Les carnets de voyage au Maroc de Delacroix

Embarquez avec eugène delacroix pour son premier voyage en orient..

Conception : Château de Chantilly

Carnet ouvert au Folio 27, Etude de femme juive (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Le 10 janvier 1832 le peintre Eugène Delacroix embarque pour un voyage de six mois qui bouleversera à jamais sa vie et sa peinture.       Il accompagne le comte Charles de Mornay, jeune diplomate chargé par le roi Louis-Philippe d’une mission diplomatique au Maroc auprès du sultan Moulay Abd er-Rahman. 

Cet unique voyage en Orient est pour Delacroix un véritable choc esthétique.  

Curieux de tout, il va accumuler dans des carnets notes et dessins, qui vont constituer une sorte de répertoire iconographique, dans lequel il puisera pour composer ses peintures orientalistes jusqu’à la fin de sa vie.  

A la vente posthume de l’atelier de l’artiste, c’est le peintre Adrien Dauzats qui acheta ce carnet pour le compte d’Henri d’Orléans duc d’Aumale, dernier propriétaire du château de Chantilly.  

Folio 7, Femme à la jupe rouge (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Delacroix écrira un livre de souvenirs sur son voyage :  Souvenir d’un voyage dans le Maroc , manuscrit inachevé, dans lequel l’artiste plonge dans ses souvenirs et bien sûr dans ses carnets, pour recomposer le récit de son voyage.   

A plusieurs reprises il évoque la beauté de femmes juives et s’attarde avec minutie sur leur costume.   

Vêtements, parures, chevelure, tout retient l’attention de l’artiste fasciné par leur beauté : «  Les juives sont admirables. Je crains qu’il ne soit difficile d’en faire autre chose que de les peindre : ce sont des perles d’Eden.  »   

Folio 11, Costume de femme juive de Tanger (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

La complexité du costume intrigue Delacroix qui réalise de nombreuses études détaillées.   Voici ce qu’il en écrit : «  Ces femmes sont à la fois belles et jolies et leurs habits ont une certaine dignité qui n’exclut ni la grâce ni la coquetterie.  ».    

Folio 15, Jeune femme avec de grosses boucles d'oreille (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Delacroix fait également une description très précise des bijoux : «  Des boucles d’oreilles énormes et surchargées de pierres non taillées à la manière des bijoux gothiques ou byzantins encadrent ces jolis visages.  »  

Folio 19, Femme portant le Haik (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Dans le carnet de Chantilly rares sont les représentations masculines.

Cette tête de «  l’homme qui voulait un violon  » est aussi mystérieuse par sa présence que par l’annotation qui l’accompagne.

Delacroix poursuit son étude du costume en représentant ici une femme drapée dans un haïk. Chaque région du Maghreb a sa façon de le porter, Delacroix a choisi la mode de Tripoli.  

Folio 25, Détail d'un costume vu de dos (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

L’artiste n’a pas toujours le temps de colorier son dessin, mais reste soucieux de garder tous les détails et les spécificités des vêtements.  

Il n’oublie pas les annotations de couleurs ou de tissus: «  blanc  », «  rouge  », «  velours vert  », «  vert clair  ».  

Folio 27, Etude de femme juive (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Il s’agit sans doute ici de Precidia Ben Chimol, la fille d’Abraham Ben Chimol, l’interprète du consulat de France à Tanger qui accompagnait la délégation. C’est grâce à lui que Delacroix va pénétrer la communauté juive de Tanger et découvrir leur quotidien.  

Folio 29, Tête féminine avec voile et turban (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Très belle étude au crayon d’une jeune femme portant une coiffe monumentale, sans doute de cérémonie.  

Folio 31, Femme assise au voile quadrillé (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Delacroix poursuit son étude du costume féminin, et plus particulièrement de la parure: divers colliers, bagues et toujours ces boucles d’oreille impressionnantes qui encadrent un visage menu.  

Folio 37, Croquis d'Arabes (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Dans le carnet de Chantilly les dessins mettant en scène les hommes sont rares et peu détaillés.

Sur cette page, en quelques lignes sinueuses, Delacroix figure une étude d’homme accroupi vu sous différents angles.  

Folio 39, Maison sous les arbres (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

A la date du 23 avril, Delacroix était à Tanger. Il s’y est beaucoup promené, voici ce qu’il écrit à son ami Pierret :   «  Je fais des promenades à cheval aux environs qui me font un plaisir infini, et j’ai des moments de paresse délicieuse dans un jardin aux portes de la ville, sous des profusions d’orangers en fleur et couverts de fruits  (…). »        

Folio 41, Paysage avec les murailles de Tanger (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

En balade dans les collines des environs de Tanger, Delacroix a pris de la hauteur pour saisir toutes les nuances de la végétation.   L’aquarelle est la technique des peintres voyageurs, elle nécessite un matériel peu encombrant et sèche très rapidement ce qui exige une exécution rapide, et une main bien exercée.  

Folio 45, Entrée d'une maison arabe (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Delacroix étudie aussi l’architecture et rend compte dans ses carnets des maisons arabes.    Du Maroc et d’Alger il va rapporter des études qui seront réutilisées par la suite dans certains de ses tableaux dont les plus célèbres comme La noce juive dans le Maroc ou Femmes D’Alger.  

Folio 48, Cour arabe et escalier (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Nous savons que grâce à son interprète Abraham Ben Chimol, Delacroix a pu pénétrer dans quelques maisons de Tanger.  

Dans ses dessins l’artiste privilégie souvent les petits détails des éléments d’architecture comme les portes, les fenêtres, les niches, ou le pavement de sol.  

Folio 57, Deux femmes dans une maison (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Sur cette très belle page aquarellée Delacroix joue sur les contrastes colorés et utilise le blanc du papier pour apporter la lumière dans sa composition.  

Folio 59, Jamila Bouzaglo, portrait et notes (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Le dimanche 29 avril, Delacroix rend visite à Jacob Bouzaglo, notable juif de Tanger. Sur cette page il a fait le portrait de sa fille Jamila qui lui a écrit quelques mots en judéo-espagnol :«  Monsieur Delacroix, monsieur Mornay, monsieur Frayssinet, monsieur Marcussen ont eu la bonté de me rendre visite, dimanche 29 avril. Jamila Bouzaglo.  »  

Folio 61, Portrait de Jamila Bouzaglo (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Dans ce très beau portrait de Jamila Bouzaglo, Delacroix s’attarde sur le visage de la jeune femme.  

Au crayon, l’artiste révèle toutes les subtilités du visage et s’attarde sur l’épaisse chevelure noire et le regard profond.  

Le regard des femmes marocaines qu’il décrit si joliment :

«  Tout le monde connaît le charme de ses yeux orientaux dont l’éclat s’augmente de cette ligne noire due à l’emploi du khôl  (…).   Cette invention donne à l’œil un attrait tout particulier, je ne sais quoi de léonin et d’un peu farouche qui anime ces petites mines douces et régulières.  »  

Folio 63, Femmes Juives (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Cette très belle aquarelle représente un intérieur que Delacroix a pris le temps de détailler.

Delacroix ne cherche pas le pittoresque de bazar, il est dans le réel, sans artifices, il nous invite à partager ce moment d’intimité.  

Folio 81, Femme à la jupe bleue (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Belle étude de femme juive, où l’on remarque une inscription de l’artiste : «  sol / solica  ».  

Ce nom rappelle celui d’une jeune martyre juive de Tanger, qui parce qu’elle refusa de se convertir à l’Islam fut décapitée à Fès en 1834, soit deux ans après le voyage au Maroc.  

Il est possible que Delacroix ait rencontré la jeune femme à Tanger, à moins que cette annotation soit postérieure au dessin, et marque son intention de réaliser une peinture sur l’histoire de cette femme en utilisant cette aquarelle. 

Folio 83, Les murailles de Tanger (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

L’album de Chantilly couvre les trois derniers mois du voyage, période dense en déplacements: Tanger, Cadix, Séville, puis Oran et Alger. Cette vue de Tanger, a été réalisée du bateau La Perle qui s’apprêtait à quitter le Maroc pour un court séjour en Andalousie.  

Folio 87, Vue de Cadix de la rade (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Avant d’accoster en Andalousie, en mai 1832, le navire doit observer une quarantaine dans la rade de Cadix à cause d’une épidémie de choléra qui sévissait alors en Europe. 

Delacroix trompe son ennui en dessinant les navires. Il accostera enfin le lendemain, mercredi 16 mai, on peut lire dans son Journal : «(…)  obtenu l’entrée à Cadix. Joie extrême.  ».  

Folio 91, Paysage aux aloès et cactus (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Delacroix joue merveilleusement avec la transparence de l’aquarelle.

On retrouve dans ce dessin le motif de l’aloès, plante typique d’Afrique du Nord, dont il apprécie l’aspect graphique des longues feuilles sombres et aiguisées.  

Folio 95, Cavallier dans les collines (1832), Eugène Delacroix Château de Chantilly

Dernière aquarelle du carnet, Delacroix arrive presque à la fin de son voyage. Cette aquarelle, à la composition minimaliste, est comme un dernier regard porté sur le paysage marocain où il ne garde que l’essentiel : la lumière.

Clouet: le miroir des dames

Château de chantilly, eugène lami : peintre et décorateur de la famille d’orléans, la joconde nue, les estampes de jean berain, rembrandt au musée condé, raphaël à chantilly, géricault et la lithographie, les primitifs de la photographie au xixème siècle, la grande guerre à chantilly, le grand condé. le rival du roi-soleil .

Un carnet du voyage au Maroc de Delacroix

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Conférences

L'Œuvre en scène

Texte et croquis

Lecture-Œuvre en scène par Bertrand Brouder, comédien et Marie-Pierre Salé, musée du Louvre Auditorium du Louvre, le 24 mai 2018

Au cours de son voyage au Maroc et en Andalousie en 1832, Delacroix a utilisé plusieurs carnets dispersés lors de la vente de l’atelier en 1864. Le plus remarquable d’entre eux (RF 1712 bis), qui a appartenu à Philippe Burty et au docteur Charcot, est à la fois un journal de voyage et un admirable carnet de croquis. Ce chef-d’œuvre de la collection du département des Arts graphiques, premier carnet de l’artiste entré dans les collections du Louvre, sera montré page à page, filmé sur la scène de l’auditorium, le texte lu par Bertrand Brouder.

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L'orientalisme de Delacroix : tout en mouvements et couleurs

Le peintre Eugène Delacroix se rend au Maroc entre décembre 1831 et juillet 1832. Ce voyage lui insuffle une nouvelle esthétique dans sa peinture.

Publié le 05/06/2013 • Modifié le 13/09/2022

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Carnets de voyage 

Au cours de son voyage au Maroc , Eugène   Delacroix consigne ses observations et impressions dans des  petits carnets de tailles diverses . Notes, croquis et aquarelles reflètent son excitation et son émerveillement. Il dessine en toutes circonstances, à la mine de plomb ou à l’encre brune, croquis auxquels il apporte, le soir, des rehauts (touche claire ou brillante destinée, dans une peinture ou un dessin, à faire ressortir certaines parties) à l’ aquarelle ou à la gouache . Il y ajoute des annotations : noms des objets, des lieux, origines des sujets dessinés, etc. formant un enchevêtrement d'esquisses et de mots . Ces carnets deviennent la mémoire de ses souvenirs et impressions. Après son voyage, Delacroix y puise son inspiration .

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Tableaux orientalistes et romantiques

Ce voyage a transcendé la maîtrise des formes , de la lumière , des couleurs de Delacroix. Il peint plus de 80 tableaux d’inspiration orientale, notamment Femmes d'Alger dans leur appartement , toile qui est exposée au Salon officiel de 1834. Ce tableau reflète une impression de luxe , d’ exotisme et de sensualité . Trois femmes, aux attitudes lascives, sont assises sur des tapis orientaux. Elles portent des tuniques vaporeuses par-dessus des sarouels, laissant voir leurs mollets nus. Elles sont parées de précieux bijoux. Une des  femmes tient dans la main le tuyau d’un narguilé. Cette peinture est subversive pour l’époque. Auguste   Renoir estime qu’ « il n’y a pas de plus beau tableau au monde » et que cette œuvre « sent la pastille du sérail » .

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Delacroix : Voyage au Maroc, Aquarelles

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Eugène Delacroix

Delacroix : Voyage au Maroc, Aquarelles Broché – 18 mai 2004

  • Nombre de pages de l'édition imprimée  96 pages
  • Langue Anglais
  • Éditeur Bibliothèque de l'Image
  • Date de publication 18 mai 2004
  • Dimensions 26 x 1 x 24 cm
  • ISBN-10 2909808726
  • ISBN-13 978-2909808727
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Détails sur le produit

  • Éditeur ‏ : ‎ Bibliothèque de l'Image (18 mai 2004)
  • Langue ‏ : ‎ Anglais
  • Broché ‏ : ‎ 96 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2909808726
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2909808727
  • Poids de l'article ‏ : ‎ 522 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 26 x 1 x 24 cm
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Alain Daguerre de Hureaux

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Presses universitaires de Provence

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Image et voyage, représentations du monde.

Delacroix, entre Antiquité et modernité : La Noce juive au Maroc

Delacroix, entre Antiquité et modernité : La Noce juive au Maroc

Texte intégral.

Un tableau de Delacroix […] vous pénètre déjà d’une volupté surnaturelle. Il vous semble qu’une atmosphère magique a marché vers vous et vous enveloppe. Sombre, délicieuse pourtant, lumineuse, mais tranquille, cette impression, qui prend pour toujours sa place dans votre mémoire, prouve le vrai, le parfait coloriste. Charles Baudelaire, Salon de 1845

1 Au cours de son séjour au Maroc, Delacroix découvre sur cette terre musulmane, des populations berbères et maures qui semblent sortir de l’Antiquité, semblables à des Brutus, à des sénateurs de Rome et à des Panathénées, ce qui lui fera dire que « Rome n’est plus dans Rome ». Il découvre l’Antiquité ailleurs, là où il ne la soupçonnait nullement, c’est-à-dire comme on le dirait aujourd’hui, dans un pays en voie de développement. Acquérir le pouvoir de transformer le réel, de conférer de la poésie au quotidien, de percevoir dans le présent la grandeur de l’Antiquité, demande à l’artiste un effort particulier que la vie politique en France va encourager, puisqu’au cours des Trois Glorieuses de la révolution de juillet 1830, cette transformation semble être devenue réalité, et ce, depuis déjà 1789 où la résurgence de la Rome antique se faisait sentir à Paris puisque les membres de l’Assemblée s’habillaient à la manière des sénateurs romains. Au xix e  siècle, la capitale était considérée comme la nouvelle Rome (cf. Le cycle de poèmes intitulé À l’arc de Triomphe de V. Hugo, dans lequel il chante les louanges d’un paysage qu’il présente telle une campagne romano-parisienne). Deux ans plus tard, Delacroix découvre cette idéalisation du quotidien dans les rues de Tanger. Mais, il est également surpris par d’autres personnages tirés de l’imagerie biblique et auprès desquels il allait parcourir le cours de l’Histoire, celle de la communauté juive dont il croise la route au cours de son séjour et reprenant le propos de Chateaubriand à ce sujet dans Itinéraire de Paris à Jérusalem , voici ce qu’il écrit : « Les Perses, les Grecs, les Romains, ont disparu de la terre et un petit groupe dont l’origine précéda celle de ces grands peuples existe encore… », propos auquel il ajoute : « Ce qu’il faut dire à leur louange , c’est que l’unité de cette singulière nation est toujours vivante, même au milieu des ruines… ». Il étudie de près la vie quotidienne des juifs de Tanger et Meknès et leur consacre de longs paragraphes. Ainsi, de multiples remarques, détails pertinents et réflexions enthousiastes sur les mœurs, l’habit, les caractères, l’habitation et la physionomie des juifs jalonnent ses carnets, qui s’accompagnent d’un grand nombre d’esquisses, de croquis et de dessins révélant l’intérêt manifeste du peintre pour ce peuple, qu’il fera connaître à son pays, et qui le conduira quelques années plus tard à l’élaboration d’un de ses plus célèbres tableau à savoir La Noce juive au Maroc .

2 C’est à l’opéra, le 21 novembre 1831 que le vœu de Delacroix est exaucé par le plus pur des hasards. En effet, ce soir-là, c’est la générale de Robert le Diable et l’actrice Mademoiselle Mars, qui accompagne le comte de Mornay, chargé d’une mission auprès du sultan Moulay Abd er-Rahmen, présente le peintre à son ami et œuvre en coulisse afin qu’il fasse partie de l’expédition. Ce périple tombait à point, car, Delacroix bien que chargé d’une commande, était heureux de mettre quelques distances entre lui, les caciques des Salons, les officiels titrés, les tenants de l’art reconnu et ceux qui, par rancœur ou velléité, cristallisaient autour de son nom, mille épithètes, allant jusqu’à le hisser comme porte-étandard de l’esprit nouveau. Il restait par ailleurs convaincu que l’Afrique, dont il rêvait à travers ses lectures d’articles parus dans l’Atlas historique de Lesage sur le Maroc, recélait quelques mystères enchanteurs pour sa palette.

3 Il est midi lorsque Delacroix prend possession de sa chambre au Consulat de France à Tanger, dans une « maison mauresque ». Il avait sous la main des carnets sur lesquels il allait tout consigner et ainsi que l’écrit A. Girard :

1 A. Girard : Le journal intime , Paris, PUF, 1986, p. 4. Même s’il évoque des événements extérieurs, même s’il s’anime à propos de la rencontre avec une autre personne… ou de toute circonstance qui met en cause autrui, ce n’est pas l’événement, ni l’autre, en eux-mêmes, qui intéressent le rédacteur, mais seulement leur résonance ou encore leur réfraction dans sa conscience 1 .

Delacroix crayonne même à cheval, son carnet arrimé au pommeau de la selle, consignant d’une écriture tremblotante ce qu’il ne peut dessiner et le soir venu, il comble les blancs des pages, achève les phrases et colorie, sans trop y croire :

Je suis même sûr que la quantité assez notable de renseignements que j e rapporterai d’ici ne me servira que médiocrement. Loin du pays où je les trouve, ce sera comme les arbres arrachés à leur sol natal,

écrit-il au début de son expédition. L’avenir le démentira : de ces carnets naîtront bien des années plus tard quelques unes de ses œuvres maîtresses. En effet, les six mois que Delacroix passe en «  Barbarie » laissent une empreinte indélébile sur son esprit : « L’aspect de cette contrée restera toujours dans mes yeux, les hommes et les femmes de cette forte race s’agiteront, tant que je vivrai, dans ma mémoire », note-t-il.

4 Au Maroc, il ne fera que se constituer un riche répertoire d’images, de paysages et de couleurs dans lequel il puisera toute sa vie. Il ne veut rien oublier, il note tout, consigne par écrit des détails, et annote ses dessins, car, vu le contexte colonial et des moeurs d’alors dans les pays arabes, il lui était impossible de dresser un chevalet en pleine rue, dans le brouhaha et l’animation incessante, et d’exécuter les nombreux et délicats préparatifs que nécessite une peinture à l’huile, de même qu’il n’a rencontré dans la rue que des femmes voilées, se pressant pour rester enfermé chez elles, et, de fait, il n’a peint aucune toile durant son périple en terre nord-africaine.

Son travail n’est donc qu’imagination et reconstitution en atelier d’après des notes, d’où l’importance des sensations, des couleurs, des lumières vécues là-bas, engrangées comme souvenirs, et dont il cherchera plus tard à restituer l’impression à l’aide de son pinceau.

5 Cette expérience de la lumière et des couleurs lui fera abandonner l’ombre et la noirceur de sa jeunesse, car, ainsi que l’écrit René Huyghes, « chez Delacroix, le soleil chasse les ombres fumeuses des romantiques ». Pour ne pas laisser le temps pâlir la vivacité des couleurs et faire s’éteindre la fièvre et la beauté de cette contrée « barbare », il passe ses journées à dessiner. Sans relâche, il croque et relève toute la vie qui palpite autour de lui, tel un ethnographe, le plus souvent à l’aquarelle ou au crayon. Enchevêtrements d’esquisses et d’annotations gribouillées : dans ses Carnets , il consigne au jour le jour ses impressions, inscrit minutieusement les couleurs, les architectures, les silhouettes, les attitudes, les itinéraires et toutes les péripéties du voyage et note les plus menus détails tels que l’animation d’un campement, les lentes caravanes de mulets et de chameaux s’étirant sur les chemins caillouteux, l’allure d’un caftan, les étals colorés des échoppes regorgeant d’épices, les oriflammes et les montures rutilantes harnachées d’or d’un escadron de soldats moghaznis , ou quelques musulmanes enturbannées… « Mais comment rendre cette étrange symphonie de parfums ? Ces senteurs musquées d’ambre, de clous de girofle, d’épices, ces fragances qui se superposent ? » s’interroge-t-il. Et d’une curiosité insatiable, au cours de ses déambulations dans les souks et les venelles de Meknès ou de Tanger, il s’arrête partout pour croquer le visage de quelque soldat nonchalamment accroupi au seuil d’une porte ou, ignorant les coutumes du pays, les silhouettes des marocaines derrière les draperies de leur haïks (voiles). Il retrouve à plusieurs reprises le chemin de la Kasbah car il tient à relever les caractéristiques des bâtiments où s’ordonnent les événements officiels à Tanger, comme les petites fenêtres qu’il intègre dans ses toiles, une fois de retour à Paris, de même qu’il demande que l’on selle à nouveau la monture du « bacha », qu’il n’avait pu dessiner le jour de son arrivée, au milieu des curieux, des soldats de la garde et des musiciens. L’œuvre a refait surface il y a peu, révélant un précieux camaïeu qui souligne l’art et le talent que les Marocains conjuguent pour parer leur chevaux. Il décrit les costumes locaux où le blanc domine et les figures noires ou basanées, les caftans de couleur vive : écarlate, jaune souffre ou bleu tendre, et il observe avec attention le jaune du sable, le style et la couleur d’une haie, la ville « qui parait toute blanche sur les murs bruns, la mer au fond et des nids de cigogne… ».

6 En outre, lorsque le spectacle se fait trop dense, quand le croquis ne peut aller au rythme de l’événement, alors l’artiste compose un texte qui se présente sous une forme désordonnée juste pour ponctuer l’instant, qualifier une couleur, préciser un ton ou éclairer un site. L’exercice consiste alors à accrocher un mot à un détail, une ligne à une date, une phrase à un croquis, de même qu’entre les mots se lovent une figure, un élément architectural ou encore un détail tel que : pieds hors des babouches, burnous flottant au vent, et, au cœur d’un paragraphe on voit une silhouette indolente, des cavaliers, un groupe de musiciens, ou des esquisses de visages féminins. Ces descriptions se retrouvent tantôt sur les feuillets de ses carnets, tantôt dans ses correspondances expédiées de Tanger ou de Meknès. Des images se greffent, ou plutôt des « rusches » où le montage s’opère quand les émotions épousent les impressions et que les lumières, les couleurs, les parfums et les visages s’ancrent dans son souvenir pour mieux ressurgir sur la toile et éclairer sa création picturale, car après son voyage, il fait jaillir sur son chevalet l’exaltation et la démesure qu’il a passionnément vécues au Maroc. En témoignent des toiles comme La Prise de Constantinople par les croisés (1840), Le Choc des cavaliers arabes , le Combat du Giaour et du pacha (1856) et Chevaux arabes se battant dans une écurie (1860), ou encore l’ Attila et les Barbares foulant aux pieds l’Italie et les arts de la bibliothèque du Palais-Bourbon, et l’ Apollon vainqueur du serpent Python du plafond du Louvre. Encore tout étourdi par ces carrousels tonitruants, Delacroix admire à Meknês « les murailles fauves » étreignant la cité sous un « ciel changeant légèrement azuré, à la Paul Véronèse ». Il parcourt aux abords de la ville les chemins serpentant au milieu des vergers et des massifs de lauriers roses de l’oued Boufekrane. « C’est furieusement de l’Afrique à présent » écrit-il, ébloui par la violence et le tumulte frénétique des mille fantasias et barouds d’honneur qui précèdent la fastueuse audience impériale. Au Maroc, Delacroix se constitue un riche répertoire d’images, de paysages et de couleurs où il n’aura de cesse de puiser, jusqu’à sa dernière heure. De fait, les nombreux tableaux marocains que Delacroix réalise dès son retour ont tous « jaillis » de ses carnets : La Halte des muletiers (1839), le Marchand d’oranges (1852-53), le portrait de l’Empereur Abd el-Rahman , le Marocain sellant son cheval (1855) ou les Chevaux à l’abreuvoir ( 1862 ). Qu’il s’agisse de l’animation d’une Noce juive au Maroc (1837-41), de la délicate mélodie d’une scène de Musiciens juifs de Mogador (1847), du tourbillonnement frénétique des Comédiens boufffons arabes (1848), la plus grande part de l’oeuvre postérieure au voyage au Maroc (d’aucuns diront la totalité) est en germe dans les Carnets de voyage d’où, par la suite on verra resurgir des souvenirs marocains jusque dans les grandes fresques allégoriques commandées à son retour pour le Palais-Bourbon, ou celles de la bibliothèque du Palais du Luxembourg. Dans telle composition, son Ovide a quasiment une figure d’Arabe ; dans telle autre, ses bergers ressemblent fort à ceux qu’il avait esquissés entre Tanger et Meknès.

7 Mais, ce qui retient profondément l’attention du peintre, et qui apparaît très fortement dans ses écrits : Carnets et Manuscrits, ce sont ses réflexions sur les juifs, son intérêt pour les femmes juives et leurs costumes, lorsqu’il déclare dans le folio 19 :

2 Eugène Delacroix, Souvenirs d’un voyage dans le Maroc . Paris, Gallimard, 1999, f° 19, p. 112. Ces femmes sont à la fois belles et jolies et leurs habits ont une certaine dignité qui n’exclut ni la grâce, ni la coquetterie. Leur coiffure est ordinairement formée de fichus de soie posés sur la tête et retenus par un diadème de perles qui retombe un peu sur le front et se relève au-dessus des tempes. Le bout de ces fichus descend par derrière mêlé à des rubans qui flottent derrière elles quand elles marchent 2  »,

pour leurs habitations

3 Idem . Contrairement au terne et égoïste confort des maisons du nord, les maisons juives offrent le caprice et la grâce du génie moresque 3

4 Eugène Delacroix, ibid ., p. 114.

et il nous donne à lire leur quotidien, leurs coutumes, comme la pratique du sabbat et constate les liens très forts qui unissent tous les membres de cette communauté au Maroc qui n’ont pas été altérés depuis le temps de Moïse 4  .

  • 5 Mellah est le nom donné aux quartiers habités par les juifs du Maroc, tandis qu’en Espagne on les a (...)
  • 6 Carnet de voyage au Maroc , Département des Arts graphiques, Musée du Louvre, RF 39 050, f° 8, recto

8 Comment expliquer cette attention particulière sinon par le fait que Delacroix, grâce à sa rencontre avec Abraham Benchimol, drogman comme tous les juifs de cette époque à Tanger, également interprète au service de la France, qui lui sert de guide et dont il apprécie l’efficacité et la compagnie, va connaître, de l’intérieur cette communauté qui vivait en bonne entente avec les populations musulmanes et il avait pu observer par exemple les échanges complices qui liaient Abraham à Ben Abbou, rompant ensemble le pain, s’extasiant devant les mêmes choses, parlant la même langue et honorant un même souverain. De plus, ainsi que l’écrit M. Arama : « Tanger contrairement aux autres villes du royaume, ne comptait pas de mellah, ces quartiers imposés comme résidence aux juifs 5 . » Il assiste à leur rite religieux lorsque Benchimol le conduit à la synagogue de sa famille, et de son crayon rapide, Delacroix note la forme des lampes suspendues au plafond par des chaînes, la composition des vases en cristal rappelant le souvenir d’un disparu dont le nom est gravé à la feuille d’or et la lumière d’une lampe à huile éclairant des proches qui prient leur défunt. Une page de carnet marque cet instant 6 , et en croisant les récits et superposé les documents, Maurice Arama rend compte du climat de cette matinée :

7 Maurice Arama, Delacroix, un voyage initiatique , Paris, Éd., Non Lieu, 2006, p. 122. Le peintre a été surpris par la modestie du lieu de prière et son ameublement rudimentaire… d’une armoire scellée dans le mur a été tiré un rouleau de la loi surmonté de deux tourelles en argent. Chacun s’est précipité pour embrasser ou effleurer son manteau de velours rouge orné de broderies. Le texte à lire a été désigné publiquement par le chantre. Il était en hébreu. Des livres imprimés en Italie donnaient aux fidèles des traductions en français et en espagnol 7 .

Delacroix gardera de cette lecture ainsi que de celle du texte biblique Michpatim (où il est ordonné à Moïse de monter sur la montagne afin de recevoir les tables de pierres sur lesquelles les Hébreux devaient étudier), un souvenir très fort, car, au Maroc, des doutes ont interpellé l’homme en proie à un questionnement métaphysique, ce qui explique son attrait envers un peuple attaché à la parole reçue et dont l’inflexion biblique entendue dans cette synagogue a guidé la palette.

9 De plus, outre son extrême intérêt pour cette communauté dont les rites et coutumes le fascinent, ses croquis et annotations vont contribuer à faire connaître, en France, ces juifs vivant au Maroc dont il nous relate les faits et mœurs totalement méconnus de l’Europe à cette époque.

8 C’est la première toile qui retient un thème lié à la vie juive au Maroc.

Le Carnet de Chantilly foisonne d’ébauches et d’esquisses sur les femmes juives et l’on voit se greffer une centaine de dessins et d’aquarelles, doublés d’inscriptions concernant ces perles de l’Eden comme il aime à les appeler dont : Jeune fille au turban , Juive assise près d’un scribe , Jamila Bouzaglo, Famille juive recevant Mornay, Trois silhouettes de jeunes Juives, Jeune Juive au Maroc, Jeune femme à l’éventail, Jeune Juive à Tanger, Mariée Juive à Tanger, Jeune Juive à la robe rouge 8 , Visite à la mariée…

10 Ce travail préparatoire, sur place, lui sert de support et de mémorandum pour des tableaux définitifs une fois de retour à Paris et dont l’exemple le plus remarquable est La Noce Juive au Maroc commencée en 1837 (soit cinq ans après son voyage) et achevée en 1841.

Instauration de l’œuvre picturale : La Noce Juive au Maroc 9

  • 9 Format 0,105 x 0,140m. Présentée au Salon de 1841, l’oeuvre fut acquise par Louis-Philippe avant so (...)

11 Delacroix assiste à un mariage juif à Tanger et en profite pour marquer sur son carnet les multiples détails concernant la cérémonie de la noce, notamment sur les musiciens, les danseuses et l’assistance. Il reste aussi et surtout très attentif aux couleurs, aux rapports entre les différentes valeurs du clair-obscur et des reflets colorés qui apparaissent dans les parties ombrées. Sur la double page suivante, il revient sur les préparatifs de la fête : « Le soir toilette de la juive. La forme de la mitre. Le voile lamé sur la figure… ». Un petit dessin suit, illustrant la première ébauche du tableau de 1839 et qui donnera lieu à une aquarelle où le voile, présent dans le dessin à la plume, est supprimé. Quelques années plus tard, Delacroix livre dans Le Magasin pittoresque un article dans lequel il décrit minutieusement la cérémonie du mariage :

10 Le Magasin pittoresque : Le voyage au Maroc , Paris, 1992, t. 5, p. 82. Les cérémonies des noces chez les Juifs et chez les Musulmans sont une toute autre affaire que chez les peuples européens. Rien de plus froid chez nous, rien qui indique à l’extérieur l’importance de cet acte solennel… . Au contraire, chez les peuples orientaux, chez les Juifs qui vivent sous de dures contraintes dont l’effet est de resserrer entre eux les liens qui les unissent et de conserver plus de force à leurs traditions antiques, les grands événements de la vie sont marqués par des actes extérieurs qui se rattachent aux usages les plus anciens 10 .

L’auteur apprécie cette autre culture en raison de la place qu’elle accorde aux sens des rituels et des coutumes ainsi qu’au domaine visuel dont nous allons découvrir la portée sur la palette du peintre à travers son tableau La Noce juive qui n’est pas une œuvre folklorique mais un documentaire sur la vie des juif qu’il côtoie. Des noms scintillent sur ce tableau fidèle aux nombreux feuillets : la fille de Jacob, son épouse Dititia Azencot, Préciada en grand habit, Rachel, Jamila, les filles d’Abraham, David Azencot, tous sont sur la toile, visibles, et côté droit, le peintre a mêlé la présence de certaines personnalités musulmanes de Tanger telles que le Commandant de la cavalerie Ben Abbou, le pacha de la ville et ses deux conseillers. Voici ce qu’il écrit à propos de cette soirée dans son carnet : Tanger le 21 février 1832 :

11 Eugène Delacroix : Journal . «  1832, Voyage au Maroc  », Plon, Paris, 1980, p. 98. La noce juive. Les Maures et les juifs à l’entrée… A côté du violon, femme juive jolie ; gilet, manches, or et amarante. Sur le devant, une plus vieille avec beaucoup de blanc, les ombres très reflétées, blancs dans les ombres… . Contre la porte de l’escalier Prisciada ; mouchoir violâtre sur la tête et sous le cou. Des juifs assis sur les marches, éclairés très vivement. En haut les Juives qui se penchent. Une à gauche nu-tête, très brune, se détachant sur le mur éclairé de soleil… . Par terre, sur le devant, le vieux Juif jouant du tambour de basque ; un vieux mouchoir sur la tête, on voit la calotte noire 11 .

Que montre le tableau ? Dans un espace assez traditionnel de l’habitat oriental se déroule une scène où la fête est à l’honneur signalée par la danseuse et les musiciens qui nous font face. La lumière du plein jour méridionale éclaire la « maksoura » (hall d’entrée ouvert, typique de l’architecture des maisons arabes) en se déversant du haut des murailles claires. Trois groupes distincts se découpent du tableau : à droite on peut voir des hommes aux différentes postures : debout, assis ou se parlant, ce qui confère au tableau un aspect mouvant et agité. Ils portent pour la plupart qu’ils soient Maures ou Juifs une djellabah claire à capuche ou des haïcks tandis que d’autres ont un lourd turban qui auréole leur tête ; Tous ensemble participent de la même fête et partagent les mêmes plaisirs dans une même connivence dont le tableau est révélateur. Parmi eux un vieil homme attire particulièrement notre attention, à savoir celui qui remet probablement une pièce d’argent à un jeune garçon qui lui tend un plateau, tout à fait indicateur des rituels orientaux juifs, où il s’agit, le jour venu, d’aider financièrement le marié dans ses dépenses, ce qui nous plonge dans la plus pure tradition des cérémonies juives (très proche de la tradition arabo-musulmane dans les cérémonies de mariage ou de circoncision). Légèrement décalé, de dos, un invité se détache du groupe, faisant face aux musiciens, seul, il semble se recueillir aux sons du « tar – tambour de basque » et du « oûd – guitare mauresque » instruments de musique typiquement oriental. Le deuxième groupe à gauche du tableau est essentiellement composé de femmes abritées dans une demi – ombre, où la lumière des chairs, le chatoiement des riches damassés et des étoffes brodées, le front rehaussé d’un diadème et la tête couverte d’un voile de mousseline prennent un éclat vif. Le troisième groupe est composé de deux musiciens et d’un chanteur, tous trois assis sur des tapis colorés, tandis qu’une danseuse pleine de grâce évolue près deux, nu-pieds, un bracelet entourant sa cheville. Dans cette œuvre, deux tons dominants, complémentaires l’un de l’autre, à savoir, le rouge et le vert constituent le nœud autour duquel s’articule la scène. L’ensemble est traité par l’intrication que rend possible l’usage des couleurs intermédiaires et comme intermittentes, engageant l’œuvre de Delacroix sur le chemin de la dissonance affrontée et organisée et mettant aux prises l’action réciproque de ces deux couleurs qui tantôt se compénètrent et tantôt se dissocient, maintenant au sein de cette tension une charge à la fois délirante et adoucie par des tons intermédiaires, brun, marron et rose. Le peintre donne ainsi vie à un espace transitionnel grâce à des polarités complémentaires qui résorbent le conflit entre l’élan vital dialectique et l’unité d’une « œuvre achevée » où l’accord se fait expressif du rapport différentiel des couleurs entre elles et fait vibrer la scène par la technique de la modulation des tons comme le feraient les tapissiers d’Orient. Ces tons vifs et hardis que Delacroix rehausse et surcontraste, c’est-à-dire qu’il intensifie et déterritorialise, les mettant à distance, favorisent la tension entre eux et produisent cet effet vivant qui anime les étoffes, les personnages et même les objets, de même qu’ils permettent grâce à ce procédé pictural de lier toutes les figures entre elles par contagion et flottement, par modulation, dans le but de rendre le plus fidèlement possible l’effet oriental impossible à suggérer par une autre technique. Delacroix entraîne ainsi la peinture à se détourner de la monotonie proche de l’école davidienne et ramène de l’Afrique les couleurs vibrantes, s’éloignant de la monochromie.

  • 12 La représentation de la mariée juive donnera lieu à plusieurs aquarelles (la première est au musée (...)

12 Mais où sont les principaux protagonistes de la cérémonie ? Les mariés bien sûr, dont nulle mention n’est faîte et qui se dérobent à notre vue, absents du tableau et pourtant tellement présent puisque c’est pour eux que tous ces groupes sont là. Delacroix a montré ce qu’il a vu et uniquement ce qu’il a observé, contrairement au tableau des Femmes d’Alger. Il restitue fidèlement la tradition de cette communauté où la mariée, au premier étage de la maison ne se montre pas et les yeux constamment baissés sous un voile qui la dérobe presque entièrement aux regards, trône sur un lit 12 .

13 Delacroix peint ce qu’il a retenu de ses esquisses et de ses annotations sur les carnets, et de fait, donne à voir une œuvre très proche de la réalité où le peintre- spectateur illustre sur la toile ce qu’il a vu et renvoie au public français une image chargée de références précises sur les mœurs juives ainsi que sur leur mode de vie et leurs pratiques. Au Maroc, il découvre la particularité de cette autre culture, à travers l’importance de l’ornementation, des rituels et du langage non figuré, mais aussi à travers l’étroite relation entre culte, religion, art et quotidien.

1 A. Girard : Le journal intime , Paris, PUF, 1986, p. 4.

2 Eugène Delacroix, Souvenirs d’un voyage dans le Maroc . Paris, Gallimard, 1999, f° 19, p. 112.

5 Mellah est le nom donné aux quartiers habités par les juifs du Maroc, tandis qu’en Espagne on les appelle juderia et hara en Tunisie. Delacroix avait longuement sillonné le Mellah de Meknès qu’il nomme juiverie, le lendemain de l’audience impériale. Il y avait fait des emplettes et marchandé du tabac, car la ville musulmane était fermée le vendredi. (cf. Carnet de voyage, RF 1712 bis, qui montre plusieurs scènes saisies sur place).

6 Carnet de voyage au Maroc , Département des Arts graphiques, Musée du Louvre, RF 39 050, f° 8, recto.

7 Maurice Arama, Delacroix, un voyage initiatique , Paris, Éd., Non Lieu, 2006, p. 122.

9 Format 0,105 x 0,140m. Présentée au Salon de 1841, l’oeuvre fut acquise par Louis-Philippe avant son entrée au Musée du Luxembourg. Delacroix avait chargé Louis de Planet, son collaborateur de lui en faire une copie (0,85 x 1,115m), restée dans l’atelier du peintre jusqu’à sa mort. Le Département des Arts graphiques du Musée du Louvre conserve plusieurs esquisses et aquarelles préparatoires.

10 Le Magasin pittoresque : Le voyage au Maroc , Paris, 1992, t. 5, p. 82.

11 Eugène Delacroix : Journal . «  1832, Voyage au Maroc  », Plon, Paris, 1980, p. 98.

12 La représentation de la mariée juive donnera lieu à plusieurs aquarelles (la première est au musée d’Alger) dont Visite à la mariée où le peintre a placé devant la mariée des Maures venus la féliciter. Trois toiles sont référencées.

Université de Tunis

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Delacroix, entre Antiquité et modernité : La Noce juive au Maroc

Représentations iconographiques du voyage, de la Méditerranée aux Indes orientales et occidentales, de la fin du Moyen Âge au XIX e  siècle

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SOUVENIRS D'UN VOYAGE DANS LE MAROC (E. Delacroix)

Les sources autographes du voyage de Delacroix au Maroc (1832) se sont, en 1999, enrichies de Souvenirs inédits, publiés chez Gallimard (édition de Laure Beaumont-Maillet, Barthélémy Jobert et Sophie Join-Lambert) sous le titre prévu par l'artiste lui-même. Aux textes bien connus des carnets et des albums utilisés sur place, aux lettres envoyées aux amis et relations, il faut désormais ajouter ce récit vraisemblablement rédigé pour un article, dix ou douze ans après le voyage. Les Souvenirs émanent de deux sources, retrouvées en 1997 et 1998 : le « manuscrit A », conservé dans une collection privée et accueilli en 1998 par le musée des Beaux-Arts de Tours, comprend le début du récit jusqu'à l'arrivée à Tanger ainsi que plusieurs documents publiés en annexe dans l'ouvrage ; le « manuscrit B », vendu en 1997 par les descendants d'Achille Piron, ami intime de l'artiste, et acquis par la Bibliothèque nationale de France, est consacré à l'essentiel de la relation proprement dite, c'est-à-dire au séjour à Tanger, avec quelques anticipations sur la suite du voyage, à Alger surtout. Quoique inachevé, le texte des Souvenirs jette une lueur nouvelle sur une expérience que l'on croyait déjà bien connaître, l'artiste évoquant « ... toutes ces choses qu'on n'a pas besoin de noter et qui sont peut-être les seules qui méritent d'être conservées dans la mémoire ou tout au moins présentées à des lecteurs ». Dans une introduction claire et riche, Barthélémy Jobert analyse les différents apports de ce récit à la connaissance du voyage de Delacroix au Maroc, à celle de l'artiste lui-même et à celle de l'écrivain qui livre ici, dans les variantes répertoriées par l'édition critique de Laure Beaumont-Maillet et Sophie Join-Lambert, les étapes de sa création littéraire.

Ces Souvenirs dictés par la maturité apportent aussi, par la maîtrise de la pensée et du style, une contribution importante à la littérature de voyage du xix e  siècle dont ils se rapprochent à plus d'un titre (François Moureau éd., L'Œil aux aguets ou l'artiste en voyage , Klincksieck, Paris, 1997) Bien des thèmes s'y dessinent que l'on retrouve exploités sous des formes voisines par la sensibilité d'autres Occidentaux partis à la rencontre de l'Orient. On appréciera le contraste dramatique du début, entre l'accumulation d'impressions « lugubres » – le départ par « la plus froide nuit de décembre », la découverte d'« un mort dans sa bière » dans l'église d'Avignon « à peine éclairée d'une lueur douteuse », puis les fossoyeurs dignes de Shakespeare dans le cimetière attenant, et enfin le « temps le plus détestable » à Marseille – et, après ces « miroirs cassés », l'arrivée à Tanger « par le plus beau soleil du monde » et l'accueil des costumes « éclatants de blancheur ». Si ces circonstances vécues ne sont en rien des artifices littéraires, elles concourent, ainsi répertoriées, à souligner l'épiphanie radieuse de l'Orient, pressentie par Hugo et souvent reprise par Gautier, en particulier au début de son Voyage pittoresque en Algérie . Comme d'autres voyageurs, Delacroix interprète aussi la réalité des pays qu'il découvre en fonction des territoires qu'il connaît, comme l'Angleterre, les Pays-Bas ou, évidemment, la France, suivant une démarche ainsi définie par Gautier dans Constantinople (1853) : « Pour voyager dans un pays, il faut être étranger : la comparaison des différences produit les remarques. » Enfin, parmi d'autres notations significatives, on isolera les considérations sur le voile des femmes, dernier développement important du texte, caractéristique de la relation ambiguë entretenue par l'occidental avec l'altérité et qui rejoint d'autres [...]

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Delacroix, le voyage au Maroc : le parcours de l’exposition

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1994 - 1344 mots

Avant de pénétrer dans les espaces réservés à l’exposition, les visiteurs pourront avoir une idée des fameux albums que Delacroix avait pris soin d’emporter au départ de Paris et dont quatre sont demeurés intacts, trois d’entre eux étant conservés au Musée du Louvre et le quatrième appartenant au Musée Condé à Chantilly.

Leur fragilité extrême interdisant de trop fréquentes manipulations, c’est au travers de leur récente édition en fac-similé que les pages les plus significatives de chacun de ces albums sont présentées, en guise d’introduction à l’exposition, selon un schéma permettant de suivre les principales étapes du voyage. La galerie couverte La première partie, qui s’organise à l’intérieur d’une galerie couverte, est tout naturellement consacrée au séjour de Delacroix au Maroc, évoqué par une cinquantaine de dessins, aquarelles et pastels, ainsi que par l’une des rares petites peintures exécutées sur place (n° 50). Qu’il s’agisse de feuilles réunissant des croquis rapidement esquissés à la mine de plomb ou à la plume, avec des rehauts plus ou moins soutenus d’aquarelle, ou bien d’études réalisées avec un soin extrême, comme si Delacroix avait à ce moment-là envisagé de les transposer immédiatement sur la toile, ce sont de précieux témoignages de la manière avec laquelle le peintre, peu à peu, a organisé son répertoire de formes et de couleurs. Dans le premier cas, quelques traits de crayon ou de plume, agrémentés de délicates touches colorées suffisent à restituer aussi bien l’allure d’un personnage venu poser près de Delacroix (n° 3 et 4, Marocain de Tanger debout et assis) ou remarqué par celui-ci au cours de ses allées et venues (n° 5 et 6, Études d’Arabes à cheval, n° 11, Sept études d’Arabes, n° 18, Deux études d’un jeune Arabe), tout comme les particularités d’une architecture ou d’un décor, les mouvements de la foule déambulant dans les rues de Tanger (n° 10, Procession à Tanger), les détails des vêtements et des parures (n° 24, Mariée juive à Tanger, n° 25, Juive marocaine assise), les différents plans d’un paysage accidenté, la richesse des décors intérieurs (n° 44, Portes et baies d’une maison mauresque), les contrastes des pans d’ombre et de lumière sur les façades des maisons (n° 39, Maison à Tanger) ou les pentes d’une colline (n° 33, Paysage du Maroc avec des collines boisées). Dans le second cas, à partir d’une esquisse préliminaire à la mine de plomb, Delacroix utilise l’aquarelle avec une maîtrise étonnante, jouant avec la “réserve” du papier pour souligner les couleurs vives d’un tapis, d’une tenture murale, rompant la blancheur éclatante des costumes par la ligne élégante et fine d’un fusil au noir brillant (n° 17, Jeune Arabe debout tenant un fusil noir). Et l’on découvre parfois, le long du bord de la feuille, l’essai des tons qui ont servi à l’artiste pour composer ces pages vibrantes (n° 33, Jeune Arabe dans son appartement). Le petit nombre d’œuvres précisement datées a conduit à adopter un accrochage non pas chronologique mais thématique. Sur les parois aménagées le long de la galerie à gauche, a été groupé l’essentiel des études de personnages, exécutées avec une combinaison de plume, de mine de plomb ou de crayon noir, rehaussée d’aquarelle et parfois soutenue à la sanguine. Sur le panneau situé à droite, les croquis de figures ou de scènes de rue offrent différents témoignages de cette écriture rapide qui permit à Delacroix de ne rien oublier de ce qu’il découvrait au cours de ses promenades en ville ou bien d’une étape à l’autre du voyage entre Tanger et Meknès. Viennent ensuite les études d’architecture, extérieure ou intérieure, puis les paysages où dominent des vues des environs de Tanger et de Meknès, sous des éclairages souvent contrastés. Le cabinet d’art graphique Dans le prolongement de la galerie des dessins, un petit cabinet d’art graphique met à l’honneur sept des dix-huit aquarelles que Delacroix offrit au comte de Mornay comme pour immortaliser les six mois passés ensemble et qui, à l’origine, étaient contenues dans un recueil dont la présentation ne peut malheureusement être reconstituée que de façon approximative. Le rappel précis de certaines étapes (n° 52, Halte des cavaliers arabes aux environs de Tanger) alterne ici avec les portraits des principaux protagonistes marocains (n° 51, Amin Bias, ministre des Finances et des Affaires étrangères) et les scènes de la vie quotidienne (n° 54, Soldats endormis dans un corps de garde, n° 55, Arabes sur un marché, n° 57, Un Coulouglis et un Arabe). À son retour en France, Delacroix refait la composition de plusieurs de ces œuvres pour les transposer sur la toile. C’est le cas notamment de l’aquarelle représentant une fantasia, accrochée non loin du tableau de même sujet appartenant au Musée Fabre à Montpellier. La confron­tation des deux scènes illustre clairement le processus créatif de Delacroix, qui ne se contente pas de reproduire littéralement la scène illustrée par l’aquarelle mais en donne une version beaucoup plus synthétique, centrée sur la chevauchée ardente des cavaliers. Les aquarelles offertes au comte de Mornay À mi-chemin entre les dessins pris sur le vif et les peintures exécutées au retour du Maroc, les aquarelles offertes au comte de Mornay permettent de suivre l’évolution du travail de Delacroix, dès lors que la transcription exacte de la réalité cède le pas à une recomposition où l’imaginaire l’emporte peu à peu sur le souvenir précis. Trois de ces aquarelles n’avaient jusqu’alors jamais été montrées à Paris (n° 52, 54, 55). Les grands tableaux La troisième partie, centrée à juste titre sur le grand tableau du Sultan du Maroc (n° 84), exposé au Salon de 1845 et prêté par le Musée des Augustins à Toulouse, regroupe une quarantaine d’œuvres – peintures, dessins, gravures – réalisées entre 1832 et 1863, à partir des images que Delacroix conserva dans sa prodigieuse mémoire. Depuis les Exercices militaires des Marocains et Une rue à Meknès, peints en 1832 (n° 58 et 59) jusqu’aux Chevaux à l’abreuvoir de 1862 (n° 103), ce sont une suite de témoignages exceptionnels sur l’une des étapes fondamentales de la carrière de Delacroix qui sont ainsi présentées, avec une prédominance de scènes harmonieusement rythmées par l’alternance de zones lumineuses et sombres (n° 59, Une rue à Meknès) ou le savant agencement des groupes de personnages (n° 69, Le Kaïd, chef marocain), sur des sujets dynamiques et violents (n° 102, Chevaux se battant dans une écurie). Parmi les peintures exposées, on retiendra sans doute tout naturellement celles qui passèrent rapidement à la postérité grâce au soutien d’une critique guère encline cependant à prodiguer ses éloges envers un artiste “dérangeant” ou à l’enthousiasme de certains amateurs, mais il conviendrait également de s’intéresser aux œuvres qui furent délibérement écartées des présentations officielles du Salon par un jury déconcerté par leur facture apparemment relâchée. C’est le cas par exemple du Campement au Maroc (n° 74), refusé au Salon de 1839 parce que son éclairage lunaire était incompatible avec l’idée, couramment reçue, d’un pays perpétuellement inondé de soleil, ou encore d’un Guerrier près d’un tombeau (n° 71), également refusé à ce même Salon, à propos duquel certains journalistes privilégiés ayant pu l’entrevoir n’hésitèrent pas à maudire un jury par trop frileux. Pour cette troisième partie, où viennent s’intercaler le long de la façade côté Seine deux cabinets graphiques, la présentation suit à peu de chose près la chronologie des tableaux, depuis la Fantasia de Montpellier jusqu’aux Chevaux à l’abreuvoir de Philadelphie. Dans le premier cabinet graphique, sont regroupés les dessins et les gravures que Delacroix exécuta à partir de 1833 d’après les croquis pris sur le motif au cours de ce voyage. Dans certains cas, la même scène se décline à l’aquarelle et à l’eau-forte, comme par exemple les Muletiers de Tétouan où la version gravée comporte quelques variantes dans l’organisation des personnages. Le second cabinet graphique est plus particulièrement consacré aux études préparatoires pour le grand tableau du Sultan du Maroc. La présentation permet de suivre l’évolution de la composition envisagée au début par Delacroix et montre à quel moment le peintre choisit de donner au seul portrait du Sultan et de sa suite un espace plus approprié à la majesté de la scène.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Delacroix, le voyage au Maroc : le parcours de l’exposition

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Carnets de voyage au Maroc d'Eugène Delacroix en 1832 : vers l'expression artistique à l'épreuve du réel interprété en images et en écrits (Les)

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  • Auteur : Fedini, Cerise
  • Directeur de mémoire ou de thèse : Christian Sorrel
  • Description : Mémoire du Master 2 Cultures de l'écrit et de l'image portant sur les carnets de voyage au Maroc d’Eugène Delacroix en 1832.
  • Résumé en français : En 1832, Eugène Delacroix entame un voyage de plusieurs mois en Afrique du Nord, au sein d’une ambassade choisie par le roi de France, Louis-Philippe. Muni de carnets et de feuilles, le peintre découvre un pays et une coutume nouvelle, qu’il ne connaissait jusque-là que par les récits et les peintures des artistes du siècle précédent. Mêlant l’écrit et l’image à la perfection, Delacroix retrace son expérience personnelle à travers des notes et des esquisses prises sur le vif. Désireux de rendre visible ce qu’il a vécu, ce qu’il a perçu et ce qu’il a ressenti, il reprendra certains dessins et certaines notes. Cela donnera lieu à de grandes oeuvres picturales, telles que La Noce Juive au Maroc en 1839, et à une oeuvre manuscrite de son périple, les Souvenirs d’un voyage dans le Maroc, qu’il n’a pas eu le temps de publier.
  • Résumé en anglais : In 1832, Eugène Delacroix began a travel of few months in North Africa with an official diplomatic service choosen by Louis-Philippe, king of France. The french painter discovered a country and a new tradition he knew before only by the books and paintings made by the old french artists. Doing a perfect mix between the writting and the painting, Delacroix put all his feelings of this new experiment by fast sketchs and notes. Also, he wanted to share this experience with the public. This is why few years later, he will take some of the notes and draws from his notebooks to paint major masterpieces, as La Noce Juive au Maroc in 1839, and to write an important book about his travel, Souvenirs d’un voyage dans le Maroc. Unfortunately, he died before to publish it.
  • Collection : Mémoires Master "Culture de l'écrit et de l'image"
  • Thèmes : Documents iconographiques , Collections patrimoniales , Histoire du livre
  • Format : Fichier Adobe PDF
  • Étendue : 3,26 Mo
  • Étendue : 93 p.
  • Date de publication : août 2016
  • Langue : fr
  • Éditeur ou organisme : Enssib
  • Éditeur ou organisme : Université de Lyon - Université Lumière Lyon 2
  • Type de ressource : text
  • Type de mémoire : Mémoire de Master 2 professionnel
  • Diplôme : Master 2 Sciences humaines et sociales, mention , Histoire, Histoire de l'art et archéologie, spécialité « Culture de l'écrit et de l'image »

Babelio

biographie   témoignage   histoire   Dans l'art   art   delacroix   aquarelle   romantisme   peinture   peintre   Arts et beaux livres   histoire de l'art   voyages   orientalisme   littérature française   afrique du nord   orient   maroc   19ème siècle  

Henri Matisse, 1869-1954. Maître de la Couleur

Volkmar essers, 3.94★ (98), souvenirs d'un marchand de tableaux, ambroise vollard, 3.89★ (60), saint-simon, 4.11★ (94).

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Laurent greilsamer, eloge de la plante : pour une nouvelle biologie, francis hallé, la lutte avec l'ange, jean-paul kauffmann, marc chagall, 1887-1985. le peintre-poète, ingo f. walther, le pays des autres, leïla slimani, 474 critiques   415 citations, le pays des autres, tome 2 : regardez-nous danser, 164 critiques   199 citations, douglas kennedy, 176 critiques   157 citations, les silences des pères, rachid benzine, 129 critiques   98 citations, sexe et mensonges, 54 critiques   79 citations, beata umubyeyi mairesse, 24 critiques  , l'affaire emmett till, jean-marie pottier, 26 critiques  , technopolitique : comment la technologie fait de nous des soldats, asma mhalla, 7 critiques  , au coeur de l'hiver, jean-marc rochette, meuf : guide pour nos filles, marie dubois (ii), 6 critiques  .

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Wukali

About Eugene Delacroix’s notebooks and his journey to Morocco

Trois expositions parisiennes sont consacrées au Maroc , dont une au musée Delacroix , place de Furstenberg. Elle rappelle l’importance qu’eût le voyage au Maroc de l’artiste sur sa destinée de peintre. Il en revint porteur d’une vision enrichie, transformée, bouleversée. Les conséquences de ces quelques mois passés «  en Barbarie   », comme l’écrit notre homme, seront incalculables. Une preuve ? Aucun problème : c’est Delacroix qui invente  l’orientalisme  au cours de ce voyage initiatique. Certes, l’exotisme existait bien avant lui mais ce n’était qu’une façade, qu’un décor de théâtre sans épaisseur. Au Maroc, Delacroix invente un nouveau vocabulaire artistique qui conférera à cet exotisme ancien sa profondeur spirituelle, sa densité intellectuelle et ses valeurs picturales. Que l’on pense simplement aux «  Femmes d’Alger   »…

En 1830, le roi Charles X décide la conquête de l’ Algérie . Une fois celle-ci terminée, le sultan du Maroc devient un voisin encombrant, dangereux, imprévisible. Il faut compter avec lui car son royaume est peuplé de plus de trois millions d’habitants. Après la chute du frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII, le nouveau «  roi des français   », Louis-Philippe , envoie une mission diplomatique au sultan du Maroc pour «  régler les questions de voisinage   ». Nous sommes à la fin de 1831.

Olécio partenaire de Wukali

Grâce à l’intervention de Mlle Mars, la célèbre comédienne dont l’amant en titre est le Comte de Mornay , chef de cette mission, Eugène Delacroix va suivre cette expédition lointaine, hasardeuse voire dangereuse à cette époque. Le peintre est âgé de trente-quatre ans : il n’est plus si jeune, pourtant il réagira comme un gamin émerveillé devant le nouveau monde qu’il découvrira. |center>

Le 11 janvier 1832, la délégation embarque à Toulon à bord du navire «  La Perle   », le séjour au Maroc va durer cinq mois. Ils débarquent à Tanger , en attendant que l’audience avec le sultan soit fixée. Un certain faste accompagne les voyageurs : les réceptions, cérémonies, visite, fantasias, fêtes équestres sont brillantes. Entre Tanger et Meknès ils se déplacent en caravane et connaissent les campements à la belle étoile. Enfin, le 22 mars 1832 à Meknès , une audience royale ouvre les négociations avec le sultan. Le contentieux entre les deux pays s’apaise : un traité est signé, couronnant de succès la mission diplomatique. Ce qui n’était pas évident. Delacroix a profité du séjour à Tanger, de retour de Meknès, pour visiter Séville et Cadix en Espagne, pendant quelques jours. En repartant de Tanger, La Perle fit escale à Oran puis à Alger avant de rentrer le 5 juillet 1832 à Toulon où tous furent mis en quarantaine dans un lazaret…Peur des maladies tropicales sans doute…

Delacroix découvre l’orient réel au Maroc, qu’il confronte avec l’orient imaginaire de ses rêves. Il avait lu les «  Mille et une nuits  », il découvre un univers qui le fascine: «  C’est beau comme au temps d’Homère ! Les Romains et les Grecs sont là à ma porte. J’ai bien rit de ceux de David, n’était sa sublime brosse. Rome n’est plus dans Rome, il est ici…  ».

Il en ramènera d’innombrables observations et témoignages sur la culture locale. Notamment, la beauté des femmes juives l’impressionnera beaucoup. Il y découvre une lumière d’une clarté qui lui était inconnue, y compose une palette de couleurs incroyablement variées, il en revient avec des sujets qu’il reprendra sa vie durant. |center>

Tout au long de ce voyage, Delacroix écrit ses impressions et observations, dessine ce qu’il voit en d’incessants croquis, en de multiples aquarelles sur des « calepins », que nous appelons aujourd’hui : Les carnets du voyage au Maroc .

Tout est créé sur le motif : certaines pages restent blanches, d’autres sont remplies à l’envers…Le désordre est indescriptible ! Il utilisera sept petits carnets à croquer ce qui l’intéresse. On y trouve pèle-mêle dessins, annotations au crayon(mine de plomb) ou à l’encre brune, aquarelles, indications des sujets dessinés… |left>

Ces sept carnets précieux sont une bible artistique dont il se nourrira constamment. Ils montrent un Delacroix curieux, spontané, avide de découvertes et de nouveautés, Il les conservera toute sa vie. Ils seront dispersés au cours de la fameuse vente après décès du peintre en 1864, comme il l’avait voulu.

Au cours des temps, trois carnets seront démembrés, dépouillés et détruits pour que la vente page par page rapporte plus d’argent…

Quatre sont parvenus jusqu’à nous :

-Un fut acheté à la vente après décès pour le compte du duc d’Aumale . Il est donc conservé au musée Condé de Chantilly .

-Un deuxième, en provenance de la collection Burty , entra dans les collections nationales avant 1900. Il est conservé au cabinet des dessins du musée du Louvre . C’est le plus importants de tous par son contenu très fourni.

-Un troisième a rejoint le précédent au Louvre vers 1930, par donation.

-Le quatrième fut acheté dans une vente Sotheby’s à Monaco, vers 1980, par le directeur du cabinet des dessins du musée du Louvre Monsieur Maurice Sérullaz , agissant au nom de l’état.

Ces trois derniers carnets ont donc rejoint les collections nationales, ce qui est normal et naturel pour de si précieux objets. |center>

Voilà pour l’historique des carnets du voyage au Maroc.

Maintenant les fac-similés :

-En 1909, Jean Guiffrey , directeur du cabinet des dessins de l’époque, publie à 150 exemplaires numérotés le seul carnet conservé à l’époque au cabinet des dessins. Publication en deux volumes : un de textes, l’autre le fac-similé.

-En 1913, Guiffrey publie à 200 exemplaires numérotés le carnet du musée Condé de Chantilly. Publication en deux volumes : un de textes, l’autre le fac-similé.

-En 1928, les principales pages d’un carnet conservé alors dans la célèbre collection du Baron Vitta et dispersé depuis, sont publiées par Maurice Le Garrec dans un grand recueil édité à 300 exemplaires.

-En 1992, Maurice Arama , célèbre historien d’art spécialiste de l’orientalisme, publie l’ensemble des carnets parvenus jusqu’à nous(les quatre donc) sous forme de fac-similés, accompagnés par deux volumes de textes. Le tout formant le «  coffret Arama   », édition à 200 ou 220 exemplaires. En réalité, personne ne connaît le chiffre exact , même pas Maurice Arama !

Toutes ces édition sont épuisées aujourd’hui. On en croise, de temps en temps, en salle des ventes…A des prix conséquents : rien à moins de mille cinq cents euros pour les carnets publiés par Guiffrey…

Le hasard est parfois étrange, voilà peu de jours, le 17 décembre 2014 à Drouot , l’étude Gros et Delletrez a vendu les deux carnets publiés par Guiffrey en 1909 et 1913. Ils ont fait 1000€ sous le maillet soit 1250€ frais inclus, ce qui somme toute n’est pas très cher.

Ce sont de petites merveilles, les reproductions sont montées sur onglet. Elles sont d’excellente qualité. Ce type d’achat est  ce qui se fait de mieux: il s’agit d’un bon investissement sur le plan financier mais surtout d’un enrichissement personnel remarquable…

Jacques Tcharny

WUKALI http://www.wukali.com / 19/12/2014

Jacques Tcharny

Historien d’art-conférencier-spécialiste de la sculpture-grand connaisseur du neuvième art, la bande dessinée

Sarkozy et le Centre Pompidou-Metz

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«Le Capitaine Fracasse est le super-héros de la langue française»

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ENTRETIEN - Le Figaro s’est entretenu avec Jean-Christophe Hembert, comédien et metteur en scène du Capitaine Fracasse (2021), l’une des œuvres au programme de l’ENS.

Jean-Christophe Hembert est comédien, notamment connu pour son rôle de Karadoc dans Kaamelott, et metteur en scène. Il a créé en 2021 le spectacle Fracasse au Château de Grignan, une adaptation du célèbre roman de Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse.

LE FIGARO. - Qu'est-ce qui vous a incité à mettre en scène cette œuvre ?

Jean-Christophe HEMBERT. - Je l'ai lue lors d'un voyage il y a longtemps, en 1999. Je me souvenais très peu de l'histoire, mais j'avais souvenir de la jouissance de la langue. Il y avait une expression dont je me souvenais, c'était « flamberge au vent » . Et quand j'ai voulu revenir au théâtre, après avoir fait beaucoup de télé et des spectacles avec Alexandre Astier, je me suis replongé dans le roman. J'ai compris qu'il y avait tout le matériel pour faire un spectacle dans cette oeuvre. Un spectacle qui serait familial, populaire, épique, mais en même temps exigeant, parce qu'il y a un niveau de langue exceptionnel. Donc c'est pour ça que j'ai choisi d'adapter ce roman. De plus, j'avais une proposition de créer ce spectacle au Château de Grignan, dans la Drôme, un très beau lieu pour ce genre d'histoire !

La langue est un mot qui revient beaucoup lorsque vous parlez de cette pièce. On a d’ailleurs dit de votre spectacle qu’il « rendait hommage à la langue de Gauthier » . Qu’est-ce qui fait d’après vous sa singularité ?

Je ne suis pas un spécialiste, mais je trouve que c'est un niveau de langue qui est exceptionnel. Il était surnommé le «Eugène Delacroix de la langue française» , c'est dire si son écriture est géniale ! Je trouve qu’elle est supérieur à celle d’Hugo et de Dumas : c'est aussi drôle qu’érudit. Il y a quelque chose de jouissif dans les phrases de Gautier. Ce que j'aime beaucoup chez lui, c'est l'hypothèse du génie, c’est-à-dire que c’est quelqu’un qui aurait pu écrire l'œuvre de Balzac ou quelque chose de semblable, sauf qu'il avait mieux à faire. Il était ami avec Hugo, mais il n'a jamais réalisé d'œuvres qui ont eu la portée de Hugo, quoique Le Capitaine Fracasse ait eu plus de succès que Les Misérables quand il est sorti. Il était l’ami de Baudelaire avec qui il buvait de l'absinthe et fumait du haschich, mais il n'a pas voulu de la vie de Baudelaire : le poète maudit, ce n'était pas trop son style. Dès qu'il s'aventurait dans un domaine, on sentait qu'il avait le niveau, mais je crois qu'il aimait trop la vie, il aimait les voyages, il avait une copine à Genève... et c'est ce que j'aime chez lui : c'était d'abord un amoureux de la vie, il ne l’a pas sacrifiée pour son œuvre. De tous les gens que j'ai cités, c'est probablement celui qui a eu la meilleure existence. Parfois il pouvait y avoir quelque chose de très trivial dans son œuvre, et en même temps on pouvait ressentir tout le poids de la vie d'un homme de 50 ans, mais aussi le souffle du jeune homme de 20 ans qui voulait faire de l’épique. Tout ça lui donne ce côté un peu imparfait et foisonnant, baroque.

« La langue, c’est le pouvoir ultime ! » Jean-Christophe Hembert, metteur en scène et comédien

À vous écouter, on sent toute l’ampleur de cette prose. Comment avez-vous fait pour mettre en scène un texte aussi écrit?

Dans le roman, tout le monde est un peu acteur, tout le monde est un peu dans le dans le «show». Les personnages ne disent pas « Ah, j'ai mal » , mais «Ah, la douleur qui de mon machin… » et ils en font toute une périphrase. C'est leur quotidien, leur manière de parler. Toutes proportions gardées, on peut prendre l'exemple de Fabrice Luchini, qui, lorsqu'il parle, va romancer, va rendre compte d'une situation banale avec toutes les subtilités du langage. En fait, ce sont des magiciens du langage. J'ai tout de même un peu réduit certains passages, parce que Gautier a tendance à s’épancher sur des détails… À lire c'est savoureux, mais à jouer, c'est plus compliqué. Vous définissez souvent le personnage de Fracasse comme un super-héros de la langue, une langue que vous considérez d'ailleurs comme un superpouvoir. En quoi consiste-t-il ?

Ah oui, la langue c'est le pouvoir ultime ! On a la chance en France d'avoir un super-héros, le capitaine Fracasse, qui est le super-héros de la langue française et du théâtre. C'est plutôt un héros mélancolique au début, puis il découvre le langage et il découvre la puissance de la langue, il devient acteur et il arrive à écrire le monde. Je trouve cela triste qu'il y ait de moins en moins en moins de personnes qui la maîtrisent, c'est une arme tellement puissante ! Maîtriser la langue, c'est maîtriser la nuance, et c'est ce qui nous manque aujourd'hui: tout est blanc ou noir. La langue française est tellement magnifique, cela me désole donc de voir comment elle est pauvrement utilisée, alors que Gautier en a tiré la quintessence. Il manie le verbe, la culture, la mythologie, et pour moi, c'est un bonheur.

« Il faut se battre pour trouver la lumière et la joie. C'est ce qui rend ces personnages héroïques : avec la langue, ils recréent un monde. » Jean-Christophe Hembert, metteur en scène et comédien

Vous considérez que les personnages du Capitaine Fracasse ont «quelque chose de lumineux» : ils avancent dans un monde sombre qu'ils éclairent par leurs actions. Est-ce par la langue que s'opère ce «réenchantement» ?

Je pense qu’on fait souvent un contresens en associant le XVIIe siècle à une époque désuète, alors qu’elle est chargée d’histoires ! C'est Louis XIII qui, à 19 ans, se dispute avec sa mère et lève des armées contre elle. Moi à 19 ans, je me prenais la tête avec ma mère à cause d’Ikea... Ce que je veux dire, c'est que c'est un siècle de fureur, et l'image un peu gentillette qu'on s’en fait n’est pas représentative de cette période. On imagine la troupe de théâtre dans Le Capitaine Fracasse comme des baladins qui sautent tout heureux, tout joyeux. Ce n’est pas le cas. Dans Le Capitaine Fracasse , ils sont des «crèves la dalle». Un acteur meurt, il n'a pas le droit d'être enterré au cimetière, une actrice se fait harceler par un noble, elle n’a pas le droit de le repousser... C’étaient des acteurs qui vivaient dans une précarité totale, dans un monde violent, un monde dur, donc effectivement, ils apportent de la lumière. La joie qu'ils amènent est un combat. Un peu comme dans les tableaux de Rembrandt. Il faut se battre pour trouver la lumière et la joie. C’est ce qui rend ces personnages héroïques : avec la langue, ils recréent un monde.

Le Capitaine Fracasse est au programme des classes préparatoires littéraires avec comme axe d'étude le théâtre. Si vous aviez un conseil à leur offrir pour appréhender l'œuvre, quel serait-il ?

Qu'ils essaient de voir l'amusement de l'auteur ! Quand on l'étudie, on a un rapport scolaire à l’œuvre, ce qui est normal, mais qu'ils essaient d'appréhender la jouissance qu'a eue l'auteur à l’écrire. Aujourd'hui, nous vivons dans un bruit constant, avec les réseaux sociaux, les chaînes d’informations en continu, et lire un livre comme celui-ci, c'est comme si on prenait un médicament pour se faire du bien. C'est ce que j’ai tenté de faire avec ce spectacle ; rester deux heures dans une salle et écouter la langue de Gauthier, ça ne peut qu’être positif !

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delacroix carnets de voyage au maroc

IMAGES

  1. Le carnet de voyage du peintre Delacroix au Maroc

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  2. Les Carnets de voyage de Delacroix au Maroc revisités à Meknès

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  3. Les Carnets de voyage de Delacroix au Maroc revisités à Meknès

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  4. Les Carnets de voyage de Delacroix au Maroc revisités à Meknès

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  5. carnets de delacroix

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  6. Eugène Delacroix (1798-1863)

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VIDEO

  1. Trekking au Maroc: Départ Marrakech

  2. Le Maroc en 60 secondes!

COMMENTS

  1. Les carnets de voyage au Maroc de Delacroix

    Les carnets de voyage au Maroc de Delacroix — Google Arts & Culture. Embarquez avec Eugène Delacroix pour son premier voyage en Orient. Conception : Château de Chantilly....

  2. Un carnet du voyage au Maroc de Delacroix

    Lecture-Œuvre en scène par Bertrand Brouder, comédien et Marie-Pierre Salé, musée du Louvre. Auditorium du Louvre, le 24 mai 2018. Au cours de son voyage au Maroc et en Andalousie en 1832, Delacroix a utilisé plusieurs carnets dispersés lors de la vente de l'atelier en 1864.

  3. Delacroix au Maroc, un voyage de rêve

    Peinture Art ancien Musée Mohammed VI d'Art moderne et contemporain. Retrouvez dans l'Encyclo : Eugène Delacroix Romantisme. Près de 190 ans après le voyage d'Eugène Delacroix (1798-1863) au Maroc, le musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain de Rabat et la Fondation….

  4. Voyage en Afrique du Nord d'Eugène Delacroix

    Page du carnet de voyage de Delacroix. Eugène Delacroix - Femme marocaine 1832. Eugène Delacroix, Étude d'Arabe assis. Le voyage de sept mois, effectué entre janvier et juin 1832, au Maghreb et en Andalousie 1 est un événement majeur de la vie du peintre Eugène Delacroix.

  5. L'orientalisme de Delacroix : tout en mouvements et couleurs

    Carnets de voyage. Au cours de son voyage au Maroc, Eugène Delacroix consigne ses observations et impressions dans des petits carnets de tailles diverses. Notes, croquis et aquarelles reflètent son excitation et son émerveillement.

  6. PDF Les carnets de voyage au Maroc

    Spécialité - cultures de l'écrit et de l'image Les carnets de voyage au Maroc d'Eugène Delacroix en 1832: vers l'expression artistique à l'épreuve du réel interprété en images et en écrits Cerise Fedini Sous la direction de Christian Sorrel Professeur d'Histoire Contemporaine - Université Lumière Lyon 2

  7. L'Œuvre en scène : Un carnet du voyage au Maroc de Delacroix

    L'Œuvre en scène : Un carnet du voyage au Maroc de Delacroix - YouTube. Musée du Louvre. 108K subscribers. Subscribed. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 0. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 0. 1. 2. 3. 4. 5....

  8. Un carnet du voyage au Maroc de Delacroix : texte et croquis

    Un carnet du voyage au Maroc de Delacroix : texte et croquis : Séances, tarifs et réservation de la visite guidée — MesSortiesCulture. Paris Région Île-de-France. © © Louvre. séances disponibles. Il n'y a aucune séance pour le moment.

  9. Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais

    Au retour, Delacroix utilisera ses carnets comme source documentaire et réalisera quatre-vingt tableaux inspirés de l'Orient dont parmi les plus célèbres "Les femmes d'Alger" et "Une noce juive au Maroc". Moins connus, les carnets réalisés en Angleterre et dans les Pyrénées reflètent aussi le talent de ce carnettiste dessinateur écrivain hors-pair.

  10. Biographie d'EUGÈNE DELACROIX (1798-1863) : Le voyage au Maroc

    Les sources autographes du voyage de Delacroix au Maroc (1832) se sont, en 1999, enrichies de Souvenirs inédits, publiés chez Gallimard (édition de Laure Beaumont-Maillet, Barthélémy Jobert et Sophie Join-Lambert) sous le titre prévu par l'artiste lui-même. Aux textes bien connus des carnets et des...

  11. LE VOYAGE DE DELACROIX AU MAROC

    LE VOYAGE DE DELACROIX AU MAROC. L'Orient révélé. En 1832, Eugène Delacroix accompagne la mission diplomatique française auprès du sultan Abd Al-Rahman. Au fil du voyage, il emplit ses carnets de croquis et d'aquarelles.

  12. Delacroix : Voyage au Maroc, Aquarelles

    Ce livre est une belle retranscription des Carnets de Delacroix, l'un des plus anciens carnets de voyage dont l'on puisse disposer. Croquis, esquisses, notes de couleurs pour pouvoir passer ensuite l'aquarelle au repos, bribes de descriptions : le choix fait par les auteurs parmi toutes les planches existantes des Carnets est judicieux et ...

  13. Delacroix, entre Antiquité et modernité : La Noce juive au Maroc

    1 Au cours de son séjour au Maroc, Delacroix découvre sur cette terre musulmane, des populations berbères et maures qui semblent sortir de l'Antiquité, semblables à des Brutus, à des sénateurs de Rome et à des Panathénées, ce qui lui fera dire que « Rome n'est plus dans Rome ».

  14. SOUVENIRS D'UN VOYAGE DANS LE MAROC (E. Delacroix)

    Les sources autographes du voyage de Delacroix au Maroc (1832) se sont, en 1999, enrichies de Souvenirs inédits, publiés chez Gallimard (édition de Laure Beaumont-Maillet, Barthélémy Jobert et Sophie Join-Lambert) sous le titre prévu par l'artiste lui-même.

  15. Delacroix, le voyage au Maroc : le parcours de l'exposition

    Delacroix, le voyage au Maroc : le parcours de l'exposition. Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts. Le 1 octobre 1994 - 1344 mots.

  16. Delacroix, le voyage au Maroc

    Les 15 années passées au Maroc ne pouvaient que m'attirer vers cette exposition organisée par l'Institut du Monde arabe en 1994 -1995 . le catalogue comprend des textes d'auteurs variés (Delacroix et l'orient/Le voyage/L'influence du voyage sur l'art de Delacroix/Chronique d'une aventure initiatique/ ) , le catalogue des oeuvres (une centaine de...

  17. Carnets de voyage au Maroc d'Eugène Delacroix en 1832

    Étendue : 3,26 Mo. Étendue : 93 p. Date de publication : août 2016. Langue : fr. Éditeur ou organisme : Enssib. Éditeur ou organisme : Université de Lyon - Université Lumière Lyon 2. Sujet (s) : carnet de voyage , Eugène Delacroix. Type de ressource : text. Type de mémoire : Mémoire de Master 2 professionnel.

  18. Delacroix, voyage au Maroc, aquarelles

    Delacroix a pu, en 1832, accompagner une mission diplomatique française au Maroc.

  19. le journal de voyage au Maroc d'Eugène Delacroix

    A es carnets de voyage au Maroc de Delacroix possèdent essentiellement une 0^ fonction de mémoire : dessins à l'aquarelle ou au pastel, à la mine de plomb ou à l'encre de chine rehaussés de notes manuscrites, ils sont une mémoire de l'instant, d'un

  20. Delacroix, Le Voyage Au Maroc

    Delacroix, Le Voyage Au Maroc. Occasion - État : Bon. Parfait 50 € Très bon 33,60 € Bon 20,10 € Vendeur Français | Pays d'expédition : France métropolitaine. Vendu et expédié par RecycLivre. 4,7 816 821 ventes. Commentaires du vendeur. Merci, votre achat aide à financer des programmes de lutte contre l'illettrisme. Expédition depuis la France.

  21. Actualité des carnets de voyage de Delacroix au Maroc

    Trois expositions parisiennes sont consacrées au Maroc, dont une au musée Delacroix, place de Furstenberg. Elle rappelle l'importance qu'eût le voyage au Maroc de l'artiste sur sa destinée de peintre. Il en revint porteur d'une vision enrichie, transformée, bouleversée.

  22. Eugène Delacroix au Maroc, le voyage de toute une vie

    Eugène Delacroix au Maroc, le voyage de toute une vie. Le célèbre peintre français a entrepris en 1832 un périple initiatique de six mois au Maroc, retracé par une exposition-hommage à...

  23. «Le Capitaine Fracasse est le super-héros de la langue française»

    ENTRETIEN - Alors que s'ouvre ce 8 avril le concours de l'ENS, Le Figaro s'est entretenu avec Jean-Christophe Hembert, comédien et metteur en scène du Capitaine Fracasse (2021), l'une ...