, consacrées aux Indiens Bororo, Nambikwara et Tupi-Kawahib.
  • Rousseau : Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les Hommes
  • Jean-Christophe Ruffin : Rouge Brésil , Gallimard, 2001.
  • Voltaire : L’Ingénu

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  • Anthologies

Supplément au voyage de Bougainville dans le texte

Malheureux taïtiens.

Au départ de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s’attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s’avança d’un air sévère, et dit   :

«   Pleurez, malheureux Taïtiens   ! pleurez   ; mais que ce soit de l’arrivée, et non du départ de ces hommes ambitieux et méchants   : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l’autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices   ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console   ; je touche à la fin de ma carrière   ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. Taïtiens   ! mes amis   ! vous auriez un moyen d’échapper à un funeste avenir   ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent.   »

Puis s’adressant à Bougainville, il ajouta   : «   Et toi, chef des brigands qui t’obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive   : nous sommes innocents, nous sommes heureux   ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature   ; et tu as tenté d’effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous   ; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes   ; tu as partagé ce privilège avec nous   ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras   ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr   ; vous vous êtes égorgés pour elles   ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres   ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un démon   : qui es-tu donc, pour faire des esclaves   ?

Orou   ! toi qui entends la langue de ces hommes-là, dis-nous à tous, comme tu me l’as dit à moi, ce qu’ils ont écrit sur cette lame de métal   : Ce pays est à nous . Ce pays est à toi   ! et pourquoi   ? parce que tu y as mis le pied   ? Si un Taïtien débarquait un jour sur vos côtes, et qu’il gravât sur une de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres   : Ce pays appartient aux habitants de Taïti , qu’en penserais-tu   ? Tu es le plus fort   ! Et qu’est-ce que cela fait   ? Lorsqu’on t’a enlevé une des méprisables bagatelles dont ton bâtiment est rempli, tu t’es récrié, tu t’es vengé   ; et dans le même instant tu as projeté au fond de ton cœur le vol de toute une contrée   ! Tu n’es pas esclave   : tu souffrirais la mort plutôt que de l’être, et tu veux nous asservir   ! Tu crois donc que le Taïtien ne sait pas défendre sa liberté et mourir   ? Celui dont tu veux t’emparer comme de la brute, le Taïtien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature   ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi   ? Tu es venu   ; nous sommes-nous jetés sur ta personne   ? avons-nous pillé ton vaisseau   ? t’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis   ? t’avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux   ? Nous avons respecté notre image en toi.

Laisse-nous nos mœurs, elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus   ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger   ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, à ton avis   ? Poursuis jusqu’où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie   ; mais permets à des êtres sensés de s’arrêter, lorsqu’ils n’auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler   ? Quand jouirons-nous   ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières, la moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras   ; laisse-nous reposer   : ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques.

Regarde ces hommes   ; vois comme ils sont droits, sains et robustes. Regarde ces femmes   ; vois comme elles sont droites, saines, fraîches et belles. Prends cet arc, c’est le mien   ; appelle à ton aide un, deux, trois, quatre de tes camarades, et tâchez de le tendre. Je le tends moi seul   ; je laboure la terre   ; je grimpe la montagne   ; je perce la forêt   ; je parcours une lieue de la plaine en moins d’une heure. Tes jeunes compagnons ont eu peine à me suivre, et j’ai quatre-vingt-dix ans passés. Malheur à cette île   ! malheur aux Taïtiens présents, et à tous les Taïtiens à venir, du jour où tu nous as visités   ! Nous ne connaissions qu’une maladie, celle à laquelle l’homme, l’animal et la plante ont été condamnés, la vieillesse, et tu nous en as apporté une autre   ; tu as infecté notre sang. Il nous faudra peut-être exterminer de nos propres mains nos filles, nos femmes, nos enfants   ; ceux qui ont approché tes femmes   ; celles qui ont approché tes hommes. Nos champs seront trempés du sang impur qui a passé de tes veines dans les nôtres   ; ou nos enfants, condamnés à nourrir et à perpétuer le mal que tu as donné aux pères et aux mères et qu’ils transmettront à jamais à leurs descendants. Malheureux   ! tu seras coupable, ou des ravages qui suivront les funestes caresses des tiens, ou des meurtres que nous commettrons pour en arrêter le poison. Tu parles de crimes   ! as-tu l’idée d’un plus grand crime que le tien   ? Quel est chez toi le châtiment de celui qui tue son voisin   ? la mort par le fer   : quel est chez toi le châtiment du lâche qui l’empoisonne   ? la mort par le feu   : compare ton forfait à ce dernier   ; et dis-nous, empoisonneur de nations, le supplice que tu mérites   ? Il n’y a qu’un moment, la jeune Taïtienne s’abandonnait aux transports, aux embrassements du jeune Taïtien   ; attendait avec impatience que sa mère (autorisée par l’âge nubile) relevât son voile, et mît sa gorge à nu. Elle était fière d’exciter les désirs, et d’arrêter les regards amoureux de l’inconnu, de ses parents, de son frère   ; elle acceptait sans frayeur et sans honte, en notre présence, au milieu d’un cercle d’innocents Taïtiens, au son des flûtes, entre les danses, les caresses de celui que son jeune cœur et la voix secrète de ses sens lui désignaient. L’idée de crime et le péril de la maladie sont entrés avec toi parmi nous. Nos jouissances, autrefois si douces, sont accompagnées de remords et d’effroi. Cet homme noir, qui est près de toi, qui m’écoute, a parlé à nos garçons   ; je ne sais ce qu’il a dit à nos filles   ; mais nos garçons hésitent   ; mais nos filles rougissent. Enfonce-toi, si tu veux, dans la forêt obscure avec la compagne perverse de tes plaisirs   ; mais accorde aux bons et simples Taïtiens de se reproduire sans honte, à la face du ciel et au grand jour. Quel sentiment plus honnête et plus grand pourrais-tu mettre à la place de celui que nous leur avons inspiré, et qui les anime   ? Ils pensent que le moment d’enrichir la nation et la famille d’un nouveau citoyen est venu, et ils s’en glorifient. Ils mangent pour vivre et pour croître   : ils croissent pour multiplier, et ils n’y trouvent ni vice, ni honte.   »

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Forfaits de Bougainville

[…]   Écoute la suite de tes forfaits. À peine t’es-tu montré parmi eux, qu’ils sont devenus voleurs. À peine es-tu descendu dans notre terre, qu’elle a fumé de sang. Ce Taïtien qui courut à ta rencontre, qui t’accueillit, qui te reçut en criant   : Taïo   ! ami, ami   ; vous l’avez tué. Et pourquoi l’avez-vous tué   ? parce qu’il avait été séduit par l’éclat de tes petits œufs de serpents. Il te donnait ses fruits   ; il t’offrait sa femme et sa fille   ; il te cédait sa cabane   : et tu l’as tué pour une poignée de ces grains, qu’il avait pris sans te le demander. Et ce peuple   ? Au bruit de ton arme meurtrière, la terreur s’est emparée de lui   ; et il s’est enfui dans la montagne. Mais crois qu’il n’aurait pas tardé d’en descendre   ; crois qu’en un instant, sans moi, vous périssiez tous. Eh   ! pourquoi les ai-je apaisés   ? pourquoi les ai-je contenus   ? pourquoi les contiens-je encore dans ce moment   ? Je l’ignore   ; car tu ne mérites aucun sentiment de pitié   ; car tu as une âme féroce qui ne l’éprouva jamais.

Tu t’es promené, toi et les tiens, dans notre île   ; tu as été respecté   ; tu as joui de tout   ; tu n’as trouvé sur ton chemin ni barrière, ni refus   : on t’invitait   ; tu t’asseyais   ; on étalait devant toi l’abondance du pays. As-tu voulu des jeunes filles   ? excepté celles qui n’ont pas encore le privilège de montrer leur visage et leur gorge, les mères t’ont présenté les autres toutes nues   ; te voilà possesseur de la tendre victime du devoir hospitalier   ; on a jonché, pour elle et pour toi, la terre de feuilles et de fleurs   ; les musiciens ont accordé leurs instruments   ; rien n’a troublé la douceur, ni gêné la liberté de tes caresses ni des siennes. On a chanté l’hymne, l’hymne qui t’exhortait à être homme, qui exhortait notre enfant à être femme, et femme complaisante et voluptueuse. On a dansé autour de votre couche ; et c’est au sortir des bras de cette femme, après avoir éprouvé sur son sein la plus douce ivresse, que tu as tué son frère, son ami, son père, peut-être.

Tu as fait pis encore   ; regarde de ce côté   ; vois cette enceinte hérissée de flèches   ; ces armes qui n’avaient menacé que nos ennemis, vois-les tournées contre nos propres enfants   : vois les malheureuses compagnes de nos plaisirs   ; vois leur tristesse   ; vois la douleur de leurs pères   ; vois le désespoir de leurs mères   : c’est là qu’elles sont condamnées à périr par nos mains, ou par le mal que tu leur as donné. Éloigne-toi, à moins que tes yeux cruels ne se plaisent à des spectacles de mort   : éloigne-toi   ; va, et puissent les mers coupables qui t’ont épargné dans ton voyage, s’absoudre, et nous venger en t’engloutissant avant ton retour   ! Et vous, Taïtiens, rentrez dans vos cabanes, rentrez tous   ; et que ces indignes étrangers n’entendent à leur départ que le flot qui mugit, et ne voient que l’écume dont sa fureur blanchit une rive déserte   !

  • Droits humains
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L’aumônier et Orou

Dans la division que les Taïtiens se firent de l’équipage de Bougainville, l’aumônier devint le partage d’Orou. L’aumônier et le Taïtien étaient à peu près du même âge, trente-cinq à trente-six ans. Orou n’avait alors que sa femme et trois filles appelées Asto, Palli et Thia. Elles le déshabillèrent, lui lavèrent le visage, les mains et les pieds, et lui servirent un repas sain et frugal. Lorsqu’il fut sur le point de se coucher, Orou, qui s’était absenté avec sa famille, reparut, lui présenta sa femme et ses trois filles nues, et lui dit   : –   Tu as soupé, tu es jeune, tu te portes bien   ; si tu dors seul, tu dormiras mal   ; l’homme a besoin la nuit d’une compagne à son côté. Voilà ma femme, voilà mes filles   : choisis celle qui te convient   ; mais si tu veux m’obliger, tu donneras la préférence à la plus jeune de mes filles qui n’a point encore eu d’enfants. La mère ajouta   : –   Hélas   ! je n’ai point à m’en plaindre   ; la pauvre Thia   ! ce n’est pas sa faute.

L’aumônier répondit que sa religion, son état, les bonnes mœurs et l’honnêteté ne lui permettaient pas d’accepter ces offres. Orou répliqua   : –   Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles religion   ; mais je ne puis qu’en penser mal, puisqu’elle t’empêche de goûter un plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maîtresse, nous invite tous   ; de donner l’existence à un de tes semblables   ; de rendre un service que le père, la mère et les enfants te demandent   ; de t’acquitter avec un hôte qui t’a fait un bon accueil, et d’enrichir une nation, en l’accroissant d’un sujet de plus. Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles état   ; mais ton premier devoir est d’être homme et d’être reconnaissant. Je ne te propose point de porter dans ton pays les mœurs d’Orou   ; mais Orou, ton hôte et ton ami, te supplie de te prêter aux mœurs de Taïti. Les mœurs de Taïti sont-elles meilleures ou plus mauvaises que les vôtres   ? c’est une question facile à décider. La terre où tu es né a-t-elle plus d’hommes qu’elle n’en peut nourrir   ? en ce cas tes mœurs ne sont ni pires, ni meilleures que les nôtres. En peut-elle nourrir plus qu’elle n’en a   ? nos mœurs sont meilleures que les tiennes. Quant à l’honnêteté que tu m’objectes, je te comprends   ; j’avoue que j’ai tort   ; et je t’en demande pardon. Je n’exige pas que tu nuises à ta santé   ; si tu es fatigué, il faut que tu te reposes   ; mais j’espère que tu ne continueras pas à nous contrister. Vois le souci que tu as répandu sur tous ces visages   : elles craignent que tu n’aies remarqué en elles quelques défauts qui leur attirent ton dédain. Mais quand cela serait, le plaisir d’honorer une de mes filles, entre ses compagnes et ses sœurs, et de faire une bonne action, ne te suffirait-il pas   ? Sois généreux   ! L’aumônier.   – Ce n’est pas cela   : elles sont toutes quatre également belles   ; mais ma religion   ! mais mon état   ! Orou. –   Elles m’appartiennent, et je te les offre   : elles sont à elles, et elles se donnent à toi. Quelle que soit la pureté de conscience que la chose religion et la chose état te prescrivent, tu peux les accepter sans scrupules. Je n’abuse point de mon autorité   ; et sois sûr que je connais et que je respecte les droits des personnes.

Ici, le véridique aumônier convient que jamais la Providence ne l’avait exposé à une aussi pressante tentation. Il était jeune   ; il s’agitait, il se tourmentait   ; il détournait ses regards des aimables suppliantes   ; il les ramenait sur elles   ; il levait ses mains et ses yeux au ciel. Thia, la plus jeune, embrassait ses genoux et lui disait   :   – Étranger, n’afflige pas mon père, n’afflige pas ma mère, ne m’afflige pas   ! Honore-moi dans la cabane et parmi les miens   ; élève-moi au rang de mes sœurs qui se moquent de moi. Asto l’aînée a déjà trois enfants   ; Palli, la seconde, en a deux, et Thia n’en a point   ! Étranger, honnête étranger, ne me rebute pas   ! rends-moi mère   ; fais-moi un enfant que je puisse un jour promener par la main, à côté de moi, dans Taïti   ; qu’on voie dans neuf mois attaché à mon sein   ; dont je sois fière, et qui fasse une partie de ma dot, lorsque je passerai de la cabane de mon père dans une autre. Je serai peut-être plus chanceuse avec toi qu’avec nos jeunes Taïtiens. Si tu m’accordes cette faveur, je ne t’oublierai plus   ; je te bénirai toute ma vie   ; j’écrirai ton nom sur mon bras et sur celui de ton fils   ; nous le prononcerons sans cesse avec joie   ; et, lorsque tu quitteras ce rivage, mes souhaits t’accompagneront sur les mers jusqu’à ce que tu sois arrivé dans ton pays.

Le naïf aumônier dit qu’elle lui serrait les mains, qu’elle attachait sur ses yeux des regards si expressifs et si touchants   ; qu’elle pleurait   ; que son père, sa mère et ses sœurs s’éloignèrent   ; qu’il resta seul avec elle, et qu’en disant   : Mais ma religion, mais mon état, il se trouva le lendemain couché à côté de cette jeune fille, qui l’accablait de caresses, et qui invitait son père, sa mère et ses sœurs, lorsqu’ils s’approchèrent de leur lit le matin, à joindre leur reconnaissance à la sienne.

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Supplément au Voyage de Bougainville

Qui, de l’Européen civilisé ou du Tahi-tien « sauvage », est le plus heureux ? Existe-t-il un modèle de société idéale ? Voilà quelques-unes des questions qui occupent A et B, nos protagonistes : ils dialoguent, débattent, comparent, et, ce faisant, s’ouvrent à l’altérité. Et ils ne sont pas les seuls. Grâce à ce texte original et intemporel, le lecteur apprend également à décentrer son regard et à se libérer de ses préjugés. Une expérience de lecture salutaire ! Au fil du texte : • 2- explications de textes • 1- commentaire de texte + un dossier composé de 8 chapitres : 1- Histoire littéraire : Lumières et pré-Révolution : sentir, raisonner, critiquer 2- Diderot et son temps 3- Présentation du Supplément au Voyage de Bougainville 4- Les mots importants du Supplément au Voyage de Bougainville (nature ; innocent / sauvage ; religion ; crime) 5- La grammaire 6- Groupement de textes : L’autre, ce « barbare » (disent-ils) Joachim du Bellay, Défense et illustration de la langue française Jean de La Bruyère, Les Caractères Voltaire, L’Ingénu Claude Lévi-Strauss, Race et histoire Contraction de texte et essai : Critique de la raison nègre d’Achille Mbembe 7- Prolongements artistiques et culturels 8- Exercices d’appropriation.

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Oral du bac de français

Ecrit du bac de français, pour aller plus loin.

Problématique : Comment Diderot va-t-il comparer les deux types de civilisation ? Lecture du texte

supplement au voyage de bougainville courant litteraire

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supplement au voyage de bougainville courant litteraire

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Denis Diderot

Supplément au voyage de Bougainville (1772)

Dialogue entre A. et B.

Denis Diderot

Notre phrase préférée : Poursuis jusqu'où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s'arrêter, lorsqu'ils n'auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, titre des biens imaginaires.

Documents et essais - Nouvelles, contes - Philosophie

Supplément du Voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l'inconvénient d'attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n'en comportent pas est un conte philosophique de Diderot, formant le dernier volet du triptyque des Contes moraux de 1772 parus dans La Correspondance littéraire . Il tranche par son exotisme avec les deux premiers, Ceci n'est pas un conte et Madame de La Carlière , puisqu'il s'agit d'un dialogue de deux personnages, apparemment désinvolte mais profondément sérieux, à propos du voyage du célèbre navigateur, sur le processus de civilisation qui caractérise la société européenne du XVIIIe siècle comparée à la société tahitienne décrite par l'explorateur. En cinq chapitres présentant une mise en abyme, puisque le dialogue de A et B contient l'entretien d'un aumônier qui logea chez l'Otaïtien Orou, les interlocuteurs à travers lesquels Diderot réfléchit critiquent, en analysant notamment les mœurs sexuelles, les contradictions et la perversité de leur société en l'opposant à la société tahitienne, heureuse car régie par le seul code de la nature.

Les premiers mots :

« Cette superbe voûte étoilée, sous laquelle nous revînmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole. »

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Discours du vieillard, Supplément au voyage de Bougainville, Diderot : analyse

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le discours du vieillard supplément au voyage de bougainville

L’extrait étudié va de «  Pleurez malheureux tahitiens  » jusqu’à «  à vertus chimériques  » .

« Le discours du vieillard », Supplément au Voyage de Bougainville, introduction :

Le Supplément au voyage de Bougainville s’inspire du voyage réel de l’explorateur Bougainville en Océanie et de son récit Voyage autour du monde, dans lequel est évoquée la colère du vieux tahitien.

Diderot, l’un des plus célèbres philosophes des lumières , choisit de mettre en avant le point de vue des tahitiens pour dénoncer les vices de la société européenne à travers le discours d’un vieux tahitien, qui parle au nom de la communauté.

Extrait étudié

Pleurez, malheureux Tahitiens ! pleurez ; mais que ce soit de l’arrivée, et non du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l’autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. O Tahitiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d’échapper à un funeste avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. » Puis s’adressant à Bougainville, il ajouta : « Et toi, chef des brigands qui t’obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive : nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tenté d’effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous ; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagé ce privilège avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr; vous vous êtes égorgés pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un démon : qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! toi qui entends la langue de ces hommes-là, dis-nous à tous, comme tu me l’as dit à moi, ce qu’ils ont écrit sur cette lame de métal : Ce pays est à nous. Ce pays est à toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu’il gravât sur une de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres : Ce pays appartient aux habitants de Tahiti, qu’en penserais-tu ?… Tu n’es pas esclave : tu souffrirais la mort plutôt que de l’être, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ? Celui dont tu veux t’emparer comme de la brute, le Tahitien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé ton vaisseau ? t’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? t’avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respecté notre image en toi. « Laisse nous nos moeurs ; elles sont plus sages et honnêtes que les tiennes ; nous ne voulons plus troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris, parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, à ton avis ? Poursuis jusqu’où tu voudras ce que tu appelles les commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s’arrêter, lorsqu’ils n’auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières la moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer : ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques.

Questions possibles à l’oral de français sur « les adieux du vieillard » dans Supplément au voyage de Bougainville :

♦ Quels sont les enjeux du discours du vieux tahitien ? ♦ Quelle vision ce discours donne-t-il de la société européenne  ? Par quels moyens ? ♦ En quoi ce texte reflète-t-il la pensée des philosophes des Lumières  ? ♦ En quoi ce texte est-il une utopie ? ♦ Comment est représentée la société tahitienne dans le discours du vieillard ? ♦ Dans quelle mesure ce texte illustre-t-il le mythe du bon sauvage ?

Annonce du plan

Nous verrons comment la critique violente de la civilisation européenne (I) donne par contraste une vision utopique de la vie sauvage (II) grâce à la stratégie argumentative mise en place par Diderot (III).

I – Une critique de la civilisation européenne

A – la critique de la colonisation.

Le vieux tahitien critique vivement la colonisation de Tahiti.

Il dénonce tout d’abord ce qu’est réellement la colonisation : un vol régi par un rapport de force. On observe ainsi le champ lexical du pillage : «  égorger  » , «  corrompus  » , «  vils  » , «  chef des brigands  » , «  le vol de toute une contrée  » .

L’omniprésence de déterminants et de pronoms possessifs souligne le désir de possession des colonisateurs : « Ce pays est à nous  » , «  du tien et du mien  », «  Nos filles et no s femmes », «  votre sang », « dans notre terre le titre de notre futur esclavage »

Ce rapport de force s’accompagne de violence et de cruauté : «   fureurs », « féroce », « égorgés », « teintes de votre sang », « vengé », « vol », « t’emparer comme de la brute », «  jetés », « pillé », « saisi et exposé aux flèches ».

Les colonisateurs ne cherchent qu’à réduire les tahitiens en esclavage , comme le souligne le polyptote « esclavage » et « esclaves » ainsi que le champ lexical de l’ esclavage  : « enchaîner », « assujettir », « servirez sous eux », « t’obéissent », « nous asservir ».

L’ antithèse entre liberté et esclavage est mise en évidence tout au long des adieux du vieillard à travers les parallélismes  : ♦ «  Nous sommes libres  ; // et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage  »; ♦ « Ce pays est à nous . // Ce pays est à toi  ! »; ♦  « Tu n’es pas esclave  : tu souffrirais la mort plutôt que de l’être, // et tu veux nous asservir  ! ».

Au delà de la colonisation, c’est la civilisation européenne elle-même qui est visée par le vieux tahitien.

B – La critique des valeurs de la société européenne

En dénonçant le comportement des colonisateurs, le vieillard dénonce en réalité les valeurs de la civilisation européenne : la propriété , la violence et le matérialisme .

L’idée de propriété est au cœur de la civilisation européenne : «  Tu nous a prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien  » .

Cette idée s’applique non seulement aux bien matériels et aux terres («  Ce pays est à nous  » ), mais également aux êtres humains puisque les colonisateurs s’approprient les femmes tahitiennes et réduisent les tahitiens en esclavage.

Or ce rapport de possession engendre violence et jalousie : «  tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues  » , «  elles sont devenues folles dans tes bras  » . Elle crée également une compétition violente entre les hommes : «  vous vous êtes égorgées pour elles  » .

Le vieillard dénonce également une société matérialiste mue par des «  besoins superflus  » (il s’agit là d’un oxymore puisqu’un besoin est forcément nécessaire).

Cette quête insensée de «  besoins factices  » ne crée qu’ épuisement et agitation : «  pénibles efforts  » , «  fatigues annuelles et journalières  » , «  t’agiter, te tourmenter  » .

Transition : Cette vision négative de la civilisation européenne contraste avec la représentation utopique de la vie sauvage.

II – Une vision utopique de la vie sauvage

A – eloge de la simplicité des tahitiens.

Derrière la critique de la civilisation européenne transparaît l’ éloge de la vie sauvage.

Les tahitiens sont en symbiose avec la nature , ce qui est marqué par la présence d’un champ lexical de la nature : «   morceau de bois », « rive », « la nature », « terre », « côtes », « pierres », « l’écorce d’un de vos arbres », « champs », « animaux », « cabanes ».

Tout ce dont ils ont besoin, les tahitiens le trouvent dans la nature.

Ainsi, ils ne manquent de rien, ce qui est renforcé par l’ hyperbole « Tout » («  Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons» ) et la structure binaire des phrases qui suggère la facilité avec laquelle ils subviennent à leurs besoins : « Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir ».

Les tahitiens vivent selon une morale épicurienne qui consiste à borner ses ambitions ou ses désirs pour atteindre le bonheur dans une vie simple .

Dénués de «  besoins superflus  » , ils consacrent du temps à jouir de la vie et à se reposer («  Quand jouirons-nous ? « , «  rien ne nous paraît préférable au repos  » ).

On assiste à un renversement de valeur puisque c’est l’ oisiveté – et non le travail – qui est présentée comme souhaitable par le vieux tahitien.

B – Tolérance et ouverture d’esprit

La société tahitienne est basée sur des valeurs fondamentales   : ♦ La liberté : «   Nous sommes libres » ; ♦ L’égalité et la fraternité :«  le Tahitien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? » ; ♦ Le partage : «   Ici tout est à tous », « Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagé ce privilège avec nous » ; ♦ La tolérance : «   Nous avons respecté notre image en toi » .

La notion de partage irrigue la société tahitienne : « Ici tout est à tous » , « Nos filles et nos femmes nous sont communes » .

Leur altruisme n’est pas uniquement tourné vers les individus de leur communauté, mais étendu à tous les êtres humains . La fraternité est mise en valeur dans le discours du vieillard : «  Vous êtes deux enfants de la nature  » , «  le Tahitien est ton frère  » , «  Nous avons respecté notre image en toi  » .

Les tahitiens sont même si respectueux de la vie humaine qu’ils préfèrent laisser partir les européens plutôt que de les tuer pour mettre fin à la colonisation : «  Tahitiens ! Vous auriez un moyen d’échapper à un funeste avenir; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent et qu’ils vivent.  »

Ainsi, on retrouve dans Supplément au voyage de Bougainville la représentation du mythe du bon sauvage , avec une vision proche de celle de Rousseau : l’homme est bon à l’état de nature , alors que la civilisation le corrompt.

Transition : En donnant la parole au vieux tahitien, Diderot met en place une stratégie argumentative solide pour convaincre et persuader ses lecteurs.

III – La stratégie argumentative mise en place par Diderot

A – un discours à forte tonalité polémique.

Les adieux du vieux tahitien apparaissent comme un véritable réquisitoire à l’encontre des européens, réquisitoire dominé par une tonalité polémique .

Cette tonalité polémique transparaît tout d’abord dans la ponctuation forte .

Les nombreuses phrases exclamatives et interrogatives associées à des apostrophes traduisent l’indignation du vieillard : « Pleurez, malheureux Tahitiens  !  » , « O Tahitiens  ! mes amis  !  » , « qui es-tu donc, pour faire des esclaves  ? Orou  !  » , « Ce pays est à toi  ! et pourquoi  ? parce que tu y as mis le pied  ?  ».

L’accumulation des questions rhétoriques renforce l’incompréhension du tahitien face au comportement des européens.

Cette colère est renforcée par l’emploi de l’ impératif et les interjections et apostrophes injurieuses : «  Pleurez , malheu r eux T ahitiens ! pleurez  ; mais que ce soit d e l’a rr ivée, et non d u d é p a r t d e ces hommes ambitieux et méchants  », « Et toi, chef des brigands qui t ’obéissent, écarte pr om pt ement t on vaisseau d e no tr e r ive », «  Laisse-nous nos mœu r s », «  Va d ans t a con tr ée t ’agi t er, t e t ou r men t er t ant que t u vou dr as ; laisse-nous r e p oser : ne nous entête ni d e t es besoins fac t ices, ni d e t es ve rt us chimé r iques ».

La colère du vieux tahitien est amplifiée par les sonorités agressives et virulentes , comme les allitérations en « r », « p », « d » et « t » qui martèlent le discours.

Enfin, la brièveté des phrases , majoritairement séparées par des points-virgules , créée un rythme saccadé qui traduit la virulence du vieux tahitien.

B – Un discours raisonné

Mais derrière ce violent réquisitoire se cache un discours construit et raisonné .

Le vieux tahitien fait des constats basés sur des observations , ce qui est marqué par l’emploi du passé composé  : «  tu as tenté », «  tu nous as prêché », « tu es venu », « Elles sont devenues », «  Elles ont commencé », « Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ?[…]Nous avons respecté notre image en toi ».

Il invite les européens à se mettre à la place de l’autre : «  Nous sommes-nous jetés sur ta personne ?  » , «  T’avons-nous saisi et exposé aux flèches ?  » et leur oppose une philosophie de vie réfléchie : «  Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons.  »

Le vieillard n’est pas aveuglé par la haine. Il refuse d’utiliser la violence contre les colonisateurs («  Vous auriez un moyen d’échapper à un funeste avenir; mais j’aimerais mieux mourir que de vous eu donner le conseil . » ) et met sans cesse en relief la fraternité qui unit tous les hommes : «  le Tahitien est ton frère « , «  Nous avons respecté notre image en toi « .

Alors que les européens se persuadent de leur supériorité et pensent apporter leurs «  lumières  » aux tahitiens («  Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. » ), le discours structuré du vieillard , sa tolérance , son analyse et son ouverture d’esprit contredisent la prétendue ignorance des tahitiens.

Les Tahitiens sont finalement les modèles d’une humanité ouverte et généreuse. Diderot opère une inversion ironique  : les prétendus civilisés sont barbares et les sauvages sont civilisés .

Les adieux du vieillard, Supplément au voyage de Bougainville, conclusion :

A travers le discours à la fois spontané et construit du vieux tahitien, Diderot critique la colonisation et la civilisation européenne.

Par contraste, il fait l’ éloge du mode de vie et des mœurs des Tahitiens .

A l’instar d’autres philosophes comme Montaigne au 16ème siècle et Rousseau au 18ème siècle, Diderot reprend ici le mythe du bon sauvage pour dénoncer les vices de la civilisation européenne .

Tu étudies Supplément au voyage de Bougainville ? Regarde aussi :

♦ Supplément au voyage de Bougainville, Diderot, histoire de Polly Baker ♦ Supplément au voyage de Bougainville, Diderot, l’aumônier ♦ Lettres persanes, Montesquieu [fiche de lecture] ♦ Voltaire [fiche auteur] ♦ « De l’esclavage des nègres », Montesquieu : analyse ♦ L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ♦ Jacques le fataliste, incipit : analyse ♦ Jean-Jacques Rousseau [Fiche auteur]

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Qui suis-je ?

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Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 12 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2024 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

29 commentaires

Merci pour votre site qui m’aide beaucoup pour les commentaires. Je dois faire un plan détaillé mais j’ai beaucoup de mal à comprendre la consigne pouvez vous m’aider ?

Bonjour, merci pour ce commentaire, j’aurai une question car je ne comprend pas qui/quoi représente « le morceau de bois » et « le fer », au début du discours? Merci

Le morceau de bois est la croix qui fait écho à une colonisation pour motif religieux (convertir le nouveau peuple aux religions européennes) et le morceau de fer symbolise l’épée et donc la conquête armée.

Merci pour le travail Amélie vous êtes géniale, pour l’année prochaine essayez de nous présenter quelques auteurs Africains

Désolé de vous derranger, mais ca serait possible que vous me donniez un exemple en relation avec: • La rigueur et la volonté d’objectivité de l’argumentation directe n’excluent pas pour autant l’implication de l’auteur, qui a le loisir d’ajouter une dimension personnelle à son argumentation, ce qui peut renforcer l’intérêt du lecteur et provoquer ses réactions (hostiles ou favorables) Vous me serez de grande aide, Merci d’avance 🙂

Vos commentaires sont très intéressants et construits. Je m’en sers souvent pour compléter mes propres commentaires. Je vous remercie et vous félicite pour votre travail!

Je passe le bac cette année et je peux vous dire que vous avez été d’une très grande aide pour toute ma classe y compris mon prof de français ! (oui elle nous imprime tout vos commentaires) en tout cas votre site est génial merci

Merci Melissa 🙂

elle se foule pas trop votre prof dis-donc…

Bonjour, j’aimerais savoir les Taitiens sont maudits depuis le jour où Bougainville a abordé leurs terres

Amélie t’es grave la meilleure <3

Le site est parfait et je m’en sert pour compléter le cours de ma prof cependant quelques uns ne sont pas sur le site. Est ce que vous connaissez un autre site aussi bien que le votre?

Je n’en connais pas d’autres… J’ai d’ailleurs créé mon site car je trouvais qu’il n’y avait pas grand chose de qualitatif et fiable sur internet.

Quels vices de la civilisation européenne sont dénoncés par le vieillard tahitien

Quel stratégie pour perduader le viellard utilise t-il ?

Tout est expliqué dans mon commentaire : relis le texte puis relis mon commentaire pour t’aider à élaborer une réponse personnelle.

j’aime

Bonjour , votre travail est très bien mais le souci est que mon texte commence : » Puis s’adressant a Bougainville , il ajouta:… ».si je travaille votre commentaire avec le paragraphe en plus c’est bon ou non ? Je n’ai pas eu de français car prof absents , remplacé récemment je n’ai pas travaillé dessus , je veux savoir comment procédé pour réviser l’oral par exemple avec vos commentaire ou autres ?je n’ai aucune méthode merci de m’eclairer..!

Bonjour je dois rédiger en français en sujet d’invention la réponse de bougainvillée au vieux thaicidn auriez vous des idées pour m’aider merci

bonjour Amelie Je passe mon oral de francais demain et j’ai vraiment un probleme mon professeur de francais de cette année ne nous donne pas d’explication des textes à l’ecrit, elle ne fait qu’expliquer à l’oral les textes, sans dicter. je me suis donc beaucoup aidé de ton site afin de faire mes propores explications de textes. J’ai donc pu retrouver l’explication de 18 textes grace a votre site, mais il m’en reste que je n’ai pas pu trouver ici: l’ingénu de Voltaire, chapitre 14 et Emile de Rousseau, livre 5 (allant de « il est utile à l’homme…à ainsi voyagera mon Emile) J’ai pu trouvé une explication assez vaste de l’ingenu sur un autre site mais pas aussi bien détaillé que le votre. Et mon vrai problème c’est surtout Emile: son explication est introuvable. j’angoisse beaucoup à l’idee de tomber sur ce texte C’est pour cela que je me demandais si c’est possible que vous publiez l’analyse d’Emile, afin que je connaisse tout mes textes pour mon oral. J’espère que vous lirez mon message. Dans tout les cas je tenais à vous dire que vos explications et vos conseils m’ont ete tres benefiques autant pour mes textes à l’oral que pour l’ecrit, bien plus qu’en cours. Merci d’avance et bonne journée.

Bonjour, Il m’est impossible de publier des lectures analytiques sur commande. C’est un travail très long que je réalise au fur et à mesure de l’année. Je choisis en outre des textes souvent donnés au bac de français afin qu’ils intéressent le plus grand nombre.

Bonjour, Est ce qu’il est possible de faire une ouverture sur un film? (ici l’enfant sauvage de Francois truffaut en rapport avec le mythe du bon sauvage et de la perversion de l’homme en société?)

Oui bien sûr, c’est possible.

Sur quel autre texte pourrait-on ouvrir ?

On pourrait ouvrir sur le chapitre 17 de Candide où tout est agréable à l’Eldorado , monde de plaisir , de savoir-vivre ect

Ou sinon on pourrait ouvrir sur le discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Rousseau : Il fait le blâme de l’homme civilisé et l’éloge de l’homme sauvage à travers un essai construit à visée polémique!!

Bonjour Amélie, Ma lecture analytique n’a pas la même découpe que la votre, je m’explique, le texte commence à « Et toi, chef des brigands » et elle s’arrête plus moins, c’est à dire à « nous commettrons pour en arrêter le poison ». Pensez-vous que je peux quand même utiliser votre plan? Au plaisir de votre réponse.

Bonjour Amélie,

Je ne suis pas sûr mais je pense que le « Supplément au voyage de Bougainville » date de 1772 et non 1796, car Diderot l’a publié une année après la publication de celui de Bougainville (celui-ci publié en 1771).

De plus, tu as fait une faute de frappe : tu as mis III) A) deux fois dans le commentaire

Par ailleurs, je pense personnellement que ça serait une bonne idée de faire une ouverture en conclusion sur l’oeuvre du Baron de Lahontan « Dialogue entre le baron de lahontan et un sauvage d’Amérique » dans la mesure où le huron met en accusation les Européens, ayant une mauvaise influence sur les sauvages canadiens à travers un discours tout aussi raisonné et construit que celui du vieux Tahitien.

Bonjour, Tu confonds date d’écriture et de publication : Supplément au voyage de Bougainville a probablement été écrit en 1772 et remanié plusieurs fois jusque vers 1780, mais a été publié seulement en 1796 (après la mort de Diderot). Pour la conclusion, il est en effet pertinent de faire un lien avec un autre texte qui reprend le mythe du bon sauvage.

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  • Les manuscrits du Supplément et principes de l’édition.
  • Thèmes et structure.
  • I. Jugement du voyage de Bougainville.
  • II. Les adieux du Vieillard.
  • III. L’Entretien de l’Aumonier et d’Orou.
  • IV Suite de Dialogue entre A et B
  • Note sur les récits de l’expédition de Bougainville et extraits de ces récits.
  • TABLE DES MATIÈRES

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Pour citer ce chapitre :

Pour citer un extrait :

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  • Préparer l'épreuve anticipée de français bac 2024
  • La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle bac 2021
  • Le mythe du bon sauvage. Qu'est-ce que l'état de nature?
  • Diderot et Bougainville la découverte du nouveau monde et la découverte de l'autre

Commentaire littéraire, Supplément au voyage de Bougainville, Diderot, chapitre II. Bac de français 2021

"pleurez, malheureux tahitiens pleurez ...ni de tes vertus chimériques." la vie naturelle et de la civilisation européenne. la dénonciation de la colonisation, exemples d'essais et de textes réduits. contractions corrigées-support lévi-strauss parcours l’autre et l’ailleurs , l'essai et le résumé. exemples d'essais et de textes réduits. contractions corrigées-support lévi-strauss parcours l’autre et l’ailleurs  .

L'essai, bac technologique.Exemple corrigé. Les voyages et le tourisme favorisent-ils aujourd’hui l’ouverture à la diversité des cultures?Contractions corrigées-support Lévi-Strauss Parcours : l’Autre et l’Ailleurs programme français 2021-Schéma d'ensemble Travail sur les connecteurs logiques-Organisation de la pensée

Le  Supplément au Voyage de Bougainville , ou  Dialogue entre A et B sur l'inconvénient d'attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n'en comportent pas , est un conte philosophique de Denis  Diderot  écrit en 1772. Il paraît pour la première fois en volume en 1796 — à titre posthume, donc — dans un recueil d' Opuscules philosophiques et littéraires, la plupart posthumes ou inédites .

A  consulter, la littérature d'idées, bac de français 2021

Le mythe du bon sauvage, Diderot, le Supplément au voyage de Bougainville    -  Autre analyse 

Saint John Perse, commentaires littéraires, "Le mur", Image à Crusoé, et "Vendredi" Éloge. Version du mythe du bon sauvage.

  Questionnaire sur le siècle des lumières

Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, II, 1796 

Au départ de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s'attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s'avança d'un air sévère, et dit : "Pleurez, malheureux Tahitiens ! pleurez ; mais que ci soit de l'arrivée, et lion du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voulez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l'autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. (Tahitiens ! ô mes amis ! vous auriez un moyen d'échapper à un funeste avenir ; mais j'aimerais mieux mourir que de vous eu donner le conseil. Qu'ils s'éloignent, et qu'ils vivent." Puis s'adressant à Bougainville, il ajouta : "Et toi, chef des brigands qui t'obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive : nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tenté d'effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous ; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagé ce privilège avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr ; vous vous êtes égorgés pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n'es ni un dieu, ni un démon : qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? 0rou ! toi qui entends la langue de ces hommes-là, dis-nous à tous, comme tu me l'as dit à moi-même, ce qu'ils ont écrit sur cette lame de métal : Ce pays est à nous. Ce pays est à toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu'il gravât sur une de vos pierres ou sur l'écorce d'un de vos arbres : Ce pays est aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu'est-ce que cela fait ? Lorsqu'on t'a enlevé une des méprisables bagatelles dont ton bâtiment est rempli, tu t'es récrié, tu t'es vengé ; et dans le même instant tu as projeté au fond de ton cœur le vol de toute une contrée ! Tu n'es pas esclave : tu souffrirais plutôt la mort que de l'être, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ? Celui dont tu veux t'emparer comme de la brute, le Tahitien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé ton vaisseau ? t'avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? t'avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respecté notre image en toi. Laisse nous nos mœurs ; elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes ; nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance, contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris, parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quai nous vêtir. Tu es entré dans nos cabaties, qu'y manque-t-il, à ton avis ? Poursuis jusqu'où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s'arrêter, lorsqu'ils n'auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, titre des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l'étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières la moindre qu'il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta contrée t'agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer : ne nous entête là de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques.

Supplément au Voyage de Bougainville, Diderot, découverte de l'autre et d'un nouveau monde. Bac de l'EAF 2020 La question de l'altérité, le questionnement européen https://t.co/WYbRMS5q7p pic.twitter.com/Bl325gnT83 — sujets corriges bac (@prepabac) 8 septembre 2019

Introduction :  1713-1784 philosophe des Lumières , c’est lui qui a supervisé la rédaction de l’encyclopédie et a un écrit un certain nombre d’œuvres diverses (théâtre, roman, critique). Le livre a été écrit à la suite de la publication de Bougainville. Le texte de Diderot est un dialogue entre A qui a lu le livre et B qui ne l’a pas lu. A raconte donc le discours d’adieu du vieillard à Bougainville. Diderot dresse le tableau d’une société océanienne idéale qu’il faut protéger de ceux qui prétendent être la civilisation. Un sage tahitien condamne l’intrusion des Européens et prédit le sort de l’île que les français se sont appropriés en 1769 .  Problématique :  Comment Diderot parvient-il à faire du bonheur l’antithèse du mode de vie européen ? 

A consulter pour bien travailler le texte, le corrigé de la question de corpus 

Texte 1 : Le Tahitien - Supplément au voyage de Bougainville, Diderot

 Texte 2 : Polly Baker -> Guillemette la Charnue

Texte 3 : Cyrano de Bergerac, Les États et Empires du Soleil

  • I) Les acteurs de ces dénonciations.
  • a). Des protagonistes convaincants
  • b). Les coupables de ces mœurs.
  • II) Des réquisitoires au service de la Justice
  • a). L’ironie au sein même du système Judiciaire
  • b). Une stratégie d’appel à la raison.

I) Comparaison de la vie naturelle et de la civilisation européenne

1) Eloge de la vie naturelle (mythe du bon sauvage)  - Valorisation du mode de vie des tahitiens à l’aide de vocabulaire mélioratif.  - Définition du bonheur  « nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. » avec une parataxe et un parallélisme. Il y a un lien de cause à effet : les tahitiens ne nuisent à personne opposé à l’attitude des européens qui eux ne peuvent que nuire  « tu ne peux que nuire à notre bonheur » cela est mis en relief par le point-virgule qui remplace le connecteur logique.  - Pratique du bonheur -Cette pratique du bonheur se fait d’abord par le communautarisme  « Ici tout est à tous. (…) Nos filles et nos femmes nous sont communes » mis en relief avec une allitération en « t » et « s » et assonance en « o » . Il y a une harmonie, les filles et les femmes appartiennent à tout le peuple tahitien qui est une grande famille - Les tahitiens ont une vision épicurienne du bonheur, ils comblent leurs désirs et se satisfont du nécessaire mis en évidence par l’assonance en « ou »  « Tout ce qui nous est nécessaire et bon nous le possédons ». Avec le parallélisme  « Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir ». Et la question rhétorique  « tu es entré dans nos cabanes qui manque- t-il à ton avis ? ». Met en valeur la complétude du bonheur des tahitiens. -La vie des tahitiens est faite de simplicité  « Nous suivons le pur instinct de la nature » « Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières, la moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous parait préférable au repos. »  2)Critique du mode de vie européen  - Les européens sont-ils moraux ? Champ lexical de l’immoralité  « Ambitieux et méchants »  « extravagances et vices »  « vertus chimériques »  - La propriété est contre nature d’après le texte  « tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien »  « Ce pays est à toi ! et pourquoi ? parce que tu y a mis le pied ? ». Marque de mépris ( ?, !) du vieillard et dénonciation de l’absurdité de l’appropriation de l’île par Bougainville. Pour le vieillard la terre appartient aux premiers habitants. Donc Diderot condamne les actions de Bougainville.  - La propriété ne permet pas d’accéder au bonheur  « des besoins superflus » il s’agit d’un oxymore pour montrer à quel point les besoins des européens sont superficiels « Poursuis jusqu’où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s’arrêter » « tes besoins factices ».  - La connaissance n’est pas préférable à l’ignorance  « Nous ne voulons pas troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles Lumières »  - Les européens ne savent pas profiter de ce qu’ils ont  « ils n’auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires ».  -Cette course permanente qui se trompe d’objet rend les européens malheureux.  «un jour vous servirez sous eux, aussi vils, aussi corrompus, aussi malheureux qu’eux ». Ce malheur est mis en relief par le rythme ternaire et l’anaphore.  -La thèse = emploi du comparatif de supériorité « plus que »  « Laisses- nous nos mœurs, elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes. » -Exemple 1 le peuple tahitien possède des qualités physiques  « Regarde ces hommes ; vois comme ils sont droits, sains et robustes. Regarde ces femmes ; vois comme elles sont droites, saines, fraîches et belles. »  - Les qualités sont mises en évidence par le parallélisme, l’usage de synonyme et de l’impératif « regarde », « voit ». Les tahitiens sont la preuve vivante de la justesse du mode de vie.  - Le vieillard se prend lui-même comme exemple : Prends cet arc, c’est le mien ; appelle à ton aide un, deux, trois, quatre de tes camarades, et tâchez de le tendre. Je le tend moi seul ; » Il s’agit d’une référence à la fin de l’Odyssée, le vieillard est donc comparé à un héros antique.  « ; je laboure la terre ; je grimpe la montage ; je perce la forêt ; je parcours une lieue de la pleine en moins d’une heure. Tes compagnons ont eu peine à me suivre, et j’ai quatre-vingt-dix ans passés. » C’est une accumulation parataxique et une hyperbole qui met en valeur la force du vieillard. => Il y a une gradation, le vieillard sert de point d’orgue à sa démonstration. 

II) La dénonciation de la colonisation  1) Un discours éloquent et prophétique  - Le vieillard tient deux discours :  -Le premier est le discours aux tahitiens solennel  « Ce vieillard s’avança d’un air sévère » et pathétique  « Pleurez, malheureux Tahitiens ! »  - Discours méprisant et polémique à Bougainville  « Et toi, chef des brigands qui t’obéissent ! »  - Le vieillard est une figure expériences et d’autorités, il apparaît aussi comme un sage mais surtout comme un prophète. :  - « Un jour, vous les connaîtrez mieux », « un jour, il reviendront »  « un jour vous servirez » Il utilise le futur et l’anaphore « un jour ». - Il évoque l’avenir avec certitude  « la calamité que je vous annonce »,  « un funeste avenir »  « notre futur esclavage » - Le ton du vieillard est emphatique : - 16 phrases déclaratives, 10 injonctives, 10 exclamatives, et 10 interrogatives ces trois derniers types sont des marques d’indignation. - Apostrophe « malheureux tahitiens », « toi qui » - Anaphore  « pleurez », « un jour », « aussi », « et qu’ils », « nous sommes » « es-tu » « tu t’es »  « avons-nous »  « lorsque nous avons (…) nous avons de quoi »  - Une imprécation  « Malheur à cette île ! malheur aux tahitiens présents, et à tous les tahitiens à venir ! »  2) Le surgissement de la violence  - Si les tahitiens sont innocents et heureux, les européens ne peuvent que nuire.  -La première violence des européens est exprimée contre les femmes  « tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr ; vous vous êtes égorgés pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. » Il y a une gradation et une allitération en « f » puis à nouveau une énumération qui rend compte de la rapidité avec laquelle s’installe la violence.  - La violence s’est propagée des européens aux tahitiens, mais elle a pris tellement d’ampleur qu’à la fin elle s’exerce sur le mode de la réciprocité comme le montrent les pronoms : ce sont les femmes qui subissent les actions des européens (elles) mais ensuite les européens essuient également la violence (vous).  - La seconde violence des européens est à venir, c’est l’esclavage comme le montre le champ lexical.  « enchaîné, égorgé, assujettir », -  « vous servirez sous eux » -  « tu as enfoui dans nos terres le titre de notre futur esclavage » -  « tu veux nous asservir » Cet esclavage se double du vol de Tahiti - « chef des brigands » c’est une apostrophe hyperbolique qui montre que les européens sont mauvais et que Bougainville est pire, cela introduit deux violences : le vol et l’inégalité car il y a un chef.   « tu as projeté le vol de toute une contré »  - Les européens apportent donc la douleur « pleurer » « tu ne peux que nuire à notre bonheur. » La violence et la mort métonymie « fer », funeste  3) Le dévoilement de la parole du Christ  - La colonisation est donc critiquée car elle se fait dans la violence et qu’elle se base sur un système faussé selon lequel la civilisation européenne serait supérieure à une vie naturelle.  -  « le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture » Diderot critique aussi la civilisation européenne. Le bout de bois étant une métonymie pour désigner la croix du Christ.  - Par la colonisation l’européen se donne des droits qui outrepassent sa condition humaine « Tu n’es ni un dieu, ni un démon : qui es-tu donc pour faire des esclaves ? »  - Les européens agissent dans un contre sens religieux puisque ils désobéissent à la parole du Christ « tu aimeras ton prochain comme toi-même » l’évangile selon saint luc puisqu’ils traitent les tahitiens comme eux mêmes n’aimeraient pas être traités. -« ils ont écrit sur cette lame de métal : ce pays est à nous (…) si un tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu’il gravât (…) Ce pays appartient au Tahitien qu’en penserais tu ? »  « lorsqu’on t’a enlevé une des méprisables bagatelles dont ton bâtiment est rempli, tu t’es récrié, tu t’es vengé ; et dans le même instant tu as projeté dans ton cœur le vol de toute une contrée »  « tu n’es pas esclave : tu souffrirais la mort plutôt que de l’être, et tu veux nous asservir ! »  - D’après cette façon d’agir, le tahitien ne serait pas le même que l’européen mais une « brute » alors qu’ils sont « frères »  « deux enfants de la nature » qui ont donc les même droits « quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? »  -Le modèle de l’action de l’européen devrait être celui des tahitiens suivant le principe de la réciprocité qui est celui du dogme chrétien  « tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé ton vaisseau ? t’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? t’avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? » Un retournement hypothétique de situation, hypotypose rendant saisissante la réalité de la colonisation à venir.  Conclusion :  Ce texte présente la harangue d’un vieillard tahitien figure d’un homme sage et porte-parole de l’auteur. C’est donc un réquisitoire qui a pour objet la dénonciation de la notion de sauvage et de colonisation tout en proposant une autre définition du bonheur que celle des Lumières européennes. Ce bonheur réside dans la vie naturelle, le respect de tous les hommes et s’oppose donc aux valeurs individualistes de propriété et de connaissance. Le bonheur qui consiste alors à satisfaire seulement ce qui est indispensable à la vie et l’île de Tahiti apparait comme une utopie. 

Commentaire littéraire, Supplément au voyage de Bougainville, Diderot, chapitre II. Bac de français 2020 "Pleurez, malheureux ... tes vertus chimériques." la vie naturelle et de la civilisation européenne. La dénonciation de la colonisation https://t.co/brSPYJHec0 pic.twitter.com/nlz9TaYq6O — sujets corriges bac (@prepabac) 8 septembre 2019

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Date de dernière mise à jour : 21/11/2022

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Supplément au Voyage de Bougainville

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Supplément au Voyage de Bougainville - Analyse du livre

Analyse du livre :  Supplément au Voyage de Bougainville

de Denis Diderot

  • Description de cette analyse
  • Table des matières
  • Infos techniques

À propos de l'analyse de livre sur Supplément au Voyage de Bougainville

C’est pour le plus grand plaisir des élèves que Fanny Normand, maitre en littératures comparées, s’est donné pour mission de couvrir le conte philosophique de Denis Diderot Le Supplément au voyage de Bougainville . En réalisant une fiche de lecture adaptée aux besoins de ceux-ci, elle aborde le mythe du bon sauvage ainsi que les notions de nature, de culture, de civilisation européenne, de religion et de sexualité.

Après avoir livré un résumé intégral de ce dialogue philosophique où sont confrontés deux mondes bien différents, notre spécialiste poursuit son explication en s’attachant plus précisément aux personnages principaux : A et B, anonymes, qui discutent et lisent des passages du Supplément au voyage de Bougainville , mais aussi le vieillard tahitien, Orou et l’aumônier, qui apparaissent dans ledit Supplément . Elle développe de surcroit quelques précieuses clés de lecture, notamment sur le Siècle des Lumières, le mythe du bon sauvage, l’opposition entre nature et culture, ainsi que la question de la morale sexuelle. Le genre de l’œuvre, qui s’apparente au dialogue philosophique, forme en vogue au XVIIIe siècle, est également étudié, juste avant que ne soient posées quelques questions ouvertes pour que les insatiables puissent continuer à explorer et décrypter cette œuvre aux mille facettes.

Structure de cette analyse du livre

Introduction au dialogue philosophique de Diderot (1 pages)

Denis Diderot, Écrivain, philosophe et encyclopédiste français Le Supplément au voyage de Bougainville, Deux mondes bien différents : Tahiti versus l’Europe

Résumé intégral du Supplément au voyage de Bougainville (2 pages)

L'histoire du Supplément au voyage de Bougainville synthétisée partie par partie

Analyse des protagonistes principaux (1 pages)

Étude approfondie de A, de B, du vieillard tahitien, d’Orou et de l’aumônier

Diverses clés de lecture (5 pages)

Les Lumières (La mise en avant de la raison, les voyages autour du monde, le mythe du bon sauvage) ; La nature et la culture, La morale sexuelle ; La morale sexuelle ; Le dialogue philosophique

Pistes de réflexion (1 pages)

Quelques questions pour approfondir votre analyse du Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot

Que puis-je trouver dans cette analyse sur Supplément au Voyage de Bougainville

L’ analyse détaillée du conte philosophique du Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot (14 pages, format PDF ) comprend des compléments de lecture particulièrement précis grâce auxquels les lecteurs parviendront à saisir tous les thèmes et enjeux de l’œuvre . Concise, elle rappelle chaque partie du récit et présente les spécificités des personnage s. Au-delà de ce compte-rendu , la fiche de lecture avance de nouvelles et originales clés d’analyse pour guider les lecteurs dans leur découverte et étude de ce texte philosophique.

Pour tester vos connaissances, essayez notre questionnaire de lecture sur Le Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot.

À propos du livre Supplément au Voyage de Bougainville

Directeur de l' Encyclopédie pendant vingt ans avec Jean le Rond d'Alembert et figure représentative du siècle des Lumière, Denis Diderot est un écrivain dont l'oeuvre est riche et variée : romans, essais philosophiques, dialogues philosophiques ou encore pièces de théâtre.

Le Supplément au Voyage de Bougainville , dont le titre original est Supplément au Voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l'inconvénient d'attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n'en comportent pas , est un conte philosophique de Denis Diderot dans lequel deux personnages, A et B, discutent d'un ouvrage rédigé par Louis Antoine de Bougainville en 1771. Le récit de Bougainville est celui de son voyage sur l'île de Tahiti et de ce qu'il y a découvert. Cette lecture représente une occasion pour les deux personnages de comparer les moeurs tahitiennes et les moeurs européennes. Le Supplément au Voyage de Bougainville démontre alors que la culture tahitienne est plus tournée vers la nature et le bien collectif alors que la société européenne est régie par des lois et une morale imposées par l'homme. A et B se demandent alors : la civilisation (et ses lois artificielles et arbitraires) est-elle supérieure à la nature ?

Rédigé par Denis Diderot en 1772, le Supplément au Voyage de Bougainville est publié pour la première fois en 1796 à titre posthume dans le recueil Opuscules philosophiques et littéraires, la plupart posthumes ou inédites .

Informations techniques

ISBN papier : 9782806212344

ISBN numérique : 9782806220653

Analyse de : Fanny Normand

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Structure de cette analyse de livre.

Introduction au dialogue philosophique de Diderot

Résumé intégral du Supplément au voyage de Bougainville

Analyse des protagonistes principaux

Diverses clés de lecture

Pistes de réflexion

Ce document a été rédigé par Fanny Normand

Fanny Normand est titulaire d'un master 2 en littératures comparées (Université Paris-Sorbonne)

Validé par des experts en littérature

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Fanny Normand

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Commentaire littéraire "supplément au voyage de Bougainville"

Par blindt dny   •  28 Février 2020  •  Commentaire de texte  •  1 604 Mots (7 Pages)  •  1 585 Vues

Commentaire littéraire

Bougainville, premier navigateur français à avoir fait le tour du monde, publie le récit de son périple dans Voyage autour du monde en 1771. Passionné par cette œuvre, Denis Diderot, l’un des plus célèbres philosophes des lumières et écrivain de l’Encyclopédie avec d’Alembert, rédige un an plus tard Supplément au voyage de Bougainville. Cet œuvre paraîtra à titre posthume en 1796. Comparé au récit de Bougainville, ce supplément est fictif et dénonce le colonialisme, le despotisme ainsi que l’ethnocentrisme des européens. Ici, l’extrait présente le discours d’un vieillard Tahitien révolté contre le colonialisme et qui s’adresse à Bougainville. Nous nous demanderons comment la critique violente de la civilisation européenne donne par contraste une vision utopique de la vie sauvage grâce à la stratégie argumentative mise en place par Diderot.

Pour commencer parlons de la critique de la civilisation européenne énoncée par le vieillard.

D’abord, son discours permet de dénoncer la colonisation. En effet, le vieux tahitien, dans sa phrase déclarative : « Nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre Terre le titre de notre futur esclavage », critique la colonisation. Le « tu » désignant les occidentaux, l’antithèse entre « libres » et « esclavage » montre l’impact de la colonisation européenne sur le peuple tahitien. De plus, l’utilisation du passé composé « as enfoui » (vers 11) et « as projeté » (vers 20) ainsi que l’adjectif « futur » (vers 11) nous montre que cette colonisation était prévue par les occidentaux. La phrase déclarative « Ce pays est à nous » que les occidentaux ont gravé sur le territoire tahitien révèle également, l’appropriation de l’île étrangère par les hommes blancs et ainsi, la colonisation. Cette appropriation est d’ailleurs associée à une exaction grave : « le vol de toute une contrée ». Ainsi, cette colonisation, critiquée par le vieillard tahitien et prévue par les conquistadors, change le statut de la population locale passant de « libre » à « esclave » et l’appartenance du territoire passant des mains des tahitiens à celles des occidentaux.

Ensuite, le discours du vieux tahitien critique le mode de vie des envahisseurs. En effet celui-ci déprécie leur courant de pensée : « inutile lumière » (vers 30). Il vient d’ailleurs mettre ce groupe nominal en antithèse avec « notre ignorance » : désignant la supposée inculture des tahitiens, mais qui se révèle être une vision naïve des européens vis-à-vis des individus de cette province éloignée. De plus la société occidentale est vu comme matérialiste, puisque le tahitien évoque une énumération des supposés nécessités des européens qu’il qualifie de « besoins superflus ». Cet oxymore montre le point de vue du doyen sur le mode de vie à l’occidental. Ainsi, il qualifie ces nécessités de « commodités de la vie », « biens imaginaires », « besoins factices » et « vertus chimériques ». Ce champ lexical montre le mépris du vieillard vis-à-vis de ces besoins qui entraine d’ailleurs de l’épuisement « pénibles efforts », « t’agiter, te tourmenter ». Ainsi, selon le vieillard tahitien, la civilisation européenne se tracasserait pour des besoins qui ne sont pas nécessaire à la vie et dont l’acquisition pourrait au contraire y nuire.

Ainsi le vieux tahitien critique la civilisation européenne en dénonçant la colonisation et le mode de vie de ces occidentaux. Cette forte accusation permet de valoriser la vision fabuleuse de la vie des habitants de ce pays lointain.

Il s’agit maintenant d’étudier en quoi l’autochtone partage avec les lecteurs une vision utopique de la vie sauvage.

D’abord, le vieillard fait l’éloge de la simplicité du mode de vie des insulaires notamment avec l’utilisation des comparatifs de supériorités : « elles sont plus sages et plus honnêtes ». Ceux-ci valorisent les coutumes et les traditions tahitiennes « nos mœurs » face à celles des occidentaux, « les tiennes ». De plus, avec l’antithèse « nécessaire », qualifiant les besoins du peuple étranger et « superflus » ceux des européens, il défend sa conception de la vie et met en opposition deux modes de vie opposés. Avec le parallélisme « lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir » le vieillard montre l’aspect primaire et naturel de son peuple, qui se satisfait seulement de besoins vitaux. Enfin, la question de rhétorique « qu’y manque-t-il à ton avis ? » vise à faire réfléchir les occidentaux sur leur mode par rapport à celui des occidentaux. Le tahitien cherche ici à faire comprendre qu’il ne manque de rien et que les résidents de son île et lui, ont choisi de

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    Supplément au voyage de Bougainville, de Denis Diderot, fait référence au voyage de l'explorateur Bougainville en Océanie. Ce texte soulève le problème du colonialisme et célèbre la vie sauvage par rapport à l'homme civilisé, ici dénigré.

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    Supplément au voyage de Bougainville de Diderot est un dialogue opposant deux façons de penser, de vivre. Les thèmes principaux sont le colonialisme et la vie sauvage. L'auteur compare l'homme civilisé orgueilleux et l'homme naturel libre. C'est quelques années après sa visite à Catherine II de Russie que Diderot écrit cet ouvrage. Il ...

  5. Supplément au voyage de Bougainville

    Le Supplément se présente comme un dialogue sur le récit, publié par Bougainville, de son voyage autour du monde et de son séjour à Tahiti, surnommé la Nouvelle Cythère, car les amours y seraient libres. Le décor est exotique mais le propos de Diderot radical.

  6. SUPPLÉMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE, Denis Diderot

    La genèse et l'édition des œuvres de Diderot (1713-1784) sont souvent complexes et problématiques : comme le Paradoxe sur le comédien (conçu en 1769, publié en 1830), le Supplément au Voyage de Bougainville n'est à l'origine qu'un compte rendu de lecture destiné à ...

  7. Diderot

    Extrait du Supplément au voyage de Bougainville, de Denis Diderot. Bougainville boucle le premier tour du monde français en 1769, et publie son journal de bord en 1771. Comme Montaigne deux siècles auparavant, les philosophes sont frappés par ce récit...

  8. Supplément au voyage de Bougainville, Denis Diderot : résumé

    Fiche de lecture sur Supplément au voyage de Bougainville, Denis Diderot : ️ résumé ️ personnages ️ citations ️ thèmes... par SchoolMouv ® N°1 pour apprendre & réviser.

  9. Diderot, « Supplément au voyage de Bougainville » (1772)

    Le Supplément au voyage de Bougainville est le troisième texte d'une série composée par Diderot en 1772 et conçue comme un ensemble : Ceci n'est pas un conte Madame de Carlière

  10. Supplément au voyage de Bougainville dans le texte

    - Je ne sais ce que c'est que la chose que tu appelles religion ; mais je ne puis qu'en penser mal, puisqu'elle t'empêche de goûter un plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maîtresse, nous invite tous ; de donner l'existence à un de tes semblables ; de rendre un service que le père, la mère et les enfants te demandent ...

  11. Cercle Gallimard de l'enseignement/Supplément au Voyage de Bougainville

    Supplément au Voyage de Bougainville. De : Denis Diderot. Folio+Lycée - N° 30. Genre littéraire : Essais. Qui, de l'Européen civilisé ou du Tahi-tien « sauvage », est le plus heureux ? Existe-t-il un modèle de société idéale ?

  12. Supplément au voyage de Bougainville

    Dans cet extrait du Supplément au voyage de Bougainville, de Denis Diderot, présenté sous la forme d'un dialogue, il est question d'un vieux Tahitien qui adresse des reproches à Bougainville et à ses intentions de coloniser Tahiti. Les propos du vieux Tahitien, qui incarne le mythe du « bon sauvage », laissent transparaître la critique ...

  13. Le Supplément au voyage de Bougainville (Diderot) : Analyse

    L'analyse détaillée du conte philosophique du Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot (14 pages, format PDF) comprend des compléments de lecture particulièrement précis grâce auxquels les lecteurs parviendront à saisir tous les thèmes et enjeux de l'œuvre.

  14. Supplément au voyage de Bougainville

    Supplément au voyage de Bougainville (1772) Dialogue entre A. et B. Denis Diderot. Notre phrase préférée : Poursuis jusqu'où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s'arrêter, lorsqu'ils n'auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, titre des biens imaginaires. Genres :

  15. PDF Supplément Au Voyage De Bougainville

    Par cet artifice littéraire, Diderot inscrit le Supplément au Voyage de Bougainville dans la continuité de Mme de La Carlière (cf. cette oeuvre dans la bibliothèque des Classiques des Sciences Sociales). Le Voyage autour du monde de Bougainville a été publié en 1771. Diderot s'en inspire librement. Bougainville avait fait le tour du. - Toujours.

  16. Le discours du vieillard, Supplément au voyage de Bougainville

    Le Supplément au voyage de Bougainville s'inspire du voyage réel de l'explorateur Bougainville en Océanie et de son récit Voyage autour du monde, dans lequel est évoquée la colère du vieux tahitien.

  17. Supplément au Voyage de Bougainville

    Au sortir de la seconde guerre mondiale, en 1945, Eugénie Droz fondait les Textes Littéraires Français, une collection dévolue à l'édition critique des textes significatifs du patrimoine littéraire de langue française du moyen âge au XXe siècle. Accessibles, dans un petit format maniable, chaque édition est accompagnée d'une ...

  18. Commentaire littéraire, Voyage de Bougainville, ch 2 Diderot

    Le Supplément au Voyage de Bougainville, ou Dialogue entre A et B sur l'inconvénient d'attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n'en comportent pas, est un conte philosophique de Denis Diderot écrit en 1772.

  19. PDF Denis DIDEROT, SUPPLEMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE (1772)

    Le navigateur Bougainville dirige une expédition autour du monde de 1766 à 1769. Il raconte celle-ci à son retour dans un livre, Voyage autour du monde (1771). En 1772, Diderot imagine un supplément fictif à l'ouvrage de Bougainville.

  20. Supplément au Voyage de Bougainville

    Découvrez notre résumé et notre analyse du livre Supplément au Voyage de Bougainville de Denis Diderot. Téléchargeable (format PDF), rédigé par un prof.

  21. Supplément au Voyage de Bougainville

    Dans un récit attribué au navigateur Bougainville (et qui constituerait un supplément à son Voyage autour du monde), un vieux Tahitien dénonce les mœurs et les lois que les Européens prétendent leur imposer et loue la sagesse de son peuple qui vit libre et heureux.

  22. Le Supplément au voyage de Bougainville (Diderot) : Analyse

    Rédigé par Denis Diderot en 1772, le Supplément au Voyage de Bougainville est publié pour la première fois en 1796 à titre posthume dans le recueil Opuscules philosophiques et littéraires, la plupart posthumes ou inédites.

  23. Commentaire littéraire "supplément au voyage de Bougainville"

    Comparé au récit de Bougainville, ce supplément est fictif et dénonce le colonialisme, le despotisme ainsi que l'ethnocentrisme des européens. Ici, l'extrait présente le discours d'un vieillard Tahitien révolté contre le colonialisme et qui s'adresse à Bougainville.