Décoder les églises et les châteaux

Décoder les églises et les châteaux

Le vocabulaire militaire des châteaux forts : donjon, mâchicoulis, créneau, meurtrière….

moi

Laurent Ridel

Mots-clés :

Le donjon et les autres tours : la force d’un symbole.

Tours dans le paysage

  • Lire aussi : pourquoi les tours des châteaux forts sont-elles rondes ?

L’enceinte : haute, multiple et maçonnée si possible

Rempart du château fort d'Arques-la-Bataille

Le fossé pour isoler le château fort

Fossé autour de l'ancien donjon du château de Caen.

La porte : une défense de plus en plus élaborée

La porte monumentale du château de Vitré

Les hourds : le problème du bois

Hourd qui couronne une tour du château de Laval (XIIIe siècle).

Les mâchicoulis, un attribut militaire devenu décoratif

A gauche, mâchicoulis sur arcs visible sur la palais des papes à Avignon. A droite, mâchicoulis sur consoles.

Merlons et créneaux

Les meurtrières, un terme contesté.

  • Lire aussi : Meurtrières, archères, arbalétrières, canonnières : quelle différence ? 

tours à mâchicoulis, créneaux, merlons, archères et archères-canonnières

L’AUTEUR

Ancien guide et historien, je vous aide à travers ce blog à décoder les églises, les châteaux forts et le Moyen Âge.

Ma recette : de la pédagogie, beaucoup d’illustrations et un brin d’humour.

Laurent Ridel

4 réponses à “Le vocabulaire militaire des châteaux forts : donjon, mâchicoulis, créneau, meurtrière…”

Avatar de Thirot

Merci pour ce magnifique documentaire.

Avatar de THORE

Bravo pour votre site. C’est clair et synthétique.

Avatar de Rannou

Blog très intéressant et chargé d’histoire.

Avatar de French Life Community

Excellent Article, Excellent Blog , Excellent Site ✅✅✅

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Ne partez pas les mains vides

des tours d'enceinte

Je ne suis pas très physionomiste mais dans les églises, j'arrive à identifier la plupart des personnages représentés sur les statues, les peintures, ou les vitraux. J'ai créé un petit guide pour vous aider à les identifier aussi bien que moi. A télécharger gratuitement sur cette autre page .

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des tours d'enceinte

Lorsque le promeneur visite une forteresse, il découvre un ensemble de murailles, de bâtiments, d’équipements. Pour bien la connaître, il doit l’approcher, puis l’investir progressivement de la première porte jusqu’au donjon.

Les mots gras marqués d’un astérisque (*) sont définis dans le glossaire .

Le château fort vu de loin

Au Moyen Age, le château fort est la résidence fortifiée, permanente ou intermittente, d’un seigneur. Il est équipé d’un système défensif plus ou moins élaboré : la barbacane* , les tours* (dont le donjon* ), les murs d’ enceinte* ; le fossé* ; le pont-levis* ; les hourds* ; le parapet* avec ses créneaux* et ses merlons* . Il peut également abriter, notamment en temps de guerre, les sujets du seigneur.

Le château peut être construit sur motte* . Dans ce cas, il s’agit d’un tertre de terre partiellement ou totalement artificiel. La motte accueille une tour, le donjon* -habitation en bois ou en pierres, résidence du seigneur. La motte est entourée d’un rempart de terre surmonté d’une palanque* , palissade faite de gros pieux plantés verticalement côte à côte.

La citadelle

Parfois, le château peut défendre ou commander une cité. Il fait alors partie du système des remparts urbains. Dans ce cas, il est appelé citadelle* .

Parlons du constructeur

Pour se défendre, pour assister ceux envers lesquels ils ont des devoirs, pour protéger leurs propres intérêts, les suzerains (au premier chef l’empereur et les rois, puis les autres puissants seigneurs), leurs vassaux et leurs avoués bâtissent des forteresses appelées châteaux ou châteaux forts.

Alleu et fief

Le château est souvent érigé sur un alleu* , c’est-à-dire une terre de libre propriété ne dépendant d’aucun autre seigneur que celui qui en est le maître. Il peut aussi voir le jour sur un fief* , c’est-à-dire la terre qu’un seigneur remet à un vassal* . Le seigneur donateur, ou suzerain* , reçoit en échange des services militaires, administratifs ou économiques. Quant au vassal, il rend hommage à son suzerain pour le fief. Le vassal devient ainsi le lige (ou l’homme lige) de son suzerain. Le vassal peut lui-même être un seigneur situé à un échelon important de la pyramide féodale.

Ministériel et avoué

Il peut aussi être ministériel* , c’est-à-dire un homme libre (qui n’est pas serf ou esclave) ou un chevalier chargé d’un rôle administratif ou militaire. Le ministériel est une sorte de fonctionnaire seigneurial. Le vassal doit aussi être fidèle au suzerain. Les liens de vassalité entraînent des droits et des devoirs de la part du vassal vis-à-vis du suzerain et de la part du suzerain vis-à-vis du vassal. Parfois, le seigneur mandate un autre seigneur (un noble de haut rang ou un chevalier, voire un homme libre) pour la défense de ses intérêts économiques, militaires, politiques ou religieux. Ce seigneur est nommé avoué (du latin advocatus qui a aussi donné le mot avocat, ainsi que le terme allemand « Vogt ». La mission ou la charge de ce protecteur est nommée avouerie* .

La construction du château

Après avoir choisi le terrain de construction et réuni le financement, le seigneur peut faire ouvrir le chantier sous la direction d’architectes et de professionnels du bâtiment. Ceux-ci sont les mêmes qui bâtissent les cathédrales, les églises, les remparts et les portes des villes. Le bois nécessaire à la construction est pris sur place ou à proximité immédiate afin de dégager le site. Les futurs fossés* servent généralement de carrière et fournissent le matériau nécessaire à l’élévation des murailles. La durée du chantier est variable. Certains châteaux sont construits en peu d’années alors que d’autres n’ont jamais été achevés. Les carriers, puis les tailleurs de pierre préparent les pierres. En fonction du terrain géologique et de la richesse du maître d’ouvrage (le seigneur qui finance le chantier) la taille est plus ou moins soignée et l’érection de la forteresse menée avec plus ou moins de soin. Les bâtisseurs, au fait de l’art d’assiéger un château, étudient le plan pour contrer les risques de sape* ultérieure et opposer à l’attaquant de solides murailles.

Pour créer de solides murailles, les tailleurs de pierre soignent l’ appareil* en taillant les moellons* ou les blocs de pierre brute et en les disposant pour créer un parement. L’appareil peut être régulier (les pierres sont posées en assises égales en hauteur) ou irrégulier (les pierres s’imbriquent les unes dans les autres). Selon les dimensions des pierres, on dit grand appareil* (assemblage de pierres de taille de grande dimension, soigneusement préparées et dressées en assises de même hauteur et placées souvent à joints vifs, sans ciment); moyen appareil* (assemblage avec des pierres de taille moyenne); petit appareil* (assemblage de moellons* pris dans des couches de ciment).

Lorsque la taille est terminée, l’ouvrier signe parfois la pierre par un symbole appelé marque de tâcheron* . Ce signe lapidaire distinctif lui permet d’être rémunéré.

appareil de taille des moellons

Esquisses du petit et du grand appareil

Parement et bosses

Les maçons, qui prennent le relais des tailleurs de pierres, élèvent les murs en soignant particulièrement le parement* , la surface extérieure formée de pierres de taille. Dans le cas d’une muraille qui doit être solide (au rempart ou au donjon, par exemple), les maçons créent un parement du mur extérieur et un parement du mur intérieur. Entre ces deux parements ils déposent le matériau de blocage* constitué de débris de pierres, de moellons* et même de briques. On emploie aussi le terme de remplage* à la place de blocage quand on utilise du petit matériau mélangé à du mortier. Lorsque la pierre s’y prête, une de ses faces comporte une bosse* (ou un bossage). Les tailleurs laissent cette saillie dans un but soit défensif (dans ce cas le parement* est renforcé contre les projectiles, soit décoratif, soit encore économique, puisque l’une des faces de la pierre est théoriquement moins travaillée que les autres. Pour renforcer les angles des murs ou des bâtiments, les bâtisseurs créent un chaînage* à l’aide de pierres de taille disposées de telle manière qu’elles relient les parties différentes de mur.

Treuil et échafaudage

En vue de monter les pierres au niveau de la construction et en fonction de l’avancement du chantier, les bâtisseurs les entaillent et y insèrent des pinces accrochées à une corde s’enroulant autour d’un treuil. Les entailles sont appelées trous de levage ou trous de louve en fonction du type de pinces utilisées. Il existe également des échafaudages sur les chantiers médiévaux, comme en témoignent les trous de boulins* encore visibles sur certains murs. Une fois les murs en place, il reste à couvrir les bâtiments et à équiper le château.

Esquisse de Wasserburg

Esquisse de Wasserburg

Les abords du château fort

Les villages, les voies de passage, les rivières et les forêts ou toute autre forme de revenus seigneuriaux ne sont, d’ordinaire, jamais loin du château. Si c’est possible, le château est bâti dans un lieu difficilement accessible. Ce n’est pas pour rien que dans certain cas on parle de « nid d’aigle ». En plaine, il est conçu sur une motte* castrale* ou sur un terrain naturellement ou artificiellement séparé du relief environnant par un fossé ou une douve remplie d’eau.

Glacis et talus

Les environs du château sont dénudés de tous les arbres qui pourraient empêcher la défense du site. Le bois a été utilisé pour la construction et le chauffage lors du chantier. En outre, les abords et les accès de la forteresse doivent pouvoir être surveillés aisément. Le château est souvent précédé par un terrain en pente, naturel ou artificiel, appelé glacis*. Parfois, il existe un espace naturel ou même maçonné à forte inclinaison et qui possède plus de déclivité que le glacis, le talus* .

Le glacis et le talus peuvent facilement être balayés par les projectiles des défenseurs et remplacent avantageusement le fossé* . Sur un relief accidenté, aux endroits où le glacis est inexistant, le concepteur crée une excavation ou une tranchée longitudinale nommée fossé* , qui sépare le château du reste de la montagne ou du rocher. Le fossé, qui peut entourer complètement ou partiellement le château, fait souvent office.de carrière lors de la construction du château. Mais il peut aussi être naturel (une faille ou un effondrement de terrain). En plaine, le fossé peut être rempli d’eau. Dans ce cas, il est nommé douve* .Un château peut être équipé de plusieurs fossés concentriques.

Escarpes et contrescarpes

Le talus ou mur intérieur (côté muraille) d’un fossé entourant une forteresse est nommé escarpe* . Le mur extérieur du fossé placé vis-à-vis de l’escarpe se nomme donc logiquement contrescarpe *. Celle-ci est parfois maçonnée. Elle se situe d’office à l’opposé du rempart* et reste sous la surveillance du château. Elle peut être mitoyenne non seulement d’un glacis* , mais encore de lices* ou de cours* extérieures. Elle peut être équipée d’un chemin couvert, sorte de chemin de ronde* extérieur au château. Ce chemin couvert peut être protégé par le relief d’un glacis* qui fait office de couvrement* .

Redoute et barbacane

Dans les grands châteaux forts, le fossé peut être complété par un système de défense plus développé. Ainsi, pour protéger les abords du château, le défenseur érige au-delà du fossé une ou plusieurs redoutes* , sortes d’ouvrages avancés. On peut classer la barbacane* parmi les redoutes. Cet ouvrage défensif avancé du château est, lui aussi, placé à l’extérieur de la forteresse, au-delà du fossé et en face d’une porte ou d’un pont. Il est souvent circulaire et commande généralement l’entrée principale de la forteresse. Lorsque la barbacane est importante et puissamment fortifiée, elle est parfois qualifiée de châtelet* . Mais elle peut n’être composée que d’une palanque* ou d’une simple levée de terre.

Tout autour du château fort : les remparts

 Esquisse d’une courtine

Fruit et empattement

La face extérieure du rempart est souvent inclinée, alors que le mur intérieur reste toujours rigoureusement vertical, si bien que la muraille, plus épaisse à sa base, s’amincit en montant. Cette inclinaison se nomme fruit* . La base de l’enceinte extérieure ou même des diverses tours (voir plus loin) peut être complétée par un renforcement maçonné ou taillé dans le roc. Il s’agit de l’ empattement* destiné à rendre la sape* plus difficile et à obtenir le ricochet des projectiles jetés du haut de la muraille.

Un empattement brisé, formant bec* et ressemblant à une proue de navire, se nomme éperon* . Ce dernier est destiné à interdire l’attaque frontale ou à dévier les projectiles de l’assaillant. Pour des raisons de solidité ou d’adaptation au terrain et parfois par nécessité tactique, le maître d’œuvre gratifie le rempart de ressauts* , ces saillies qui rompent l’alignement de la muraille.

Mâchicoulis et hourds

Le sommet du rempart (ou des tours) est équipé de mâchicoulis* : Ce système de défense, placé en encorbellement* et équipé d’ouvertures verticales, favorise le tir fichant, les objets jetés par les mâchicoulis pouvant rebondir sur l’ empattement* . En l’absence ou en complément des mâchicoulis, le défenseur peut ajouter des hourds* au sommet de ses murailles ou de ses tours. Ils consistent en galeries de circulation volante et de défense en bois. Elles sont amovibles ( escamotables* ) et supportées par des corbeaux* , des consoles* ou des solives, également en bois. Pour simplifier, on peut dire que les hourds sont en quelque sorte des mâchicoulis en bois. Il existe aussi de faux mâchicoulis* créés pour l’ornementation ou pour tromper l’ennemi de loin.

Chemin de ronde

Mâchicoulis et hourds donnent sur l’extérieur de l’enceinte. Leur pendant défensif complémentaire est le chemin de ronde* . Cette voie aménagée en saillie à l’intérieur du rempart peut être couverte par un toit. Elle est destinée à la circulation des sentinelles.

Créneaux et merlons

Le chemin de ronde est souvent protégé par un parapet* , véritable mur de défense construit au sommet de l’enceinte, d’une courtine ou d’une tour. Lorsque ce muret est formé de créneaux* (intervalle ouvert entre deux merlons) et de merlons* (la maçonnerie pleine entre deux créneaux et servant d’abri aux défenseurs), on dit que le parapet est crénelé. Les merlons sont généralement percés d’une ou plusieurs meurtrières.

Bouclier, manteau et braies

Le rempart est rendu plus solide par diverses méthodes architecturales. On peut en renforcer l’épaisseur en vue de protéger un point faible, en général du côté de l’attaque. Le mur devient alors mur-bouclier* .

Dans certains cas, celui-ci joue un rôle plus important que le donjon* et peut même se substituer à lui. Le mur bouclier ne doit pas être confondu avec une chemise* , qui est une muraille indépendante. Celle-ci, également appelée manteau* (Mantel, en allemand), enveloppe et renforce un point faible ou stratégique du château, généralement un donjon. Une chemise peut s’enrouler concentriquement autour d’un donjon ou peut être composée de plusieurs courtines* . La chemise peut se trouver à un ou plusieurs mètres ou seulement à quelques dizaines de centimètres du donjon. Le mot manteau constitue la racine du verbe démanteler qui signifie détruire ou démonter une muraille pierre après pierre.

 Esquisse de la contrescarpe

Pour défendre le cœur du château, les seuls murs ne suffisent pas. Ils doivent être complétés par des tours* . Ces édifices sont plus ou moins élevés selon leur destination. Les tours peuvent être carrées, rectangulaires, cylindriques, semi-cylindriques, ovales, triangulaires, polygonales ou avoir d’autres formes géométriques selon les besoins. Selon sa situation ou son rôle par rapport à l’enceinte ou au château, la tour peut être tour d’angle* lorsqu’elle est construite à l’angle d’une muraille ou d’un bâtiment, tour de flanquement * ou tour flanquante lorsque, placée contre l’enceinte entre deux angles morts, elle permet le tir croisé et la défense des fondations du rempart, tour de guet* ou guette* (ou guète), lorsque, érigée au sommet du donjon, elle a pour mission de surveiller l’approche du château.

Les tours voient leur conception adaptée aux besoins. Ainsi, le bastion est un ouvrage en terre ou en maçonnerie placé à l’extérieur du rempart. Il peut être considéré comme une sorte de tour de flanquement. Il est placé en saillie contre la courtine et permet le tir croisé. Les bastions se sont généralisés avec l’arrivée des armes à feu (à partir de la première moitié du 14ème siècle). Ils sont souvent plus massifs et surtout plus sophistiqués que les tours construites lors de la multiplication des châteaux de pierre. La gorge (partie communiquant avec la forteresse) des bastions peut être ouverte, fermée ou remparée. Le terme allemand de bastion est Bollwerk.

Les bastions peuvent être équipés d’un ou plusieurs cavaliers* en maçonnerie et placés à l’intérieur ou au-dessus du bastion. Ils augmentent la vue et permettent à l’artillerie de balayer plus largement le glacis* . Lors de l’édification des fortifications post-médiévales, on a érigé des sortes de casemates (abris plus ou moins enterrés destinés à loger des hommes en armes ou à accueillir des munitions) appelées caponnières. A l’instar des bastions, elles flanquent la muraille et leurs embrasures* interdisent l’accès aux murailles.

Bec et gorge

Parmi les autres types de tours, mentionnons la tour à bec* qui présente une partie en saillie ou en pointe tournée vers l’attaquant (un ouvrage fortifié en angle saillant se nomme redan* ) et la tour ouverte à la gorge* . Cette dernière n’est pas close sur la partie directement en communication avec l’intérieur du château. Ceci empêche l’ennemi qui a investi une partie de la place forte de s’y réfugier ou de s’y retrancher.

Dans un château, la tour principale est évidemment le donjon* . La racine latine du mot est dominionis, la maison du maître (dominus). Etant en principe la plus élevée et la plus forte du château, elle sert de dernier réduit en cas d’attaque et de rupture des défenses avancées. Ce bâtiment peut être isolé à l’intérieur de la forteresse ou flanquer le rempart de celle-ci. Il peut être habitable en temps de guerre, voire servir d’habitation permanente. Dans ce cas, on nomme le donjon tour habitation* puisqu’il sert aussi de logis seigneurial* ou de palais* .

Parfois, le donjon n’est qu’un beffroi quasiment inhabitable. Il n’est alors que le symbole de la puissance seigneuriale, ultime refuge en cas d’investissement de la forteresse et tour d’observation complémentaire aux autres tours et aux diverses défenses. Dans le monde germanique, on emploie souvent, dans ce cas-là, le terme de Bergfried* (étymologiquement: »qui protège le château » ou Burg-Friede). A l’instar des autres tours, le donjon peut être carré, polygonal (généralement pentagonal ou octogonal) ou cylindrique. La porte du donjon est quasiment toujours placée dans la partie supérieure de la tour et reliée au rempart ou au logis seigneurial par une passerelle escamotable.

Échauguette

Il existe aussi, en complément de toutes les constructions ayant une faiblesse stratégique ou défensive, quelques types de tourelles* . Ces petites tours sont maçonnées ou bâties en bois et en terre battue. Les tourelles peuvent être érigées en encorbellement* au sommet d’une muraille ou placées à l’angle d’une tour. Elle peuvent aussi être ornementales. La tourelle la plus courante est l’ échauguette* ou poivrière* cylindrique. Cette guérite est généralement placée à l’angle extérieur d’un rempart ou d’une tour.

Pour se défendre : les fentes de tir

De nombreuses ouvertures sont pratiquées dans la muraille et dans les tours, ce sont les fentes de tir* . Les plus anciennes pratiquées dans la muraille* sont appelées meurtrières* . Mais les fentes de tir ont évolué à travers les époques et se sont adaptées aux armes à feu. Ainsi, les ouvertures de tir rectangulaires, ovoïdales ou circulaires pratiquées dans la muraille se nomment embrasures* . Celles-ci sont ébrasées vers l’extérieur et peuvent être équipées de décrochements répétés appelés redans* (ou redents).

Archères et arbalétrières

Parmi les meurtrières* , il a y tout d’abord l’ archère* (ou archière). Très étroite et haute, elle est construite dans l’épaisseur de la muraille pour le tir à l’arc. Le trait (la flèche) ne peut être décoché que dans un plan vertical. Mais l’archère peut avoir une base horizontale, parfois évasée en forme d’étrier, pour augmenter la vue plongeante et faciliter le tir en direction des fondations des remparts* . Le défenseur conçoit çà et là un espace de part et d’autre de la fente sur le côté intérieur de la muraille. Ce renfoncement important est nommé archère à niche* et permet au desservant de s’abriter pour préparer son arme pendant que l’un de ses coéquipiers décharge la sienne. Pour le tir à l’arbalète, on utilise une fente largement ébrasée vers l’intérieur, nommée arbalétrière* , qui permet le tir dans plusieurs directions. Lorsque l’archère ou l’arbalétrière est encore équipée d’une fente horizontale elle est qualifiée de cruciforme* , car elle prend alors la forme d’une croix.

Bretèche et assommoir

Pour compléter la défense au-dessus d’une porte ou d’un tronçon délicat de rempart, le constructeur pose une petite construction de charpente ou de maçonnerie en encorbellement contre le rempart, voire au sommet de la muraille. Cet élément défensif nommé bretèche* est généralement rectangulaire et permet de renforcer un front* , un saillant* ou une porte* . Il peut être équipé de mâchicoulis* et de meurtrières* . On peut, en outre, trouver des ouvertures dans la voûte d’un couloir (le couvrement du passage entre la porte* et la herse* ) ou placées en encorbellement* au-dessus d’une porte fortifiée. Il s’agit des assommoirs* qui permettent le jet vertical (tir fichant) de pierres ou d’autres projectiles pour interdire l’accès aux assaillants. Soulignons que le jet d’huile bouillante est de l’ordre du mythe et a été généré par des imaginations romantiques.

Bouches à feu

A l’avènement des armes à feu (au 14ème siècle), l’ archère* est agrandie vers le bas pour permettre le tir à l’arme à feu. L’ouverture est adaptée à l’arme. Ainsi naissent l’ arquebusière* , la couleuvrinière* . Lorsque les châteaux ont été équipés de canons, on a créé des bouches à feu qui sont des ouvertures plus ou moins élaborées en fonction de la direction du tir, de sa portée et de la protection du desservant. Ces ouvertures, qu’on appelle canonnières* , peuvent être rectangulaires, ovoïdales, ou circulaires. Elles sont évasées vers l’extérieur et parfois équipées de redans* .

La montée du château

Pour accéder au château, et plus particulièrement à l’habitat du seigneur, le visiteur emprunte le chemin de défilement* constamment sous le contrôle des défenseurs. Voie principale, elle conduit de l’entrée castrale* extérieure la plus éloignée jusqu’à la porte d’entrée principale de la demeure seigneuriale.

Ponts-levis

Avant d’accéder à l’intérieur du château, l’arrivant doit généralement traverser le pont-levis* jeté au-dessus des douves* ou du fossé* . Ce tablier mobile horizontal en bois, pivotant autour d’un axe horizontal, peut être abaissé ou levé soit à l’aide d’une chaîne, soit à l’aide d’un ou de deux balanciers munis d’un contrepoids.

Esquisse d’un pont levis à balancier

Porte et poterne

Lorsqu’il est le bienvenu, l’hôte passe ensuite par la porte* (ou grande porte) qui est l’entrée principale du château. Elle est généralement fortifiée et équipée de vantaux * en bois munis de clous. Elle peut être précédée d’un pont-levis* et équipée d’une herse* . Le passage couvert à proximité de la porte possède parfois un assommoir* . On trouve quelquefois d’autres entrées plus discrètes : les poternes* , qui sont des accès secondaires étroits et bas.

Esquisse d’une porte – état d’origine

Les poternes peuvent être dérobées ou cachées, et même donner dans le fossé* pour faciliter les évasions, les départs précipités, les rencontres secrètes. Une poterne peut aussi être accolée à la grande porte* et être réservée à la circulation piétonne. Dans ce cas, on emploie généralement l’expression de « guichet piétonnier » ou « passage piétonnier ». Plusieurs portes successives, plus ou moins élaborées, peuvent compliquer l’approche de l’ennemi.

Lors de la montée au château, le passant traverse plusieurs cours. D’abord les lices* , qui sont des terrains souvent protégés ou fortifiés situés à l’avant du château et où peuvent se dérouler les tournois, puis les bayles, bailes ou bailles* , qui sont de grandes avant-cours habitables, enfin, la basse cour* (ou cour basse), située en contrebas du château. Dans les grands châteaux forts, la basse cour est située entre le rempart* principal et le rempart extérieur. Elle peut accueillir les dépendances* et les communs* et même abriter les sujets d’une seigneurie en période de troubles.

Elle peut aussi servir aux tournois. Enfin arrive la cour d’honneur* , l’espace le plus noble du château. Elle est située devant l’habitation seigneuriale ou au pied du donjon* et est destinée à l’accueil des visiteurs de marque.

Puits et citernes

C’est souvent dans l’une ou l’autre de ces cours que se situe le puits* , endroit crucial pour l’approvisionnement en eau de source captée directement dans le sous-sol ou dans la nappe phréatique. Pour atteindre cette dernière, il faut, dans certains cas, creuser le rocher servant de socle au château. Le puits peut aussi se trouver à l’intérieur des bâtiments ou à l’extérieur de l’emprise du château. En complément au(x) puits, le châtelain prévoit l’une ou l’autre citerne* , cuve ou réservoir de récupération des eaux de ruissellement. Elle peut être creusée dans le roc ou maçonnée et peut aussi être jumelée avec un puisard* permettant de récupérer l’eau recueillie dans le puits ou la citerne.

Enfin, chez le seigneur

Esquisse d’un pont volant

Le seigneur peut aussi loger dans une tour* plus ou moins habitable, voire un palais* (ou palas* ) plus ou moins luxueux. Plus l’occupant est élevé dans la pyramide féodale, plus son habitat aura des chances d’être somptueux. Mais tous les châteaux ne servent pas de résidence. Certaines forteresses n’ont qu’une fonction militaire, dont celle d’accueillir une garnison. Les logis seigneuriaux possèdent souvent quelques commodités dont les latrines* , lieux d’aisance placés en encorbellement* à l’extérieur des murailles ou construits directement dans les murs de l’habitation avec évacuation sur l’extérieur, notamment dans les fossés* .

Les salles du château possèdent plus ou moins d’ouvertures. Selon les époques de construction, les fenêtres des premiers châteaux sont tracées en plein cintre ou en arc brisé et séparées par des colonnettes ou des meneaux* qui se généraliseront à la Renaissance. Certaines fenêtres romanes ou gothiques possèdent un remplage* sculpté et ajouré. Il est courant de rencontrer des fenêtres géminées* (jumelées). Mais il est plus rare de trouver un oculus* (fenêtre ronde) dans l’architecture romane, gothique et Renaissance. A l’époque baroque, l’oculus devient œil de bœuf* . Les différents étages sont reliés entre eux par des échelles chez les moins aisés ou des escaliers, souvent en colimaçon.

Communs et dépendances

Généralement, à proximité du logis seigneurial se trouvent les communs* constitués des habitations et des locaux de fonction attribués à la domesticité ou à la garnison. Il s’agit, entre autres, des logements, des cuisines où l’on reconnaît parfois la cheminée et l’ évier* , des réserves, de l’écurie, de l’étable, de la bergerie, du moulin, de la forge, de la poterie, des greniers, de l’armurerie, des niches à chiens… On utilise parfois le terme de communs pour désigner l’ensemble des biens seigneuriaux. Les dépendances* sont souvent synonymes de communs. Quoiqu’il en soit, ce mot recouvre l’ensemble des bâtiments complémentaires nécessaires au bon fonctionnement du château.

La chapelle

Il n’y pas de château fort sans lieu de culte, oratoire ou chapelle* . Celle-ci, lorsqu’elle est conçue dans un château important, est un bâtiment isolé à l’intérieur du complexe castral* ou s’intégrant au logis seigneurial, voire au rempart* . Consacrée au culte divin et parfois réduite à un simple oratoire, la chapelle est dédiée à un ou plusieurs saints. dont le maître de céans aura, dans la mesure du possible, récupéré quelques reliques. Dans certains cas, la chapelle peut servir de lieu de pèlerinage et, donc, rapporter des subsides au châtelain. La chapelle -du latin cappa, qui signifie manteau- est ainsi nommée en raison du premier oratoire, au palais royal de Paris, qui avait recueilli le manteau de saint Martin de Tours.

Textes rédigés par Jean-Marie NICK Président Honoraire de l’Association des Châteaux Forts et Villes Fortifiées d’Alsace Source ACF

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Château de Vincennes L’enceinte et les tours

des tours d'enceinte

L’enceinte du château de Vincennes

Val de Marne 94 

des tours d'enceinte

A l’origine, l’enceinte, longue de 1200 mètres, était rythmée de neuf tours hautes de 40 à 42 mètres et entourées d’un fossé large de 27 mètres, en eau jusqu’à la fin du XVIIe siècle. L’enceinte est l’équivalent d’une petite enceinte urbaine médiévale.

des tours d'enceinte

L’enceinte et les murs de contrescarpe”forment deux rectangles très réguliers et dont les mesures sont très précises : il y a mille pieds entre les parements intérieurs des courtines nord et sud;  les murs de contrescarpe des fossés forment un rectangle d’exactement 1 200 sur 700 pieds, soit 389 m sur 226 m. Les fossés sont le résultat de l’inscription de ces deux rectangles l’un dans l’autre : ils sont larges de 25,50 m sur les grands côtés est et ouest, de 29,50 m sur les petits.

des tours d'enceinte

Les fossés mesuraient 11 m de profondeur, de nos jours ils font 7 m, 4 mètres ont été comblés partiellement au milieu du XIXe siècle. Ils recevaient les rejets des sources captées sur les hauteurs de Montreuil. Un système d’égout y amenait les eaux pluviales et usées venant des divers bâtiments protégés par l’enceinte.

des tours d'enceinte

La courtine ( muraille reliant deux tours ) a 2,60 m d’épaisseur, elle est haute d’une dizaine de mètres au-dessus du niveau moyen de la cour intérieure et de 18 m par rapport au fond des fossés actuels. “L’enceinte est formée de dix sections de courtines, huit d’une longueur qui varie entre 68 et 70 m au nord, à l’est et au sud, les deux sections de la courtine ouest mesurant 133 m au nord du donjon et 92,5 m au sud”.  

des tours d'enceinte

Les tours du château de Vincennes

L’enceinte du château de Vincennes était défendue par neuf tours, de types différents. A l’origine, ces tours avaient sensiblement une même hauteur d’environ 40 m au-dessus du fond primitif des fossés. Chacune ressemblait plus à un donjon qu’à une tour d’enceinte.

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Mis à part celle du Village, toutes ces tours, sauf celle du Village, ont été écrêtées : celle du Bois lors de sa transformation en arc de triomphe à l’époque de Louis XIV, les sept autres entre 1805 et 1820.

Ces neuf tours sont exceptionnelles dans l’architecture fortifiée, aussi bien castrale qu’urbaine, telle qu’elle se développe depuis le début du XIIIe siècle. Leur plan est quadrangulaire, et leur commandement fort au-dessus des courtines.

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Comme le donjon, elles ont été conçues pour être des habitations, ce qui explique leur structure générale. Ces tours formaient au total un espace résidentiel formé de 28 à 33 «chambres» représentant 3 000 à 3 500 mètres carrés habitables.  

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« Les trois tours-portes (la Tour du Village,  la Tour des Salves, à l’est, et la Tour du Bois, au sud) avaient, en façade extérieure, un décor sculpté très important dont nous ignorons malheureusement la nature précise ».

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Malgré leur fonction résidentielle, es tours possèdent des caractéristiques purement militaires. La largeur et la profondeur des fossés, et l’élévation des courtines mettent cette enceinte bien au-dessus des fortifications urbaines contemporaines.

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Une continuité de circulation sur le chemin de ronde permettait des possibilités de défense plus étendues.

Quatre niveaux d’archères (ouvertures dans le mur dans un but de défense par le tir), pratiquées dans le sous-sol des tours, au niveau du sol de la cour dans les courtines et au sommet de celles-ci et des tours, donnaient de bonnes possibilités de défense peu courantes dans l’architecture castrale du XIVe siècle.

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Sur les neuf tours que comptait l’enceinte, trois servaient d’entrée. Les tours furent arasées entre 1808 et 1820 jusqu’au niveau du mur d’enceinte. La Tour du Village, rescapée, a conservé son aspect initial.

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*Ici, était l’emplacement de la tour du Diable.

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*La tour du village qui ouvre sur la commune de Vincennes

La construction du donjon puis de l’enceinte du château de Vincennes, entre 1361 et 1380,  fut certainement l’un des plus grands chantiers d’Europe. A la fin de 1372, ces travaux étant  achevés, Charles V amplifie son projet initial : il ordonne la construction d’une vaste enceinte destinée à protéger les constructions qui existaient alors : le manoir primitif, la chapelle Saint-Martin de saint Louis et les bâtiments divers, résidentiels ou utilitaires. “Son édification de 1373 à 1380 a nécessité 260 000 blocs de pierres pour les seuls parements des murs extérieurs.

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Les murs de l’enceinte et des tours sont constitués de blocs de calcaire d’une hauteur d’un pied environ, assemblés à l’aide de joints fins. La longueur des blocs est presque constamment de 0,80 mètre, certains dépassant cependant les deux mètres”. 

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 sources : www.chateau-vincennes.fr/    

44 commentaires pour “Château de Vincennes L’enceinte et les tours”

Est-ce dans cette tour que des peintures murales sont encore visibles ?

Vraiment c’est très intéressant de venir lire et voir toutes tes pages, j’apprécie ces découvertes sur Paris, que l’on ne connait pas forcément de la même façon que toi. Bonne nuit et bon week end Francine.

Vincennes ne serait pas vraiment lui même sans ce chateau magnifique.

bonne journée francine … Moi, il me reste encore du taf a finir avant de partir et ce soir, coiffeur !!! pffff quelle vie !! ma valise est presque prête … bisous

c’est un superbe édifice Hier fut une belle très belle journée,nous verrons aujourd’hui. Bonne journée

Décidément, je ne m’en lasse pas !

Je ne peux pas en dire autant pour mon blog car il va subir une pause d’une durée indéterminée…

Je te souhaite une très bonne journée.

bravo et encore bravo… vraiment réussi avec ses jolies photos et un doc extra… gros bisous bonne journée

bonsoir Francine … demain jeudi !!!! youpee !!!! tu sais que le chateau de vincennes a été ma première visite de Paris ??? C T en 1992 !!!! drôle de choix guidé par le .. hasard !!! mdr bisoussssssss

Bonne soirée Francine !! Bisous

C’était une véritable forteresse m FRANCINE. Le plan est très explicite. Bises et bonne journée

c’est du lourd….. les cheminées sont très belles… Bises

Ces photos des tours sont réellement impressionnantes !! Il faudra que j’aille visiter ce château un de ces jours!! Bises

C’est super beau et la couleur des pierres est belle! C’est pas croyable le nombre de chambres dans ces tours!!!!Je suis toujours en admiration devant de tels édifices en considérant l’âge de construction et les moyens du bord!! bisoussssssssssssss

J’apprends beaucoup de choses. Très bien !

Je te transmets le bonjour de Yasmine.

les tours d’Aigues mortes avaient les mêmes fonctions…on dirait qu’il devait y avoir des statues dans les niches comme des oratoires…

bonjour tes articles sur ce chateau donne envie de le visiter bel aprem. bises

Très joli ces sculptures ou bas relief A bientôt

j’y vais de temps en temps joli chateau bon mercredi, Francine

MERCI Francine pour ces détails qui font l’histoire, ces photos et tout ses infos, j’en redemande belle journée du ‘mercredi’

Merci Francine, j’aime beaucoup toutes ces photos bien documentées. Nous partons quelques jours en Bretagne et….sans Internet! Gros bisous et à bientôt,Mireille

C’est avec encore un peu de soleil que je passe te faire mon coucou du mercredi.

Bise étoilée.

dommage que les tours n’aient pas été conservées

belle journée bises cathline

chez moi en ce moment le flambé et à midi les roses trémières

bonjour francine un merveilleux espace pour un château à la belle architecture bisous passe une bonne journée

Bonjour Francine, Ces tours sont très belles, j’aime bien la 1ere elle est joliment sculptée. Ce dessus de cheminée est superbe aussi mais j’ai l’impression qu’il a été mis après. Toujours du beau temps. Bonne fin de journée et gros bisous ma douce

Coucou Francine, alors le compte à rebours est lancé pour l’Italie ? Tu as fait les photos que j’aurais aimé faire lors de ma dernière visite dans ce superbe site de Vincennes. Bonne journée et à +.

> Magnifique cette enceinte. Dans mon souvenirs je la pensais plus petite. Bises et belle journée

un bâtiment quand même austère !! bisous

bonjour grace a ton article je découvre cet imposant édifice belles photos bel aprem bises

très belle visite de ce fort si célèbre merci, Francine bisous

as-tu eu gain de cause pour ta carte.?..Oui le ciel est tourmenté ce matin…je vais encore aller faire un tour avant le mauvais temps…bonne journée.des bises de Jo et moi …

Voilà un monument imposant,ces remparts valent le coup d’oeil Bon mardi Alain

profites bien de tes mini vacances Hier fut encore une très belle journée, un peu plus de nuages et légèrement moins chaude. Bonne journée

Bise du soir

Austère mais pas sans charme!

La dernière fois que j’ai mis les pieds à Vincennes c’était avec toi ! Pourtant je voulais voir l’expo internationnale des dalhias. Tant pis ce sera pour l’année prochaine.

Et ton voyage à Romme ? Ca ce prépare ?

A bientôt. Bises. YVes

bonsoir ma belle, pour moi c est un retour au sources… c est quand ma ville de naissance… même si mes parents habitaient Fontenay sous bois… bisous

C’est un beau château, l’enceinte est grande, ce doit être agréable de visiter ce lieu. C’est très bien entretenu. On a encore du soleil mais vendredi c’est le mauvais temps qui arrive chez nous. Bisous ma douce

Merci frzancine de nous permettre grace à tes photos de visite Paris et ses alentours d’une autre manière.

C’est vaste comme surface habitables … et qui a t-il là dedans maintenant ???

belle journée bises

Francine, ton sujet est vraiment passionnant. Le texte et fort belles illustrations le prouvent bien.

Que c’est beau ce château de vincennes! J’aime bien les photos!!! Bisoussssssssssssssss

purée c’est un batiment impréssionnant

merci pour cet article, j’aime vraiment beaucoup belle journée Francine

il est imposant ce château bonne journée bises janine

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L’enceinte et ses composantes

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Archéologie des enceintes urbaines et de leurs abords en Lorraine et en Alsace (XII e -XV e siècle)

Ce livre est recensé par

Plan détaillé

Texte intégral.

1 Les dix-huit études monographiques de villes, pour lesquelles l’archéologie aura permis de préciser la topo-chronologie de leurs enceintes, ne couvrent pas l’ensemble des questions que soulève l’étude de l’enceinte urbaine et ses composantes à l’échelle interrégionale. Il importait d’interroger et d’exploiter une masse importante d’informations souvent inédites concernant l’architecture militaire, tout en mettant à profit les chapitres introductifs sur les enceintes urbaines en Lorraine et en Alsace.

2 La présente synthèse est ainsi fondée sur la bibliographie existante, mêlant des publications plus ou moins anciennes, les rapports d’opérations archéologiques, les travaux universitaires et les notices monographiques ou thématiques. Les informations recueillies varient en fonction des sources documentaires (écrites, iconographiques, architecturales et/ou archéologiques) et des types d’intervention (prospections, diagnostics et fouilles archéologiques, études de bâti).

3 Un regard sur la fortification urbaine au Moyen Âge entre Rhin et Meuse peut, dans l’état actuel de la recherche, être envisagé en plusieurs phases, partant de son édification pour aboutir à son fonctionnement. L’objectif est d’entrevoir au mieux les modes de construction, les choix retenus pour la protection et enfin les méthodes de défenses utilisées.

4 Afin de disposer d’une documentation homogène, il convient de dresser un état critique des connaissances sur les fortifications urbaines en proposant d’abord deux synthèses aux échelles régionales. Aussi la démarche suggère, tant pour la Lorraine que pour l’Alsace, une réflexion en trois points, dont le chantier de construction fera l’objet du premier. Puis les principales fonctions de l’enceinte urbaine seront évoquées, à savoir protéger et défendre. À l’issue de ce parallèle, une approche globale nous amènera, en dernier lieu, à mesurer les points communs et les différences entre ces deux régions limitrophes, en nous interrogeant sur le poids des aires d’influences culturelles rhénanes et françaises.

1. EN LORRAINE (I. F.)

1.1. construire, 1.1.1. les matériaux et leur approvisionnement, 1.1.1.1. matériaux bruts.

5 D’une manière générale, les principaux matériaux employés dans la construction des enceintes urbaines sont d’origine locale. La lithologie lorraine distingue deux natures de roche mises à profit dans la construction.

6 Prédominants dans le bâti lorrain, les calcaires, qu’ils proviennent des côtes de Meuse ou de Moselle, offrent une large diversité et souvent de bonnes qualités mécaniques (en particulier leur résistance à l’écrasement) ( Hilly , 1992 : 158-159). Ces roches, habituellement détritiques, adoptent des couleurs blanches, beiges ou grisâtres dans les complexes oxfordiens et portlandiens de Meuse (entre Commercy, Ligny-en-Barrois et Verdun). D’autres bancs présentent des variations de couleur liées à la présence d’oxyde de fer, à l’exemple des formations du Bajocien supérieur, dites “pierre de Jaumont”, employées à Metz ( Corvisier , 1995 : 558) ou Briey. Dans de rares cas, le maître d’œuvre a fait usage de calcaires provenant de différents faciès, comme pour la tour carrée de Vaucouleurs. Sa maçonnerie associe des calcaires blancs à d’autres, plus résistants et de tonalités rousses ( Hilly , 1992 : 166). Les apports secondaires en matériaux, imposés par le déroulement du chantier, pourraient expliquer cette particularité. Enfin, quelques calcaires gélifs, habituellement bioclastiques dans le secteur de Nancy, sont utilisés sans plus de précaution.

7 Dans une moindre mesure, et essentiellement sur les versants ouest du massif vosgien, les enceintes sont construites en grès, de l’est mosellan à la partie orientale des Vosges. Ils sont le plus souvent non gélifs et leur qualité varie naturellement d’un secteur à l’autre. Cette roche homogène, parfois bigarrée, est utilisée jusqu’à Deneuvre, Rambervillers ou Darney (fig. 280). Le grès à voltzia est exploité à Épinal, en alternance avec des grès à poudingue. Leurs teintes varient du beige clair au rouge foncé, comme dans le reste du massif de la moyenne montagne.

8 Dans des zones de contact géologique, les approvisionnements, en calcaire et grès, sont mixtes. À Vic-sur-Seille, le calcaire, préféré pour les fondations, est remplacé par des grès en élévation. À Saint-Avold, la fausse-braie formée de pierre calcaire rompt avec l’homogénéité des élévations en grès du Lanterthurm.

9 Le bois est un autre matériau indispensable à la construction. Son approvisionnement n’est toutefois connu qu’à travers les textes. Il devait être d’origines assez diverses, selon les possessions du maître d’ouvrage. Ainsi, à Vaudémont, il provient à la fois des villages alentour comme des terres comtales situées en secteur forestier, parfois distantes d’une quarantaine de kilomètres du chantier ( Laumond , 1995 : 255, 257, 265, 267 et 292). Sans prétendre à l’exhaustivité, les bois de chêne et de sapin (ce dernier transporté par flottage) semblent être les essences les plus communément employées tant pour la charpenterie que pour l’huisserie. Les rares cas de pieux de fondation découverts en fouille démontreraient l’utilisation exclusive du chêne 411 .

1.1.1.2. Autres matériaux manufacturés

10 La terre cuite architecturale n’a jamais été observée à l’occasion des fouilles d’enceintes alors que la documentation écrite atteste l’emploi de la tuile pour les couvertures des tours et des systèmes d’entrée à Vaudémont au xv e  siècle ( Laumond , 1995 : 169, 267 et 288-290) ou à Bayon au début du xvi e  siècle ( Hennebert , 2004 : 79). Aucun centre de production n’a d’ailleurs été identifié de façon précise. Seule la tour carrée de Deneuvre intègre des assises de briques. Cet ouvrage indubitablement gallo-romain a été intégré au système défensif de la période médiévale ( Giuliato , 1993a : 160). De fait, cette production céramique n’est pas attestée pour l’édification des systèmes de défense lorrains avant l’Époque moderne ainsi que semble le démontrer la fausse-braie de Liverdun 412 .

11 En contexte archéologique, le métal n’a laissé que des traces ténues. Il est avant tout documenté par les textes qui indiquent son remplacement dans les huisseries (serrures, barres, clous et crapaudines) et sa fonction dans la mise en œuvre. En 1497, les parties hautes de la tour Sarrasin de Vaudémont a nécessité “d’engrave[r] cinquante trois crampons de fer dans les pierres de taille […] et les asseoir de plomb”. Le plomb a aussi servi pour “faire les gargolles” de cette tour et refaire la verrière de la porterie ( Laumond , 1995 : 177, 267). Les fouilles dans le secteur sud de Sarrebourg ont mis au jour des happes (crampons en métal) scellées au plomb. Elles fixaient les pierres du pont franchissant la Sarre, témoignant a priori de leur emploi dès le xiii e  siècle 413 . Enfin, les archives laissent entrevoir l’utilisation du verre plat pour le “warrier” de la porterie de Vaudémont, fabriqué à Neufchâteau (1466) et Châtel-sur-Moselle (1515), mais les données sont peu nombreuses sur ce matériau ( Laumond , 1995 : 173, 177 et 291-292).

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Fig. 280. Baccarat (Meurthe-et-Moselle). Muraille et tour demi-circulaire, parement extérieur en blocs de grès. Cliché D. Bastien © 74 Région Lorraine – Inventaire général.

1.1.2. La mise en œuvre

1.1.2.1. les systèmes de fondation.

12 Les fondations des systèmes de défenses collectives sont aujourd’hui mieux appréhendées grâce aux fouilles préventives. L’archéologie met en lumière des techniques de construction variées et parfois même, à de rares occasions, leur absence, comme à Épinal 414 .

13 La nature des sols conditionne la construction et fait apparaître quelques particularités. L’enceinte de Commercy, contrainte par la topographie du quartier de l’Abattoir, s’appuie contre la roche. Le front de taille à été conforté par un bain de mortier de chaux. Un principe similaire semble avoir été appliqué à la base de la tour circulaire de la porte Haute à Liverdun et pour l’enceinte de la ville haute. À Saint-Avold comme dans d’autres cas, il s’agissait d’atteindre la roche pour installer la fondation 415 . Pour Vaudémont, les archives de 1505 précisent qu’il faut “copper la roiche pour asseoir les semelles de pierre de taille” de la porte des Étaux, comme il a fallu, en 1481, “prendre a bon fons […] de huit piedz dappes on fondement” pour réaliser une autre tour ( Laumond , 1995 : 168, 235). À l’inverse, le manque de stabilité d’anciens comblements de berge a imposé l’emploi en grand nombre de pieux de fondation dès le xii e  siècle à Sarrebourg. Les bois appointés étaient fichés en lignes parallèles sous la courtine. Un siècle plus tard, leur utilisation semble réservée aux seuls appareils de revêtement interne et externe. Un système similaire à Verdun, daté de 1225, stabilise l’enceinte sur les alluvions de la rive gauche de la Meuse 416 .

14 En réalité, la semelle de fondation est le principe le plus courant. Généralement épaisse (près de 2 m à Saint-Mihiel), celle-ci ménage un ressaut de 10 à 20 cm à la base des murs comme à Neufchâteau, Sarrebourg, Mirecourt et Épinal. Elle est, au mieux, maçonnée à l’aide de grosses dalles ou simplement avec des moellons équarris liés à la chaux. Plus rarement, la semelle est installée sur un lit de mortier (Saint-Mihiel) ou de sable (Épinal). D’autres cas exigent la réalisation d’une tranchée de fondation afin d’assurer la stabilité de la maçonnerie sur trois à cinq assises. Enfin, les exemples spinaliens et sammielois combinent à la fois tranchée et semelle maçonnée en ressaut pour assurer la stabilité du support.

1.1.2.2. Les maçonneries d’élévation

15 Les fortifications observées en fouille tendent à démontrer l’existence de structures similaires, associant une fourrure à deux appareils de revêtement (fig. 281). Les parements sont habituellement identiques, mais quelques segments de courtine à Épinal et Verdun attestent que les bâtisseurs apportent plus de soin aux parements extérieurs. Comme souvent, les plus gros modules sont réservés aux parements et la fourrure se compose de moellons ébousinés, ébauchés ou équarris, de pierres ou de cailloux de dimensions diverses. Localement, des galets sont versés dans un bain de mortier (à Sarrebourg et Épinal) alors que dans d’autres secteurs, graviers et éclats sont utilisés pour la confection des liants.

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Fig. 281. Bar-le-Duc (Meuse). Tour Heyblot, maçonnerie composée d’une fourrure et de deux appareils de revêtement (interne, externe). Cliché M. Delangle © 79 Région Lorraine – Inventaire général.

16 Plusieurs cas de reprise d’une construction se sont traduits par la réalisation d’un contre-mur dont l’emprise peut être extérieure ou intérieure. Il conforte et renforce ainsi le système défensif préexistant. À Sarrebourg, le mur d’enceinte du xiii e  siècle s’épaissit de 2 à 3 m et celui d’Épinal, à la même époque, de 1,20 à 2 m sur le front sud-ouest. Une section similaire, de 1,10 m, doublée à 2,50 m, a été reconnue à Mirecourt vers le xiv e  siècle. Enfin, un cas de contre-mur est attesté sur la tour du Vannier à Nancy. Hypothétiquement daté, d’après le contexte historique, du xv e  siècle ( Masquilier , 2005b et c), il est en réalité à mettre en relation avec une courtine, datée par dendrochronologie de 1529, associant cette tour au bastion de la Craffe ( Elter , 2003 : 125-126, 133, 141-146 et annexe 3).

17 En dehors des murs d’aplomb, les profils des maçonneries en élévation sont de deux types, marqués par un empattement ou par un talus. Douze enceintes d’agglomération possèdent des soubassements talutés. Huit d’entre eux s’appliquent uniquement à certaines de leurs tours, seulement trois à quelques segments de leurs courtines et une seule à la fois aux tours et aux courtines 417 . Les empattements sont peu nombreux au Moyen Âge, comme en témoignent les tours d’Épinal, Liverdun et peut-être Saint-Mihiel. Amortis par une assise biseautée 418 ou, comme à Saint-Mihiel, par un larmier, ces profils ont souvent été considérés comme des critères “stylistiques” de datation, en particulier dans le cas des tours à empattement taluté. Seule la confrontation des sources, archéologiques et écrites, permet de préciser la datation de ces dernières. Ainsi, la fouille de Neufchâteau a démontré l’emploi du talus dans le deuxième quart du xiii e  siècle alors que la tour demi-circulaire fouillée avenue Poincaré à Sarrebourg, datée de la première moitié du xiii e  siècle, n’en est pas pourvue. En revanche, il n’y a apparemment pas de continuité entre les tours talutées et les courtines, comme le suggèrent les exemples, au xiii e  siècle, d’Épinal (rues Entre-Les-Deux-Portes et Lormont) et de Neufchâteau (Trait-d’Union).

18 La qualité de la mise en œuvre d’une élévation n’est pas seulement liée aux matériaux employés. Pourtant, les calcaires des côtes meusiennes et mosellanes se prêtent à une réalisation soignée, en privilégiant les blocs équarris ou gros moellons, à tête dressée pour obtenir un appareil réglé homogène en revêtement. D’après les vestiges d’enceintes d’agglomération conservés en Lorraine, les trois-quarts sont formés d’un moyen appareil et un quart présente, au moins partiellement, un grand appareil. Ce type d’appareil est employé sans discontinuité dans la construction de certaines tours ou systèmes d’entrée des xiii e 419 , xiv e 420 et xv e 421 siècles. De même, cette mise en œuvre est présente dès la fin du xii e  siècle dans les courtines de la porte Haute de Liverdun et à partir de 1225 dans celles de Verdun et Vic-sur-Seille ainsi qu’aux xiii e - xiv e  siècles à Neufchâteau. À l’opposé, le petit appareil ne concerne que cinq sites, dont seuls les parements intérieurs des courtines de Verdun et Épinal sont assurément médiévaux. Il faudrait probablement ajouter les bourgs ceints d’une muraille composée d’une maçonnerie à cru. Mais ce dernier type de mise en œuvre, mentionné en 1328-1331 à Sancy, n’a pas encore été reconnu en fouille ( Gobert , 1989 : 276). D’un point de vue “esthétique”, les parements extérieurs sont très généralement dressés, parfois même lissés 422 , mais quelques rares constructions possèdent un appareil à bossage 423 .

19 Alors que sur vingt-neuf maçonneries observées, deux seulement offrent une distinction entre liants de fondation et d’élévation, la plus grande part montre une homogénéité des mortiers à base de chaux. Aucune analyse pétrographique n’a été pratiquée mais leur observation démontre qu’ils sont mêlés en général à des matrices locales : différentes alluvions selon les secteurs, à base de roches gréseuses (Épinal, Saint-Avold) ou calcaires (Neufchâteau, Mirecourt, Verdun à Vic-sur-Seille et Sarrebourg), des graviers comme à Verdun, Sarreguemines et Épinal ou des galets, observés à Sarreguemines et Épinal. À Neufchâteau, l’usage du mortier semble avoir été réservé exclusivement pour les joints, au xiv e  siècle.

20 Les “repoux”, débris variés ( Godefroy , 1881-1902), sont “passés” (tamisés), selon les mentions du xv e  siècle, et fournissent un autre type de matrice pour les liants ( Laumond , 1995 : 107, 175). Comparativement, les fouilles d’Épinal sont les seules à avoir révélé l’existence d’éclats de pierre intégrés au mortier employé tout au long du xiii e  siècle.

21 À Saint-Mihiel sont exploitées des grèzes litées locales, fragments rocheux ou gélifractés. Mélangé à de la terre, le liant obtenu est employé dès le xiii e  siècle tant pour l’enceinte du bourg que pour l’enclos abbatial. L’argile est un autre type de roche mise à profit dans la construction régionale. Elle est attestée comme liant principal à Neufchâteau dans le second quart du xiii e  siècle.

22 Quatre sites de l’ouest lorrain conservent des murailles maçonnées à la terre. Les limons argileux, comme à Mirecourt ou Verdun aux xiii e -xiv e  siècles, sont toujours mélangés à d’autres composants, soit des nodules de chaux, soit une matrice de graviers. À Bar-le-Duc, il est précisé en 1371 qu’il faut de “bon mortier de chaus de terre et de sai ron” ( Jacquot , 1990 : 109).

23 Enfin, les données textuelles permettent de connaître la nature des enduits. “Ragrowaige et crappissaige” seraient récurrents à Vaudémont ( Laumond , 1995 : 185, 211, 226, 227) comme dans toute la Lorraine ( Giuliato , 1993a : 146) et privilégiés sur des maçonneries en moellon. Un seul cas, à Nancy (premier état de la tour du Vannier), a révélé un enduit avec des joints tirés au fer au xiv e  siècle ( Masquilier , 2005b et c).

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Fig. 282. Mousson (Meurthe-et-Moselle). Bourg castral, vue aérienne de la butte témoin, vers le sud, avec le château (au centre) et les vestiges des tours du Marché, du Guet et de la muraille de l’agglomération (en bas, à droite de l’image). Cliché A. Cuvelier © 78 Région Lorraine – Inventaire général.

1.2. Protéger et défendre la ville

1.2.1. les obstacles ou la défense passive, 1.2.1.1. les prédispositions naturelles.

24 La défense urbaine en Lorraine a mis à profit quelques “avantages naturels”. Ainsi, la topographie ou les méandres d’un cours d’eau constituent une partie du potentiel défensif de certaines agglomérations. À l’image des ensembles castraux, l’enceinte de Hombourg-Haut s’est fixée sur un éperon et s’est développée sur la plateforme, tout comme à Longwy, Hattonchâtel et Deneuvre. À Vaudémont, l’enceinte est pourvue d’un fossé de barrage, qui isole le bourg du plateau. Mousson ou Amance relèvent d’un autre type d’organisation urbaine où l’enceinte ovoïde du bourg, commandée par le château, est implantée à mi-pente d’une butte témoin (fig. 282).

25 Les cours d’eau, nécessaires aux activités économiques ou à l’alimentation des douves, sont considérés très tôt comme un obstacle de premier ordre, soutenant la défense urbaine. Les méandres du Mouzon tiennent une place non négligeable dans la sécurisation de Neufchâteau, tout comme la Mortagne à Rambervillers. L’Ornain à Ligny-en-Barrois, la Vezouze à Lunéville, le Madon à Mirecourt, la Meurthe à Raon-l’Étape, la Sarre à Sarrebourg ou encore la Seille à Nomeny baignent en partie les fortifications. Le cas de Briey illustre parfaitement ce parti pris défensif car le bras nord du Woigot renforce en fond de vallée la nouvelle enceinte de réunion intégrant la ville basse.

26 À l’inverse, des sites à forte pression immobilière et démographique s’accommodent difficilement, à long terme, de leurs rives protectrices. Au xiii e  siècle, Verdun se fixe le long de la Meuse. Les courtines du faubourg en rive gauche, plus tardives, conduisent au morcellement de l’unité défensive. La situation est équivalente à Épinal avec l’autonomie de l’enceinte du Rualménil. Seule la ville épiscopale de Metz propose un second système vaste et homogène. Elle intègre l’Outre Seille et le secteur Outre Moselle au moyen de deux ponts fortifiés (entre les Roches et le Rimport) ( Schneider , 1950).

1.2.1.2. Les obstacles de franchissement

- faiblesse des données et interprétation.

27 Le fossé est, depuis la Protohistoire, un principe récurrent de la défense collective. Il est basé sur la réalisation d’une tranchée, assez dimensionnée pour empêcher son franchissement et permettant de tenir à distance l’assaillant. Chaque agglomération médiévale de Lorraine devait en être pourvue. Seuls vingt et un exemples ont été reconnus précisément 424 et neuf fossés ont été fouillés 425 . Une approche synthétique est donc prématurée, d’autant que les observations ne concernent que de faibles segments.

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Fig. 283. Vaudémont (Meurthe-et-Moselle). Fossé de barrage, second fossé du bourg entaillé dans la roche sur 8 m de profondeur. Cliché C. Moulis/Université Nancy 2.

28 Par ailleurs, les datations sont difficiles à préciser. Les stratigraphies de ces ensembles sont avant tout composées de remblais successifs, intervenant le plus souvent à l’Époque moderne en raison des nombreux curetages. Elles offrent des fourchettes chronologiques trop larges, des couches d’utilisation rares et stériles. En revanche, la nature hydromorphe des limons démontre parfois qu’il y avait une présence permanente d’eau 426 . Le segment de fossé étudié à Saint-Avold atteste en revanche du contraire. Ces milieux mériteraient de bénéficier de recherches archéo-botaniques qui dépassent de loin le cadre de cette étude thématique 427 .

29 Deux types de fossé à simple tranchée semblent se démarquer. En fonction de leur largeur à l’ouverture, un premier ensemble de dix sites bénéficie de fossés de gabarit moyen, d’une largeur comprise entre 5 et 20 m 428 . Six autres sites sont protégés par des dépressions ouvertes sur 25 à 32 m alors même que la topographie, la nature des sols, les commanditaires, l’importance de la ville n’offrent pas de meilleures conditions à leur réalisation 429 . Cette étonnante diversité n’a pas encore bénéficié d’explications.

30 La morphologie des fossés de Saint-Avold et Mousson révèle pour eux seuls, une apparente diversité typologique, répondant parfois à des contingences topographiques. Les pentes d’une butte témoin ne limitent en rien la tentative de fossoyage pour laquelle il a fallu ajouter, à Mousson, une légère levée en contrescarpe pour améliorer sa fonction défensive ( Giuliato , 1993a : 151). Le cas opposé s’observe très clairement à Saint-Avold puisque la ville, fixée en pied de côte, nécessite une sérieuse protection. Cette situation a conduit les bâtisseurs à réaliser un fossé double et une fausse-braie sur le front sud qui subit le dévers. Ce système met à distance l’assaillant sur une longueur de presque 25 m 430 .

31 Deux exemples diachroniques suggèrent, avec prudence, que les plus anciens fossés étaient peut-être moins profonds que les réalisations postérieures. À Vaudémont, après l’abandon d’un premier fossé de barrage de 1,15 m, un second, de plus de 8 m, fut taillé dans la roche ( Buzzi , Guéry , 1990 : 304, 309, cité dans Laumond , 1995 : 228 et 240) (fig. 283). La résidence épiscopale de Vic-sur-Seille bénéficiait d’un fossé au xii e  siècle, creusé sur 3,50 m et remplacé au xiii e  siècle, lors de l’extension urbaine, par un nouveau, profond de 5 à 7 m 431 .

- Les aménagements spécifiques

32 Qu’ils présentent un fond plat ou un profil en “V”, les fossés sont en eau quand cela est possible. Dès 1280 à Metz, la Seille est déviée de son cours pour permettre le remplissage du fossé autour de la porte des Allemands ( Wagner , 2003 : 40). La démarche est similaire à Lignyen-Barrois, Mirecourt, Raon-l’Étape, Rambervillers ou encore Châtel-sur-Moselle. Si la canalisation des cours d’eau permet probablement de contrôler les niveaux, les cas où les fossés sont en prise directe avec les cours d’eau sont moins bien documentés. Aucune étude archéologique ne nous permet de comprendre les principes de retenue, les écluses et vannes 432 , la gestion du trop plein ou encore l’impact d’une crue sur les fortifications.

33 Dans les meilleures conditions, l’eau est au contact des murailles, à l’exemple de Verdun, Neufchâteau ou Sarrebourg. À Vic-sur-Seille, une escarpe est remparée au-devant des murs au xvi e  siècle. L’escarpe peut former, dans l’enceinte abbatiale de Saint-Mihiel par exemple, un profil en degrés. Même si sa fonction n’est pas clairement identifiée, il est possible qu’elle témoigne d’une gestion des niveaux d’eau. À bas débit, le fossé atteint une largeur de 2,40 m et après achèvement de son remplissage, au-delà du palier, son volume double (la largeur passe environ à 5 m et sa profondeur s’accroît de 40 à 90 cm). Sur ce même secteur, la contrescarpe ne possède pas d’aménagements spécifiques et devrait être considérée comme une simple berge dont les sols instables limitent la progression de l’ennemi.

34 On observe de façon récurrente en Lorraine des courtines fondées sur semelles débordantes, dont les altitudes prises à leur base seraient, compte tenu de la topographie générale des sites, supérieures à celles des fonds des fossés. Cette constatation permet de supposer que, dans ces cas, le fossé était structurellement séparé du mur d’enceinte par une escarpe talutée en terre ou une fausse-braie. D’ailleurs, l’existence de fossés aux bords talutés non revêtus (Saint-Mihiel et Vic-sur-Seille), parfois associés à une fausse-braie (Saint-Avold), a été confirmée lors d’opérations archéologiques.

35 Au regard des données disponibles, les contrescarpes maçonnées ne sont pas associées à un fossé en eau mais à une zone où, par souci d’efficacité défensive, une importante rupture de pente s’impose. Le contexte topographique, défavorable lorsqu’une pente domine le système défensif, peut être à l’origine de la réalisation de contrescarpes maçonnées (à Marville 433 , Vaucouleurs 434 et Saint-Mihiel 435 ). Ces maçonneries soulignent l’obstacle de franchissement autant qu’elles structurent la tranchée à la manière d’un mur de soutènement.

36 Les quelques fausses-braies attestées en fouille ne nous renseignent pas sur leur fonctionnement 436 . Faute de savoir s’il était possible d’y accéder et en l’absence de niveaux d’occupation, on peut supposer que ces massifs repoussent de quelques mètres l’ensemble du fossé. Elles allongent donc les distances de franchissement de 1 à 10 m selon les cas de figure (fig. 284). Pourtant, à Liverdun, la fausse-braie est réalisée dans l’emprise d’un fossé préexistant (large de 20 m).

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Fig. 284. Verdun (Meuse). Fausse-braie aménagée au devant de la muraille et de la tour de l’Islot. Cliché A. Dagorn © 73 Région Lorraine – Inventaire général.

1.2.1.3. La place forte et ses fronts

37 La compréhension des fronts d’enceinte, qui forment des obstacles construits efficaces, dépend des observations topographiques disponibles. En effet, la question est nécessairement liée à l’étude micro-topographique 437 , la carto-interprétation 438 , la critique des textes et la prise en compte de histoire urbaine. De sorte qu’il s’agit d’une logique d’échelle, où les opérations d’archéologie préventive, par leur faible emprise, ne peuvent, à elles seules, apporter une somme d’informations suffisantes. C’est pourquoi, la bibliographie, même ancienne, fournit une première approche indispensable 439 bien que les données dont on dispose restent souvent imprécises.

- Quelques observations sur les tracés

38 À s’en tenir aux définitions, l’enceinte urbaine devrait, dans l’idéal, ne présenter qu’un front unique, sans irrégularités 440 . Mais considérant qu’une ceinture défensive urbaine est soumise à certains pré-requis 441 , les adaptations sont nombreuses et variées. Ces dernières conduisent le plus souvent à réaliser une ceinture au tracé irrégulier. D’ailleurs, les villes du premier réseau urbain, les centres de principauté et les bourgs aux commanditaires fortunés ne bénéficiaient pas nécessairement des systèmes les mieux conçus. À Metz, environ treize segments peuvent être considérés comme des flancs ou comme de fortes ruptures, alors que des petites agglomérations 442 s’avèrent plus soucieuses de l’implantation régulière des murailles. Verdun passerait même pour un cas d’espèce tant l’enceinte du bas Moyen Âge, sur la rive droite de la Meuse, présente un tracé aux nombreuses irrégularités.

39 Certains ensembles, contraints par les cours d’eau, engendrent inévitablement quelques brisures. Les murailles de Vic doivent s’accommoder du lit de la Seille en marquant une inflexion à son entrée. Châtel-sur-Moselle et Vaucouleurs seraient dans le même cas.

40 Mais globalement, les modèles connus évitent les forts saillants tels qu’ils peuvent s’observer à Vic-sur-Seille et les angles largement rentrants comme dans le secteur sud-est de Rambervillers. La réflexion sur le parti de plan d’ensemble laisse entendre que l’on cherche à éviter toutes brisures excessives du front défensif 443 . C’est une conception qui inciterait à intégrer parfois des espaces non bâtis 444 .

- Massivité et résistance de l’obstacle

41 Parce qu’il “édifia une puissante muraille” à Rambervillers ou qu’il désirait des “murs solides et protecteurs” à Sarrebourg, le maître d’ouvrage s’attendait à fournir une construction résistante ( Giuliato , 1993a : 150, 157). Ainsi la première “mission” des courtines consiste-t-elle à faire barrage ou obstacle à l’adversaire 445 .

42 Les données accumulées sur ces murs sont assez variables d’un site à l’autre et, en Lorraine, les vestiges en élévations sont peu nombreux. Souvent dérasées dès l’Époque moderne, ces maçonneries ne permettent pas de déterminer des chrono-typologies précises pour l’Époque médiévale 446 . Il est néanmoins possible de faire quelques constatations. Si l’épaisseur moyenne des courtines se situe dans une fourchette comprise entre 1 et 1,50 m, celles datées du xii e  siècle ont une épaisseur variant entre 1,10 à 2,40 m 447 et une moitié des exemples postérieurs ont une épaisseur proche de 2 m 448 . Ponctuellement, il est possible de rencontrer des courtines très épaisses : 2,50 m à Void, 2,85 m à Sarrebourg après le doublement du mur au xiii e  siècle, 2,70 m à Verdun à la fin du xiii e  siècle, environ 2,80 m à Épinal et Vaucouleurs et 3 m à Metz. Rares sont les segments de faible épaisseur (moins de 1 m) comme à Épinal, Mirecourt et Verdun 449 .

43 Si la résistance de la maçonnerie est liée à l’épaisseur, la “massivité” des murailles doit tenir compte des hauteurs totales conservées 450 . Seuls deux exemples, aujourd’hui disparus, donnent des indications suffisantes 451 . La courtine a été observée sur 11,45 m de haut à Épinal, rue Lormont, 7,50 m à Neufchâteau, Trait-d’Union, et, à Mirecourt, elle se révèle proche de 5,50 m. À Blâmont, la documentation ancienne rapporte que les courtines s’élevaient à 8,80 m ( Dedenon , 1998 : 109). À Saint-Avold, les traces d’arrachement du mur permettent de l’estimer à 8,50 m bien que l’enceinte ait été dérasée. Enfin, les traces écrites laissent le souvenir de murailles hautes de 8 à 10 m à Metz dans le secteur des Grands Murs ( Wagner , 2003 : 38). En somme, pour ne retenir que trois exemples, le volume des maçonneries des courtines d’Épinal mesure aux environs de 13,74 m 3 par mètre linéaire, 15,13 m 3 à Saint-Avold et 8,25 m 3 de Mirecourt.

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Fig. 285. Hattonchâtel (Meuse). Tour d’angle talutée, de plan circulaire, située sur le front sud de l’enceinte intégrant la collégiale Saint-Maur. Cliché J. Guillaume © 76 Région Lorraine – Inventaire général.

1.2.2. Les tours de flanquement

44 Les tours représentent, en Lorraine, un corpus relativement important mais dont peu d’exemples sont en bon état de conservation. Beaucoup d’élévations ont été dérasées, c’est pourquoi la tour des Anglais à Vaucouleurs fait figure d’exception avec ses trois niveaux conservés. La synthèse se fonde donc sur la diversité des plans à défaut de pouvoir présenter une typologie architecturale homogène. Compte tenu de leur fonction, retenons l’importante variation des saillies observées : de 3 à 8 m à Mousson ( Giuliato , 1993a : 150-154), de 4 à 7 m pour Vaucouleurs, de 5 m environ pour les tours connues d’Épinal, de 5 à 7 m à Sarrebourg 452 et de 5 à plus de 11 m à Void ( Giuliato , 2002a : 38-39).

1.2.2.1. La défense aux angles et brisures

45 Les brisures apparaissent comme des zones de faiblesse. Deux sites permettent d’envisager leur renforcement par la réalisation d’une tour dès la première moitié du xiii e  siècle. À Neufchâteau, dans le second quart du xiii e  siècle, une tour circulaire occupe un saillant le long de la rive droite du Mouzon. Le secteur de la porte Haute, à Liverdun, présente un retour de muraille sur l’extrémité ouest, à la fin du xii e  siècle. Il n’est flanqué d’une tour que deux siècles plus tard. En revanche, l’angle à 90 degrés que dessine l’enceinte de Mirecourt, rue du Docteur-Joyeux, est exempt de tout flanquement au moment de sa construction, entre la fin du xii e et le xiii e  siècle, et n’en bénéficiera jamais.

46 Ces tours d’angle adoptent le plus souvent un plan circulaire dans les zones où le tracé forme une inflexion très marquée 453 (fig. 285). Selon toute vraisemblance, elles visent à éviter les angles morts. D’autres alternatives sont envisagées à l’image de la tour quadrangulaire du front ouest de Vaucouleurs. Ce modèle trouverait son pendant dans l’enceinte de la ville basse de Liverdun 454 . Pourtant, ces réalisations, au-devant de l’angle, forment des murs droits, théoriquement plus fragiles 455 , nécessitant un fort épaississement des maçonneries. De plus, ces tours quadrangulaires ne permettent pas un flanquement suffisant.

47 D’autres ouvrages peuvent être encore demi-circulaires sur des brisures peu prononcées, comme à Vic-sur-Seille ou Sarreguemines, et exceptionnellement en bordure d’angle droit, comme à Rambervillers 456 où les tours ne flanquent qu’un seul front.

48 Enfin, Vaucouleurs possède les deux seuls exemples lorrains de tours en éperon. Ils font face à une légère côte, dont la forte déclivité a probablement conditionné leur réalisation. Ces constructions jouissent, grâce à leur structure, d’une forte capacité de résistance à la sape de front et assurent, en outre, une surveillance satisfaisante des courtines.

1.2.2.2. Le renforcement des fronts rectilignes

49 La compréhension du rythme de flanquement, sur une même ligne défensive, se heurte à la faiblesse des exemples conservés en élévation. Les rares cas bien documentés se révèlent néanmoins pertinents tant le renforcement des tracés rectilignes étoffe le programme défensif. Ce parti architectural multiplie, sans aucun doute, les coûts de construction. Si le flanquement de l’angle est une nécessité poliorcétique à partir du xiii e  siècle, celui des segments rectilignes pourrait sembler superflu. En effet, dans la plupart des cas, les flanquements d’angles et diverses portes suffisent à battre efficacement les tracés rectilignes. Dans le cas de Metz, vingt et une tours sont indispensables et pourtant soixante-quatorze tours résultent du programme définitif, soit une multiplication par trois et demi. Le coefficient d’accroissement est plus proche de deux et demi pour les enceintes de Toul et Vic-sur-Seille. Ainsi, l’implantation de tours sur un tracé rectiligne pourrait aussi exprimer la volonté symbolique d’affirmation du pouvoir.

50 En Lorraine, s’attacher à l’étude des flanquements sur une même ligne de défense conduit à retenir quatre sites remarquablement conservés : Liverdun, Vic-sur-Seille et dans une moindre mesure Épinal et Sarrebourg. L’enceinte de la ville haute de Liverdun a conservé dix tours qui témoignent d’un système de défense comptant jusqu’à six tours pour environ 300 m de front. Elles sont distantes de 30 à 60 m selon les cas 457 . Sur une distance équivalente, sept tours sont réalisées sur le front sud de Vic-sur-Seille. Quant à Épinal, l’enceinte, observée sur environ 150 à 200 m, compte déjà cinq tours, soit un intervalle de moins de 25 m en moyenne 458 . Ce devait être aussi le cas à Toul, au sud de la première enceinte ( Hachet et alii, 2000). En revanche, l’exemple de Sarrebourg sous-entend un rythme proche de 70 m d’écart sur les segments rectilignes 459 .

51 Le tracé rectiligne flanqué de tours demi-circulaires est une norme en Lorraine. S’y intercalent parfois des tours en fer à cheval demi hors œuvre 460 et, d’une manière plus ponctuelle, des ouvrages quadrangulaires comme le Lanterthurm de Saint-Avold. Deux agglomérations possèdent un flanquement formé d’une saillie quadrangulaire, établissant une avancée d’environ 3 m sur le tracé des murailles à Mirecourt et Rambervillers.

1.2.2.3. Spécificité et diversité des tours

52 Trop peu d’édifices ont fait l’objet d’une analyse archéologique 461 et seulement quelques études architecturales ont pu être menées. Les informations disponibles ne permettent pas de préciser leurs évolutions techniques et stylistiques. Ces dernières ne seraient pas différentes, à l’échelle régionale, des rythmes reconnus dans l’espace français puisque les mutations semblent s’opérer autour du xiii e  siècle 462 .

53 Toutes sources confondues, la Lorraine compte trente-huit tours circulaires s’échelonnant entre la fin du xii e et le xvi e  siècle, vingt-quatre demi-circulaires attestées de 1200 à 1600 et enfin dix-sept édifices quadrangulaires identifiés du xii e au xvi e  siècle.

54 Une synthèse chrono-typologique serait hasardeuse car il faudrait bénéficier d’un corpus pondéré selon l’importance des agglomérations. Or, aucune tour de Metz et Toul n’est précisément définissable, seulement un sixième d’entre elles permettrait une analyse à Vic-sur-Seille, bien moins encore à Sarrebourg, Commercy ou Hattonchâtel. Dans ce contexte, on ne peut que souligner l’extrême variété des ouvrages identifiés à Vaucouleurs 463 , alors qu’ils ne recouvrent probablement que la moitié du système défensif. D’une manière générale, une majorité des édifices bien identifiés semblent prévus avec une ouverture à la gorge 464 , pour seulement trois cas fermés 465 . Il est communément admis que l’ouverture interdit de transformer l’édifice, après sa prise par l’assaillant, en un retranchement qui lui serait favorable. Cependant, aucune étude de bâti n’a permis de vérifier cette assertion. C’est pourquoi, l’étude de la tour des Anglais de Vaucouleurs (peut-être datée du xiv e  siècle), au plan en fer à cheval et munie d’une cheminée au dernier niveau, n’interdit pas d’évoquer une fermeture partielle, temporaire, voire démontable.

55 Au regard des critères fondamentaux, certaines constructions se distinguent du système fortifié par leur situation topographique, leur volumétrie et parfois leur plan. Ces originalités concernent la Grosse Tour de Bar-le-Duc, mesurant 11 m de diamètre après sa reprise au xv e  siècle ( Aimond , 1954 : 24-31, cité dans Jacquot , 1990 : 96), ou encore la tour du Guet à Mousson, avec son plan polygonal d’environ 8 m en saillie et surplombant la vallée de la Moselle ( Giuliato , 1993a : 151). De même qu’à Briey, le cadastre napoléonien garde le souvenir d’une grosse tour ronde, placée sur la seconde ceinture, à l’endroit d’une rupture de pente qui a vraisemblablement déterminé son implantation ( Duval , Voirin , 2003 : 74). Rambervillers bénéficie d’une tour pentagonale, dans le secteur du canal qui se distingue par son plan et ses dimensions ( Poupon , 2000 : 56). La Grosse tour, construite à Ligny-en-Barrois à partir de 1240 et achevée entre le xiv e et le xv e  siècle, flanque l’angle sud-est du secteur du château, dans une zone particulièrement exposée à l’attaque ( Peridon , 1996 : 51). À cet ensemble correspondrait enfin la tour carrée de Deneuvre qui forme un quadrilatère aux dimensions imposantes ( Giuliato , 1993a : 174). Ces différentes architectures révèlent l’existence de tours maîtresses, à la fois repère défensif et ostentatoire du système fortifié. Il est évident que l’emplacement des tours confère un rôle, peut-être même un statut symbolique 466 , qu’il faudrait savoir dissocier des prérogatives auxquelles sont associées les porteries. Car à l’inverse des entrées de ville, plus souvent mentionnées dans les chroniques, ces tours majeures n’apparaissent pas comme un des identifiants de l’espace urbain. Somme toute, ces édifices surveilleraient, résisteraient mieux comme ils bénéficieraient d’équipements plus performants pour des raisons qui nous échappent. Certaines tours majeures pourraient peut-être symboliser la puissance de leur garant, qui, dans le cas des grandes cités, multiplie ce type d’ouvrage. Cette vocation symbolique pourrait expliquer la réalisation, à Toul, d’une “Grande” tour Saint-Étienne et d’une “Grande” tour Albaud aux côtés des petites modèles du même nom ( Hachet et alii, 2000).

1.2.3. La mise en défense des entrées de villes

1.2.3.1. aux entrées de villes.

56 La défense des entrées d’agglomération, assurant la “fermeté”, a dû faire l’objet de toutes les attentions ( Mesqui , 1991-1993 : t. 1, 307), car elle concernait une zone de transit incontournable, entre l’ intra et l’ extra muros. Ce secteur était soumis, entre autres, aux besoins matériels et économiques de la communauté. C’est pourquoi la porterie est parfois considérée comme l’élément majeur de la place, construit très tôt en matériaux résistants et pérennes contrairement aux courtines ( Finó , 1970 : 226). En Lorraine, ce compromis n’a jusqu’ici jamais été confirmé par l’archéologie, mais quelques présomptions laisseraient entendre qu’il existait à Void une ceinture de terre pourvue de trois entrées maçonnées ( Parisse , 1979 ; Giuliato , 1993a : 144).

57 Certaines portes, dont le rôle symbolique a perduré, ont pu être préservées alors que d’autres, à l’inverse, ont bien vite été remplacées ou détruites à l’Époque moderne. C’est ainsi qu’aucune porte n’est conservée dans d’importantes villes comme Saint-Mihiel ou Toul et que seule la porte Chaussée subsiste sur les dix accès que comptait Verdun à la fin du Moyen Âge (fig. 286). Le corpus rassemblé, regroupant trente-quatre villes 467 , est donc fondé sur une faible série d’édifices conservés, à laquelle s’ajoutent des restitutions fournies par la carto-interprétation 468 . Il en résulte des architectures diverses assez peu étudiées. Seules quelques portes ont fait l’objet d’opérations d’archéologie ( Elter , 1993 ; Kuchler , 1997b) ou d’analyse monumentale ( Giuliato , 1993a, 2002a et 2005a et b ; Corvisier , 1995) (fig. 287). Force est de constater que les études architecturales manquaient aux travaux du xix e  siècle et sont, paradoxalement, encore rarement entreprises aujourd’hui 469 .

58 Les premières observations nous rappellent que toutes les agglomérations ne jouissent pas du même nombre de portes. Les villes les plus vastes en comptent au moins six 470 et jusqu’à onze 471 à Bar-le-Duc. D’autres, moins importantes, en possèdent quatre comme à Vaucouleurs 472 . Treize bourgs, dont Pont-à-Mousson, n’ont que trois entrées 473 . Enfin, à l’image de Blâmont, dix enceintes ne sont accessibles que par deux portes 474 , voire par un passage unique, comme à Hattonchâtel 475 . Mais il faudrait ajouter, à ces ensembles, les poternes. Elles ne pouvaient généralement suffire qu’à la circulation des piétons 476 mais certaines, mieux dimensionnées, offraient un passage aux charrettes et cavaliers 477 .

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Fig. 286. Verdun (Meuse). Porte à deux tours, dite porte « Chaussée », surveillant l’entrée est de ville et ouvrant la route de Trêves. Cliché Manias © 81 Région Lorraine – Inventaire général.

- Les tours-portes

59 Les tours-portes sont construites et employées pendant tout le bas Moyen Âge. Elles sont mentionnées en 1220 et 1288 à Vic-sur-Seille, en 1288-1385 à Metz, aux xiv e , xv e et xvi e  siècles 478 .

60 Les vestiges conservés à Mousson permettent de comprendre que les portes sont parfois inscrites en flanquement sur l’enceinte 479 . D’autres sont adossées à la muraille, côté place, même aux périodes récentes comme dans l’enceinte collective de Blénod-lès-Toul au début du xvi e  siècle ( Giuliato , 2005a : 226). À Sarreguemines, les portes sont soit adossées à l’enceinte, soit placées demi hors œuvre. En somme, tous les cas de figure se rencontrent sans pouvoir, faute d’études de bâti suffisantes, amorcer une évolution chronologique.

61 Toutes les tours-portes connues en Lorraine sont de plan massé quadrangulaire (fig. 287). Avec leur passage aménagé au premier niveau, elles pouvaient comporter au moins deux étages carrés 480 et six niveaux sont probablement créés pour la porte de la Fontaine à Épinal. Des villes comme Vic-sur-Seille ou Void érigent des bâtiments de 150 à 180 m ² au sol 481 alors que ceux des petits bourgs, comme Vézelise, ne mesurent que 30 m ² environ 482 . En revanche, l’épaisseur des murs est constante, comprise entre 2 et 3 m, sauf cas exceptionnels 483 .

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Fig. 287. Carte de localisation des principaux types de portes répertoriés, échelle 1/1 500 000. DAO : I. Ferraresso/Université Nancy 2 et H. Duval/INRAP.

62 Les systèmes d’arrêt mis en place sont globalement identiques d’une tour-porte à l’autre. En premier lieu, le pont-levis, qui n’a peut-être pas toujours été présent dès l’origine, est souvent mentionné au xv e  siècle 484 . Bien que l’information soit lacunaire, un pont dormant est tout de même attesté à Vézelise au-devant de la porte de Brénon, selon un texte daté de 1374 ( Schluck , 1995 : 39, 62). Le plan Bellot d’Épinal daté de 1631 nous laisse deviner l’existence d’un pont-levis sur pile. La circulation est, en général, assurée par un porche couvert d’un plancher, à l’exemple de celui conservé à Void. Ces espaces, limités par une simple arcade ou une porte, se distinguent par un couvrement cintré, en arc brisé ou à un linteau droit 485 . Les portes monumentales permettent de ménager parfois deux percements, séparant une porte piétonne d’une porte cochère, auquel cas, elles bénéficient chacune de leur pont-levis 486 . La fermeture est assurée, dans quelques cas bien identifiés 487 , par une herse placée dans l’épaisseur du mur. Celle-ci est maintenue par des logements, formant des rainures dans les parements latéraux. Deux herses sont prévues à Void, tant sur les élévations côté place qu’au-devant du fossé. La fermeture est renforcée par des vantaux identifiables grâce aux emplacements des crapaudines.

63 Les parties sommitales ont le plus souffert des destructions et ne nous laissent pas l’opportunité de saisir les défenses hautes habituellement utilisées. Il apparaît tout de même que la porte de la Fontaine d’Épinal était garnie de tourelles aux quatre angles, de mâchicoulis et créneaux. La porte Notre-Dame bénéficiait de quatre échauguettes aux angles. À Vic-sur-Seille, une bretèche commande le passage sous la porte, comme à la porte Basse de Liverdun 488 .

64 Certaines tours-portes étaient pourvues de pièces habitables, corps de garde 489 ou simples salles de guet. Les archives de Pont-à-Mousson rapportent qu’il a fallu construire une “chambrette des portiers” à la porte du Ruel ( Belville , 1994 : 92). Les indices architecturaux qui en témoigneraient sont maigres pour la période médiévale. L’analyse des élévations ne permet d’identifier qu’une seule fenêtre de logis sur la tour-porte de Vic-sur-Seille. Plus certainement, la porterie de Void a dû disposer d’un espace habitable aux premier et second niveaux au xv e  siècle 490 , comme en témoignent des fenêtres chanfreinées, à linteau en accolade et coussièges.

- Les portes à deux tours

65 Dans l’espace lorrain, nombre de villes et bourgs fortifiés disposent de portes à deux tours. Elles sont présentes de Bar-le-Duc à Fénétrange et de Rodemack à Épinal (fig. 287). Ce système à double flanquement est encore difficile à apprécier de façon précise. Peu d’exemples auraient été construits dans le courant du xiii e  siècle à l’image de la porte des Allemands à Metz ( Wagner , 2003 : 41-42). Toutefois, ce modèle est clairement retenu dans les programmes défensifs entrepris entre la fin xiv e et le début du xvi e  siècle. Ce devrait être le cas sur les fortifications de Vic-sur-Seille en 1350 491 , de Vaucouleurs en 1370 ( Giuliato , 1993a : 163 ; Giuliato , 2005b : 53 et 57) 492 , de Verdun en 1380 ( Giuliato , 1993a : 163) 493 et de Bar-le-Duc après 1368 ( Aimond , 1954 : 73 ; Girardot , 1986 : 14, cités dans Jacquot , 1990 : 102-103) (porte Notre-Dame), auxquels il faut ajouter la porte de la Craffe à Nancy, mentionnée en 1373 et déjà fortement restaurée en 1463 ( Fray , 1987 : 125-126 ; Giuliato , 1993a : 163). Les mentions des portes de Mattaincourt pour l’année 1440 et Lachaussée, projetée en 1509-1510, confirment aussi leur emploi pendant la Renaissance. Cette évolution, fondée sur des sources manuscrites, ne permet pas d’appréhender leur plan avec certitude, mais l’exercice a le mérite de lancer les bases d’une réflexion à mener 494 .

66 Ces systèmes d’entrée de ville sont assez mal étudiés, en dehors de quelques cas, et souffrent d’un faible nombre de données ( Corvisier , 1995 ; Giuliato , 1993a et 2002a). Manifestement, plusieurs lignes directrices se détachent. L’implantation la plus courante, qui consiste à placer les tours sur le tracé de l’enceinte, n’interdit pas de les édifier au-devant du fossé. Ce choix a été retenu pour les portes d’Outre Orne à Ligny-en-Barrois, des Allemands à Metz et aux Bois de Bar-le-Duc. Ces trois exemples trahissent d’évidentes reprises de la fortification dans les derniers siècles du Moyen Âge. Par ailleurs, les volumes affectés aux tours se distinguent parfois nettement. Dans son premier état ( xiii e  siècle), la porte des Allemands est flanquée de deux tours de 6 m de diamètre ( Corvisier , 1995 : 353) alors que celles de la porte d’Anval à Vic-sur-Seille mesurent déjà 9,60 m. Elles atteignent même 13 m à Nancy, à la porte de la Craffe. Quelques portes bénéficient de tours de volumes très différents. À Bayon, la porte du Basle est défendue par une tour de 6,50 m de diamètre alors que l’autre atteint environ 9 m ( Hennebert , 2004 : 80-81). Cependant, les portes ne sont pas nécessairement dotées des plus puissantes tours de la place. À Vaucouleurs, la porte du Roi, avec sa tour de 7,75 m de diamètre, est comparable à la tour des Anglais (7,37 m) et à celle en éperon (7,74 m). Quant au corps central, mal conservé, il occupe, au sol, 117 m² à Vic-sur-Seille et 90 m² à Bayon pour respectivement deux et trois étages.

67 Les systèmes d’arrêt présents sur les portes à deux tours sont similaires à ceux des tours-portes. Les ponts-levis sont attestés, soit par des traces visibles en élévation, soit par leurs mentions dans les sources manuscrites, aux xiv e et xv e  siècles 495 . Selon les cas, il peut exister un passage simple ou double, à porte cochère et piétonne 496 . L’illustration de la porte Chaussée à Vaucouleurs 497 , avec deux accès, permet de constater que les ponts-levis étaient scindés en deux, compte tenu des trois logements à flèches représentés. Un seul pont, prudemment daté du xiii e -xviii e  siècle, au-devant d’une porte à deux tours, a été observé en fouille, à Sarrebourg 498 . Les vestiges étudiés ne permettent pas de connaître le type de plateau existant.

68 Dans bien des cas, herses et vantaux sont indiqués dans les archives, mais leur réalité nous échappe en grande partie. Quelques relevés du xviii e  siècle livrent des indices précieux à ce sujet car seules les portes des Allemands à Metz 499 et Chaussée à Verdun permettent d’observer une herse. Ainsi, le dessin de la porte d’Anval, à Vic-sur-Seille, figure en détail les logements de la herse situés dans l’épaisseur de la baie 500 .

69 À ces dispositifs se joignent des défenses actives bien identifiées. Au droit des portes, des bretèches maçonnées sont aménagées, reposant sur deux ou trois consoles. Elles défendent, par exemple, le passage à l’entrée de Vaucouleurs 501 . Des systèmes, nécessairement plus coûteux, prévoient aussi des mâchicoulis 502 , créneaux et merlons couronnant, en partie sommitale, le corps central et les tours comme à la porte Chaussée de Verdun (fig. 286) et pour le second état de la porte des Allemands à Metz. Cette dernière est d’ailleurs la seule à conserver un assommoir appartenant à sa première phase de construction ( Corvisier , 1995 : 554). S’ajoutent à ces dispositifs une série d’ouvertures de tir placées sur les tours, dont le positionnement et la fonction sont similaires à celles observées sur les tours traditionnelles. Elles battent les fronts, flancs et écharpes. La porte du Roi à Vaucouleurs a conservé des archères à niche, datées stylistiquement du xiv e  siècle. Elles couvrent, sur deux niveaux, chacun des secteurs menacés ( Giuliato , 2005b : 53-55). La poliorcétique ne change pas non plus au xv e  siècle lorsqu’il s’agit d’armer de canonnières la nouvelle porte des Allemands à Metz ( Corvisier , 1995 : 555-556, 558). Néanmoins, les archères-cannonières, aménagées dans les mâchicoulis des portes de Chalaines à Vaucouleurs et de la Craffe à Nancy, relèveraient d’un nouveau principe de défense aux entrées de villes.

- D’un modèle à l’autre : les formes atypiques

70 Au sein d’une fortification, aux restructurations récurrentes, l’importance accordée aux entrées de villes conduit à des transformations multiples. Elles peuvent parfois aboutir à des formes atypiques 503 . C’est ainsi que la fortification de Pont-à-Mousson comprend une tour-porte manifestement flanquée d’une tour sur son côté droit 504 . Ce principe soulève une interrogation quant à sa chronologie relative, d’autant plus que l’édifice n’est aujourd’hui connu que par une illustration du xix e  siècle ( Belville , 1994 : 90). À Rambervillers, une tour-porte à tour flanquante, dont nous connaissons un dessin, répond peut-être à cette typologie ( Poupon , 2000 : 57-58). D’après les sources manuscrites, elle participe à la défense d’une agglomération ceinturée dès la première moitié du xiii e  siècle ( Giuliato , 1993a : 157). La lecture des archives concernant les portes de Mirecourt laisse entendre que la tour-porte du Pont est, de la même façon, modifiée au xvi e  siècle. La mention d’une “petite tour” ajoutée à la porterie, alors renommée Saint-Dizier, témoignerait d’une reprise de l’accès initial ( Moulis , 1997 : 50-52). Enfin, la porte d’en Haut, à Châtel-sur-Moselle, propose un programme inhabituel d’entrée à deux tours, considéré jusqu’ici comme homogène et daté entre 1447 et 1465 ( Giuliato , 1993a : 164) (fig. 288). La muraille forme un tracé rectiligne dans lequel se place l’entrée de la ville. Celle-ci est encadrée par une tour quadrangulaire saillante sur le côté droit et une tour circulaire située 14 m en avant de la courtine. Faisant office de défense avancée du front ouest, la tour circulaire de 153 m² au sol, ouverte à la gorge, est aussi commandée par la tour carrée d’une superficie de 308 m² au sol.

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Fig. 288. Châtel-sur-Moselle (Vosges). Plan de l’enceinte urbaine, anonyme, dressé au milieu du XVI e  siècle (BnF, collection Lorraine, volume 114, fol. 123).

71 Si plusieurs types d’entrées de villes coexistent en Lorraine, il serait intéressant de déterminer quel choix motive la réalisation d’un modèle de porte plus qu’un autre. Au regard des données actuelles, très peu de villes fortifiées bénéficient de systèmes d’accès similaires à chaque entrée. Si Toul et Ligny-en-Barrois sont éventuellement les seules agglomérations à être défendues en intégralité par des portes à deux tours, et que Sarreguemines jouirait uniquement de tours-portes, pour les autres villes, rien n’est homogène (fig. 288). À Bar-le-Duc, seules deux des onze entrées de la ville sont protégées par une porte à deux tours ( Streiff - Figuières , 1998) et, à l’inverse, Metz ne compterait que trois tours-portes à l’aube du xv e  siècle ( Schneider , 1950 : 31-35). La démarche ne peut s’étendre au-delà de ces quelques remarques, car trop peu d’édifices d’une même ville ont fait l’objet d’une étude approfondie. Il faut noter que certains accès, situés sur les axes de communications majeurs, bénéficient d’un système plus élaboré. Ce pourrait être le cas pour l’imposante porte Chaussée, qui protège la cité épiscopale de Verdun et ouvre la route de Trêves (fig. 286). De la même façon, la porte des Allemands, à deux tours, marque le départ de Metz vers Mayence et l’Empire par l’ancienne voie romaine ( Schneider , 1950 : 48). Pour cette ville, il apparaît que certaines portes sont privilégiées, selon qu’elles appartiennent à un quartier ou qu’elles représentent des secteurs historiquement plus anciens comme pour les portes Saint-Thiébaut et Serpenoise de Metz ( Martzloff , 1991 : 126-127). Ces contextes ont peut-être influencé, de manière plus ou moins franche, le programme architectural.

1.2.3.2. L’intégration d’un cours d’eau

72 Si les portes ont eu un rôle primordial dans la fortification, il ne faudrait pas omettre l’importance de la circulation fluviale, qui concerne tant les marchandises que les hommes ( Schneider , 1950 : 11-13). L’axe nord-sud privilégié reste celui de la vallée de la Moselle, menant des Vosges à l’ancienne capitale médiomatrique. Ce sont d’ailleurs les évêques de Metz qui tentent, très tôt, d’en assurer le contrôle ( Fray , 1988 : 77) en édifiant ponctuellement des châteaux. Les cours d’eau ont eu une incidence sur la dynamique urbaine, conditionnant ainsi le tracé de l’enceinte. Les capacités économiques du réseau fluvial ont parfois justifié son intégration au système défensif et conduit à en assurer le contrôle militaire. Le cours d’eau intégré à la ville est à la fois un atout économique et une zone de faiblesse de la fortification. Quelques exemples illustrent son passage entre deux enceintes d’une même ville comme à Épinal et Pont-à-Mousson. Ce choix architectural permet un haut niveau de sécurité, une surveillance accrue du trafic mais ne facilite pas les échanges.

73 C’est probablement pour des raisons commerciales que l’enceinte de Vic-sur-Seille est rompue à deux reprises par le méandre. La ville, dont le dynamisme dépend de son activité salinière, ne peut faire l’abstraction d’une bonne gestion de son trafic fluvial. Le parti architectural lié à la défense, en amont et en aval de la Seille, se traduit donc par l’implantation d’une tour circulaire sur chaque rive. Suivant ce principe, plusieurs autres agglomérations surveillent au mieux l’entrée de leurs rivières et canaux à l’exemple des tours du Guêt, Saint-Aignan et Esternon à Toul ( Hachet et alii, 2000).

74 Les sources manuscrites sur Bar-le-Duc sont assez précises pour indiquer qu’il existait un flanquement accolé au canal du Moulin (dérivation de l’Ornain), sur les fronts est et ouest. Il est même précisé que la muraille franchissait le canal grâce à une arche fermée d’une grille ( Aimond , 1954 : 70-74). Ce type d’aménagement est encore observable à Châtel-sur-Moselle. L’ouverture de la muraille (environ 1 m de haut et 3 m de large) est réalisée en blocs de calcaire équarris, posés en tas de charge pour former un couvrement en arc surbaissé. Malgré l’importance de l’arche, aucune tour ni système d’arrêt n’est observable.

75 L’intégration d’un cours d’eau revient aussi, pour certaines villes, à assurer la protection des ponts. En effet, la garde des systèmes de franchissement sous-entend le contrôle d’un axe de circulation humain et commercial qui garantit à la ville des revenus et sa pérennité.

76 En Lorraine, le synœcisme (regroupement de population au sein d’un même ensemble) qui caractérise la fondation de Pont-à-Mousson est intimement lié au contrôle de l’axe Meuse-Moselle ( Fray , 2006 : 350). Le pont était, depuis 1128, très fréquenté. Il offrait des revenus conséquents grâce aux péages et foires qui s’y tenaient ( Fray , 1988 : 79-80). La fortification de la ville, dont les premières mentions sont de 1315-1327 ( Belville , 1994 : 85), comprenait deux tours de surveillance au-devant du pont. La gravure de Pérelle (1668) nous présente encore ces deux ouvrages, connus sous le nom de tour Géraudelle et Mandeguerre. Leur position, sur chaque rive et aux extrémités du pont, offrait la possibilité de battre à la fois les flancs et les rives de la Moselle. Les sources manuscrites, très riches, énumèrent d’autre part les nombreuses reprises nécessaires à la solidité du pont ( Belville , 1994 : 106-112). En réalité, posséder, gérer et défendre un pont coûte excessivement cher, notamment pour son entretien. Ces problèmes financiers n’ont cependant jamais refreiné la mainmise des bourgeois de Metz sur les ponts de la ville tant ils en retirent des avantages. C’est ainsi que le pont Thiffroy, achevé autour de 1222 et mis sous la surveillance des murailles de l’enceinte ( Schneider , 1950 : 34 505 ), reste toujours à la charge et à la garde des bourgeois ( Schneider , 1950 : 13-14).

1.2.4. La nécessité d’une défense active

77 Le peu d’aménagements défensifs préservés en Lorraine justifie la faible diversité des spécimens. Ils s’opposent en cela à ceux connus en contexte castral, dont les modèles ont pu se multiplier et se répandre au gré des conflits ou des diverses prétentions territoriales. Leur étude ne saurait donc se réduire à la stricte approche des exemples employés dans les fortifications d’agglomérations. Alors que les défenses sommitales sont largement méconnues, les opérations archéologiques permettent de poser quelques jalons concernant la datation des ouvertures de tir des enceintes d’agglomération.

1.2.4.1. Les ouvertures de tir pour armes de trait

78 Dans le deuxième quart du xiii e  siècle, une tour d’angle à Neufchâteau était pourvue d’archères à fente simple qui furent utilisées, au mieux, jusqu’au début du xv e  siècle. Une archère à étrier triangulaire existe sur la tour Anglemein de Rambervillers, mentionnée dès 1257 ( Poupon , 2000 : 50), ainsi que sur la tour du Grand Moulin d’Épinal 506 et à Dun-sur-Meuse ( Vermard , 1997 : 61) à la fin du xiii e  siècle. Il faut, semble-t-il, attendre la seconde moitié du xiv e  siècle pour voir apparaître une archère du même type sur la tour du Guet de Mousson ( Giuliato , 2000). Le développement de l’artillerie à poudre ne marque pas le déclin des archères après le xiv e  siècle puisqu’elles sont encore indiquées dans les registres de comptes de Vaudémont entre 1482 et 1489 507 ou de Mirecourt au xvi e  siècle 508 . Pourtant, il est possible qu’elles soient obsolètes à ces périodes.

79 Ces observations restent des indicateurs insuffisants pour aboutir à une typologie fiable si les vestiges ne sont pas soumis à une étude archéologique globale. L’exercice chrono-typologique ne doit plus aujourd’hui se limiter à des critères formels qui restreignent bien souvent le corpus à des cas isolés.

80 Quelques fortifications d’agglomération se prêtent volontiers à l’examen des paramètres qui conditionnent la forme de l’archère ( Salamagne , 1998 : 69). Le front sud d’Épinal, dans le secteur du chapitre, présente un système défensif bien conservé, formé d’une muraille et de quatre tours. L’ensemble présentait, à l’origine, des fentes de tir à étrier 509 toutes analogues. Elles sont hautes d’environ 1,20 m pour une ouverture de 7 à 10 cm selon les cas. Les ouvertures de tir, depuis l’extérieur, forment un front homogène, mais différents types d’ébrasement sont aménagés dans l’épaisseur des murs. Huit ébrasements forment un sifflet. Ils sont exclusivement placés dans les tours. Deux autres, installés dans la courtine, possèdent une niche. Les archères en sifflet sont conservées dans des massifs variant de 1,46 à 3,84 m d’épaisseur, alors qu’une muraille de 2,72 m d’épaisseur suffit à la réalisation d’archères à niche 510 . Ainsi, l’épaisseur des murs n’est peut-être pas le seul paramètre déterminant le type d’ébrasement.

81 Si la puissance des murs ne conduit pas à affecter un plan plus qu’un autre, la largeur de l’ébrasement intérieur est, semble-t-il, un critère prépondérant dans la réalisation des archères en sifflet. Ces dernières ne se développent jamais au-delà d’une ouverture intérieure de l’ébrasement supérieure à 1,50 m de large 511 . En revanche, les archères à niche peuvent offrir un ébrasement variant de 1 m 512 à 1,90 m 513 .

82 Enfin, les matériaux utilisés ne semblent pas déterminants dans le choix du type de couvrement. Ainsi, les archères en sifflet d’Épinal possèdent une arrière-voussure composée de pierres en grès taillé, posées en encorbellement et formée de deux ressauts. À Vaucouleurs, ce principe est identique au rez-de-chaussée de la tour des Anglais et de la porte du Roi. Cependant, la mise en œuvre est constituée de pierre calcaire. Les archères à niche de la tour du Guet à Mousson possèdent un couvrement en calcaire identique à celles d’Épinal, construites en grès. Dès lors, les matériaux de construction et leur capacité de résistance à l’écrasement ne semblent pas jouer un rôle prépondérant pour leur couvrement, quel que soit le type d’ébrasement.

83 Aucune évolution chronologique ne peut être associée à l’un ou l’autre des types d’ébrasement, tous attribuables à la seconde moitié du xiii e ou au xiv e  siècle, renforçant les thèses actuellement admises ( Salamagne , 1998 : 68). Ainsi, plus encore que les phases d’évolution poliorcétique, les déterminismes liés à la réalisation d’un type d’archère nous échappent en partie. Seule une étude, qui porte sur deux niveaux d’une tour de Neufchâteau, fournit des indications précises. Son programme architectural a prévu des ouvertures de tir à faible ébrasement et placées en quinconce, de façon à ne pas fragiliser la construction 514 .

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Fig. 289. Ligny-en-Barrois (Meuse). Défenses hautes de la tour Valéran : créneaux, merlons et mâchicoulis. Cliché Panoryia © 74 Région Lorraine – Inventaire général.

1.2.4.2. Les défenses hautes et sommitales

84 Les défenses en parties hautes des fortifications, qui constituent très certainement le secteur de la recherche qui souffre le plus du manque d’information, se limitent à quelques observations ponctuelles. Ainsi, créneaux et merlons n’ont été identifiés que par l’iconographie moderne 515 , à Épinal 516 et Raon-l’Étape ( Giuliato , 1993a : 158), ou par les textes qui nous rapportent leur présence à Metz au xiii e  siècle sur les grands murs ( Wagner , 2003 : 38), à Bar-le-Duc en 1464 ( Aimond , 1954 : 70-74). La réparation des bataille et creinnes au plâtre est mentionnée à Vaudémont en 1498 et ces derniers semblent être encore utilisés jusqu’en 1528 ( Laumond , 1995 : 171). Ceux de la porte des Allemands à Metz, conservés en élévation sur la barbacane du xv e  siècle, sont soulignés par un bandeau couvrant en légère saillie, sensiblement le même qu’à la porte Chaussée de Verdun et Valéran à Ligny-en-Barrois (fig. 286 et 289).

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Fig. 290. Rodemack (Moselle). Chemin de ronde aménagé sur console. Cliché P. Truttmann © 83 Région Lorraine – Inventaire général.

85 Les terrasses d’artillerie n’ont pas laissé de traces. Les derniers niveaux conservés sont parfois pourvus de baies fermées à l’aide d’une huchette. Ces fenêtres, munies de volets de bois, sont présentes à la tour des Anglais de Vaucouleurs (témoignant peut-être d’une reprise dans la seconde moitié du xiv e  siècle) ( Giuliato , 2005b : 52) et sur la porte de la Craffe à Nancy, reconstruite sans doute en 1463 ( Giuliato , 1993a : 163). Quant aux mâchicoulis et bretèches, ils ont le plus souvent trouvé leur place en partie haute des porteries, comme à Épinal 517 , Vic-sur-Seille 518 , Vaucouleurs ( Giuliato , 2005b : 58), Nancy ( Giuliato , 1993a : 163-164), Metz ( Corvisier , 1995), Bar-le-Duc ( Aimond , 1954). La protection au droit des portes charretières et piétonnes est privilégiée mais il arrive que le principe couronne l’ensemble du système d’entrée, tours de flanquement et corps central confondus 519 . Leur mise en œuvre va de la simple console à ressaut à des propositions plus complexes, grâce à des consoles triangulaires, des arcs trilobés ou des galeries pourvues d’ouvertures de tir 520 .

1.2.4.3. Les organes de circulation au service de la défense active

86 Quelques observations peuvent être émises sur les chemins de ronde, comme à Mirecourt où une gaine à ciel ouvert d’une largeur de 0,85 m était fossilisée dans une muraille. Elle était formée par deux parapets d’une épaisseur de 0,60 m et hauts de 1,15 m environ. Des aménagements équivalents sont mentionnés à Rambervillers ( Poupon , 2000 : 46, 50). À Rodemack, l’espace de circulation est posé sur des consoles (fig. 290). Dans le cas de Metz, la réalisation d’un chemin de ronde comprend aussi un système d’écoulement des eaux de pluie, mentionné dans les textes pour le xiv e  siècle ( Wagner , 2003 : 38).

87 L’accès aux courtines depuis les tours est tributaire de leur parti de distribution. Plusieurs solutions ont été utilisées. La tour quadrangulaire de Saint-Mihiel, implantée demi hors œuvre, tendrait à démontrer que des portes peuvent être aménagées sur les élévations latérales, à la fois au rez-de-chaussée et au second niveau, s’ouvrant sur la courtine 521 . Le Lanterthurm de Saint-Avold, placé hors œuvre, libère de la même façon un accès au second niveau de l’élévation latérale en direction du chemin de ronde. En revanche, son accès au premier niveau a été aménagé sur l’élévation antérieure, du côté de la ville. Enfin une tour de Châtel-sur-Moselle n’est accessible qu’à l’étage, par un escalier droit en pierre qui permet de mener tant vers les courtines et que vers la tour. Quelques escaliers en vis ont pu être prévus pour donner accès aux étages des tours et porteries. Ils sont parfois placés dans l’épaisseur du mur latéral 522 , à demi hors œuvre sur l’élévation du côté de la place 523 .

88 Les informations sont encore plus lacunaires sur les accès réservés aux courtines ( Gauthiez , 1999 : 21), qu’ils aient une fonction viaire ou non. Au xii e  siècle, à Sarrebourg, un espace libre est prévu à l’arrière des murailles, peut-être même accompagné d’un escalier en bois pour accéder au chemin de ronde. La seconde enceinte de Briey pourrait comprendre un espace similaire, large de 5 m ( Ferraresso , 2006 : 121). Ces chemins d’évitement ou simples espaces non bâtis devaient être difficiles à préserver tant la pression immobilière était constante. Dans le cas de Sarrebourg, un bâtiment est d’ailleurs construit sur leur emprise entre le xiii e et le xv e  siècle 524 . À Briey, au xv e  siècle, le duc de Bar accorde à quelques habitants le droit de percer la muraille pour aménager des fenêtres, augurant l’implantation de nouvelles constructions ( Ferraresso , 2006 : 121). À bien des égards, ces espaces de circulation devaient servir de lieu de stockage, temporaire ou non, comme pourraient l’indiquer les amas de débris de taille de pierre accumulés et sans cesse transportés à Vaudémont ( Laumond , 1995 : 107, 175). Ces “repoux” étaient destinés, dans certains cas, à assainir les niveaux de circulation comme celui mis au jour à Sarrebourg 525 .

1.2.5. Les enceintes urbaines au temps de l’artillerie (fin du xiv e -xv e  siècle)

89 Comme pour l’ensemble de l’espace français et germanique, la Lorraine, dans la seconde moitié du xv e  siècle, voit se généraliser l’utilisation de l’arme à poudre. Derrière ses murailles, la ville s’arme de plusieurs “collevrines”, “serpentines” et “veuglaires” comme à Metz en 1465 ( Larchey , 1857 : 7). Elles sont aussi partie prenante du siège de Rodemack en 1483, où de grosses bombardes baptisées “La Redoubtée” ou “Commercy” sont secondées par des “serpentines” et “harcquebuch” ( Bruneau , 1927-1933 : II, 100). Cet armement va donc nécessiter l’adaptation des ouvertures de tir qui devaient permettre, dans les premiers temps, l’utilisation des armes de trait et faciliter l’emploi d’armes à poudre.

1.2.5.1. Des adaptations au nouveau parti architectural

90 D’un point de vue architectural, les adaptations à l’artillerie sont assez nombreuses, mais l’état des connaissances sur ces sujets reste limité à des observations ponctuelles. Peu de relations stratigraphiques ont pu, comme à Liverdun, attester des reprises du système défensif. La porte des Allemands à Metz illustre, par les études architecturales et archéologiques, un type de réponse aux nouvelles contraintes militaires ( Corvisier , 1995 ; Kuchler , 1997b).

91 L’attitude la plus récurrente reste le renforcement de la défense à l’entrée de la ville. À Metz, la porte des Allemands, comme la porte Saint-Thiébaut, la porte du Pontiffroy et la porte Mazelle, est doublée autour des années 1430-1482, aménageant un espace souvent nommé “baisle” dans les archives ( Wagner , 2003 : 42-44) (fig. 291). Il est connu à Châtel-sur-Moselle (fig. 288), Mousson, Vaudémont, pour les plus anciens, et se multiplie assez tardivement (début du xvi e  siècle) dans d’autres bourgs comme Darney ou Mirecourt ( Giuliato , 1993a : 151 ; Laumond , 1995 : 253 ; Quiqueret , 2001 : 85-88 ; Moulis , 1997 : 52). Il finit par jouer un rôle économique, car on y aménage progressivement boutiques et magasins ( Moulis , 1997 : 52). Suivant ce principe, quelques agglomérations doublent ou renforcent leurs entrées selon un programme moins ambitieux. Une seconde porte est construite, de façon comparable, au-devant du fossé, comme ce fut probablement le cas à Vic-sur-Seille aux portes d’Anval et de Metz 526 ou à Ligny-en-Barrois devant la tour Valéran ( Peridon , 1996 : 56), l’espace créé au milieu n’assurant ici qu’une fonction défensive en multipliant les systèmes d’arrêt.

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Fig. 291. Metz (Moselle). Baile de la porte des Allemands restauré au xix e  siècle, avec en arrière-plan la première porte à deux tours ( xiii e  siècle). © P.-E. Wagner.

92 Les cas d’ouvrages extérieurs, enceintes ou boulevards, sont rares avant la fin du xv e  siècle à l’image de celui créé à Vic-sur-Seille 527 . Si la fausse-braie a pu être une réalité au cours du Moyen Âge, les créations de remparts ou de véritables lices sont encore méconnues. En 1444 à Metz, un ouvrage de terre et de bois est construit au devant la porte Serpenoise ( Wagner , 2003 : 43) et, à Bar-le-Duc, une clôture de “palis” et de haies vives est dressée au-devant du baile de la ville Haute ( Aimond , 1954 : 70-74, cité dans Jacquot , 1990 : 100-103).

93 En dehors de ces programmes secondaires, l’adaptation à l’artillerie ne conduit pas à des changements dans les modes de construction. L’enceinte de Châtel-sur-Moselle, apparemment reconstruite au milieu du xv e  siècle, ne présente pas d’épaississement sensible des murs ou d’élargissement de ses nouvelles tours en fer à cheval (fig. 288). Dans ce sens, il n’est pas surprenant que la tour des Anglais à Vaucouleurs, même reprise en grande partie à la fin du Moyen Âge, ne connaisse pas un bouleversement radical de sa structure.

94 Enfin, la tour du Bombardier à Longwy, non intégrée à l’enceinte, devait être utilisée comme un dépôt et peut-être comme une terrasse d’artillerie ( Lecoq , 1997 : 76-78). Elle a pu être considérée comme un vestige d’une enceinte antérieure, mais elle témoigne surtout de la nécessité des zones de stockage des poutres et armes à feu. Ces nouveaux éléments de l’architecture militaire, prévus ou adaptés à l’entrepôt de produits instables et explosifs, font encore largement défaut et ne sont, pour le moment, connus qu’au travers des sources écrites ( Corvisier , 1995 : 565-566).

1.2.5.2. Tentatives d’adaptation à l’armement à poudre et réalisation de canonnières

95 Dans bien des cas, les adaptations se limitent à des ouvertures circulaires pratiquées dans les fentes d’archère, comme sur la tour du Marché de Mousson ( Giuliato , 1993a : 186) ou à Void ( Giuliato , 2002a : 39). Des travaux plus importants ont dû être menés pour placer des canonnières à la française, à l’emplacement d’anciennes archères dont l’étrier a été fossilisé par les maçonneries, comme à Épinal 528 ou Ligny-en-Barrois sur la tour Valéran ( Peridon , 1996 : 57).

96 Quelques ouvrages montrent parfois des ouvertures de tir spécifiquement prévues pour l’artillerie. À Vaucouleurs, la tour des Anglais est reprise au second niveau et intègre des orifices de tir circulaires. Un appui, maçonné parfois à la hâte, forme un espace trapézoïdal. Ces niches semblent correspondre à une phase de reprise concentrée autour de la seconde moitié du xv e  siècle ( Giuliato , 1993a : 158-159 ; Giuliato , 2005b : 51-53). Châtel-sur-Moselle fut ainsi entièrement ceinturée d’un nouvel ensemble après 1448 ( Debry , 1975 ; BUR, 1977 ; Giuliato , 1993a). Son nouveau parti défensif semble intégrer des canonnières à orifice circulaire de 20 cm de diamètre et fente de visée verticale sur plusieurs tours. À Saint-Mihiel, la tour quadrangulaire qui forme un front de liaison entre l’enceinte du bourg et celle de l’abbaye est pourvue d’une ouverture similaire, aux proportions sensiblement inférieures. Mais c’est à Metz, sur la porte des Allemands, que plusieurs modules de canonnières, à orifice circulaire et fente de visée dites “à la française”, parfois richement décorées, viennent renforcer une nouvelle barbacane ( Thiriot , 1971 ; Giuliato , 1993a : 164 ; Corvisier , 1995 : 554-565 ; Kuchler , 1997b). Le xvi e  siècle voit donc se développer des meurtrières parfois de grandes dimensions, parmi lesquelles se distinguent celles des murailles de Marville, Pont-à-Mousson, Vic-sur-Seille et Rambervillers. L’archéologie a par ailleurs permis de documenter les premières fentes de tir par épaulement sur la tour Seiligmann à Vaucouleurs, à la porte Haute et sur quelques tours de Liverdun. Ces modèles s’apparentent aux meurtrières connues à la tour du Prévôt de Darney et sur les murailles de Rodemack pour ne citer que ces exemples.

2. EN ALSACE (M. W.)

97 L’objectif de cette contribution est de proposer une approche synthétique sur les enceintes urbaines médiévales à l’échelle de l’Alsace, comparable à celle de la Lorraine. Il convenait notamment de rassembler la documentation jusqu’à présent recueillie, éparpillée dans des publications anciennes, dans des rapports inédits de diagnostics et de fouilles, dans une multitude de notices et de chroniques d’opérations archéologiques, ainsi que dans quelques publications monographiques 529 . La synthèse, susceptible de mettre en valeur les apports spécifiques de la recherche archéologique récente, devait permettre de mesurer les lignes de forces de l’évolution des enceintes urbaines en Alsace et, in fine , d’identifier les points communs et les différences entre les deux régions limitrophes, en s’interrogeant notamment sur le poids des aires d’influences culturelles rhénanes et françaises respectives.

2.1. Construire

2.1.1. les matériaux et leur approvisionnement, 2.1.1.1. la pierre et les terres cuites architecturales.

98 Les matériaux employés dans la construction des enceintes urbaines alsaciennes sont habituellement d’origine locale ou micro-régionale. Compte tenu de l’implantation majoritaire du réseau urbain sur le piémont oriental des Vosges, les différents types de roches rencontrés sont mis à profit. Le matériau le plus employé est le grès qui, dans toutes ses variantes et dans toutes ses nuances, fournit une pierre de construction abondante, non gélive et facile à travailler. Dans les zones non gréseuses ou dans les secteurs de contact géologique, les constructeurs ont utilisé d’autres roches, tels le calcaire (Colmar, Haguenau, Molsheim et Rosheim), le granite (Kaysersberg et Sélestat), le grauwacke (Kaysersberg) et le gneiss (Ribeauvillé). Faute d’analyses pétrographiques et géologiques, qui permettraient l’identification de la nature exacte des roches et de leur provenance, nos connaissances sur les zones d’extraction et sur les modalités d’approvisionnement sont assez imprécises. Les pierres de construction sont le plus souvent débitées sous forme de moellons et de gros moellons, bruts ou ébauchés ; les moellons de grès, de calcaire et de granite ont parfois été équarris. Le grès est, par ailleurs, le matériau quasi exclusivement employé pour les éléments en pierre de taille. Enfin, lorsque les villes ont été implantées dans des vallées, à proximité de lits de cours d’eau à régime torrentiel, les galets ont pu fournir un matériau de construction abondant (Ribeauvillé, Cernay et Thann).

99 Les réseaux d’approvisionnement en pierres de construction des agglomérations de plaine nous échappent en partie. Ces villes, plus ou moins éloignées des zones d’extraction de pierres, ont pu développer, dès le xiii e  siècle, un approvisionnement en matériaux de construction céramiques, produits localement, abondamment et à moindre coût. À Sélestat, la brique, dont l’emploi est encore secondaire dans la construction de la porte Basse dans les premières décennies du xiii e  siècle, est le matériau quasi-exclusif de la surélévation de la tour-porte en 1299. Un processus comparable de substitution de la pierre par la brique est envisageable à Haguenau à la même période, mais souffre de l’insuffisance de preuves archéologiques. On s’étonne en revanche de la pérennité de l’emploi exclusif de moellons de grès et de calcaire à Colmar tout au long du xiii e  siècle. À Strasbourg (à partir du xiii e  siècle) comme à Benfeld (avant 1309), la brique est le matériau de construction dominant. Dans les villes du piémont vosgien, le recours à la brique, pour des réfections ou des modifications ponctuelles, apparaît de façon tardive (à partir du xv e  siècle). Quel que soit l’environnement géologique, les terres cuites architecturales étaient certainement employées, sous forme de tuiles, pour la couverture des tours et des portes. Les informations archéologiques sur cette question sont cependant lacunaires et plutôt tardives 530 .

100 En somme, la plupart des enceintes urbaines sont caractérisées par des sources d’approvisionnement mixtes, associant différentes roches et/ou plusieurs types de matériaux (pierres de taille, moellons, cailloux, galets et terres cuites architecturales). Dans certains cas, plusieurs roches sont indifféremment employées pour les parements des murs. Dans les enceintes en pierre employant de façon prédominante du calcaire, du granite, du grauwacke et du gneiss (Kaysersberg, Molsheim, Ribeauvillé et Rosheim par exemple), l’emploi du grès est limité aux parties des ouvrages défensifs appareillées en pierres de taille (niveau de soubassement, chaînages d’angles, etc.). De même, dans les enceintes en briques (Benfeld, Haguenau, Sélestat et Strasbourg), le grès est employé pour les niveaux de soubassement et les chaînages d’angle en pierres de taille, ainsi que pour certains éléments architecturaux particuliers (consoles, corbeaux, encadrement des portes, etc.). Si les galets sont parfois employés de façon secondaire en parement (Molsheim, Obernai et Ribeauvillé), ils constituent à Thann le matériau de construction prédominant du mur d’enceinte primitif (avant 1296). Exceptionnellement, les galets sont employés de préférence pour la fourrure de murs dont les parements sont maçonnés en moellons (Cernay et Colmar).

2.1.1.2. Les liants

101 Les pierres de construction et les terres cuites architecturales des enceintes urbaines maçonnées d’Alsace sont liées au moyen de mortier de sable et de chaux. Les mortiers se distinguent par leur composition, leur consistance et leur couleur, mais aussi par les inclusions qu’ils comportent (granules, graviers, cailloux ou nodules de chaux) : ces distinctions sont notamment liées à la proportion respective du sable et de la chaux, mais aussi à la nature et à la provenance du granulat employé. Il est vraisemblable que l’approvisionnement en sable soit le plus souvent d’origine locale ou micro-régionale, mais cette hypothèse mériterait d’être mise à l’épreuve d’analyses physico-chimiques et géologiques. Dans les zones géographiques éloignées des affleurements calcaires, les circuits d’approvisionnement en chaux nous échappent.

2.1.1.3. Le bois et le métal

102 La place du bois dans la construction des enceintes médiévales alsaciennes, que l’on serait a priori tenté de qualifier de faible, peut être réévaluée à la lumière du développement conjoint des opérations d’archéologie préventive menées depuis la fin des années 1980 et des expertises dendrochronologiques. Les bois de fondation, les bois d’échafaudage et les bois d’œuvre correspondent à trois types d’usage, qui confèrent à ce matériau un rôle secondaire, mais néanmoins complémentaire par rapport aux autres matériaux de construction.

103 L’usage du bois en fondation n’a été observé que dans le cas de villes de plaine, implantées sur des sous-sols alluviaux humides (argiles, limons, sables et graviers rhénans baignant dans la nappe phréatique). C’est principalement le cas, du xiii e au xv e  siècle, à Strasbourg et, dans une moindre mesure, à Haguenau. Les pilotis de fondation (pilots et radiers) mis au jour y sont exclusivement en chêne ( Schwien , 1990b et 1995a).

104 Le bois d’échafaudage n’a en règle générale pas laissé d’autres traces que les trous de boulin et d’éventuelles empreintes en négatif, les pièces de bois ayant habituellement été placées dans des gaines maçonnées dans l’épaisseur de la maçonnerie, puis retirées à l’issue du chantier de construction. À Kaysersberg, les boulins, noyés dans l’épaisseur du mur de l’enceinte au sud du château (deuxième moitié du xiii e  siècle), n’ont pas été récupérés : il s’agit de pièces de chêne d’un diamètre moyen de 8 cm 531 .

105 La place du bois d’œuvre dans la construction des enceintes urbaines est particulièrement importante pour les ouvrages tels que les tours et les portes : elles peuvent être couvertes par une toiture (charpente et lattis), les étages y être séparés par des planchers (solives et aires de planches) et certains murs être édifiés en pan de bois. Les réseaux d’approvisionnement sont assez mal connus. À Strasbourg, la toiture de la tour pentagonale (place de l’Hôpital), datée de 1491, est essentiellement constituée d’épicéa et de sapin, l’usage d’un bois dur (le chêne) étant réservé à certaines pièces structurellement soumises à des charges importantes ( Werlé , 1999 : 11 ; Waton et alii, 2000). L’approvisionnement de la ville de Strasbourg en bois paraît avoir été en grande partie assuré par flottage depuis la Forêt-Noire. À Sélestat, les planchers de la surélévation de 1299 de la porte Basse sont constitués de solives en chêne, dont la provenance pourrait être micro-régionale 532 . On ne sait presque rien, en revanche, sur la question des pièces d’huisserie pouvant avoir été réalisées en bois (vantaux de porte, herses, etc.).

106 La place du métal dans la construction des enceintes urbaines alsaciennes ne se laisse pas appréhender facilement, compte tenu du caractère ténu des informations archéologiques. Le métal était certainement employé dans le domaine de la charpenterie (clous, épis de faîtage, etc.) et de la menuiserie (serrures, pentures, chaînes, herses ou grilles). À Strasbourg, rue de Zurich, les fondations de la tour Sainte-Catherine, édifiée en 1347, comportent des pilots en chêne dont les pointes sont exceptionnellement renforcées par des sabots en fers, forgés et cloués ( Zumstein , 1970 et 1990 : 111).

2.1.2. La mise en œuvre

2.1.2.1. les systèmes de fondation.

107 Les systèmes de fondation des enceintes urbaines en Alsace dépendent de plusieurs contraintes, en particulier la nature du terrain d’une part, les charges et les poussées qui agissent sur les ouvrages défensifs d’autre part. Il en résulte des situations et des solutions techniques diverses d’une ville à l’autre, que les données archéologiques récentes permettent d’appréhender.

108 L’enceinte de Kaysersberg, de part et d’autre du château, est directement fondée sur le substrat rocheux. En contexte de plaine ou de fond de vallée, lorsque l’enceinte est séparée du fossé, le mur est construit en tranchée étroite (Molsheim) 533 . Mais il s’agit d’un cas relativement exceptionnel car, en Alsace, le mur d’enceinte est le plus souvent bordé par le fossé. Dans ce cas, les murs ont été édifiés à partir du fossé, la base des enceintes reposant directement sur le substrat (Benfeld, Colmar, Ribeauvillé et Rosheim). À Ribeauvillé, le mur d’enceinte extérieur de la Mittelstadt présente à sa base une à deux assises de galets qui forment la fondation, uniquement marquée par un léger ressaut.

109 Le recours à des pilotis de fondation est limité à certaines villes de plaine, implantées sur des sous-sols alluviaux humides et dont les murs d’enceinte sont bordés par des fossés alimentés en eau ou par des cours d’eau. Les vestiges militaires de pilotis les plus anciens, remontant vraisemblablement à la première moitié du xii e  siècle, ont été identifiés à Haguenau : il s’agit cependant de découvertes relativement anciennes, ponctuelles et lacunaires, concernant par ailleurs l’enceinte castrale 534 . C’est à Strasbourg que les murs d’enceinte et les ouvrages défensifs maçonnés, construits à partir du xiii e  siècle, ont été les plus systématiquement fondés sur pilotis. C’est aussi dans cette ville qu’ils ont été les mieux documentés et analysés sur le plan architectural et technique ( Schwien , 1990b : 169-173 ; Schwien , 1995a : 133-137). Les pilotis étaient placés sous le parement externe des enceintes. Ils étaient constitués de deux à trois rangées de pilots placés en quinconce et d’un radier en chêne, pouvant être assemblés par chevillage. Ils permettaient non seulement de prévenir l’affouillement des alluvions sous les fondations par les eaux des fossés, mais aussi d’ancrer dans le substrat les murs, soumis aux poussées qu’exercent sur eux les terrains intra muros vers les fossés.

2.1.2.2. Les maçonneries d’élévation

110 Dans l’état de la recherche archéologique, les murs d’enceinte médiévaux en Alsace sont tous structurellement constitués, en coupe, d’une maçonnerie formée de deux appareils de revêtement couvrant une fourrure. Cette solution est mise en œuvre tant pour les murs édifiés en pierre (Cernay, Colmar, Kaysersberg, Molsheim, Ribeauvillé et Thann) que pour les enceintes essentiellement construites en briques (Benfeld, Haguenau et Strasbourg). L’appareil de revêtement côté ville peut cependant être maçonné avec moins de soin sous le niveau de sol intra muros, cette partie étant enterrée.

111 Les murs d’enceinte sont en règle générale de profil trapézoïdal en partie inférieure et rectangulaire en partie supérieure. Le parement exposé à l’attaque présente en effet fréquemment un fruit, en partie basse ou sur toute la hauteur du mur. La face arrière est souvent pourvue d’un ou plusieurs ressauts, dans sa partie inférieure enterrée. Le fruit et le(s) ressaut(s) augmentent la massivité des murs et contribuent à assurer leur stabilité. Ils sont particulièrement destinés à contenir la force oblique du terrain intra muros vers le fossé, lorsque celui-ci borde l’enceinte.

112 Les informations jusqu’à présent recueillies sur la mise en œuvre des matériaux de construction sont trop peu nombreuses et trop lacunaires pour permettre d’ébaucher une typo-chronologie régionale pour la période considérée. Tout au plus est-il possible d’entrevoir une dégradation de la qualité des appareils entre le début du xiii e et le milieu du xiv e  siècle. À Colmar, la première enceinte urbaine (avant 1236 ?) présente un appareil réglé de moellons équarris de grès et de calcaire, dont certains sont posés de chant et en épi ( Rohmer , 2000 : 12, 16). Les premières enceintes maçonnées de Cernay (avant 1268) et de Rosheim (1262-1267 ?) emploient des moellons ébauchés et équarris disposés en appareil assisé ; à Rosheim, certaines assises y sont composées de moellons placés en épi (opus spicatum) ( Peter , 1987, 1988b et 1990). Les enceintes d’Obernai (1262-1282), de Molsheim (début du xiv e  siècle), de Dambach (à partir de 1323) et l’enceinte extérieure de la Mittelstadt à Ribeauvillé (fin du xiii e  siècle - 1341) présentent en revanche des appareils grossièrement assisés ou irréguliers, constitués de matériaux de taille et de forme variable. Les maçonneries en briques, quant à elles, sont caractérisées par des appareils à assises régulières. Les appareils en pierre de taille, relativement exceptionnels, sont limités à certains ouvrages défensifs, telles les tours-portes de la première enceinte de Rosheim.

113 L’une des principales particularités architecturales des enceintes urbaines alsaciennes est le caractère récurrent du recours aux pierres à bossage rustique. Il s’agit là d’une forme caractéristique de l’architecture militaire, notamment employée dans le domaine de l’architecture castrale alsacienne. Dans l’état de la recherche, les appareils en pierres à bossage rustique ne paraissent toutefois avoir été mis en œuvre qu’exceptionnellement dans la construction des murs d’enceinte eux-mêmes. À Strasbourg, la pérennité des niveaux de soubassements en appareil à bossage rustique est remarquable du xiii e au milieu du xv e  siècle : les murs en briques fondés sur pilotis étaient habituellement revêtus à la base de quatre à cinq assises de pierres de taille à bossage rustique de grand appareil à joints vifs ( Schwien et alii, 1999) (fig. 292). En dehors de Strasbourg, la première enceinte de Rosheim (1262-1267 ?) est la seule à présenter, à la base du parement externe, quatre assises de moellons équarris à bossage rustique, en grès de moyen appareil ( Peter , 1987, 1988b et 1990). À Strasbourg comme à Rosheim, les pierres portaient des trous de pince de levage et des signes lapidaires simples ou composés (marques de pose et/ou de tâcherons) ( Schwien , Keller , 1994).

114 C’est surtout sur les ouvrages tels que les tours-portes, les tours et les portes d’eau (Wissembourg) que l’emploi de pierres à bossage rustique est le plus systématique. Les niveaux de soubassement et les chaînages d’angle des tours-portes et des tours, ainsi que les contreforts des herses encadrant les portes étaient très fréquemment appareillés en pierres à bossage rustique. À Strasbourg, ce type d’appareil est étendu à l’ensemble du premier niveau de la face exposée à l’attaque de la porte de l’Hôpital (Spitaltor). Dans certains cas, les encadrements des portes, des arcades ( Niedertor à Sélestat et Metzgertor à Ribeauvillé) et des archères ( Niedertor à Wangen) étaient appareillés en pierres à bossage. À Westhoffen, une pile maçonnée de pont en bois, mise au jour en avant d’une porte de ville, était également édifiée en pierres à bossage rustique ( Haegel , 1984). In fine , si l’on ne tient pas compte des ouvrages de plan circulaire (dépourvus d’angles) et des ouvrages en briques (pour lesquels des chaînages d’angle en pierre ne sont pas systématiques), les tours et les portes dépourvues de pierres à bossage rustique sont assez exceptionnelles (tours-portes à Rosheim).

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Fig. 292. Strasbourg (Bas-Rhin). Esplanade, rue Pierre-Montet. Enceinte du faubourg oriental de la ville (1404-1441, tronçon daté par dendrochronologie vers 1406), échelle 1/100, d’après Henigfeld , 1988c : vol. 2, pl. XXV et Keller , 1992c : fig. 12 et 13. Élévation externe du mur en briques, parementé à la base en pierres de taille à bossage rustique en grès, fondé sur pilotis en bois ; poterne (à gauche) et trous de boulin (dans la partie droite). DAO : M. Werlé/PAIR.

115 Si les échafaudages indépendants du mur (sur tréteaux ou sur perches) n’ont laissé aucune trace, l’étude archéologique des vestiges conservés en élévation a apporté des éléments d’information relatifs aux systèmes d’échafaudage encastrés. Cette approche est conditionnée par l’identification et l’analyse des trous de boulin. À Kaysersberg, les boulins de section circulaire, d’un diamètre moyen de 8 cm, ont été noyés dans l’épaisseur du mur d’enceinte au sud du château (deuxième moitié du xiii e  siècle), de sorte qu’ils n’ont pas été retirés de la maçonnerie ; leur disposition témoigne vraisemblablement d’un échafaudage encastré à bascule 535 . Dans l’enceinte intérieure de Rosheim (1262-1267 ?), le système d’échafaudage était constitué d’un premier niveau de boulins de section ronde (7 cm), noyés dans la maçonnerie ; les niveaux supérieurs, installés dans des gaines maçonnées, étaient de section quadrangulaire (10 cm de côté). La disposition des boulins traversants témoigne d’un échafaudage encastré sur perches ( Peter , 1987, 1988b et 1990). À Sélestat (surélévation du Niedertor en 1299) et à Strasbourg (tour pentagonale édifiée à la fin du xiii e ou au début du xiv e  siècle), les boulins traversants étaient placés dans des gaines de section quadrangulaire, maçonnées dans l’épaisseur des murs de ces ouvrages turriformes en briques. Ils s’accordent avec des échafaudages encastrés à un rang de perche.

2.2. Protéger et défendre la ville

2.2.1. les obstacles ou la défense passive, 2.2.1.1. les enceintes en terre.

116 C’est d’abord par le biais des sources écrites que la question de l’existence d’agglomérations fortifiées en terre et en bois a été posée en Alsace 536 . L’apport de l’archéologie à cette question a été jusqu’à aujourd’hui extrêmement limité ( Nilles , 2006a : 120-121).

117 L’existence d’enceintes en terre en contexte urbain, progressivement remplacées par des enceintes maçonnées, est envisageable à Haguenau tout au long du développement topo-chronologique de la ville, mais les preuves archéologiques font défaut 537 . À Sélestat, les flancs de la tour-porte (Niedertor) datée de la première moitié du xiii e  siècle ne montrent aucune trace de liaison ou d’arrachement, indiquant que l’ouvrage d’entrée a été édifié avant le mur d’enceinte 538 . Cette observation suggère aussi l’hypothèse d’une enceinte originellement constituée d’une levée de terre, d’où auraient émergé des tours-portes maçonnées. À Strasbourg, la question d’une enceinte en terre se pose pour une partie au moins du front méridional de l’enceinte épiscopale. En effet, la tradition historiographique date ce front défensif de la première moitié du xiii e  siècle, alors que plusieurs tronçons maçonnés observés semblent bien plus tardifs ( xv e  siècle). En revanche, une levée de terre, large de 8 m et conservée sur une hauteur de 1,60 m, a été ponctuellement observée en fouille ( Nilles , 2001 et 2005b) 539 . Elle est constituée d’apports de matériaux provenant, semble-t-il, du creusement du fossé. Le caractère défensif de cet aménagement mériterait d’être confirmé et sa datation précisée par des investigations complémentaires.

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Fig. 293. Rosheim (Bas-Rhin). Maison de retraite, place de la Mairie - rue des Bouchers, échelle 1/200, d’après Peter , 1987. Coupe du fossé, de la levée de terre ( xiii e  siècle, avant 1262-1267 ?) et de l’enceinte maçonnée intérieure de la ville (1262-1267 ?). DAO : M. Werlé/PAIR.

118 Le cas de Rosheim, surtout, mérite une attention particulière. La chronique de Richer de Senones rapporte que, lors de l’invasion lorraine de 1218, Rosheim était fortifiée au moyen d’un fossé (vallum), associé à des portes ( Muller , 1978 : 38, note 89). L’existence d’un fossé suggère celle d’un rempart en terre. Or, en 1987, une opération de fouille a montré l’existence d’une levée de terre en arrière de la première enceinte maçonnée ( Peter , 1987, 1988b et 1990) (fig. 293). L’hypothèse d’une éventuelle fonction militaire de cet aménagement n’avait pas alors été envisagée. La levée de terre, conservée sur une hauteur de 1,70 m par rapport au sol ancien, se développe sur une largeur de 9 m et une hauteur de 4,85 m depuis le fond du fossé, lui-même large d’environ 9 m. Elle a été aménagée sur un niveau d’occupation antérieur, au moyen des déblais provenant du creusement du fossé. À l’issue de la fouille, une relation chronologique de contemporanéité avait été supposée entre le creusement du fossé, l’érection de la levée de terre et la construction de l’enceinte maçonnée. Une datation imprécise, dans le courant du xiii e  siècle, a été proposée. En dépit du risque qui consiste à revenir sur le résultat de fouilles anciennes, un autre scénario chronologique mériterait d’être examiné, tenant compte des orientations actuelles de la recherche. Il est en effet envisageable que l’enceinte primitive, édifiée avant 1218, ait consisté en cette levée de terre associée au fossé 540 . Le mur pourrait quant à lui avoir été construit entre 1262 et 1267, comme le suggèrent les sources écrites.

119 Ainsi, il semble apparaître, en Alsace, un modèle d’évolution déjà reconnu ailleurs en Europe, selon lequel le creusement du fossé et l’édification d’une levée de terre, éventuellement associés à des portes maçonnées, constituent un premier élément défensif, permettant par ailleurs de délimiter rapidement les contours matériels et juridiques de l’agglomération. Ce stade de développement, pouvant être durable ou au contraire transitoire, précèderait l’édification de murs d’enceinte maçonnés ( Renoux , 1994 : 79 ; Salamagne , 2002 : 14-22, 79-80). Les dernières enceintes médiévales en terre (avec des portes maçonnées) de Strasbourg, suggérées par les sources écrites uniquement, ne disparaissent au profit de murs que dans le dernier quart du xiv e (faubourg ouest) et dans la première moitié du xv e  siècle (faubourg de la Krutenau) ( Schwien et alii, 1999 : 141-142).

2.2.1.2. Les enceintes maçonnées

120 Les opérations archéologiques récentes ont essentiellement porté sur les murs d’enceinte. Les vestiges mis au jour en diagnostic et en fouille étaient le plus souvent arasés sous le niveau de sol actuel. Les études archéologiques des murs conservés en élévation, en revanche, ont été très peu nombreuses, alors qu’ils constituent a priori des vestiges plus accessibles, offrant notamment un potentiel documentaire considérable relatif aux circulations et à la défense sommitale. Il en résulte que, sur ces questions, les informations archéologiques recueillies jusqu’à aujourd’hui sont lacunaires et imprécises.

121 Mais les plus grandes incertitudes sont liées aux carences des données en matière de chronologie et de datation. Il est certain que les travaux de B. Metz, fondés sur l’exploitation des informations et des indices que fournissent les sources écrites, contribuent largement à préciser les datations 541 . Il n’en demeure pas moins que d’importantes incertitudes, portant sur tout ou partie des enceintes et/ou des systèmes défensifs urbains, subsistent dans la plupart des cas. Concernant les enceintes les plus anciennes (celles réputées construites en dur au xii e et jusqu’après le milieu du xiii e  siècle), les enceintes extérieures basses (braies et fausses-braies) et les enceintes de réunions, les datations fournies par les sources écrites n’ont presque jamais été confrontées à d’autres critères de datation, qu’ils soient archéologiques ou archéométriques.

122 À l’heure actuelle, les enceintes les mieux datées d’Alsace sont celles construites à Strasbourg à la fin du Moyen Âge, car les dates rapportées par les chroniqueurs contemporains ont été confirmées et précisées par des analyses dendrochronologiques sur les pilotis de fondation en bois 542 . Ces cas de figure sont exceptionnels. Les autres datations archéométriques (dendrochronologie et thermoluminescence), très peu nombreuses, doivent être considérées avec précaution tant qu’elles n’auront pas été confirmées 543 .

- Régularité et irrégularité des tracés

123 Il n’existe pas, en Alsace, de ville médiévale dont l’enceinte ait un plan géométrique, leur tracé étant presque toujours plus ou moins irrégulier. Il est en général possible d’y déceler l’influence de noyaux de peuplement, d’implantations préexistantes ou de la topographie du site. Les tracés courbes, fréquents, paraissent être souvent traités par segments, de sorte que les courtines sont habituellement rectilignes, présentant des brisures sous la forme d’angles saillants ou rentrants. Les angles arrondis semblent assez peu courants. Toutefois, certaines enceintes ont un tracé pouvant être en partie irrégulier et en partie régulier (l’enceinte de Saint-Hippolyte, par exemple, présente des angles droits), ou alors un tracé irrégulier tendant vers une forme géométrique (les enceintes de Cernay et de Riquewihr tendent vers un plan quadrangulaire ; celles d’Eguisheim s’approchent d’un tracé circulaire). Il est cependant vraisemblable qu’aucune enceinte urbaine alsacienne n’a été entièrement construite ex nihilo, même si certaines intègrent des secteurs où les contraintes des agglomérations anciennes et de la topographie peuvent avoir été absentes ou suffisamment faibles pour permettre, le cas échéant, de tendre vers un tracé régulier.

- La structure du mur d’enceinte : massivité et résistance de l’obstacle

124 Il résulte, du fruit et du (des) ressaut(s) que présentent les enceintes, une épaisseur pouvant décroître assez sensiblement entre la base et le sommet du mur 544 . Les principales difficultés d’une analyse morphologique et métrique de l’épaisseur des murs d’enceinte tiennent, d’une part, dans le caractère fréquemment imprécis des informations disponibles (les études anciennes ne signalant pas toujours à quel niveau de l’enceinte la mesure est prise), d’autre part dans les incertitudes liées aux datations. Quoi qu’il en soit, il apparaît que l’épaisseur des murs est extrêmement variable. Les fondations peuvent être épaisses de 0,85 m (au niveau de l’arase) à plus de 2 m (à la base), la puissance moyenne de l’arase des fondations étant de l’ordre de 1,40 m 545 . En élévation, l’épaisseur des murs d’enceinte varie de 0,85 à 1,60 m, la puissance moyenne étant d’environ 1,20 m 546 . Parmi les murs les plus faibles (mesurant moins de 1 m au niveau de la base de l’élévation) figurent des villes de tailles variables, notamment les enceintes de Colmar (1251), de Thann (avant 1296), de Benfeld (avant 1309) et de Zellenberg (avant 1315). L’enceinte d’Obernai (1262-1282), épaisse en élévation de 1,30 à 1,52 m, a une puissance légèrement supérieure à la moyenne.

125 Les observations archéologiques récentes ont le plus souvent porté sur des murs arasés sous le niveau de sol actuel ; même dans ce cas, ils peuvent être conservés sur des hauteurs considérables, atteignant parfois plus de 4 m 547 . Les enceintes urbaines conservées en élévation, avec ou sans leur parapet crénelé, sont fréquemment hautes de 6 à 10 m du côté du fossé, qui selon les cas peut être partiellement ou entièrement comblé. Il semble que les murs d’enceinte aient à l’origine pu être hauts de 9 à 10 m : tel est encore le cas à Dachstein, à Molsheim, à Obernai, à Ribeauvillé et à Rosheim, l’enceinte de Riquewihr culminant à 12 m de hauteur 548 . Des exhaussements de murs sont cependant tout à fait envisageables. À Kayserberg, la hauteur de l’enceinte urbaine au sud du château est ainsi doublée au cours du Moyen Âge 549 .

2.2.1.3. Les fossés

126 Le fossé est quasiment inséparable du mur d’enceinte, qui fait le plus souvent office de mur d’escarpe 550 . Les fossés sont creusés lorsqu’il n’existe pas de cours d’eau préexistant. Ils sont habituellement à fond plat, leur largeur variant le plus souvent de 10 à 20 m. Le fossé de l’enceinte intérieure de Rosheim, qui initialement paraît avoir fonctionné avec une enceinte en terre, est atypique du fait de son profil en “V” et de sa faible largeur (9 m) ( Peter , 1987, 1988b et 1990) 551 (fig. 293). Les informations archéologiques sur les fossés, somme toute peu nombreuses, font état de profondeurs variant de 1,20 à près de 4 m, conditionnées notamment par le niveau d’apparition du substrat et/ou de la nappe phréatique (Strasbourg).

127 Il est probable que les contrescarpes n’aient, à l’origine, pas été revêtues par un mur. À Thann, la contrescarpe de la première enceinte, édifiée à la fin du xiii e  siècle, est talutée. À Ribeauvillé, la contrescarpe du fossé de l’enceinte extérieure de la Mittelstadt (fin du xiii e  siècle-avant 1341) est constituée par la paroi évasée du creusement 552 . À Rosheim, la contrescarpe du fossé de l’enceinte extérieure est talutée, de même que la contrescarpe du fossé de Soulzbach-les-Bains. La plupart du temps, les contrescarpes maçonnées ne sont pas datées. Lorsqu’elles le sont, par dendrochronologie notamment, elles s’avèrent toujours postérieures au mur d’enceinte 553 .

128 Des cunettes au fond du fossé ont été observées en fouille à Bergheim (fossé de l’enceinte basse extérieure) ( Fuchs , 2001 et 2003) et à Ribeauvillé (fossé de l’enceinte extérieure de la Mittelstadt ) 554  : destinées à recueillir les eaux de pluie, elles pourraient s’accorder avec des fossés habituellement secs. L’alimentation en eau du fossé, lorsqu’elle est possible, est assurée par la dérivation d’un cours d’eau naturel (Bergheim, Molsheim et Strasbourg). La présence de couches hydromorphes, tapissant le fond du fossé et témoignant peut-être de phénomènes de stagnation d’eau, est signalée à Haguenau, à Molsheim et à Strasbourg. Il importe cependant de souligner que les approches géomorphologiques, archéozoologiques et archéobotaniques, qui permettraient de préciser l’origine des fossés, leur mode d’alimentation en eau, leurs fonctions secondaires éventuelles et les modalités de leur comblement, demeurent exceptionnelles ( Schwien , Schneider , 1988) 555 . De la même manière, les informations manquent quant aux systèmes d’alimentation et de gestion de l’eau dans les fossés.

2.2.1.4. Les enceintes extérieures (braies et fausses-braies)

129 Un quart des villes médiévales d’Alsace paraît avoir disposé d’une deuxième enceinte, elle-même précédée d’un fossé, enveloppant l’enceinte principale. Selon les contraintes de la mise en défense de fronts exposés à l’attaque et/ou de la topographie, l’enceinte extérieure double entièrement ou en partie seulement le corps de place. Faute de données topographiques et archéologiques, il est bien souvent impossible de dire s’il s’agit d’une braie ou d’une fausse-braie, cette dernière impliquant l’existence d’un rempart de terre entre le corps de place et l’enceinte extérieure. Les coupes de ces systèmes défensifs, réalisées par F. Jaenger pour Bergheim (1930), Ribeauvillé (1926) et Riquewihr (1938), ne permettent pas toujours de trancher cette question. À Molsheim, les sources archéologiques et iconographiques attestent de l’existence d’une enceinte extérieure basse, dont la hauteur initiale nous échappe 556 .

130 La datation des enceintes extérieures est, dans une certaine mesure, encore plus problématique que celle des enceintes intérieures, tant les indices de datation sont ténus et mal assurés 557 . Il apparaît cependant que certaines enceintes extérieures ont été édifiées avant la fin du xiii e et dans le courant du xiv e  siècle. Les sources écrites suggèrent en effet que le front nord de l’enceinte épiscopale de Strasbourg a été doublé dès le xiii e  siècle ; le front méridional, quant à lui, n’aurait été partiellement renforcé d’une enceinte extérieure qu’en 1313 ( Schwien et alii, 1999 : 139). À Ribeauvillé, l’édification de l’enceinte extérieure de la Mittelstadt, fortifiée avant 1290, a été datée, d’après les données archéologiques et topochronologiques, entre la fin du xiii e  siècle et 1341 558 . Les sources écrites, qui livrent peu d’informations sur la question de la datation des enceintes extérieures, indiquent que celle de Rouffach existe en 1346, celle de Cernay en 1418 559 . À Eguisheim et à Cernay, la construction d’une enceinte extérieure paraît avoir provoqué un processus d’abandon des enceintes primitives 560 .

2.2.2. Les tours de flanquement

2.2.2.1. les carences de la documentation disponible.

131 Sur la question des tours, il n’existe, à l’heure actuelle, aucune étude de synthèse. C’est que la tâche serait considérable, compte tenu du nombre, de l’accessibilité parfois difficile et de la complexité archéologique des vestiges conservés, dont l’inventaire reste par ailleurs à entreprendre. Le seul outil disponible est l’ Atlas des villes médiévales d’Alsace, dirigé par F. -J. Himly (1970), qui figure les tours et les flanquements. Dans le détail toutefois, les plans proposés ne sont pas fiables, comportant des schématisations, des approximations et/ou des erreurs 561 .

132 Des informations, somme toute assez imprécises et peu nombreuses, sont dispersées dans les études portant sur les enceintes de plusieurs villes alsaciennes (Andlau, Bergheim, Bouxwiller, Dachstein, Guebwiller, Guémar, Molsheim, Obernai, Ribeauvillé, Riquewihr, Rosheim, Strasbourg, Wangen, Wihr-au-Val et Zellenberg). Jusqu’à la fin des années 1980, une seule publication monographique portait sur une tour d’enceinte, dont les vestiges ont été observés en fouille en 1969 par H. Zumstein : il s’agit de la tour Sainte-Catherine à Strasbourg ( Zumstein , 1970 et 1990).

133 Depuis lors, le corpus des tours étudiées n’a pas été considérablement augmenté par le biais des opérations archéologiques menées en Alsace de 1985 à 2005. À Haguenau (dans le cadre d’un suivi de travaux) et à Thann (dans le cadre d’une fouille préventive), des vestiges de tours ont été très ponctuellement observés 562 . À Bouxwiller et à Cernay, trois tours circulaires arasées ont été mises au jour en fouille 563 . Trois autres tours, à Kaysersberg, à Obernai et à Rosheim, ont été l’objet d’une approche architecturale externe 564 . Enfin, l’archéologie du bâti n’a trouvé un véritable champ d’application dans le domaine des tours qu’à deux reprises, à Benfeld (tour d’angle dite Hexenturm ) ( Meyer , Hamm , 1990) et à Strasbourg (tour pentagonale, place de l’Hôpital) ( Werlé , 1999 ; Waton et alii, 2000). Au total, cet échantillon n’est absolument pas représentatif du potentiel archéologique que constituent, en particulier, les vestiges conservés en élévation.

134 Dans presque tous les cas subsistent d’importants problèmes de chronologie relative et de datation, de sorte que la présente contribution repose sur des fondements très instables. En effet, en l’absence d’approches archéologiques des élévations conservées, la relation stratigraphique que les tours entretiennent avec les courtines nous échappe presque toujours. Par ailleurs, l’écrasante majorité des tours n’est pas datée ou l’est de façon incertaine et imprécise. À l’heure actuelle, à l’exception des fondations de la tour Sainte-Catherine et de la toiture d’une tour pentagonale à Strasbourg, aucune tour d’enceinte médiévale alsacienne n’a fait l’objet d’une expertise dendrochronologique, alors que ces entités sont a priori susceptibles de conserver des bois d’œuvre (planchers, linteaux, charpentes, boulins, etc.).

2.2.2.2. La diversité des dispositifs de flanquement

135 B. Metz a proposé, dans sa contribution, de grouper les enceintes urbaines alsaciennes en trois ensembles, en fonction de l’importance du flanquement dans le système défensif 565 . Le premier ensemble réunit une dizaine de villes, qui paraissent n’avoir été dotées d’aucune tour. C’est le cas, notamment, de plusieurs enceintes édifiées dans le dernier quart du xiii e et dans la première moitié du xiv e  siècle (Boersch, Brumath, Dachstein, Dambach, Eguisheim, Marckolsheim, Munster et Woerth). Le deuxième ensemble, le plus important, regroupe les enceintes urbaines qui ne comportent que quelques tours, le plus souvent placées aux angles et/ou sur les brisures saillantes. Cet ensemble est très hétérogène, puisqu’il est constitué de très petites villes, pour lesquelles peu de tours suffisent à renforcer efficacement la défense 566 , et, à l’inverse, de villes telles que Colmar, Haguenau, Molsheim, Mulhouse et Rouffach ; celles-ci, concentrant à des degrés divers des fonctions de centres religieux, politiques et/ou économiques, ne disposent en effet pas des flanquements que l’on se serait attendu à trouver. Enfin, le troisième ensemble est constitué d’une douzaine de villes dont le flanquement est satisfaisant 567 . Parmi-elles, figurent notamment Strasbourg, Wissembourg et Obernai. L’enceinte intérieure de cette dernière ville, édifiée avant 1283, se distingue par un souci exceptionnel de systématisation du flanquement et de régularisation de l’espacement des tours.

136 Les logiques susceptibles de conditionner l’importance des flanquements nous échappent en grande partie. Qu’elles soient topographiques, militaires, politiques, économiques ou symboliques, elles rendent infinie la diversité des dispositifs, qui mériteraient d’être analysés au cas par cas. Comment expliquer, par exemple, que l’enceinte de Dambach, commencée en 1323, soit dépourvue de flanquement, alors que celle d’Obernai, qui défend à cette époque une agglomération bien moins étendue, soit dotée de vingt-deux tours ? De la même manière, on ne comprend pas a priori pourquoi, à Molsheim, deux tours en fer à cheval sont isolées au milieu des fronts nord et sud de l’enceinte. Dans d’autres cas, comme à Bergheim, l’enceinte primitive construite à partir de 1311 est quasiment dépourvue de flanquement, alors que le front nord de l’enceinte extérieure basse est flanqué de six tours ( Jaenger , Schmitt , 1930).

2.2.2.3. La diversité des plans

137 Si la forme des entrées de villes de l’Alsace médiévale s’inscrit toujours dans le modèle de la tour-porte et dans ses quelques déclinaisons, il ne semble pas qu’il y ait eu de type de tour dominant. Il est possible de distinguer trois groupes principaux de tours, en fonction de la forme qu’elles adoptent en plan :

les tours circulaires, parmi lesquelles figurent aussi les tours semi-circulaires et en fer à cheval ;

les tours quadrangulaires, qui comportent les tours de plan carré, les saillies quadrangulaires et les tours d’angle en équerre ;

les tours de plan polygonal, constituées essentiellement de tours pentagonales et octogonales.

- Les tours circulaires, semi-circulaires et en fer à cheval

138 Les tours de plan circulaire sont fréquentes, mais les informations les concernant sont peu nombreuses, partielles et lacunaires. L’une, dont il ne subsiste que les vestiges arasés, a été mise au jour en fouille à Cernay 568 . Les autres, à Guémar et à Zellenberg, n’ont fait l’objet que d’une courte description, éventuellement complétée par un plan sommaire, dans une étude portant sur le système défensif de ces villes ( Jaenger , 1927). Aucune de ces tours n’est datée avec assurance. Celle de Cernay pourrait toutefois appartenir à la première enceinte de la ville, contre laquelle elle est adossée ; cette enceinte est datée d’avant 1268 569 . Il est possible que les tours circulaires de Guebwiller, fortifiée avant 1271, relèvent de cette même génération de flanquement. Celles de Guémar et de Zellenberg, si elles appartenaient aux enceintes primitives de ces villes (ce qui n’est pas assuré), pourraient être datées de la fin du xiii e ou du premier quart du xiv e  siècle (respectivement avant 1315 et avant 1325). Le diamètre de ces tours varie entre 5,80 et 7,50 m, leurs murs étant épais de 1,50 à 2 m à la base.

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Fig. 294. Ribeauvillé (Haut-Rhin). Poterne à herse flanquée par une tour semi-circulaire armée d’archères (rue Klobb). Cliché M. -Ph. Scheurer, 2001 © Inventaire général/ADAGP.

139 Des tours semi-circulaires sont signalées assez fréquemment, en particulier, semble-t-il, dans les dernières décennies du xiii e  siècle. À Wihr-au-Val, quatre tours semi-circulaires, dont une au moins était ouverte à la gorge, défendaient l’enceinte édifiée avant 1279 ( Goehner , 1924 : 238-239). À Wangen, l’enceinte mentionnée pour la première fois en 1287 était également défendue par trois tours semi-circulaires ouvertes à la gorge, dont l’une, conservée sur une hauteur de 5 m, a un diamètre de 6 m ( Jaenger , 1949). À Ribeauvillé, l’enceinte de l’ Altstadt, fortifiée avant 1290, conserve trois tours semi-circulaires ouvertes à la gorge, mesurant respectivement 4,20, 5,80 et 7 m de diamètre. L’une d’elles (rue Klobb), conservée sur une hauteur de 8 m, flanque une poterne ( Jaenger , 1926 : pl. 13, n os 8-10) (fig. 294). Des tours de plan en fer à cheval sont signalées à Molsheim ( Oswald , 1994a : 33-34) et à Rosheim ( Muller , 1979 : 42-46 ; Bretz , 1994, 1995a et b). Mais c’est surtout l’enceinte intérieure d’Obernai qui en conserve le plus grand nombre, les tours en fer à cheval constituant un ensemble exceptionnel, homogène d’un point de vue architectural et cohérent d’un point de vue défensif, par le caractère presque systématique et assez régulier du flanquement. Ces tours ouvertes à la gorge sont construites à cheval sur l’enceinte, de sorte que leur face semi-circulaire fait légèrement saillie sur l’extérieur (fig. 295 et 296). L’épaisseur des murs, de l’ordre de 1,15 m en moyenne côté ville, est renforcée du côté de l’attaque (jusqu’à 1,85 m). Ces tours ont presque toutes été abaissées ultérieurement. Une seule, sur le front oriental de l’enceinte, semble conserver sa hauteur initiale (plus de 13,50 m par rapport au sol actuel intra muros ). Des corbeaux en grès en quart-de-rond signalent trois étages, l’ouverture à la gorge étant couverte, côté ville, par une arcade brisée. Le mode de couverture primitif (plate-forme sommitale ou toit) nous échappe ( Braun , 1970 : 72-77, fig. 14 ; Maurer , 1975 : 42-43) 570 . En l’absence d’étude archéologique du bâti, la chronologie relative entre les tours en fer à cheval et l’enceinte demeure indéterminée. Cependant, leurs caractéristiques stylistiques et techniques permettent d’envisager une datation entre 1262, date à laquelle Obernai n’est pas encore fortifiée, et 1283, année de la première mention de l’enceinte urbaine 571 .

- Les tours quadrangulaires

140 Les tours de plan quadrangulaire étaient assez répandues en Alsace. À Strasbourg, la première enceinte médiévale maçonnée, édifiée (au moins en partie) dans la première moitié du xiii e  siècle, était flanquée (dès l’origine ?) de vingt-cinq tours carrées, dont cinq sont conservées en élévation 572 . Les quatre tours des Ponts Couverts, dont deux étaient construites sur des îles et deux autres sur chacune des berges de la rivière, défendaient l’entrée de l’Ill dans la ville. Ces hautes tours maçonnées en briques étaient reliées entre elles par des ponts couverts en bois (bedeckten Brücken), mentionnés pour la première fois en 1300. Bien qu’elles constituent des monuments emblématiques de Strasbourg et qu’elles concentrent sur elles des questions historiques importantes (d’ordre militaire, technique et chronologique notamment), ces tours n’ont jamais fait l’objet d’une étude archéologique ( Schwien et alii, 1994b : 79) 573 .

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Fig. 295. Obernai (Bas-Rhin). Tour en fer à cheval ouverte à la gorge, vue depuis l’extérieur. Cliché J. Erfurth, 1980 © Inventaire général/ADAGP.

141 À Wissembourg, le Pulverturm, au nord-est de l’enceinte urbaine, est une tour de plan carré ouverte à la gorge. Elle semble pouvoir être datée de la deuxième moitié du xiii e  siècle 574 . À Riquewihr et à Thann, de hautes tours d’angle, non saillantes par rapport à l’enceinte, sont construites semble-t-il suivant un schéma analogue : le Hellerturm , dans l’angle sud-ouest de l’enceinte de Riquewihr, et la tour d’angle sud-est de la première enceinte de Thann mesurent entre 5,50 et 5,80 m de côté. N’ayant jamais fait l’objet d’une étude archéologique, elles ne peuvent donc être datées qu’avec réserve de la fin du xiii e  siècle : Riquewihr est en effet fortifiée à partir de 1291, Thann avant 1296 575 . À Benfeld, la tour d’angle ouest (Hexenturm) de l’enceinte urbaine n’est conservée que sur un niveau. De plan carré (8 x 8 m), elle se distingue des précédentes par sa disposition en oblique et en saillie par rapport aux courtines. Ses murs sont épais de 1,90 m environ. La tour a été datée de la fin du xiii e ou des premières années du xiv e  siècle, Benfeld ayant probablement été fortifiée autour de 1300, certainement avant 1309 ( Meyer , Hamm , 1990 ; Hamm , Waton , 1990) 576 .

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Fig. 296. Obernai (Bas-Rhin). Tour en fer à cheval ouverte à la gorge, vue depuis l’intérieur. Cliché J. Erfurth, 1980 © Inventaire général/ADAGP.

142 Vers le milieu du xiv e  siècle a été édifiée à Strasbourg la tour Sainte-Catherine, à l’extrémité de la fausse-braie protégeant une partie du front sud de l’enceinte. Les vestiges arasés de cette tour ont été étudiés en fouille en 1969 ( Zumstein , 1970 et 1990). Il s’agit d’un ouvrage de plan presque carré (8,90 x 8,80 m), dont les murs, épais à la base de 1,80 à 1,90 m, étaient fondés sur pilotis. La date de construction de la tour, signalée par les sources écrites en 1346, a été corrigée et précisée par l’expertise dendrochronologique du pilotis, qui place l’abattage des bois en 1347. D’après les sources iconographiques, cette tour ne se distinguait pas radicalement des tours des Ponts Couverts par son aspect extérieur. Des flanquements de plan carré ont encore été construits à Strasbourg jusque dans le dernier quart du xiv e  siècle. Ainsi, l’enceinte du faubourg ouest, édifiée en maçonnerie entre 1374 et 1390, intègre cinq tours carrées (disparues, non étudiées) légèrement saillantes. L’enceinte projetée en 1432 à Andlau, dont la construction est en cours en 1442, est également flanquée de quelques tours carrées (dont le Hexenturm, conservé) ( Mengus , 2000).

143 Une autre forme de flanquement attestée en Alsace est constituée par des saillies quadrangulaires, observées de façon très sommaire à Molsheim et à Obernai. À Molsheim, au moins trois ouvrages de ce type sont placés à intervalles réguliers sur le front occidental de l’enceinte urbaine. Longs de 4,70 m, ils devaient permettre de commander les courtines par un tir de flanquement ( Oswald , 1994a : 34). À Obernai, cinq saillies quadrangulaires flanquent la partie nord-ouest de l’enceinte. Elles sont longues de 5,35 à 5,48 m et font saillie de 0,88 à 1,17 m par rapport aux courtines ( Braun , 1970 : 73-75). La relation stratigraphique de ces tours avec l’enceinte, leur mode de fonctionnement (accès, circulation, etc.) et leur couronnement primitif sont inconnus. Ces flanquements, qui renforcent des enceintes édifiées dans la deuxième moitié du xiii e et/ou au début du xiv e  siècle, ne sont pas datés 577 .

144 Le tronçon de l’enceinte urbaine de Kaysersberg, qui s’étend au nord de la basse-cour du château, est édifié sur la forte pente d’un éperon rocheux 578 . L’enceinte, dominant la ville, est pourvue d’un ouvrage d’angle turriforme. Ses murs, épais de 1,77 m, dessinent un plan en équerre de 6 m de côté. Conservé sur une hauteur de 9,60 m, l’ouvrage comporte au moins trois niveaux séparés par des planchers (disparus) portés par des corbeaux en grès. L’éventuelle fermeture interne (murs en pan de bois ?), le mode de fonctionnement (accès, circulation, etc.) et l’aspect du couronnement nous échappent. Le plan de cet ouvrage atypique, daté vers 1370-1380, témoigne d’une solution architecturale apportée à une contrainte topographique d’implantation sur une paroi rocheuse abrupte, empêchant de construire une tour d’angle de plan massé.

- Les tours de plan polygonal

145 Les tours circulaires, semi-circulaires, en fer à cheval et quadrangulaires sont les formes les plus fréquentes des flanquements en Alsace. Par comparaison, les tours de plan polygonal apparaissent exceptionnelles. Elles constituent, le plus souvent, des isolats au sein des systèmes défensifs mis en œuvre. L’étude archéologique des élévations de la tour pentagonale, place de l’Hôpital à Strasbourg, a même montré que le plan de cet ouvrage est pour ainsi dire “accidentel” : il est hérité d’un état architectural antérieur, daté du deuxième quart du xiii e  siècle, correspondant à la mise en défense de l’entrée d’un chenal dans la ville. La tour a en effet été édifiée, à la fin du xiii e ou au début du xiv e  siècle, sur le mur d’enceinte primitif, formant un angle à pan coupé. Ouverte à la gorge, elle s’élève sur une hauteur de 15,60 m au-dessus du sol actuel. Vers 1491, la tour est partiellement fermée à la gorge et couronnée d’une toiture haute de 9,60 m, dotée d’une échauguette et couverte de tuiles creuses ( Waton et alii, 2000).

146 À Riquewihr, une puissante tour pentagonale, le Diebsturm, renforce l’angle nord-ouest de l’enceinte construite à partir de 1291, là où la ville est la plus exposée ( Jaenger , 1936 : 80, pl. 15, n o  1). La tour, haute de 18 m environ, présente à l’extérieur un plan pentagonal légèrement asymétrique, la pointe dirigée vers l’attaque (fig. 297). L’espace interne, en revanche, est carré. Si le Diebsturm est un unicum dans le domaine de l’architecture militaire urbaine, il trouve des comparaisons assez fréquentes dans le domaine de l’architecture castrale alsacienne, dès avant le milieu du xiii e  siècle (Bernstein, Schrankenfels et Reichenstein). Dans la deuxième moitié du xiii e  siècle, les tours pentagonales de Birkenfels (1260-1262), Ortenberg (vers 1262-1265) et Wasigenstein (vers 1250-1270) sont encore des donjons (Bergfriede) assurant le défilement des logis. À Riquewihr, le Diebsturm ne peut assurer cette fonction que de façon très imparfaite, pour ne pas dire symbolique, la tour pentagonale, armée d’archères, ayant essentiellement un rôle de flanquement.

147 À Haguenau, la deuxième enceinte, datée par les sources écrites entre 1284 et 1324, intègre une arcade, fermée par une herse, enjambant la Moder à sa sortie de la ville (porte des Pêcheurs) 579 . Cette faiblesse dans la défense est compensée par une tour octogonale en briques, dont on ne sait presque rien. À Strasbourg, l’enceinte du faubourg occidental de la ville, édifiée entre 1374 et 1390, était flanquée de dix-sept tourelles octogonales, appelées Schnecken. L’une d’elles a été observée en fouille : conservée sur une hauteur de 4,25 m, elle faisait saillie de 1,70 m par rapport à l’enceinte, ses côtés étant longs de 1,45 m ( Kern , 1990a).

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Fig. 297. Riquewihr (Haut-Rhin). Tour des Voleurs (Diebsturm), tour pentagonale armée d’archères, dans l’angle nord-ouest de l’enceinte. Cliché B. Couturier, 1997 © Inventaire général/ADAGP.

2.2.3. La mise en défense des entrées de ville

2.2.3.1. un potentiel documentaire à explorer.

148 Si l’on se réfère à l’ Atlas de J.-F. Himly (1970), il apparaît que la plupart des enceintes alsaciennes n’étaient dotées que de deux ou trois portes de ville. Quelques-unes, telles La Petite-Pierre et Zellenberg, petites agglomérations castrales implantées sur des sites topographiquement escarpés, n’en possédaient qu’une seule. Les autres en avaient quatre (Boersch, Dambach, Erstein, Kaysersberg, Lauterbourg, Neuwiller-lès-Saverne et Thann), cinq (Mulhouse, Rosheim, Rouffach, Saverne et Sélestat) ou six (Colmar, Obernai et Wissembourg). Ribeauvillé, pourvue de sept tours-portes, fait figure d’exception compte tenu de sa taille relativement modeste. Les deux villes les plus vastes d’Alsace, Haguenau et Strasbourg, étaient respectivement dotées, à la fin du Moyen Âge, de dix et de quinze tours-portes. Dans le cas des villes marquées par une extension du périmètre initialement fortifié (Colmar, Erstein, Haguenau, Kaysersberg, Lauterbourg, Obernai, Ribeauvillé, Rosheim, Saverne, Strasbourg, Thann et Wissembourg), certaines tours-portes n’ouvraient pas sur l’extérieur ou sur un faubourg, mais mettaient en communication deux noyaux urbains.

149 L’Alsace urbaine médiévale a dû compter près de 215 entrées de villes, presque exclusivement constituées par des tours-portes 580 (fig. 287). Si l’on y ajoute les portes et les tours-portes aménagées en avant des entrées principales, placées en tête de pont ou sur des enceintes extérieures, cela constitue un corpus pouvant être évalué très grossièrement à plus de 260 ouvrages d’entrée. L’inventaire exhaustif des tours-portes aujourd’hui conservées en élévation reste à entreprendre. Un recensement sommaire permet cependant d’en dénombrer une trentaine, épargnées par les démolitions massives opérées à la fin du xviii e et au xix e  siècle 581 . Il s’y ajoute exceptionnellement la découverte récente d’une tour-porte, oubliée pour avoir subi des changements d’affectation et des transformations importantes au cours de son histoire, réapparaissant aujourd’hui par le biais d’une approche archéologique des élévations conservées (Molsheim, Pulverturm ) 582 .

150 Il est étonnant de constater à quel point l’archéologie n’a, jusqu’à présent, fait qu’effleurer la question des entrées de ville, au point qu’aucune tour-porte n’a été étudiée dans le cadre de fouilles. Les rares informations publiées sont lacunaires, témoignant le plus souvent d’observations ponctuelles à l’occasion de suivis de travaux 583 . Les tours-portes conservées en élévations n’ont, dans les meilleurs des cas, fait l’objet que de descriptions architecturales sommaires, publiées soit dans des articles consacrés à des monographies de villes 584 , soit sous la forme de courtes notices dans des ouvrages de portée plus générale ( Salch , burnouf , 1978 ; Toursel - Harster et alii, 1995). Les apports de l’archéologie du bâti sont, à l’heure actuelle, encore très limités (Sélestat, Niedertor ou porte Basse ; Molsheim, Pulverturm) 585 . Le recours aux sources écrites et iconographiques, telles qu’elles ont été exploitées dans le cadre de l’étude d’une tour-porte disparue (Obertor) de Benfeld, n’a malheureusement pas davantage été systématisé ( Meyer , 1994).

151 Dans l’état des connaissances, les portes de villes alsaciennes bien datées sont très peu nombreuses. L’ Untertor de Dambach fait exception, puisqu’elle porte une inscription datant le début de la construction de l’enceinte de 1323. L’étude archéologique du Niedertor à Sélestat a été complétée par une expertise dendrochronologique, qui livre une date d’abattage des bois employés dans la surélévation de la tour-porte en 1299. La dendrochronologie a également permis de dater respectivement de 1402 et de 1406 les étages supérieurs en pan de bois des portes de Châtenois (enceinte castrale) et d’Ammerschwihr (Obertor) 586 . Pour toutes les autres tours-portes, d’importants problèmes de datation subsistent, qui ne pourront être résorbés que par la multiplication des études archéologiques du bâti et par la systématisation du recours aux analyses dendrochronologiques. Ces approches devront non seulement permettre de vérifier quelle relation (d’antériorité ou de contemporanéité, voire de postériorité) la porte entretient avec les courtines, mais aussi d’apporter des datations fiables et précises, susceptibles d’être confrontées aux informations que livrent les sources écrites.

152 Il apparaît ainsi que les entrées de villes alsaciennes offrent un potentiel documentaire considérable qui, jusqu’à présent, a été largement sous-exploité 587 . Une approche architecturale sommaire des ouvrages conservés en élévation permet cependant de poser les bases d’une analyse synthétique des tours-portes et, en particulier, des dispositifs de fermeture et de mise en défense de l’entrée.

2.2.3.2. L’entrée de ville incarnée par la tour-porte

153 Le modèle quasi exclusif d’ouvrages d’entrée de ville de l’Alsace médiévale est la tour-porte (fig. 287). Celle-ci est de plan quadrangulaire massé, occupant une emprise au sol pouvant varier du simple à plus du double : si l’ Untertor de Wihr-au-Val mesure 6 x 5 m de côté, soit 30 m 2 , les tours-portes de Molsheim (Schmiedtor), de Mutzig (Untertor) et de Strasbourg (Spitaltor) mesurent de 8 à 9 m de côté, soit plus de 75 m 2 . Le passage ouvert au rez-de-chaussée est le plus souvent délimité par une porte du côté de l’attaque et par une arcade du côté de la ville. Les tours-portes, lorsqu’elles n’ont pas été abaissées 588 , abritent plusieurs étages et s’élèvent sur une hauteur importante. Parmi les plus hautes, certaines sont entièrement maçonnées 589 , d’autres étant ouvertes à la gorge 590 . Le Metzgertor à Ribeauvillé présente un parti intermédiaire, dans la mesure où il est partiellement ouvert à la gorge (fig. 298 et 299). Certaines tours-portes ouvertes à la gorge se distinguent d’un point de vue structurel par l’absence d’arcade en façade arrière au niveau du passage (rez-de-chaussée), de sorte qu’elles présentent sur toute leur hauteur un plan quadrangulaire massé en U 591 .

154 Les planchers des étages étaient portés par des corbeaux en quart-de-rond ou par des ressauts. Il est possible que les façades arrière des tours-portes ouvertes à la gorge aient été fermées, aux étages, par un mur en pan de bois. L’ouverture à la gorge est habituellement expliquée par la volonté de ne pas offrir un abri aux assaillants au cas où l’ouvrage serait pris. Des considérations économiques pourraient aussi avoir été prises en compte, dans la mesure où cette solution architecturale, offrant l’avantage d’une mise en œuvre rapide, est susceptible de témoigner d’un souci d’économie en matériaux de construction. Par ailleurs, la porte de l’enceinte castrale de Châtenois et l’ Obertor d’Ammerschwihr comportent chacune un étage sommital entièrement en pan de bois, respectivement daté par dendrochronologie de 1402 et de 1406 592  ; ces deux édifices sont couverts de toitures en pavillon à fortes pentes et à faîtages courts. Pour le reste, le mode de couverture primitif des tours-portes nous échappe.

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Fig. 298. Ribeauvillé (Haut-Rhin). Porte des Bouchers (Metzgertor), façade exposée à l’attaque avec contreforts à herse et bretèche en pan de bois disparue (partie supérieure datée de 1536). Cliché C. Menninger, 2002 © Inventaire général/ADAGP.

2.2.3.3. Les dispositifs d’arrêt : les vantaux et la herse

155 En Alsace, la fermeture des tours-portes médiévales repose habituellement sur le couple formé par deux vantaux et par une herse. Tous les ouvrages d’entrée conservés étaient en effet pourvus, du côté de l’attaque, d’une porte à deux vantaux, lesquels pivotaient dans des crapaudines en pierre. Le mode de verrouillage des vantaux reste à étudier. Du côté de la ville, l’arcade est en revanche normalement dépourvue de système de fermeture 593 . Dans son état primitif (vers 1217-vers 1225), le Niedertor de Sélestat ne comporte aucun autre système de fermeture que ses vantaux. Il s’apparente de ce point de vue au Martinstor de Fribourg-en-Brisgau, tour-porte datée par dendrochronologie de 1202.

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Fig. 299. Ribeauvillé (Haut-Rhin). Porte des Bouchers (Metzgertor), façade arrière partiellement ouverte à la gorge (partie supérieure datée de 1536). Cliché C. Menninger, 2001 © Inventaire général/ADAGP.

156 C’est peut-être dans les premières décennies du xiii e  siècle que la herse apparaît dans l’architecture militaire en Alsace. Les deux tours-portes de l’enceinte intérieure de Rosheim, qui présentent encore des arcs en plein-cintre de tradition romane associés à des arcs brisés (premier tiers du xiii e  siècle ?), en sont pourvues. Dans le courant du xiii e  siècle, l’emploi de la herse comme dispositif d’arrêt se généralise, au point de devenir un élément essentiel de la défense passive des portes au tournant du xiii e et du xiv e  siècle. Sur le Niedertor de Sélestat, une herse, coulissant entre quatre corbeaux rainurés, est ajoutée en 1299, lorsque la tour-porte est exhaussée de trois étages ouverts à la gorge.

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Fig. 300. Molsheim (Bas-Rhin). Porte des Forgerons (Schmiedtor), façade exposée à l’attaque avec contreforts à herse reliés en partie supérieure par un arc segmentaire. Cliché B. Couturier, 1995 © Inventaire général/ADAGP

157 Le mode de coulisse de la herse permet de distinguer trois dispositifs architecturaux. Dans le premier, le plus fréquent, la herse est placée en avant de la façade exposée à l’attaque ; elle coulisse dans des rainures aménagées dans des contreforts encadrant la porte 594 (fig. 298). Le deuxième dispositif, le moins fréquent, est apparenté au premier : la herse, placée en avant de la façade, coulisse dans des rainures aménagées dans des contreforts, lesquels sont reliés en partie supérieure par un arc segmentaire 595 (fig. 300). Le troisième dispositif est plus élaboré : les rainures et la coulisse de la herse sont structurellement intégrées dans l’encadrement de la porte et dans l’épaisseur du mur de façade 596 . La présence d’un système de double herse est exceptionnelle, attestée uniquement dans le cas du Neutor à Sélestat, où la deuxième herse est aménagée en avant de l’arcade ouvrant sur la ville 597 .

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Fig. 301. Wissembourg (Bas-Rhin). Arcades aménagées dans l’enceinte urbaine et contreforts à herse, pour barrer l’entrée de la Lauter dans la ville. Cliché B. Parent, E. Fritsch, 1998 © Inventaire général/ADAGP.

158 La manœuvre de la herse implique un espace dévolu à cet effet à l’étage de la tour-porte. Un système d’accrochage de la (des) poulie(s) destinée(s) à la manœuvre est également nécessaire. Ces dispositifs, largement méconnus, étaient dissimulés dans le cas des tours-portes à herse intégrée. Ils étaient en revanche partiellement apparents en façade dans le cas des tours-portes à herse coulissant entre deux contreforts. Il est possible que les bretèches en pan de bois, à l’origine aménagées au-dessus des portes de Ribeauvillé (Metzgertor), de Riquewihr (Obertor), de Bergheim (Obertor) et de Sélestat ( Niedertor dans son état de 1299 et peut-être Neutor ), aient notamment été destinées à l’accrochage des poulies de herse (fig. 298). Dans la tour-porte de l’enceinte castrale de Châtenois, la bretèche est intégrée à l’étage supérieur en pan de bois daté par dendrochronologie de 1402.

159 L’emploi de la herse comme dispositif d’arrêt paraît avoir été largement étendu, dans l’architecture militaire urbaine alsacienne, à d’autres éléments de faiblesse de la défense. À Ribeauvillé (rue Klobb), une herse protège une poterne, par ailleurs flanquée par une tour semi-circulaire armée d’archères (fig. 294). Les arcades aménagées dans l’enceinte de Wissembourg, qui permettent l’entrée et la sortie de la Lauter dans la ville, étaient barrées par des herses coulissant dans des contreforts (fig. 301).

2.3.4. La nécessité d’une défense active

160 Il semble que, en Alsace, les murs d’enceinte étaient dépourvus de tout autre dispositif de défense active que les parapets crénelés. Il est en particulier remarquable qu’aucune archère aménagée dans une courtine ne soit attestée à l’époque médiévale. De fait, il apparaît clairement que les dispositifs de défense active étaient concentrés sur les portes et sur les tours. C’est là qu’était placée toute la gamme des dispositifs employés dans l’architecture militaire urbaine alsacienne (meurtrières, bretèches, créneaux et hourds).

2.3.4.1. Les défenses sommitales : les parapets crénelés et les hourds

161 Les parties sommitales des murs restent très mal connues, alors que les fonctions de défense active et de circulation s’y concentrent. Quelques études anciennes et de rares approches archéologiques du bâti ont cependant apporté des éléments d’information relatifs aux parapets crénelés. Ceux-ci, habituellement épais de 0,50 à 0,65 m, ont une hauteur conservée comprise entre 1,58 et 2,80 m, assurant ainsi un défilement efficace des défenseurs contre les traits des assaillants 598 . Les caractéristiques morphologiques des parapets crénelés, ainsi que leur exposition aux attaques du temps et des hommes en font les éléments les plus fragiles des murs d’enceinte, expliquant que nombre d’entre eux aient aujourd’hui disparu 599 . Il en résulte que la forme de leur couronnement (chaperons en bâtière ?) et les matériaux de leur couverture (dalles de pierre, briques ou tuiles ?) nous échappent entièrement. Par ailleurs, faute d’études archéologiques du bâti, la datation des meurtrières parfois placées au centre des merlons est le plus souvent inconnue. De la même manière, les consoles destinées à recevoir les axes horizontaux de volets en bois (Klappladen), aménagés pour la fermeture des créneaux, ne sont pas datées 600 .

162 Le recours à des mâchicoulis, qui permettraient de battre le pied des murs par un tir fichant, semble absent dans le domaine de l’architecture militaire urbaine en Alsace. De plus, il n’y a pas de preuve de l’existence de murs d’enceinte garnis de hourds, ces dispositifs semblant réservés à quelques tours. Les hautes tours d’angle non saillantes déjà mentionnées à Riquewihr (Hellerturm) et à Thann (démolie), construites semble-t-il suivant un schéma analogue vers la fin du xiii e  siècle ( ?), conservent toutes deux, en partie supérieure, des consoles destinées à porter des hourds.

163 Mais la forme la plus fréquente du couronnement est le crénelage. Le dernier niveau des tours et des tours-portes, s’il était dépourvu de véritable parapets crénelés, était percé d’ouvertures apparentées à des créneaux : elles devaient certainement permettre d’assurer le guet et, le cas échant, de servir de postes de tir pour une défense sommitale. Cette disposition est notamment attestée à Dambach ( Untertor datée de 1323 et Neutor ), à Haguenau (porte des Chevaliers), à Riquewihr (Obertor), à Sélestat ( Niedertor dans son état de 1299), à Strasbourg (tours des Ponts Couverts et Spitaltor ) et à Wangen (Niedertor).

164 On a déjà évoqué le rôle éventuel des bretèches en pan de bois, pouvant être restituées à Mulhouse (Nesselturm), à Ribeauvillé (Metzgertor), à Riquewihr (Obertor), à Bergheim (Obertor) et à Sélestat ( Niedertor, dans son état de 1299, et peut-être Neutor ), pour l’accrochage du système de manœuvre de la herse. Ces bretèches permettaient peut-être également d’assurer un flanquement vertical des portes par un tir fichant. À Wangen (Niedertor), une bretèche (non datée) est aménagée dans la toiture, ce dispositif étant par ailleurs attesté par les sources iconographiques à Strasbourg (Spitaltor).

2.3.4.2. Les meurtrières

165 L’intégration de postes de tir sous forme d’archères est particulièrement fréquente dans les tours-portes, que ce soit sur leur face ou sur leurs flancs. On en trouve notamment à Ammerschwihr (Obertor), à Dambach ( Untertor de 1323 et Neutor), à Mulhouse (Nesselturm), à Ribeauvillé (Metzgertor), à Riquewihr (Obertor), à Sélestat (Neutor) et à Wangen (Niedertor). Deux exemples (une tour-porte à Sélestat et une poterne à Ribeauvillé) témoignent du soin apporté à la mise en défense active des entrées de ville. L’étude des élévations du Niedertor à Sélestat a permis de prendre la mesure de la répartition des postes de tir mis en place en 1299 dans la surélévation de la tour-porte : cinq archères à chambre de tir, régulièrement disposées aux deuxième et troisième étages, permettaient aux desservants de couvrir un large champ de tir frontal et de flanquement, sans toutefois supprimer les angles morts dus au plan quadrangulaire de l’édifice. À Ribeauvillé (rue Klobb), une poterne aménagée dans l’enceinte de l’ Altstadt, fortifiée avant 1290, est battue par le tir d’écharpe assuré depuis une archère, placée à quelques mètres dans une tour de flanquement semi-circulaire ouverte à la gorge ( Jaenger , 1926 : pl. 13, n os 8-10) (fig. 294).

166 Les archères semblent également relativement fréquentes dans les tours. Elles permettaient, selon leur disposition, d’assurer des tirs frontaux, de flanquement et d’écharpe. Les trois tours semi-circulaires ouvertes à la gorge de l’enceinte de l’ Altstadt à Ribeauvillé (avant 1290) comportent un niveau entièrement dévolu à la défense active, pourvu de trois archères permettant un tir frontal et des tirs d’écharpe. À Obernai, les tours en fer à cheval ouvertes à la gorge renforçant l’enceinte intérieure étaient dotées, aux deux étages supérieurs, d’archères à chambre de tir assurant un tir frontal ( Braun , 1970 : fig. 14). À Riquewihr, la puissante tour pentagonale (Diebsturm), qui renforce l’angle nord-ouest de l’enceinte construite à partir de 1291, est armée au premier étage de trois archères (fig. 297). Deux d’entre elles assurent un tir de flanquement des courtines, l’autre, placée dans la pointe dirigée vers l’attaque, autorisant un tir frontal (JAENGER, 1936 : 80, pl. 15, n o  1). De la même manière, à Benfeld, la tour d’angle de plan carré ( Hexenturm, avant 1309), placée en biais et en saillie par rapport aux courtines, intègre au rez-de-chaussée deux embrasures (remaniées) destinées au tir de flanquement ( Meyer , Hamm , 1990). La disposition des meurtrières aménagées aux étages des tours des Ponts Couverts qui, à Strasbourg, défendaient l’entrée de l’Ill dans la ville, mériterait une étude approfondie 601 . À Strasbourg, la tour pentagonale édifiée place de l’Hôpital, à la fin du xiii e ou au début du xiv e  siècle, comporte dans son pan coupé une meurtrière ( Waton et alii, 2000).

167 L’établissement d’une typo-chronologie des meurtrières (archères et archères-canonnières) entre le xiii e et le xv e  siècle est un chantier à entreprendre pour l’Alsace. Il passe par une approche morphologique et technique des ouvertures et des chambres de tir, associée à la multiplication des études archéologiques des élévations et des expertises en vue de datation (fig. 302).

2.3.4.3. Les organes de circulation au service de la défense active

168 L’un des enjeux essentiels de la mise en défense des enceintes urbaines résidait dans la commodité des accès et dans la fluidité des circulations. On ne sait presque rien des modalités d’accès aux chemins de ronde. Leur largeur, lorsqu’elle a été notée, varie de 0,80 à 1,20 m. Les consoles en grès sont nécessaires lorsque l’épaisseur réduite du mur à son sommet impose de placer le chemin de ronde partiellement en encorbellement 602 . À Strasbourg, sur l’enceinte méridionale, les consoles en grès sont reliées par des arcs segmentaires en briques ( Schwien et alii , 1999 : 156-157) 603 . Qu’ils soient portés ou non par des consoles, il semble que les sols des chemins de ronde aient fréquemment été constitués de dalles de grès 604 . L’existence de chemins de ronde couverts par des structures en pan de bois est envisageable, sans être prouvée 605 .

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Fig. 302. Obernai (Bas-Rhin). 4, rue de Gail, échelle 1/20. DAO : M. Werlé / PAIR. Meurtrière adaptée aux armes à feu, taillée dans une dalle funéraire réemployée (inscription lacunaire), aménagée dans l’enceinte intérieure de la ville.

169 L’accès aux étages supérieurs des tours-portes était le plus souvent assuré par une seule porte haute, donnant accès au premier étage et placée dans un flanc. Ainsi, la porte de l’étage du Niedertor à Sélestat était desservie, dans son état primitif (vers 1217-vers 1225), par un escalier extérieur en bois, dont le palier était porté par des corbeaux en quart-de-rond. À Dambach (Untertor), la porte desservant l’étage et le palier en bois paraissent avoir été dès l’origine (à partir de 1323) mis à l’abri des intempéries par un édicule en pan de bois couvert d’un toit en appentis. L’escalier extérieur, qu’il soit en bois ou maçonné (Wangen, Niedertor ), peut être couplé avec la possibilité d’une communication avec le chemin de ronde. Ce dispositif est attesté à Strasbourg, par des dessins de Joh. Jacob Arhardt datés de 1671 et 1673, au contact du Spitaltor et du tronçon mitoyen de l’enceinte ; le parapet y est par ailleurs surélevé de manière à défiler la porte haute. À Sélestat, les étages supérieurs du Niedertor (1299), hauts en moyenne de 4,80 m, étaient desservis depuis le premier étage par des escaliers en bois, dont subsistent les trémies dans les planchers à solives apparentes.

170 Les modes d’accès aux tours sont assez mal connus. À Obernai et à Ribeauvillé, l’accès aux étages était certainement facilité par l’ouverture à la gorge des tours, la communication d’un étage à l’autre pouvant avoir été assurée par des escaliers en bois ou par des échelles. Lorsque les tours étaient fermées à la gorge, les accès paraissent le plus souvent avoir été assurés au moyen de portes hautes. À Riquewihr, on accédait à l’étage du Diebsturm (celui des trois archères) par une porte haute et un étroit passage placés dans la façade arrière de la tour d’angle pentagonale, au niveau du chemin de ronde des courtines ( Jaenger , 1936 : 80, pl. 15, n o  1). À Strasbourg, les tours des Ponts Couverts étaient aussi desservies par des portes hautes placées dans la façade arrière. Dans la tour pentagonale, place de l’Hôpital, des portes placées dans une façade latérale donnaient accès au rez-de-chaussée et au premier étage, celle de l’étage assurant également une communication directe avec le chemin de ronde ( Waton et alii, 2000). Les tours en fer à cheval de l’enceinte intérieure d’Obernai offraient les meilleures conditions de circulation : elles ménageaient des passages en plein-cintre dans les flancs droits, assurant ainsi une communication continue à travers l’ouvrage défensif au niveau des chemins de ronde des courtines (fig. 296).

2.3.5. Les enceintes urbaines au temps de l’artillerie (fin du xiv e -xv e  siècle)

171 B. Metz a montré que le mouvement de fortification des villes, qui bat son plein autour de 1300, retombe dès avant 1400. Or, dans la deuxième moitié du xiv e  siècle, les armes à feu (couleuvrines, arquebuses et bombardes) sont perfectionnées et leur usage se diffuse, pour devenir prédominant à partir du milieu du xv e  siècle. Quel impact ces changements ont-ils eu sur les fortifications édifiées dans le dernier quart du xiv e et au xv e  siècle ? Quelles adaptations ont été trouvées pour accompagner les enceintes existantes dans ces changements ?

172 Il est remarquable que les enceintes successives de Strasbourg, qui figurent aussi parmi les plus puissantes d’Alsace, connaissent une augmentation sensible de leur épaisseur entre 1375 et 1475 environ, mais restent globalement dans la fourchette médiévale 606 . Cette observation tend à montrer que le développement de l’usage des armes à feu n’a pas véritablement eu d’impact, à la fin du Moyen Âge, sur la structure des murs d’enceinte alsaciens. Le véritable changement consiste plutôt, dans les dernières décennies du xv e  siècle ( ?), dans l’association du mur d’enceinte et d’un talus en terre, prototype du rempart d’Époque moderne. À Strasbourg, un élargissement sensible des fossés, qui auparavant ne dépassaient pas 20 m, peut également être observé dans le dernier quart du xiv e et dans la première moitié du xv e  siècle 607 . Ces larges fossés témoignent peut-être d’un souci d’éloignement des assaillants et de leur artillerie.

173 Les enceintes basses extérieures sont fréquemment flanquées par des tours de plan circulaire. C’est le cas à Bergheim, où les tours circulaires de la fausse-braie, conservées en élévation, ont un diamètre extérieur variant de 4,20 à 7,40 m, les murs étant épais de 1 à 1,20 m ( Jaenger , Schmitt , 1930). À Ribeauvillé, l’enceinte extérieure de l’ Unterstadt est également pourvue de deux tours d’angle circulaires, dont les diamètres extérieurs atteignent 6,80 et 7,20 m, les murs étant épais de 1,60 m environ. Ces tours, conservées sur une hauteur de 8,50 m, sont couvertes de toits octogonaux ( Jaenger , 1926 : pl. 13, n os 5 et 11). Des tours d’angle comparables, disposées sur des enceintes extérieures basses, ont par ailleurs été observées en fouille à Bouxwiller et à Cernay. À Bouxwiller, la tour, peut-être ouverte à la gorge, est appuyée contre le parement externe de l’enceinte basse (braie), fournissant une information de chronologie relative 608 . À Cernay, la tour d’angle a un diamètre extérieur de 7,50 m, un diamètre intérieur de 3,50 m et des murs épais de 1,75 à 2 m 609 . Toutes ces tours sont très mal datées. La présence, à Bergheim, à Ribeauvillé et à Cernay, de meurtrières et d’archères-canonières adaptées pour le tir aux armes à feu plaide cependant en faveur d’une datation vers la fin du xiv e ou au xv e  siècle, voire après 610 . Encore conviendrait-il de s’assurer de la contemporanéité des ouvertures de tir avec l’état primitif des tours.

174 L’adaptation des dispositifs d’entrée est très mal connue par les sources archéologiques, alors que les sources iconographiques produites au xvi e et au xvii e  siècle suggèrent notamment des renforcements au moyen de tours-portes avancées, éventuellement associées à des barbacanes. Il semble que l’Alsace médiévale n’ait connu que tardivement et de façon relativement limitée l’emploi des ponts-levis. Au moins deux tours-portes de l’enceinte d’Andlau (1432-1442), connues par des sources écrites et iconographiques, ont été pourvues d’un pont-levis associé à une herse intégrée dans l’encadrement de la porte ( Mengus , 2000 : 23). Une poterne dotée d’un pont-levis ( ?) est conservée à Kientzheim ( Hobel , 1986). Les ponts-levis à flèches n’apparaissent tardivement que sur des ouvrages avancés, tels que les tours-porches de la porte dite Thanner Thor à Cernay et de l’ Obertor à Riquewihr. De la même manière, les sources iconographiques figurant l’enceinte extérieure orientale de Thann témoignent qu’un pont-levis à flèches était aménagé dans une porte flanquée de deux tours circulaires 611 . Ces édifices ne sont pas datés avec précision (seconde moitié du XV e – première moitié du xvi e  siècle ?).

3. CONCLUSION : COMPARAISONS RÉGIONALES (I. F., M. W.)

3.1. les aspects régionaux de la construction.

175 En Lorraine comme en Alsace, le chantier de construction est approvisionné, lorsque c’est possible, par des matériaux prélevés localement. Toutes les roches rencontrées dans le sol sont exploitées. Il s’agit le plus souvent, en Lorraine, de calcaires provenant des côtes de Meuse ou de Moselle. Le grès alimente de préférence les chantiers d’enceintes urbaines du versant occidental (départements de la Moselle et des Vosges) et du versant oriental (Alsace) du massif des Vosges. Dans les zones de contact géologique, notamment nombreuses en Alsace, les approvisionnements mixtes, associant plusieurs roches et/ou plusieurs types de matériaux, sont extrêmement fréquents. Par ailleurs, les villes de la plaine d’Alsace, éloignées des zones d’extraction de pierre (Benfeld, Haguenau, Sélestat et Strasbourg), ont vu se développer un approvisionnement local en matériaux de construction céramique. Alors que la brique devient le matériau de construction principal (mais non exclusif) des enceintes de ces villes alsaciennes dans le courant du xiii e  siècle, son emploi demeure au mieux marginal en Lorraine. En Alsace comme en Lorraine, la place d’autres matériaux de construction (mortier, bois et métal), secondaire mais complémentaire, a aussi pu être réévaluée.

176 Les opérations archéologiques préventives récentes ont largement accru nos connaissances sur la mise en œuvre des matériaux et sur les techniques de construction des enceintes urbaines. Dans les deux régions, la variété des systèmes de fondation observés a pu être mise en rapport avec la nature des sous-sols rencontrés. Dans les villes de plaine ou de vallée se dessine un schéma constructif suivant lequel le creusement du fossé et de la tranchée de fondation du mur précède l’édification du mur d’enceinte, puis le comblement de la tranchée de fondation avec les matériaux issus des travaux d’excavation. Le recours à des fondations sur pilotis est assez exceptionnel en Lorraine (Sarrebourg et Verdun) et en Alsace (Haguenau et Strasbourg) : il apparaît limité à des enceintes implantées sur des sous-sols alluviaux humides, bordées par des fossés en eau ou par des cours d’eau.

177 Les murs sont structurellement formés de deux appareils de revêtement couvrant une fourrure. Les parements externes présentent fréquemment un fruit et, exceptionnellement, un empattement (en Lorraine, sur des tours à Épinal et Saint-Mihiel). Quelle que soit la pierre employée, les enceintes maçonnées sont habituellement édifiées au moyen de moellons et/ou de gros moellons, l’emploi de cailloux et de galets étant largement secondaire. Les matériaux de construction sont placés en appareil réglé en Lorraine, en appareil réglé, assisé ou irrégulier en Alsace. L’importance du recours aux pierres à bossage rustique, pour certains niveaux de soubassement (Rosheim et Strasbourg), pour un très grand nombre de chaînages d’angles de portes et de tours, ainsi que pour des encadrements de baies, est une des principales particularités des enceintes urbaines alsaciennes, qui ne semble pas trouver de similitude à l’ouest des Vosges. À l’inverse, l’épaississement de systèmes défensifs préexistants au moyen de contre-murs n’est signalé qu’en Lorraine (Épinal, Sarrebourg et, dans une moindre mesure, Mirecourt).

178 En somme, les deux régions considérées sont caractérisées par des contingences propres, telles que la nature des matériaux disponibles (calcaires et grès notamment). Cependant, les solutions techniques apportées dans le déroulement des chantiers de construction (approvisionnement, fabrication et mise en œuvre des matériaux de construction) apparaissent globalement comparables. Il existe cependant des variantes régionales, telles que l’emploi de la brique dans des villes de plaine en Alsace. Des différences constructives peuvent aussi résulter de réponses militaires propres à une aire géographique : dans l’est de la Lorraine, la volonté d’accroître la puissance d’enceintes n’offrant pas les garanties de massivité suffisantes a motivé la construction de contre-murs. Certaines variantes, enfin, peuvent être considérées comme des marqueurs culturels : les pierres à bossage rustique témoignent de ce point de vue de l’intégration de l’Alsace dans l’aire d’influence rhénane.

3.2. Les principes défensifs : points communs , interpénétrations et différences culturelles

179 En Lorraine et en Alsace, les principes de fortification des villes reposent avant tout sur des obstacles. De ce point de vue, la défense urbaine a cherché à mettre à profit les prédispositions naturelles (plateau, éperon, cours d’eau, etc.), lorsqu’elles existent. Toutefois, c’est bien le couple formé par l’enceinte et le fossé qui constitue l’obstacle de franchissement par excellence.

180 L’apport de l’archéologie à la question des enceintes en terre a été extrêmement limité, de sorte que cette réalité ( ?) demeure insaisissable. En Lorraine, il n’y a guère que des présomptions soulevées par les sources manuscrites. Elles sont relatives à une éventuelle ceinture en terre qui concerne le bourg de Void. D’autres textes mentionnent, à Foug, Rambervillers et Louppy-le-Château, des palissades ou haies d’épines qui devaient seconder un fossé de barrage. À de rares occasions, les relevés micro-topographiques ont mis en évidence des levées de terre, à Fribourg, Deuilly 612 et Châtenois ( Giuliato , 2007 : 126), sans qu’aucune investigation en sous-sol n’ait permis d’en déterminer la nature exacte. En Alsace, les indices archéologiques qui pourraient témoigner de l’existence de fortifications en terre et en bois sont plus nombreux, mais demeurent extrêmement ténus. Des levées de terre, pouvant être interprétées comme des enceintes primitives à vocation défensive, ont cependant été observées à Strasbourg et à Rosheim.

181 L’irrégularité relative des plans d’ensemble des places fortes, marquées notamment par les brisures que présentent les lignes défensives, a été soulignée tant pour la Lorraine que pour l’Alsace. Mais c’est le mur en tant que tel qui, par sa massivité et par sa hauteur, devait assurer le rôle de barrage. Là encore, l’archéologie renvoie une image extrêmement hétérogène des murs d’enceinte, leur épaisseur variant considérablement d’un cas à l’autre. Il semble toutefois, sans que l’on puisse s’expliquer pourquoi, que les enceintes alsaciennes, épaisses en moyenne de 1,40 m environ, soient moins puissantes que les enceintes lorraines, dont l’épaisseur moyenne avoisine 2 m. Dans les deux entités géographiques, la hauteur des murs était fréquemment comprise entre 8 et 10 m, culminant parfois à près de 12 m. Le fossé, alimenté par une dérivation d’un cours d’eau ou non, apparaît variable dans sa forme (à fond plat ou à profil en “V”), dans sa largeur (le plus souvent entre 10 et 20 m) et dans sa profondeur. En Alsace, hormis les rares exemples où des fausses-braies existent et un cas de fossé à profil en V, la partie basse du mur d’enceinte fait office, d’après les exemples étudiés, de mur d’escarpe. En revanche, en Lorraine, l’escarpe du fossé semble être structurellement indépendante de l’enceinte. Cette différence potentielle entre les deux régions devra être confirmée. Le rôle de contrescarpe maçonnée garantissant le rôle d’obstacle au franchissement, a quant à lui été précisé par des exemples lorrains, tandis que les cas alsaciens témoignent d’une datation tardive de ces murs, les contrescarpes étant à l’origine simplement talutées.

182 L’Alsace se singularise surtout par un groupe d’agglomérations fortifiées, constituant près d’un quart des villes médiévales, partiellement ou entièrement dotées, dans le courant du bas Moyen Âge, d’une deuxième ligne de défense (braie ou fausse-braie, associée à un fossé) enveloppant l’enceinte principale.

183 Une des différences majeures entre les défenses collectives urbaines alsaciennes et lorraines réside dans la forme des entrées de ville. Alors que l’Alsace ne connaît que le modèle de la tour-porte de plan quadrangulaire massé, il existe en Lorraine une variété plus importante d’ouvrages : la porte à corps central flanqué de deux tours coexiste avec les portes flanquées d’une seule tour et avec des tours-portes. Sarreguemines semble être la seule ville de l’espace lorrain actuel qui paraisse avoir été desservie exclusivement par des tours-portes. En Alsace, les dispositifs d’arrêt reposent presque systématiquement sur le couple formé par les vantaux et par la herse. Les ponts-levis, en revanche, semblent y apparaître tardivement (au xv e  siècle ?) et se répandre de façon assez limitée aux ouvrages avancés. En Lorraine, la diffusion des ponts-levis paraît à la fois plus précoce (dès le xiv e  siècle ?) et plus générale. Par ailleurs, des mâchicoulis permettent de battre les portes en tir fichant.

184 En Lorraine comme en Alsace, les dispositifs de flanquement sont extrêmement variés d’une ville à l’autre. Il apparaît toutefois clairement que les tours, lorsqu’il y en a, sont de préférence placées aux angles et aux brisures saillantes des murs. Les villes disposant d’un flanquement pouvant être qualifié de sérieux paraissent relativement plus nombreuses en Lorraine (Metz, Liverdun, Toul, Vic-sur-Seille, Épinal et Sarrebourg) qu’en Alsace (Obernai, Strasbourg et Wissembourg). Dans les deux régions, la diversité des types de flanquement est grande, caractérisée principalement par des tours circulaires, semi-circulaires, en fer à cheval et quadrangulaires, les ouvrages ouverts à la gorge étant fréquents (prédominants en Lorraine). Il est remarquable que les fronts de défense rectilignes soient normalement flanqués, en Lorraine, de tours semi-circulaires. Les tours pentagonales sont aussi exceptionnelles en Lorraine (Rambervillers) qu’en Alsace (Riquewihr), des tours en éperons n’étant signalées qu’en Lorraine (Vaucouleurs). Par ailleurs, la Lorraine voit le développement de la construction de tours de dimensions importantes (dites “Grosses Tours”), de plan circulaire ou polygonal, parfois sur des éminences topographiques. Elles sont interprétées, avec réserve, comme des tours maîtresses, susceptibles de jouer à la fois le rôle de réduit défensif et de marqueur symbolique, manifestant la puissance des constructeurs.

185 L’armement des enceintes urbaines pour la défense active repose essentiellement sur les archères et sur les parapets crénelés. En Alsace, les murs d’enceinte paraissent avoir été dépourvus de tout autre dispositif de défense active que les parapets crénelés, alors qu’en Lorraine, des archères sont aménagées dans l’épaisseur des courtines autant que dans les tours de flanquement. En Alsace, les archères sont exclusivement placées aux étages des tours-portes et dans les tours.

186 Le développement et la diffusion des armes à feu, à partir de la deuxième moitié du xiv e  siècle, sont accompagnés d’une adaptation des systèmes défensifs médiévaux. Cependant, on observe que, jusqu’à la fin du xv e  siècle au moins, les principes constructifs des enceintes urbaines évoluent peu. Tout au plus a-t-on pu déceler, à Strasbourg, un accroissement à peine sensible de l’épaisseur des murs construits entre le dernier quart du xiv e et la fin du xv e  siècle, ainsi qu’un léger élargissement des fossés. Dans certains cas, on continue d’assister au doublement des lignes de défense et au renforcement des accès, au moyen de portes avancées et de barbacanes, désormais pourvus de ponts-levis. Le plus souvent, les seules adaptations ont consisté, en Lorraine comme en Alsace, à aménager un orifice circulaire dans une archère, ou à doter les nouveaux ouvrages d’archères-canonnières.

Notes de bas de page

411 À Verdun et Sarrebourg ( cf. l’étude monographique).

412 Ainsi que les premiers systèmes bastionnés des xvi e -xvii e  siècles : Nancy, Thionville, Marsal, etc.

413 Les maçonneries du pont de Pont-à-Mousson sont, elles aussi, assurées par des agrafes de plomb au plus tard au xv e  siècle ( Belville , 1994 : 109).

414 Rues Lormont et Châtelet ( cf. l’étude monographique).

415 Cf. l’étude monographique.

416 Cf. les études monographiques.

417 Agglomérations avec tours talutées : Briey, Darney, Nancy, Neufchâteau, Mousson, Stenay, Vaucouleurs et Raon-l’Étape ; agglomérations avec courtines talutées : Commercy, Blâmont et Mirecourt ; agglomération avec tours et courtines talutées : Épinal.

418 La courtine de Dun-sur-Meuse en est pourvue ( Vermard , 1997 : 59).

419 À Épinal et Neufchâteau ( cf. les études monographiques).

420 À Verdun ( cf. l’étude monographique), Briey ( Duval , Voirin , 2003 : 70-71) et Nancy.

421 Pour Liverdun, Épinal ( cf. les études monographiques) et Châtel-sur-Moselle.

422 À Saint-Mihiel ( cf. l’étude monographique).

423 Sur les tours en éperon de Vaucouleurs ( cf. l’étude monographique) et la tour Valéran de Ligny-en-Barrois (fig. 289).

424 Études micro-topographiques (LAMEst) et un carottage à Vaudémont (SRA de Lorraine).

425 Commercy, Épinal, Liverdun, Saint-Avold, Saint-Mihiel, Sarrebourg, Sarreguemines, Verdun et Vic-sur-Seille.

426 Vic-sur-Seille ( cf. l’étude monographique).

427 Rappelons l’apport de l’étude menée sur le fond de fossé de l’enceinte de Luxembourg ( De Meulemeester , 1999 : 132).

428 Épinal, Liverdun, Saint-Mihiel, Sarrebourg, Sarreguemines, Vaucouleurs ( cf. les études monographiques), Bar-le-Duc ( Aimond , 1954 : 70-74), Châtel-sur-Moselle ( Giuliato , 1993a : 164), Marville ( Cazin , 2003 : 80) et Vaudémont (premier fossé) ( Laumond , 1995 : 228).

429 Vic-sur-Seille ( cf. l’étude monographique), Deneuvre ( Giuliato , 1993a : 174), à la porte du Bal de Marville ( Cazin , 2003 : 80), Metz ( Wagner , 2003 : 40), Vaudémont (second fossé) ( Laumond , 1995 : 240) et pour le fossé du château de Void ( Giuliato , 2002a : 39).

430 Cf. l’étude monographique.

431 Cf. l’étude monographique.

432 Attestée dans les sources manuscrites à Metz en 1450 ( Wagner , 2003 : 41) et probablement à Verdun.

433 Secteur sud.

434 Secteur sud-ouest.

435 Secteur nord de l’enceinte du bourg.

436 Liverdun, Sarrebourg, Saint-Avold, Vic-sur-Seille ( cf. les études monographiques).

437 Mirecourt est, de ce point de vue, tout à fait pertinent.

438 Retenons à ce titre le travail réalisé sur Vic-sur-Seille.

439 Remarquons l’apport des travaux de Pierre Marot ( Marot , 1932) sur Neufchâteau par exemple.

440 “La figure d’une place ne doit être ni carrée, ni composée d’angles trop avancés ; mais elle doit faire simplement une enceinte, afin que l’on puisse voir l’ennemi de plusieurs endroits ; les angles avancés ne sont point propres pour la défense, et sont plus favorables aux assiégeants qu’aux assiégés” d’après Vitruve  : Livre I, chapitre V (Des fondements des murs et des tours).

441 Par la topographie, l’hydrographie, la pression démographique, les besoins économiques…

442 Marville ( Cazin , 2003 : 84), Commercy, Mirecourt et Sarrebourg ( cf. les études monographiques) pour les exemples les plus démonstratifs.

443 L’argument se fait l’écho du chapitre qui traite des abords où les milieux non bâtis, à vocation agropastorale, seraient volontairement intégrés à l’espace urbain.

444 Les fouilles attestent de cette situation à Vaucouleurs, Vic-sur-Seille et Épinal ( cf. les études monographiques).

445 La part que représentent les courtines par rapport aux tours dans le système fortifié est largement majoritaire. C’est pourquoi seuls les murs seront considérés comme un élément de la défense passive ; la tour étant un élément marginal, qui vient, comme les textes le mentionnent, renforcer la ceinture.

446 Quelques cas, comme à Saint-Mihiel ( cf. l’étude monographique), démontrent l’importance des murs encore en élévation, très difficilement datables.

447 Sarrebourg, Liverdun et Mirecourt ( cf. les études monographiques).

448 Vingt-deux cas sur cinquante-cinq.

449 Plutôt que d’y voir une interprétation erronée des structures, mieux vaut soulever la question des lignes de défense avancée, des systèmes temporaires de défense, etc., autant d’éléments difficilement décelables.

450 Entre 6 et 8 m à Neufchâteau, Saint-Mihiel, Vic-sur-Seille ( cf. les études monographiques), Briey ( Duval , Voirin , 2003 : 70-71), Arrancy ( Duval , 2005 : 97-98), Mousson ( Giuliato , 1993a : 151) et Hombourg-Haut ( Giuliato , 1993a : 156). Environ 10 m à Gondreville ( Tricot , 1993 : 185) et 12 m à Rambervillers ( Poupon , 2000 : 46).

451 En l’absence de fouille, rien n’indique les niveaux de sols médiévaux, les hauteurs restant indicatives.

452 Cf. l’étude monographique.

453 On retiendra au-delà des exemples identifiés d’après les notices : Raon-l’Étape, Lunéville, Briey et Châtel-sur-Moselle.

454 Cf. les études monographiques. L’enceinte castrale de Void semble en être pourvue aux xiv e -xv e  siècles ( Giuliato , 2002a : 39).

455 Considérant qu’une tour circulaire est structurellement plus résistante.

456 La tour Anglemein est conservée en élévation et datée, selon sa mention dans un texte manuscrit de 1257 ( Giuliato , 1993a : 157 ; Poupon , 2000 : 50).

457 Cf. l’étude monographique.

458 Cf. l’étude monographique.

459 Cf. l’étude monographique.

460 Une à Châtel-sur-Moselle pour 100 m de courtine au tracé rectiligne ( Giuliato , 1993a : 190) ; une pour 150 m à Boulay ( Giuliato , 1993a : 189) ; une pour 200 m à Épinal et Commercy ; une à Liverdun sur 300 m ; à Vic-sur-Seille, les cas oscillent entre 1 pour 50, 100 ou 250 m ( cf. les études monographiques).

461 Cf. les études monographiques de Saint-Avold, Liverdun, Neufchâteau et Vaucouleurs.

462 Vingt-six tours sembleraient correspondre à cette phase de transition. Mais il faut retenir que le corpus global compte aussi vingt-sept exemples pas ou mal datés et que six cas sont datés du xv e  siècle.

463 Sont recensées à Vaucouleurs deux tours en éperon, une tour circulaire, une demi-circulaire, une quadrangulaire et un dernier cas en encorbellement sur un premier niveau quadrangulaire.

464 Neufchâteau durant la seconde moitié du xiii e  siècle ; Épinal dans la première moitié du xiii e  siècle ; Mousson ( Giuliato , 1993a : 150-154) et Rambervillers ( Poupon , 2000 : 50) après le milieu du xiii e  siècle ; dans la seconde moitié du xiii e ou au début du xiv e  siècle à Vaucouleurs pour les tours carrée, en éperon et en fer à cheval ; Sarreguemines aux xiii e -xiv e  siècles ; aux xiv e -xv e  siècles à Liverdun ; à Saint-Mihiel ( cf. les études monographiques) et enfin à Châtel-sur-Moselle pour la tour en fer à cheval du xv e  siècle ( Giuliato , 1993a : 164-165, 190).

465 À Épinal au xiii e  siècle, Saint-Avold au xiv e  siècle ( cf. les études monographiques) et Void au xv e  siècle ( Giuliato , 2002a : 39).

466 Rappelons que la tour polygonale de Mousson domine la vallée de la Moselle et surplombe la ville neuve de Pont-à-Mousson. Alors que Pont-à-Mousson polarise presque l’ensemble des critères de centralité, cet édifice, massif, semble rappeler que les prérogatives militaires se sont toujours maintenues sur la butte témoin de Mousson ( Giuliato , 1993a : 153-154 ; Fray , 2006 : 355).

467 Bien que ne faisant pas partie du corpus des enceintes d’agglomération, pour son intérêt architectural, la tour-porte de l’enceinte collective de Blénod-lès-Toul, datée du xvi e  siècle, a été ici prise en compte ( Giuliato , 2005a).

468 Cf. contribution d’A. Masquilier et G. Giuliato - Les enceintes urbaines en Lorraine.

469 Dans cette optique, les dossiers de l’Inventaire régional de Lorraine sur la tour-porte de Void, les relevés de la porte de la Craffe à Nancy et le fonds du pré-inventaire et iconographique nous livrent des données précieuses, voire irremplaçables dans certains cas.

470 Ligny-en-Barrois ( Peridon , 1996 : 53-56, 75-77), Stenay ( Cazin , 2002 : 131) et Épinal ( cf. l’étude monographique).

471 Dix portes sont dénombrées à Metz ( Schneider , 1950) et Verdun ( cf. l’étude monographique), huit à Toul ( Hachet et alii, 2000) et sept à Briey ( Ricco , 1992 : 34-37 ; Duval , Voirin , 2003 : 66-77).

472 Aussi à Neufchâteau et Saint-Avold ( cf. les études monographiques) et Vézelise ( Schluck , 1995 : 35-41).

473 Sans oublier Liverdun, Sarrebourg, Mirecourt, Vic-sur-Seille ( cf. les études monographiques), Void, Foug, Lunéville, Raon-l’Étape, Rambervillers, Boulay ( Giuliato , 1993a : 170-190), Vaudémont ( Laumond , 1995 : 252-253, 258-262), Marville ( Cazin , 2003 : 79) et Gondrecourt-le-Château.

474 Commercy, Sarreguemines ( cf. les études monographiques), Hombourg, Nomeny, Deneuvre, Amance, Mousson, Badonviller, Châtel-sur-Moselle ( Giuliato , 1993a : 170-190) et Gondreville ( Tricot , 1993 : 194-198).

475 Kraemer , 1993 : 207 note 71, ainsi qu’à Bruyère ( Kraemer , 2006 : 63).

476 Par comparaison, la poterne aménagée dans l’enceinte du château de Briey se compose d’une porte piétonne au couvrement en plein cintre ( Duval , Voirin , 2003 : 61).

477 À Marville, ses dimensions la rapprocheraient des portes cochères. Elle est couverte d’un arc brisé ( Cazin , 2003 : 79-82).

478 Première moitié du xiii e  siècle à Mousson ( Giuliato , 1993a : 151, 185), entre la seconde moitié du xiii e et le milieu du xiv e  siècle à Sarreguemines ( cf. l’étude monographique), dans la seconde moitié du xiv e  siècle et au xv e  siècle à Bar-le-Duc ( Aimond , 1954 : 70-74), en 1409-1411 à Vézelise ( Schluck , 1995 : 40-41) et dans le même siècle à Void ( Giuliato , 2002a : 39). Blénod-lès-Toul en est pourvue au xvi e  siècle ( Giuliato , 2005a : 226).

479 À Void par exemple, la tour-porte est placée 9 m en saillie ( Giuliato , 2002a : 39).

480 À la tour de l’Horloge à Sierck-les-Bains, Gerbéviller ( Hennebert , 2004 : 174) et à Void pour la porterie de l’enceinte castrale ( Giuliato , 2002a : 39).

481 Vic-sur-Seille : 12,5 x 15 m ( cf. l’étude monographique) ; Void : 14 x 11 m ( Giuliato , 2002a : 39).

482 Vézelise : 7,15 x 4,29 m ( Schluck , 1995 : 35-41).

483 Darney : 2,20 m ( Quiqueret , 2001 : 85) ; Vézelise de 0,65 à 2,75 m ( Schluck , 1995 : 39) ; 2 m à Mousson ( Giuliato , 1993a : 151).

484 Mention en 1371 à Bar-le-Duc ( Jacquot , 1990 : 109), mention en 1440 à Mirecourt ( Moulis , 1997 : 50-54, 112).

485 Baie carrée à Vézelise ( Schluck , 1995 : 35-41) ; cintrée à la porte Basse de Liverdun ( Condom , 1991 : II, 68) et Vézelise ( Schluck , 1995 : 37), Gerbéviller ( Condom , 1991 : II, 63), porte Saint-Nicolas à Deneuvre ( Condom , 1991 : II, 42) ; en arc brisé à Darney ( Quiqueret , 2001 : 85-86), Gondreville ( Tricot , 1993 : 194-197) et Vic-sur-Seille ( cf. l’étude monographique).

486 La circulation est divisée à Vic-sur-Seille (porte mentionnée en 1220), pour la porte entre ville haute et ville basse à Liverdun ( cf. les études monographiques), Vézelise ( Schluck , 1995 : 35-37) et Void.

487 À Vic-sur-Seille pour une porte mentionnée dès 1220 ( cf. l’étude monographique) ; à Mousson entre la seconde moitié du xiii e ou le xiv e  siècle ( Giuliato , 1993a : 151) ; à Void au plus tard au xv e  siècle.

488 Cf. les études monographiques d’Épinal, Vic-sur-Seille et Liverdun.

489 Terminologie utilisée pour les Bailes d’en Haut et d’en Bas ( Aimond , 1954).

490 Dossier du Service régional de l’Inventaire général de Lorraine, Nancy ; Giuliato , 2002a : 39.

491 Cf. l’étude monographique.

492 Cf. l’étude monographique.

493 Cf. l’étude monographique.

494 Un premier travail d’inventaire a été réalisé sur les régions de l’est de la France ( Ben Kaddou r, 2004).

495 Vaucouleurs, Mirecourt ( cf. les études monographiques), Bar-le-Duc ( Aimond , 1954 : 26-31), Metz au xv e  siècle ( Corvisier , 1995 : 558 ; Wagner , 2003 : 43), Ligny-en-Barrois ( Peridon , 1996 : 75), etc.

496 La séparation de la circulation (piéton/cochère) attestée à Mirecourt ( Moulis , 1997 : 51), à l’avant-corps de la porte du Pierge à Ligny-en-Barrois ( Peridon , 1996 : 76) et peut-être Nancy.

497 Cf. étude de J. Guillaume, L’iconographie des fortifications d’agglomération en Lorraine.

498 Cf. l’étude monographique.

499 Dans les corps de bâtiments des xiii e et xv e  siècles ( Corvisier , 1995 : 550-551, 554).

500 Cf. l’étude monographique.

501 Cf. étude de J. Guillaume, L’iconographie des fortifications d’agglomération en Lorraine.

502 Les mâchicoulis peuvent être placés sur une galerie à la porte de la Craffe à Nancy ( Giuliato , 1993a : 163).

503 Il ne s’agit pas ici d’aborder les considérations soulevées par les programmes mis en œuvre pour doubler l’entrée par des systèmes d’entrée déjà connus. Cf. infra.

504 C. Belville envisage que la porte de Tirey ou “Saint-Martin” soit initialement flanquée de deux tours circulaires ( Belville , 1994 : 90).

505 La présence d’une porte au pont Thiffroy fait encore débat chez les historiens. P. -E. Wagner considère qu’elle n’aurait pu être construite qu’au moment de la construction du pont en pierre, remplaçant un ouvrage en bois, au xiv e  siècle ( Wagner , 2003 : 43). Le plan de la porte, publié par J. Schneider en 1950, pourrait correspondre à cette analyse.

506 Cf. l’étude monographique.

507 Mentionnée archieres ( Jacquot , 1990 : 110 ; Laumond , 1995 : I, 235 et II, 199).

508 Mentionnée lisarde ( Moulis , 1997 : 49).

509 Dix sont encore conservées.

510 Rue Entre-les-Deux-Portes, le même aménagement est présent dans des murs qu’il est possible d’estimer à environ 2 m d’épaisseur ( cf. l’étude monographique, L’enceinte du Grand Bourg, Le quartier du Chapitre ).

511 Les ébrasements mesurent entre 1,04 et 1,46 m à Épinal et de 1,12 à 1,15 m à Vaucouleurs ( cf. les études monographiques).

512 À Mousson ( Giuliato , 1993a : 151).

513 Observées à Épinal, sur le secteur du quartier canonial ainsi que rue Entre-les-Deux-Portes ( cf. l’étude monographique).

514 Cf. l’étude monographique.

515 Cf. l’étude de J. Guillaume, L’iconographie des fortifications d’agglomération en Lorraine.

516 D’après le plan de N. Bellot de 1631.

517 Porte de la rue Entre-les-Deux-Portes ( cf. l’étude monographique)

518 Porte d’Anval ( Giuliato , 1994b).

519 Sur la porte Chaussée de Verdun (fig. 286).

520 Par ordre d’apparition : Metz ( Corvisier , 1995 : 554-556, 562) ; Vic-sur-Seille ( cf. l’étude monographique) ; Verdun et Nancy ( Giuliato , 1993a : 163-164).

521 C’est aussi le cas à Vic-sur-Seille, à Vaucouleurs sur la tour du Prévôt ( cf. l’étude monographique) et, selon A. Dedenon, à Blâmont ( Dedenon , 1998 : 109).

522 À Épinal, tour en fer à cheval du chapitre ( cf. l’étude monographique) ou à Metz, sur la porte des Allemands ( Corvisier , 1995 : 550-551).

523 À la porterie de Void ( Giuliato , 2002a : 39).

524 Cf. l’étude monographique.

525 Ce cas de figure nous renvoie directement à la notion des abords immédiats de l’enceinte (cf. infra).

526 Cf. l’étude monographique.

527 Cf. l’étude monographique.

528 Sur une tour du secteur du Chapitre ( Grasser , 1984).

529 Cf. supra les contributions de B. Metz et de Y. Henigfeld.

530 À Strasbourg, la charpente de la tour pentagonale (place de l’Hôpital) conservait encore récemment une partie de sa couverture en tuiles creuses liées au mortier, mise en place en 1491 ( Werlé , 1999 ; Waton et alii, 2000 : 77).

531 Cf. supra l’étude monographique du site.

532 Cf. supra l’étude monographique du site.

533 À Haguenau, la troisième enceinte de la ville paraît également avoir été séparée du fossé ; le mur, non daté, était fondé sur des piles réunies entre elles par des arcs de décharge segmentaires (Polyclinique Sainte-Odile, phase C). Ce type de fondation a par ailleurs été observé sur le site de l’Institut Sainte-Philomène. Cf. supra l’étude monographique du site.

534 Les pieux de fondation du mur de la première enceinte castrale, prélevés vers 1950, ont fait l’objet d’une analyse dendrochronologique en 1969 : ils ont alors été datés de 1130 ± 6 ans. À Haguenau, des fondations sur pilotis observées en 1998, interprétées comme celles de la porte dite Kleffertor, ont été datées par dendrochronologie entre 1256 et 1260. Cf. supra l’étude monographique du site.

535 Cf. supra l’étude monographique du site.

536 Voir notamment Metz , 1990b : 33 et cf. supra la contribution de B. Metz.

537 Cf. supra l’étude monographique du site.

538 Cf. supra l’étude monographique du site.

539 Strasbourg, établissement des Diaconesses, 2, rue Sainte-Élisabeth, 2000.

540 Le retrait des tours-portes (qu’il conviendrait de dater) par rapport au mur d’enceinte intérieur de Rosheim pourrait être un argument supplémentaire en faveur d’une enceinte primitive en terre. Ajoutons que des talus sont aujourd’hui encore signalés en arrière de l’enceinte intérieure ( Bretz , 2000 : 171).

541 Cf. supra la contribution de B. Metz.

542 Le pilotis de fondation de l’enceinte du faubourg occidental, construite de 1374 à 1390 d’après les sources écrites, emploie des bois abattus en 1372 ( Waton , 1994a). La progression de la construction de l’enceinte du faubourg de la Krutenau, que les sources écrites signalent entre 1404 et 1441, peut de même être précisée par le biais de la dendrochronologie : des tronçons ont respectivement été datés après 1406 ( Henigfeld , 1990), de 1410-1411 ( Henigfeld , 2005e) et de 1413 environ ( Baudoux , 2001), témoignant d’un rythme d’avancement assez lent. Enfin, l’abattage des bois du pilotis de fondation de la fausse-braie méridionale, construite en 1475 d’après les chroniqueurs, est daté de l’hiver 1473-1474 ( Schwien , 1987b, 1990a et 1994a ; Schwien et alii, 1999 : 143).

543 Les briques du mur d’enceinte du premier agrandissement de la ville d’Haguenau, que les sources écrites suggèrent de dater entre 1284 et 1324, ont été attribuées par thermoluminescence à une fourchette chronologique comprise entre 1360 et 1480 ( cf. supra l’étude monographique du site). L’enceinte épiscopale de Strasbourg, édifiée dans la première moitié du xiii e  siècle d’après les sources écrites, a été l’objet de deux datations archéométriques. L’une (square Botzaris), combinant sur le même site 14 C et thermoluminescence, donne une fourchette chronologique imprécise (1200-1270 pour la thermoluminescence ; Nilles , Baudoux , 2000a : 57) ; l’autre (rue des Jardins), par dendrochronologie, est sujette à caution : une première analyse, en 1973, avait proposé une date d’abattage en 1214 avec réserve, une deuxième, en 1990, affirmant la date de 1235 ( Schwien et alii, 1999 : 141, note 15).

544 L’enceinte intérieure de Rosheim (1262-1267 ?), conservée sur une hauteur de 9,10 m, est épaisse de 1,40 m environ à la base et de 1,10 m à son sommet ( Peter , 1987, 1988b et 1990). L’épaisseur des fondations de la première enceinte de Thann (avant 1296) passe de 1,25 à 1,05 m, sur une hauteur conservée de 2,50 m ( cf. supra l’étude monographique du site). L’enceinte de Benfeld, épaisse de 1,13 à 1,20 m au sommet des fondations, n’est plus épaisse que de 0,87 m à la base de l’élévation arasée ( Meyer , Hamm , 1990). À Strasbourg, l’enceinte du faubourg occidental de la ville (1374-1390), conservée sur une hauteur de 3,75 m, est épaisse de 1,72 m à la base et de 1,49 m au niveau de l’arase ( Henigfeld , 1999c). De même, l’enceinte du faubourg oriental de Strasbourg (1404-1441), conservée sur une hauteur de 3,60 m, est épaisse de 1,90 m à la base et de 1,52 m au niveau de l’arase ( Henigfeld , 1990).

545 Compte tenu de ces éléments, il convient de considérer avec prudence l’hypothèse selon laquelle le mur épais de 0,60 m mis au jour à Sélestat (îlot Saint-Quirin) puisse être interprété comme la première enceinte maçonnée (avant 1236) de la ville ( Billoin et alii, 2000 : 30).

546 Ces moyennes ont été calculées à partir d’informations recueillies dans les publications et dans les rapports d’études archéologiques.

547 C’est le cas, notamment, à Strasbourg et à Colmar. Dans cette dernière ville (rue des Unterlinden) par exemple, l’enceinte observée en fouille en 1998 était conservée sur une hauteur de 4,60 m ( Rohmer , 2000 : 16).

548 Voir respectivement Jaenger , 1938 ; Oswald , 1994a ; Braun , 1970 ; Jaenger , 1926 et Jaenger , 1936 : 76.

549 Cf. supra l’étude monographique du site.

550 La présence d’un mur d’escarpe séparé de l’enceinte (braie ou fausse-braie) est cependant attestée à Molsheim et à Mulhouse (cf. supra).

551 Cf. supra.

552 Cf. supra l’étude monographique du site.

553 À Strasbourg, les tronçons observés en fouille de la contrescarpe du fossé de l’enceinte sud, traditionnellement attribuée au xiii e  siècle, sont datés de 1363-1381 et de 1464 ( Waton et alii, 2000 ; Schwien et alii, 1999 : 140). De même, la contrescarpe du fossé de l’enceinte du faubourg occidental, datée par les textes de 1374-1390, n’a été revêtue d’un mur que dans la première moitié du xvi e  siècle (tronçons datés de 1511 et de 1532-1534 ; Kern , 1990a ; Waton , 1991b ; Schwien et alii, 1999 : 141). La contrescarpe talutée de l’enceinte du faubourg de la Krutenau, construite à partir de 1404, n’est revêtue d’un mur qu’après 1538 ( Henigfeld , 2005e).

554 Cf. supra l’étude monographique du site.

555 Strasbourg, caserne Barbade : étude du fossé de la fausse-braie de 1474-1475.

556 Cf. supra l’étude monographique du site. La vue de la ville en 1644 par Joh. Jacob Arhardt montre un mur non crénelé. Les sources iconographiques relatives à Mulhouse au xvi e et au xvii e  siècle témoignent également d’une enceinte extérieure basse.

557 F. Jaenger et J. -C. Schmitt (1930 : 278) suggèrent, sans justification, que Bergheim ait été dotée de sa double enceinte dans les années 1311. F.-J. Himly (1970) propose des datations comprises entre les xiii e et xiv e  siècles (pour celles qui auraient été édifiées en même temps que l’enceinte intérieure) et le début du xvii e  siècle (pour Riquewihr, par exemple).

558 Cf. supra l’étude monographique du site.

559 Cf. supra la contribution de B. Metz.

560 L’abandon précoce de la première enceinte de Cernay (avant 1268), dont il ne reste rien aujourd’hui en élévation, est suggéré par le comblement de son fossé ayant, semble-t-il, livré du mobilier daté du xv e  siècle ( Bakaj , 2005).

561 Dans le cas de Riquewihr, par exemple, le plan paru dans l’ Atlas ( Himly , 1970 : 100-101) ne montre qu’une seule tour (le Diebsturm, dans l’angle nord-ouest de l’enceinte médiévale), alors que F. Jaenger (1936 : pl. XIII) en dénombre trois de plus, placées dans les autres angles.

562 Cf. supra les études monographiques de site : Haguenau (boulevard Hanauer : voirie, 1998) et Thann (Collège Faesch, 2001).

563 Bouxwiller, Rempart sud, 1997 : tour d’angle de l’enceinte extérieur ( Prévost - Bouré , 1998, 1999 ; Prévost - Bouré et alii, 1999) ; Cernay, Ferme Walter, 2000 : tour de l’enceinte intérieure ( Bakaj , 2005) ; Cernay, tour d’angle, rue Haffner - rue du Fossé, 2004 : tour d’angle de l’enceinte extérieure ( Latasse , 2005a et b).

564 Kaysersberg, enceinte au nord de la basse-cour du château, 1999 : édifice turriforme ( cf. supra l’étude monographique du site) ; Obernai, 33, rue de Sélestat, 2002 : tour en fer à cheval ( Werlé , Nilles , 2002) ; Rosheim, Tour Sainte-Marthe, 1993 : tour de la deuxième enceinte ( Bretz , 1994, 1995a et b).

565 Cf. supra.

566 Tel est le cas, par exemple, de Zellenberg, petite agglomération implantée sur une colline, fortifiée avant 1315 et dotée de deux tours d’angle ( Jaenger , 1927).

567 Il est remarquable qu’aucune enceinte urbaine médiévale alsacienne n’égale, de ce point de vue, les enceintes tardo-antiques de Strasbourg et de Saverne. Celle de Strasbourg, datant du iv e  siècle, est flanquée de tours semi-circulaires de différents diamètres (4,70 à 7,60 m) et d’espacement variable (25 à 50 m), répondant à un schéma d’ensemble relativement cohérent ( Baudoux et alii, 2002 : 101-104). Celle de Saverne, également datée du iv e  siècle, qui commandait le passage des Vosges, était systématiquement flanquée de tours circulaires (de 5 à 8 m de diamètre et espacées de 25 à 30 m) à cheval sur la courtine ( Flotté , Fuchs , 2000 : 565-566).

568 Les résultats de ce diagnostic archéologique (Ferme Walter, 2000) ne sont connus que par une brève notice ( Bakaj , 2005).

569 Cf. supra la contribution de B. Metz.

570 Au 33, rue de Sélestat, la tour mesure 4,80 x 4,20 m dans les axes ; elle fait saillie sur l’extérieur de 1,30 m. Elle n’est conservée que sur une hauteur de 9 m ( Werlé , Nilles , 2002).

571 Sur la datation de l’enceinte d’Obernai, cf. supra la contribution de B. Metz. Nous rejoignons donc la proposition de datation émise par J. Braun (1970 : 74-75), en opposition avec celle proposée dans le Dictionnaire des Monuments Historiques d’Alsace ( Toursel - Harster et alii, 1995 : 287), qui plaide en faveur d’une datation plus récente des tours.

572 Il s’agit des trois tours dites des Ponts Couverts, d’une tour quai Turckheim et d’une tour quai Schoepflin. Von Apell , 1902 : 32, 37 ; Schwien , 1992 : 92, 107.

573 H. Zumstein (1997) les a abordées par le biais des graffiti laissés, au xvi e  siècle, sur les parements internes des murs, lorsque les tours étaient employées comme prisons.

574 La datation de l’enceinte urbaine de Wissembourg, désignée oppidum dès 1179, n’est pas déterminée. Ch. Altewei (1999 : 12) propose de dater sa construction du milieu du xiii e  siècle ; elle suggère que l’édification des tours est un peu plus tardive. B. Metz (cf. supra) rapporte la mention en 1265 d’un “nouveau mur de la ville” (novum murum civitatis).

575 Sur les tours d’angle de Riquewihr, voir Jaenger , 1936 : 78-80, pl. 16, n o  3. Sur Thann et sa tour d’angle démolie en 1866, cf. supra la contribution de J. Koch.

576 Sur la datation de l’enceinte de Benfeld, voir Metz , 2002a : 60.

577 La construction de l’enceinte maçonnée de Molsheim pourrait avoir débuté avant 1252, des travaux de fortification étant possibles jusque dans le premier quart du xiv e  siècle ( cf. supra la contribution de B. Metz et l’étude monographique du site). L’enceinte d’Obernai est construite, d’après les sources écrites, entre 1262 et 1283 ( cf. supra la contribution de B. Metz).

578 Cf. supra l’étude monographique du site.

579 Sur les arguments de datation, cf. supra la contribution de B. Metz à l’étude monographique du site. D’après les données archéologiques, la construction de l’enceinte maçonnée ne serait intervenue que vers la fin du xiv e  siècle, voire dans le courant du xv e  siècle.

580 Il s’agit de portes “principales”, desservies par des voies de circulation importantes. Les portes “secondaires” et les poternes ne sont pas dénombrées.

581 Au moins treize villes conservent une seule tour-porte (Ammerschwihr, Obertor  ; Bergheim, Obertor  ; Cernay, porte de Thann ; Dachstein, Breuschtor  ; Guémar, Obertor  ; Kientzheim, Untertor  ; Molsheim, Schmiedtor  ; Mulhouse, Nesselturm  ; Mutzig, Untertor  ; Ribeauvillé, Metzgertor  ; Riquewihr, Obertor  ; Wangen, Niedertor  ; Wihrau-Val, Untertor ). S’il ne s’agissait d’une enceinte castrale, il aurait été possible d’y ajouter Châtenois, dont la tour-porte s’apparente à une porte de ville. Trois villes conservent deux tours-portes (Haguenau, porte des Chevaliers et porte de Wissembourg ; Sélestat, Niedertor et Neutor  ; Strasbourg, Spitaltor et Bündetor ). Trois villes conservent trois tours-portes (Boersch, Niedertor, Obertor et Aeftertor  ; Dambach, Untertor, Grendeltor et Neutor  ; Turckheim, Untertor, Obertor et Oehltor ). Une seule ville, Rosheim, conserve quatre tours-portes (porte de l’École, Zittglockturm, Untertor, Loewentor ).

582 Cf. supra l’étude monographique du site.

583 Ainsi à Haguenau, Armbrustertor et Kleffertor ( Burg , 1964 et cf. supra l’étude monographique du site). À Westhoffen, rue Staedel, le suivi de travaux d’assainissement a permis de mettre au jour les vestiges de l’ Obertor (ou Klingeltor ), le mur de contrescarpe et une pile de pont maçonnée destinée au franchissement du fossé ( haegel , 1984). À Mutzig, le même type de travaux a permis de réaliser une coupe stratigraphique en travers de l’ Untertor et de ses défenses avancées ( oswald , 1986).

584 goehner , 1924 (Wihr-au-Val) ; jaenger , 1926 (Ribeauvillé), 1927 (Guémar), 1936 (Riquewihr), 1938 (Dachstein) et 1949 (Wangen) ; jaenger , schmitt , 1930 (Bergheim) ; oswald , 1994a (Molsheim) ; Bretz , 2000 (Rosheim) ; Waton et alii, 2000 (Strasbourg, Spitaltor ).

585 Cf. supra les études monographiques de site.

586 Datations : Gilbert Meyer (Châtenois) et laboratoire de l’Université de Stuttgart/Hohenheim (Ammerschwihr). Ces datations ne s’appliquent pas forcément aux niveaux inférieurs. L’ Obertor d’Ammerschwihr, par exemple, pourrait être antérieur, puisque l’enceinte maçonnée a été édifiée, d’après les sources écrites, à partir de 1367 ( cf. supra la contribution de B. Metz).

587 Un mémoire de DEA inédit ( Ben Kaddour , 2004) propose une ébauche de synthèse portant sur la question des portes de ville dans le nord-est de la France médiévale (Alsace, Franche-Comté et Lorraine).

588 Boersch, Niedertor, Obertor et Aeftertor  ; Dachstein, Breuschtor  ; Strasbourg, Bündetor.

589 Benfeld, Obertor  ; Dambach, Untertor , Grendeltor et Neutor  ; Haguenau, porte des Chevaliers ; Molsheim, Schmiedtor  ; Mutzig, Untertor  ; Strasbourg, Spitaltor.

590 Bergheim, Obertor  ; Mulhouse, Nesselturm  ; Riquewihr, Obertor  ; Sélestat, Niedertor surélevé en 1299 et Neutor  ; Wangen, Niedertor.

591 Ammerschwihr, Obertor  ; Andlau, Spitaltor, Haseltor et Obertor  ; Cernay, porte de Thann ; Kientzheim, Untertor  ; Turckheim, Untertor, Obertor et Oehltor  ; Wihr-au-Val, Untertor.

592 Datations : Gilbert Meyer (Châtenois) et laboratoire de l’Université de Stuttgart/Hohenheim (Ammerschwihr).

593 Sauf exception, par exemple à Molsheim (Schmiedtor) et à Boersch (Aeftertor). Encore conviendrait-il de vérifier que cette disposition soit d’origine.

594 Ammerschwihr ( Obertor ), Bergheim ( Obertor ), Boersch ( Niedertor et Obertor ), Dambach ( Untertor, Grendeltor et Neutor ), Guémar ( Obertor ), Ribeauvillé ( Metzgertor ), Riquewihr ( Obertor ), Sélestat ( Neutor ) et Turckheim ( Untertor, Obertor et Oehltor ).

595 Kientzheim ( Untertor ), Molsheim ( Schmiedtor) et Mutzig ( Untertor ).

596 Dachstein ( Breuschtor ), Mulhouse ( Nesselturm ), Rosheim (porte de l’École, Zittglockturm, Untertor et Loewentor ) et Strasbourg ( Spitaltor ).

597 À Molsheim ( Schmiedtor ), une deuxième herse est aménagée (en remplacement de la herse primitive ?) en arrière de l’encadrement de la porte ouverte du côté de l’attaque. Cette transformation peut être datée, à la lumière d’indices stylistiques, du xvi e  siècle.

598 À Obernai (1262-1268), les parapets crénelés étaient conservés sur une hauteur de 1,58 m (4, rue de Gail ; Werlé , 2005b) et 2,20 m (1, rue Athic ; Simonin , Werlé , 1998). À Strasbourg, l’empreinte en négatif du parapet crénelé du mur d’enceinte arraché sur l’élévation de la tour pentagonale (place de l’Hôpital) était haute de 2,80 m ( Waton et alii, 2000).

599 À Kaysersberg, le parapet crénelé de l’enceinte urbaine de la deuxième moitié du xiii e  siècle, au sud du château, a été conservé par un exhaussement ultérieur du mur : l’ouverture d’un créneau mesure 0,92 m de large, les merlons étant longs de 1,75 m. La réfection du crénelage, dans la deuxième moitié du xv e  siècle, est caractérisée par un allongement significatif du format des merlons (de 4,50 à 5,50 m) et par l’intégration de meurtrières en leur centre. Cf. supra l’étude monographique du site.

600 Jaenger , 1936 : 76 (Riquewihr).

601 Voir le plan des étages de l’ Heinrichturm dans Zumstein , 1997 : 690.

602 C’est par exemple le cas à Riquewihr, à Ribeauvillé, à Wangen et à Kayserberg, dans l’exhaussement de l’enceinte au sud du château, daté vers 1370-1380 ( cf. supra l’étude monographique du site).

603 Voir aussi le dessin de Joh. Jacob Arhardt (1673), montrant l’enceinte entre le Spitaltor et la tour pentagonale, place de l’Hôpital (reproduit dans Waton et alii, 2000 : 72, fig. 5) ; le chemin de ronde y semble, à cette époque, protégé par un garde-corps en bois.

604 Jaenger , 1949 : 281 (Wangen).

605 Les chemins de ronde couverts conservés à Riquewihr (6, rue des Écuries Seigneuriales) ne sont pas datés ( Jaenger , 1936 : 76, pl. 14).

606 L’enceinte du faubourg occidental (1374-1390) a une épaisseur variant de 1,72-1,85 m à la base à 1,49-1,60 m au niveau de l’arase ; l’enceinte du faubourg oriental (1404-1441) a une épaisseur variant de 1,90 m à la base à 1,52 m au niveau de l’arase ; enfin, la fausse-braie sud (1474-1475) a une épaisseur variant de 2,10 m à la base à 1,70 m au niveau de l’arase.

607 Le fossé de l’enceinte du faubourg occidental (1374-1390) est large de 24 m (place de la Gare ; Kern , 1990a) à 33 m (place Sainte-Marguerite, Musée d’Art Moderne et Contemporain ; Waton , 1991b ; Schwien et alii, 1999 : 141). Le fossé de l’enceinte du faubourg oriental (1404-1441) est large de 21,50 m (lycée Jean Rostand ; Henigfeld , 2005e) à 27 m (Esplanade, rue Pierre Montet ; Henigfeld , 1990 ; Henigfeld , Keller , 1994). Le fossé de la fausse-braie de 1474-1475 est large de 22 à 23 m (caserne Barbade ; Schwien , 1987b, 1990a et 1994a ; Schwien et alii, 1999 : 143).

608 Rempart sud, 1997 ( Prévost-Bouré , 1998, 1999 ; Prévost - Bouré et alii, 1999).

609 Rue Haffner – rue du Fossé, 2004 ( Latasse , 2005a et b).

610 F. Jaenger et J.-C. Schmitt (1930 : 278) estimaient que les deux enceintes de Bergheim étaient peu ou prou contemporaines (1311 sqq ). Le Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace plaide pour une datation à la fin du xv e  siècle, dans la mesure où les tours sont adaptées aux armes à feu ( Toursel - Harster et alii, 1995 : 48-49).

611 Cf. supra l’étude monographique du site.

612 Cf. supra G. Giuliato et A. Masquilier : Les enceintes urbaines en Lorraine.

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Ivan Ferraresso

Vaucouleurs (Meuse)

Ivan Ferraresso, Franck Gama, Sébastien Jeandemange et al.

Sélestat (Bas-Rhin)

Maxime Werlé et Fabrice Reutenauer

Saint-Mihiel (Meuse)

Hélène Duval, Ivan Ferraresso, Charles Kraemer et al.

Neufchâteau (Vosges)

Ivan Ferraresso, Gérard Giuliato et Amaury Masquilier

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  • Féliu, Clément. Schwien, Jean-Jacques. (2016) Conclusion. Nouvelles perspectives sur les enceintes du Rhin supérieur. Archimède. Archéologie et histoire ancienne , 3. DOI: 10.47245/archimede.0003.ds1.11
  • Borderie, Quentin. Acheré, Vincent. Lecroère, Thomas. Labat, Olivier. Capron, François. Pinhède, Anaïs. Louis, Antoine. Douard, Michel. (2019) Castles in Townscapes: Studying Fortified Medieval Towns and their Environments in Eure-et-Loir (France). Landscapes , 20. DOI: 10.1080/14662035.2020.1861720
  • VUILLEMIN, Adrien. (2016) Les enceintes urbaines en moyenne Alsace (1200-1850). Archimède. Archéologie et histoire ancienne , 3. DOI: 10.47245/archimede.0003.ds1.09

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Canton de Vaud

  • Mur d'enceinte

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Symbole du statut de colonie

Avec ses portes, ses tours et ses courtines crénelées, l’enceinte fortifiée symbolise le statut politique de nombre de villes antiques. Aventicum se pare d’un tel monument dès son élévation au rang de colonie, affirmant sa présence dans le paysage et délimitant du même coup un espace urbain qui s’étend bien au delà des quartiers réguliers déjà bâtis ou seulement projetés.

Son développement surdimensionné

Englobant un territoire de 230 ha environ, l’enceinte se développe sur plus de 5'500 m, suivant au sud la ligne de crête du coteau de Donatyre, englobant à l’ouest la colline du bourg actuel d’Avenches, bordant au nord les zones alors marécageuses de la plaine, pour remonter à l’est le long d’une ligne de rupture de pente. Ce vaste périmètre, accessible par quatre portes principales – seules celles de l’Est et de l’Ouest sont connues –, une porte secondaire au Nord-Est et plusieurs poternes, comportait 73 tours bâties à l’intérieur du mur, qui desservaient les courtines. Plusieurs tronçons du mur sont conservés à l’état de ruine, et l’un d’entre eux a été restauré de part et d’autre de la porte de l’Est et jusqu’à la Tornallaz, où un court secteur a même été entièrement reconstruit. Partout ailleurs ou presque, le paysage actuel conserve des indices bien visibles de son tracé.

Ouvrage militaire ou d’apparat ?

des tours d'enceinte

Large de 3 m en fondation et de 2,40 m en élévation, le mur s’élevait à une hauteur de 5 m, où courait le chemin de ronde, protégé par des merlons coudés de 2 m de hauteur délimitant des créneaux longs de 1,90 m, élevés à hauteur d’appui. Les tours, fonctionnant avant tout comme cages d’escaliers, s’élevaient peu au-dessus de la courtine, où elles présentaient un plan circulaire de 6,90 m de diamètre hors tout, tangent au parement extérieur du mur ; au-dessous, elles s’adossaient à celui-ci, le plan prenant la forme d’un fer à cheval et leur maçonnerie, épaisse de 1,20 m, venant s’ancrer dans celle de l’enceinte. Cet ouvrage était complété côté campagne par un fossé large de 3,80 m et profond de 1,60 m, creusé 2 m en avant du mur, sauf dans le secteur marécageux de la plaine, où les fondations reposent sur des pieux de chêne datés par la dendrochronologie de 72 à 79 de notre ère. Bien que de conception et d’aspect très militaires, le mur d’enceinte n’a sans doute qu’exceptionnellement fonctionné comme ouvrage de défense. Sans exclure qu’il ait pu contribuer au contrôle policier des accès à la ville, il contribue avant tout à donner une image prestigieuse de la capitale des Helvètes.

Un chantier « pharaonique »

Bâti de moellons de calcaire jaune d’un module à peine plus important que celui des maçonneries habituelles de petit appareil, le mur réserve l’usage du grès aux chaperons des merlons et créneaux et au dallage des courtines. Les quelque 200'000 m 3 de calcaire du Jura, acheminés sous forme de gros blocs depuis la rive nord du lac de Neuchâtel par des péniches qui les déchargeaient au port de rive, puis débités en blocs plus maniables et convoyés par charrois jusqu’aux différents chantiers, étaient finalement façonnés en moellons pour monter les parements du mur, les déchets de taille, noyés dans un mortier à la chaux, constituant l’âme du mur. Eu égard à la capacité du port et des péniches utilisées, on estime à 12 ans environ la durée du chantier de construction de l’enceinte tout entière. On ignore quelles furent les ressources financières nécessaires à cette entreprise gigantesque et qui en assura la direction.

Enceinte

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Encyclopædia Universalis

  • 1. Histoire des enceintes
  • 2. Les modes de construction
  • 3. La morphologie des enceintes
  • 4. Les éléments du rempart
  • 5. Les orientations de la recherche sur les enceintes
  • 6. Bibliographie

Les modes de construction

La muraille d'une enceinte peut être faite de matériaux très divers (végétaux, terre, pierre) et de la combinaison de ces divers matériaux. En Afrique, à l'époque précoloniale, on a utilisé des protections végétales : les rapports coloniaux font état de véritables fortifications constituées de fourrés d'euphorbes et d'épineux dont le démantèlement fut souvent exigé par les puissances coloniales. En Europe, sur les bords de la Méditerranée ou en Asie antérieure de telles enceintes ne sont attestées ni par les textes antiques ni (encore) par l'archéologie préhistorique et historique. Mais leur existence n'est pas invraisemblable et il convient d'en maintenir l'éventualité ; alors que la plupart du temps on risque de prendre un enclos pour une fortification, dans ce cas une fortification aura toutes les apparences d'un parc.

D'une manière générale, enceinte et rempart se définissent par le soin particulier apporté à leur construction plus que par une manière spécifique de construire. Les civilisations anciennes, en particulier en Mésopotamie, ont fait largement appel à la terre. Il ne s'agit certes pas d'un matériau noble ; mais la terre présente des avantages qui ne sont pas seulement de coût, de rapidité d'exécution et d'entretien ; elle a aussi des qualités mécaniques qui expliquent que l'on continua à l'utiliser. Pausanias en rappelle les avantages : « Contre les machines [de siège], la brique offre plus de sécurité que les constructions de pierre, car les pierres éclatent sous les chocs et se disloquent aux joints » ( Périégèse , VIII, viii , 6-9) . Cela explique que, même à l'époque hellénistique dans les régions où la pierre abondait, on continue à utiliser la terre dans la construction des murs défensifs. Très tôt, par exemple dans le niveau II C de Troie ( xxiii e siècle environ), le mur de brique crue fut édifié sur un soubassement de pierre qui empêchait l'humidité du sol de remonter. La muraille de la capitale hittite Bogazköy est construite en appareil cyclopéen de 6 m de haut ; mais les superstructures étaient en briques de terre.

En fait, dans l'état actuel de la recherche, il est très difficile d'écrire une histoire précise de l'utilisation de ce matériau comme constituant d'un rempart. Il en existe au moins trois types très différents : le torchis qui est un mélange de terre et de végétaux, la brique crue ou adobe qui est un matériau de série obtenu avec un moule à partir d'un mélange de terre et de végétaux, le pisé qui est une maçonnerie banchée de terre excluant les végétaux. Ces matériaux ont des caractéristiques propres qui peuvent donner des structures plus ou moins lourdes. Or les archéologues les ont confondus dans leurs publications et l'étude comparative des remparts de terre supposerait une reprise complète des données de fouilles.

Pendant l'âge du fer européen, l'utilisation de la terre fut combinée à celle du bois. En France, l'étude de ces fortifications a commencé au début du siècle, avec la Société préhistorique de France, qui avait créé une commission des enceintes et dressé une bibliographie complète. Il existait plusieurs familles de remparts. Les talus massifs constitués seulement de pierre et de terre sont assez rares : le plus souvent, ils constituent le renforcement d'un rempart ancien appuyé sur une armature de bois ; le rempart à poutrage interne (« type Fécamp », puis « type belge »), caractéristique de l'âge du fer en Europe, serait une réponse aux techniques romaines de siège. De même, le murus gallicus , décrit par un texte de César ( Guerre des Gaules , vii , 23) , paraît être le fruit d'une évolution tardive du rempart à poutrage interne ; il correspond à la période de naissance [...]

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  • Philippe LEVEAU : professeur à l'université de Provence (Antiquités nationales)

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  • APA (7 ème version)
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Philippe LEVEAU. ENCEINTES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis . Disponible sur : (consulté le )

LEVEAU, P.. ENCEINTES . Encyclopædia Universalis . (consulté le )

LEVEAU, Philippe. «  ENCEINTES  ». Encyclopædia Universalis . Consulté le .

LEVEAU, Philippe. «  ENCEINTES  ». Encyclopædia Universalis [en ligne], (consulté le )

Babylone (site archéologique) - crédits : T. Koch/ Shutterstock

Babylone (site archéologique)

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Dimini (Thessalie) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dimini (Thessalie)

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Jérusalem : la Vieille Ville - crédits : Encyclopædia Universalis France

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Autres références

ACROPOLE D'ATHÈNES

  • Écrit par Bernard HOLTZMANN

Acropole, Athènes - crédits : George Grigoriou/ The Image Bank/ Getty Images

ARCHITECTURE MILITAIRE (Grèce antique)

Les ouvrages de défense – remparts, fortins, tours de guet –, dont les vestiges imposants scandent aujourd'hui la solitude des paysages grecs, sont l'autre face, longtemps occultée, d'une architecture dont on n’a longtemps voulu voir que les édifices sacrés. Ces constructions militaires, importantes...

  • Écrit par Guillaume CARDASCIA, Gilbert LAFFORGUE

Babylone (site archéologique) - crédits : T. Koch/ Shutterstock

DILBERDJIN TÉPÉ

  • Écrit par Paul BERNARD

Important centre urbain de l'antique Bactriane , dans l' Afghanistan septentrional, sur la rive gauche de l'Oxus (Amou-Daria), Dilberdjin Tépé est situé à 40 kilomètres au nord-ouest de Bactres. Son existence est attestée de la fin du ~ ii e siècle au v e siècle et couvre la...

  • Afficher les 16 références
  • PHILON DE BYZANCE ( III e s. av. J.-C.)
  • HALLSTATT CIVILISATION DE
  • CHEMIN DE RONDE
  • GALLO-ROMAINE CIVILISATION
  • COLONISATION ANTIQUE
  • HATTOUSA, HATTOUSHA ou HATTUSHA
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  • TOUR, architecture
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Tour d’Enceinte des Sarassins à Gembloux

Découvrez la Tour Sud de Gembloux : Un vestige du passé médiéval !

Plongez dans l’histoire fascinante de Gembloux en visitant la Tour Sud, également connue sous le nom de Tour du Guet. Ce monument emblématique est le dernier vestige des remparts historiques qui protégeaient autrefois la ville.

Les remparts de Gembloux : Un bastion du XIIe siècle

Construits au XIIe siècle, les remparts de Gembloux étaient une formidable défense contre les incursions répétées des troupes ennemies. Située stratégiquement à la frontière du comté de Namur, bien qu’enclavée dans le duché de Brabant, Gembloux fut le théâtre de nombreux affrontements historiques. 

Les traces du passé

De nos jours, seuls quelques fragments de cette grande histoire subsistent. Outre la Tour du Sud, vous pouvez admirer la tour du Nord, connue sous le nom de tour des Sarrasins, et un segment de mur devant l’entrée de la Faculté, tous témoins de la richesse historique de Gembloux. Ces vestiges, visibles encore aujourd’hui, invitent les visiteurs à explorer les racines médiévales de la ville.

Nous vous invitons à parcourir ces lieux chargés d’histoire et à découvrir par vous-même le charme et le mystère de Gembloux. Chaque pierre de ces monuments raconte une histoire d’époques révolues, faisant de votre visite une expérience inoubliable.

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Les infos pratiques

Coordonnées du Beffroi

Rue du Moulin, 5030 Gembloux

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JO Paris 2024 : le 24 juillet, le département des Hauts-de-Seine sera tout feu tout flamme

Le conseil départemental a dévoilé le parcours de la flamme olympique et les animations qui rythmeront la journée du 24 juillet. Dix-neuf communes seront traversées et des spots seront mis en valeur au gré des sept « passages » ou tronçons de cette épopée dans les Hauts-de-Seine.

La Défense. C'est symboliquement sous la Grande Arche que s'achèvera la traversée de la flamme olympique dans les Hauts-de-Seine, le 24 juillet. LP/Arnaud Journois

Paris 2024 peut-être, mais pas seulement. Dans moins de trois mois, l’esprit olympique ne soufflera pas que sur la capitale et la Seine-Saint-Denis : les Hauts-de-Seine seront également une place forte des « Jeux de la XXXIIIe olympiade ». Voici où voir la flamme et que faire en l’attendant.

Dix-neuf communes traversées

Le 24 juillet, la flamme olympique pénétrera dans les Hauts-de-Seine par Sceaux. « Elle offrira aux habitants une occasion unique de célébrer l’esprit olympique et de participer à cet événement historique », indique le conseil départemental des Hauts-de-Seine. Elle traversera ainsi 19 communes de Sceaux à La Défense (Sceaux, Châtenay-Malabry, Le Plessis-Robinson, Clamart, Marnes-la-Coquette, Vaucresson, Sèvres, Meudon, Boulogne, Issy-les-Moulineaux, Rueil-Malmaison, Gennevilliers, Asnières, Courbevoie, La Garenne-Colombes, Colombes, Suresnes, Nanterre et Puteaux via le parvis de l’Arche de la Défense).

Des animations, musicales notamment, et des démonstrations sportives sont organisées tout le long de ce périple pas comme les autres. Le parcours commencera à 8 heures et sera divisé en sept segments permettant de mettre en lumière, d’après le conseil départemental, « les lieux emblématiques du territoire qui le jalonneront ».

Des lieux emblématiques

Sur le premier tronçon (Sceaux-Clamart) , le public découvrira, dans le domaine départemental de Sceaux, l’exposition « Roues libres, la grande histoire du vélo » qui retrace l’évolution du deux-roues et présente de nombreuses bicyclettes d’époque. Plus loin, la flamme traversera le Creps de Châtenay-Malabry, la pépinière de champions qui reçoit des délégations ukrainiennes et proposera ce jour-là des initiations à de nombreux sports.

Ce sera ensuite l’occasion de découvrir, vers 10h15, le haras de Jardy et l’univers équestre avec ateliers de pansage et de soins des animaux, démonstrations équestres et autres concours de saut d’obstacles (CSO). Changement d’univers à 11h5 sur le « passage n° 3 » et la traversée de Sèvres, Meudon, Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux via le musée national de la Céramique et le parc départemental de l’île de Monsieur dominé par la Tour aux figures de Dubuffet .

Près de deux heures plus tard, à 12h50, c’est à Rueil-Malmaison qu’il faudra être pour voir la flamme devant le Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, et assister à un défilé équestre de la Garde républicaine. Le « passage n° 5 » partira, quant à lui, de la mairie de Gennevilliers à 14h45, direction Colombes via Asnières et La Garenne-Colombes, le tout jalonné de concerts, spectacles et shows sportifs en tous genres.

Le climax de ce tronçon sera atteint avec l’arrivée au stade départemental Yves-du-Manoir à 17h25. L’enceinte, qui a été le centre des JO de 1924, a été refaite à neuf pour plus de 100 millions d’euros, en grande partie financés par le conseil départemental des Hauts-de-Seine, afin d’accueillir les épreuves de hockey sur gazon.

 Colombes, le 19 mars. Un siècle après avoir été le temple des JO de 1924, le stade départemental Yves-du-Manoir, refait de A à Z, accueillera les épreuves de hockey sur gazon.

La fête prendra une tonalité plus solennelle quand la flamme arrivera sur le secteur de Suresnes-Mont Valérien à 17h50, en commençant par le Mémorial du Mont-Valérien, où elle sera attendue par les classes de défense de Suresnes, de la délégation militaire départementale.

Apogée à Nanterre

Enfin, à partir de 18h40, dernière ligne droite à Nanterre et Puteaux. Au programme : l’Université Paris-Nanterre avec une journée multisport consacrée notamment au handisport, puis le parc André-Malraux où des enfants des dispositifs de solidarité du département feront une haie d’honneur à la flamme, le village de célébration au stade Gabriel-Péri pour ne pas rater le stand du département et, pour finir, La Défense avec la Paris La Défense Arena , site olympique et paralympique où se disputeront les épreuves de natation, de water-polo et de para-natation.

Point d’orgue de la journée, Georges Siffredi, le président (LR) du conseil départemental, accueillera le dernier porteur sous la Grande Arche pour l’allumage du chaudron. Un grand concert gratuit clôturera cette journée marathon à 21 heures.

Cinq illustres porteurs

Ils seront cinq à se passer le relais au long de ce 24 juillet : Frédéric Delpla, agent du département et médaillé d’or par équipes en épée aux JO de Séoul en 1988 ; Nathalie Péchalat, médaillée en danse sur glace aux Championnats du monde, d’Europe et de France ; Julien Mertine, escrimeur de Rueil-Malmaison, et médaillé d’or par équipes au fleuret à Tokyo en 2021 ; Olivier Girault, handballeur champion du monde en 2001, d’Europe en 2006 et médaillé d’or olympique à Pékin en 2008 et enfin Sarah-Léonie Cysique, judokate médaillée d’or et d’argent à Tokyo.

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Présidentielle en Macédoine du Nord : un premier tour au goût de référendum sur l'avenir européen

Les Macédoniens se sont rendus aux urnes mercredi à l'occasion du premier tour d'une présidentielle opposant le social-démocrate Stevo Pendarovski à Gordana Siljanovska-Davkova, soutenue par le principal parti de droite. L'avenir européen du pays était au cœur des débats.

Publié le : 24/04/2024 - 10:15 Modifié le : 24/04/2024 - 21:57

La Macédoine du Nord  a organisé, mercredi 24 avril, le premier tour de la présidentielle qui se joue en partie sur une question déterminante pour l'avenir du pays : accepter ou non les conditions posées par l'Union européenne pour pouvoir y entrer.

À la clôture du scrutin à 19 h, dans 90 % des bureaux de vote, 48 % des électeurs avaient voté. Un chiffre en hausse de sept points par rapport au premier tour du scrutin de 2019, selon la commission électorale.

Plus de 800 000 personnes ont déposé leur bulletin de vote dans 3 408 bureaux ouverts à travers le pays.

"J'espère un changement total du gouvernement, et j'attends du nouveau, que les intérêts de la Macédoine du Nord soient protégés", expliquait en votant dans la matinée Filip Zdraveski, 38 ans.

La vie politique dans cet État des Balkans de 1,8 million d'habitants est engluée depuis des années dans des discussions sur l'opportunité ou non de se plier aux exigences de l'UE et surtout de la Bulgarie voisine .

À lire aussi Présidentielle en Macédoine du Nord : un baromètre pour l'adhésion à l'Union européenne

Cette dernière a d'abord insisté pour que la langue macédonienne soit considérée comme un simple dialecte bulgare, ce que Skopje a refusé. Puis, dans un deuxième temps, elle a réclamé l'inclusion de la minorité bulgare dans la Constitution, au risque de faire échouer les négociations en vue d'une adhésion à l'Union européenne de la Macédoine du Nord.

Réviser la Constitution ?

Les deux principaux candidats à la présidence de ce pays – qui a déjà dû changer de nom pour mettre fin à un conflit avec un autre voisin, la Grèce  – ne sont pas d'accord sur la réponse à donner à Bruxelles.

Stevo Pendarovski, le président social-démocrate candidat à sa réélection, qui était à la traîne dans les derniers sondages avec 16 % des intentions de vote, veut immédiatement réviser la Constitution pour faire avancer les négociations avec l'UE en vue de son intégration, à laquelle la Macédoine du Nord est candidate depuis 2005.

"Au cours de mon premier mandat, nous avons réglé une question capitale, celle de l'adhésion à l'Otan", a déclaré ce professeur d'université de 61 ans pendant la campagne. "Je crois qu'au cours de mon prochain mandat, nous réussirons à clore tous les chapitres avec l'UE."

En tête dans les sondages avec 26 % des intentions de vote, Gordana Siljanovska-Davkova, sa principale concurrente, soutenue par le principal parti de droite, VRMO-DPMNE, veut attendre que son pays devienne membre de l'UE avant de modifier la Loi fondamentale.

"S'il suffisait de réviser la Constitution pour entrer dans l'Union européenne, nous y serions déjà", a balayé d'un revers de la main cette femme de 71 ans pendant la campagne électorale, promettant de "ne pas oublier les intérêts nationaux".

"Unissons la nation", a-t-elle lancé lors de son dernier meeting de campagne. "Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons nous rendre fiers. Et surtout, faire de ce petit État un État européen respecté."

Un discours qui a séduit Zlatko Petrusev, 59 ans, rencontré dans un bureau de vote de Skopje : "J'espère un président qui va respecter la Constitution, parce que jusqu'à présent, tout a été fait contre la Constitution… et j'espère une présidente, dans ce cas précis."

Législatives à suivre le 8 mai

Au-delà d'un référendum sur la posture à adopter face à l'UE, le premier tour sera surtout une occasion de déterminer le rapport de forces entre les différents partis avant le 8 mai, la date à la fois du second tour et des législatives.

"Vu le calendrier, le premier tour de l'élection présidentielle sera surtout une répétition générale pour les élections législatives du 8 mai et permettra d'évaluer le poids des principaux partis politiques", explique à l'AFP Ana Petruseva, éditorialiste et directrice de l'ONG Birn.

À côté des deux principaux candidats, on trouve cinq autres prétendants, dont Bujar Osmani, le ministre des Affaires étrangères, candidat du parti albanais DUI, et Arben Taravari, soutenu par une coalition de trois partis baptisée "Vlen" ("Ça vaut la peine"). Leur appui ou non au second tour sera crucial, "en particulier le soutien des partis albanais", souligne Ana Petruseva.

Pour la majorité des citoyens, il faut surtout que le pays cesse de voir partir sa jeunesse. "La situation est de plus en plus intenable, les jeunes partent et nous nous demandons qui va rester ici", résume Sanja Jovanovic-Damjanovska, une employée de l'administration publique. "J'espère que celui qui gagnera travaillera à améliorer notre niveau de vie."

"Je veux que la Macédoine intègre l'Europe, pour qu'on ait du travail", confie Faik Kurtis, un charpentier. "Que les jeunes ne partent plus à l'étranger, qu'ils restent ici, dans leur propre pays."

Le résumé de la semaine France 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

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  • Macédoine du Nord

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Country singer Maren Morris brings 2024 tour to Iowa in July. Get tickets.

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Maren Morris is transforming Vibrant Music Hall into her “church” come July.

The country singer is brining her “RSVP Redux Tour” to the Live Nation-owned performance venue in Waukee on July 26.

Some of Morris’ Billboard chart toppers include “The Middle,” featuring Zedd and electronic duo Grey, “The Bones” and "Chasing After You," her duet with Ryan Hurd.

The “My Church” singer has been honored with several awards for her music over her career, including a Grammy and Female Vocalist of the Year from the Country Music Awards.

Morris returns to Iowa nearly one year after her Iowa State Fair Grandstand show in August attracted an audience of more than 6,000 fans .

For every ticket sold, $1 will be donated directly to LGBTQ organizations serving youth in their communities in partnership with nonprofit and LGBTQ support organization the Ally Coalition , according to Live Nation.

Get tickets for Maren Morris’ concert in Des Moines

The show starts at 8 p.m. July 26 at Vibrant Music Hall, 2938 Grand Prairie Parkway, Waukee. Tickets go on sale to the general public on Friday, April 26 at 10 a.m. and can be purchased at livenation.com .

Paris Barraza is a trending and general assignment reporter at the Des Moines Register. Reach her at  [email protected] . Follow her on Twitter @ParisBarraza.

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Moscow Metro

The Moscow Metro Tour is included in most guided tours’ itineraries. Opened in 1935, under Stalin’s regime, the metro was not only meant to solve transport problems, but also was hailed as “a people’s palace”. Every station you will see during your Moscow metro tour looks like a palace room. There are bright paintings, mosaics, stained glass, bronze statues… Our Moscow metro tour includes the most impressive stations best architects and designers worked at - Ploshchad Revolutsii, Mayakovskaya, Komsomolskaya, Kievskaya, Novoslobodskaya and some others.

What is the kremlin in russia?

The guide will not only help you navigate the metro, but will also provide you with fascinating background tales for the images you see and a history of each station.

And there some stories to be told during the Moscow metro tour! The deepest station - Park Pobedy - is 84 metres under the ground with the world longest escalator of 140 meters. Parts of the so-called Metro-2, a secret strategic system of underground tunnels, was used for its construction.

During the Second World War the metro itself became a strategic asset: it was turned into the city's biggest bomb-shelter and one of the stations even became a library. 217 children were born here in 1941-1942! The metro is the most effective means of transport in the capital.

There are almost 200 stations 196 at the moment and trains run every 90 seconds! The guide of your Moscow metro tour can explain to you how to buy tickets and find your way if you plan to get around by yourself.

IMAGES

  1. TOUR D'ENCEINTE DIGITALE BLUETOOTH MODELE DBT28X GREY DYNABASS

    des tours d'enceinte

  2. Lieux historiques

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  3. TOUR D'ENCEINTE DIGITALE BLUETOOTH MODELE DBT28X SILVER DYNABASS

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  4. TOUR D'ENCEINTE BLUETOOTH DYNABASS AVEC JEU DE LUMIÈRE À LED LUMIO SLIM

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  5. Sonorisation et scène Noir Base Lourde et Stable Audizio HTS10 Pied d

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  6. Meilleure enceinte tour de son : Comparatif et Avis 2023

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COMMENTS

  1. Enceinte de Tours

    OpenStreetMap Tracé et vestiges de l'enceinte de Châteauneuf.. Martin de Tours, évêque de la ville de 372 à sa mort survenue en 397, est enterré dans un cimetière situé à environ 1 km à l'ouest de la cité du Bas-Empire. Son culte est promu par ses successeurs à l'évêché et une basilique est construite sur son tombeau par Perpet.Les pèlerins affluent et des marchands ...

  2. Le vocabulaire militaire des châteaux forts : donjon, mâchicoulis

    La tour manifeste un certain rang dans la société. Au fil du Moyen Âge, les châtelains multiplient donc les tours à leur résidence. Le donjon est complété de tourelles aux angles. Des tours rectangulaires puis rondes jalonnent l'enceinte. Puisqu'on parle d'enceinte… Lire aussi : pourquoi les tours des châteaux forts sont-elles ...

  3. Enceinte médiévale de Tours

    L'enceinte médiévale de Tours, aussi appelée clouaison de Jean le Bon ou mur de Jean le Bon, est une enceinte fortifiée construite entre 1354 et 1368 et protégeant la ville médiévale de Tours. S'étirant le long de la Loire, elle réunit la « Cité » autour de la cathédrale, à l'est, et « Châteauneuf », noyau formé autour de la basilique Saint-Martin, à l'ouest.

  4. Architecture

    L'enceinte est subdivisée en fronts* (les diverses parties supérieures et antérieures d'une muraille, comprises entre deux tours* principales ou deux angles importants). Lorsqu'un morceau d'enceinte est compris entre deux tours, il se nomme courtine*.La courtine forme soit un front, soit une tranche de front. Parfois, le défenseur ...

  5. Enceinte bastionnée de Tours

    L'enceinte bastionnée de Tours est une enceinte fortifiée construite entre 1591 et 1685 autour de la ville moderne de Tours. ... Représentations de l'enceinte bastionnée sur des plans de Tours. Extrait de la carte de René Siette en 1619 : plan initial de l'enceinte dans sa version révisée de 1599 avec l'ensemble des bastions. ...

  6. Château de Douvres

    Le mur d'enceinte, après une interruption, fut finalement achevé par le roi Jean (r. 1199-1216), qui engloutit 1 000 livres supplémentaires dans le château. Il ajouta plusieurs nouvelles tours en forme de D au mur extérieur, ce qui donna un champ de tir plus clair sans les angles morts des tours angulaires.

  7. Château de Vincennes L'enceinte et les tours

    Les tours du château de Vincennes. L'enceinte du château de Vincennes était défendue par neuf tours, de types différents. A l'origine, ces tours avaient sensiblement une même hauteur d'environ 40 m au-dessus du fond primitif des fossés. Chacune ressemblait plus à un donjon qu'à une tour d'enceinte.

  8. L'enceinte et ses composantes

    540 Le retrait des tours-portes (qu'il conviendrait de dater) par rapport au mur d'enceinte intérieur d 118 Le cas de Rosheim, surtout, mérite une attention particulière. La chronique de Richer de Senones rapporte que, lors de l'invasion lorraine de 1218, Rosheim était fortifiée au moyen d'un fossé (vallum), associé à des portes ...

  9. Aventicum

    Avec ses portes, ses tours et ses courtines crénelées, l'enceinte fortifiée symbolise le statut politique de nombre de villes antiques. Aventicum se pare d'un tel monument dès son élévation au rang de colonie, affirmant sa présence dans le paysage et délimitant du même coup un espace urbain qui s'étend bien au delà des ...

  10. Enceintes, tours, palais et castrum à Bordeaux, du XIe siècle au début

    Les tours de l'enceinte sont peu fréquemment citées. Une donation des années 1027-1032 mentionne un moulin près d'une turrisfracta 5 ; elle se trouvait soit à l'aplomb de l'entrée ... tour ducale 6. Des portes antiques, sont attestées la porte Judaïque (Judea) en 1075 et la porte Médoque en 1127 7. La porte de

  11. Sur la découverte d'une tour d'enceinte médiévale à Gravelines

    Ces vestiges sont constitués d'un mur droit cantonné à chacune des extrémités de celui-ci par une tourelle circulaire. Ils correspondent à la partie arrière d'une tour de l'enceinte médiévale de Gravelines (fig. 15-16). 8 Le mur droit mesure 4,50 m de long, pour une épaisseur de 1,40 m (fig. 8). Il a été observé sur une ...

  12. Tour d'enceinte

    Jolie tour. Oct 2020 • Friends. La tour d'enceinte ou tour Freppel se trouve à côté de l'église. Il s'agit d'un vestige de la ville, l'une des tours d'enceinte qui a résisté au temps. Elle date du XIXe siècle et est englobée dans une grange dont elle surmonte la toiture d'où sa localisation actuelle.

  13. ENCEINTES : Les modes de construction

    Les modes de construction. La muraille d'une enceinte peut être faite de matériaux très divers (végétaux, terre, pierre) et de la combinaison de ces divers matériaux. En Afrique, à l'époque précoloniale, on a utilisé des protections végétales : les rapports coloniaux font état de véritables fortifications constituées de fourrés ...

  14. TOUR D'ENCEINTE: All You Need to Know BEFORE You Go (with Photos)

    Jolie tour. Oct 2020 • Friends. La tour d'enceinte ou tour Freppel se trouve à côté de l'église. Il s'agit d'un vestige de la ville, l'une des tours d'enceinte qui a résisté au temps. Elle date du XIXe siècle et est englobée dans une grange dont elle surmonte la toiture d'où sa localisation actuelle. Au vu du peu d'informations sur ...

  15. Tour d'Enceinte des Sarrasins

    Tour d'Enceinte des Sarassins à Gembloux. Découvrez la Tour Sud de Gembloux : Un vestige du passé médiéval ! Plongez dans l'histoire fascinante de Gembloux en visitant la Tour Sud, également connue sous le nom de Tour du Guet. Ce monument emblématique est le dernier vestige des remparts historiques qui protégeaient autrefois la ville.

  16. Enceinte gallo-romaine de Tours

    L'enceinte gallo-romaine de Tours est une muraille entourant la ville de Civitas Turonorum (le quartier de la cathédrale de l'actuelle ville de Tours) et construite à l'époque du Bas-Empire romain ; elle est généralement dénommée « enceinte du castrum ». C'est la seule construction gallo-romaine de Tours dont des vestiges soient encore visibles et librement accessibles au public.

  17. TOUR D'ENCEINTE (Obernai): Ce qu'il faut savoir pour ...

    La tour d'enceinte ou tour Freppel se trouve à côté de l'église. Il s'agit d'un vestige de la ville, l'une des tours d'enceinte qui a résisté au temps. Elle date du XIXe siècle et est englobée dans une grange dont elle surmonte la toiture d'où sa localisation actuelle. Au vu du peu d'informations sur le net, je me suis un peu ...

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    Le conseil départemental a dévoilé le parcours de la flamme olympique et les animations qui rythmeront la journée du 24 juillet. Dix-neuf communes seront traversées et des spots seront mis en ...

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  20. Moscow Metro Tour and Bunker 42 with Private Guide

    While Moscow is beautiful above-ground, it's fascinating underground. On this tour you will visit two of Moscow's most interesting underground attractions: the beautifully decorated Metro system, and the Bunker 42 anti-nuclear facility. Your private guide will tell you all about the history of these places, and answer any questions you might have. You'll see a different side of Moscow on ...

  21. Présidentielle en Macédoine du Nord : un premier tour au goût de

    Retour à l'accueil / Europe Présidentielle en Macédoine du Nord : un premier tour au goût de référendum sur l'avenir européen. Les Macédoniens se sont rendus aux urnes mercredi à l ...

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    A cast member in the award-winning Michael Jackson musical headed to Des Moines at the end of April grew up in Iowa. Josh A. Dawson, who lived in Cedar Rapids from nearly birth until high school ...

  23. Maren Morris tour comes to Vibrant Music Hall in July. Get tickets

    Get tickets for Maren Morris' concert in Des Moines. The show starts at 8 p.m. July 26 at Vibrant Music Hall, 2938 Grand Prairie Parkway, Waukee.

  24. Private Moscow Metro Tour 2022

    Private Sightseeing Tours in Moscow: Check out 6 reviews and photos of Viator's Private Moscow Metro Tour

  25. Enceinte des Arcis

    L'enceinte des Arcis est une enceinte urbaine de la commune française de Tours dans le département d'Indre-et-Loire. Elle est construite contre le flanc ouest de l'enceinte gallo-romaine de la ville pour en agrandir le périmètre remparé. Son édification remonte sans doute au XI e ou XII e siècle après la construction du pont sur la Loire qui aboutit dans son angle nord-est mais les ...

  26. Moscow Metro Daily Tour: Small Group

    Moscow has some of the most well-decorated metro stations in the world but visitors don't always know which are the best to see. This guided tour takes you to the city's most opulent stations, decorated in styles ranging from neoclassicism to art deco and featuring chandeliers and frescoes, and also provides a history of (and guidance on how to use) the Moscow metro system.

  27. Moscow metro tour

    Moscow Metro. The Moscow Metro Tour is included in most guided tours' itineraries. Opened in 1935, under Stalin's regime, the metro was not only meant to solve transport problems, but also was hailed as "a people's palace". Every station you will see during your Moscow metro tour looks like a palace room. There are bright paintings ...